jeudi, janvier 27, 2011

Primaires socialistes : une bonne ou une mauvaise idée?

Les socialistes commencent, nous dit-on, à s'interroger sur le bien-fondé des primaires. Certains observateurs les suivent, comme Alain Duhamel dans Libération (Parti socialiste : le piège des primaires), d'autres, à l'inverse, continuent de souligner les vertus de la démarche, comme Gérard Grunberg sur Telos (La peur des primaires gagne le PS).

A. Duhamel s'interroge sur le calendrier qui va amener le PS à écrire son programme avant d'avoir choisi son candidat : "Le projet officiel du Parti socialiste sera adopté quatre mois avant que le candidat ou la candidate ne soit définitivement investi. Or chacun sait bien, à l’expérience, que le champion ou la championne du Parti socialiste fera campagne sur ses propres thèses, ses propres choix, ses propres originalités et non pas sur ceux du projet du Parti socialiste.(…) Ainsi le projet du Parti socialiste aura-t-il servi d’épouvantail pour la droite et de cible pour les candidats socialistes à la candidature, après quoi durant la véritable campagne il sera inexorablement escamoté ou pour le moins bousculé."

G.Grunberg insiste plutôt sur les bénéfices d'une démarche innovante et démocratique : "Une véritable compétition donnera aux sympathisants le sentiment d’avoir joué un rôle réel dans la procédure de désignation et les amènera plus facilement ensuite à soutenir le candidat désigné."

Je pencherai plutôt dans le sens de Grunberg. Ces primaires et le fait que des candidats importants comme Ségolène Royal se soit d'ores et déjà lancés dans l'aventure accélère le calendrier de tout le monde, y compris celui de Nicolas Sarkozy qui sort du bois bien plus tôt que prévu. Cela modifie la nature de la critique (on devrait passer de celle de l'homme à celle de ses politiques et de son bilan) et cela retire de l'air aux rivaux de gauche dont l'espace de nuisance pourrait bien, du fait de cette compétition au sein du PS, se trouver diminuée (l'effritement d'Eva Joly dans les sondages, les faibles scores de Mélenchon en sont des indices).

Les discussions devraient, par ailleurs, amener les socialistes à couvrir plus large. Ce qui est déjà le cas, avec les propositions de François Hollande sur la fiscalité, celles de Vals sur les 35 heures…

lundi, janvier 24, 2011

La rebellion des vieillards

On les appelait vieillards, on les enfermait dans des maisons de retraite, des institutions pour alzheimer, au mieux, on leur confiait nos enfants ou petits enfants, et voilà qu'ils se rebellent, se révoltent et disent le contraire de tout ce que pensent les gens sérieux.

Ils? Mais Michel Rocard qui veut poursuivre la réduction du temps de travail, Roland Dumas et Jacques Vergés partis bras dessus bras dessous soutenir Laurent Bagbo en Côte d’Ivoire, Edgar Morin et Stéphane Hessel qui publient des livres à l'odeur de souffre et réussissent à faire assez scandale pour, comme Stephane Hessel, se faire expulser de l'Ecole Normale Supérieure.

Tous ont allègrement dépassé les 80 ans, sont en pleine forme et prennent un malin plaisir à aller à contre-courant, à faire exactement l’inverse de ce que l’on attend de personnalités de cet âge…

Vu leur âge, ils n’ont rien à perdre, plus de carrière à construire, plus d’autorité à respecter. Ils peuvent faire ce qu’ils souhaitent, comme ils souhaitent, ce qui leur donne une immense liberté, cette liberté que l’on attribue d’ordinaire aux adolescents. On découvre qu’on peut avoir la même dans la dernière partie de sa vie et que l'on peut continuer de penser au futur, même lorsque les années nous sont comptées.

Peut-être veulent-il simplement rester dans la lumière et qu’on continue de parler d’eux… Mais peut-être sont-ils aussi sérieux. En tout cas, il va nous falloir apprendre à regarder d’un nouvel oeil le grand âge et inventer de nouvelles manières de le considérer.

J’ai eu, ces derniers jours, l’impression de voir ces vieillards sortir du souterrain dans lequel on les enferme depuis si longtemps. Et je suis à peu près sûr qu’ils ne seront pas seuls, que bien d’autres suivront qui ne seront pas plus sages et conformistes que Rocard, Morin, Hessel, Dumas ou Vergés. Parce que, vous l’aurez remarqué, ils sont tout sauf cela. Je dirai même qu’il nous donnent un peu d’air frais… dans une société abrutie de langue de bois.

samedi, janvier 22, 2011

Comment donner tort à Plantu?

Depuis quelques jours Plantu et Mélenchon se chamaillent, le second reprochant vivement, dans son style qui ne fait pas dans la dentelle,  à Plantu un dessin qui le montre aux cotés de Marine Le Pen s'en prenant aux tous pourris :


Dessin simple qui dit d'un mot ce que nous sommes nombreux à penser. Et pour je crois de bons motifs. Melenchon et Le Pen ont rénové le "logiciel" de leur famille politique et ce faisant ont commencé de développer des thèmes voisins : protectionnisme, refus de l'Europe, laïcité, nationalisme, étatisme… Le contenu peut varier (la laïcité de Mélenchon n'est pas aussi directement anti-musulmane que celle de Marine Le Pen), mais le ton est étonnamment proche : gouailleur, populaire, volontiers brutal. Ce sont deux démagogues, deux bons orateurs qui visent la même cible, ce qui reste de la classe ouvrière traditionnelle, et développent la même opposition du peuple et des élites et la même détestation du parti leader dans leur camp. Le mot populisme ne leur fait d'ailleurs pas peur dans la mesure où ils y retrouvent le mot peuple.

Il est peu probable qu'ils se rapprochent tant ils viennent d'horizons éloignés. Nul ne songe d'ailleurs à imaginer que Mélenchon et Le Pen puissent un jour se retrouver sur la même estrade. Mais dans la mesure où ils s'adressent pour partie à la même clientèle, on peut s'interroger sur l'impact que la candidature de l'un peut avoir sur celle de l'autre et vice-versa.

On peut imaginer qu'ils se nourrissent mutuellement. Que des électeurs que séduisent les discours de Marine Le Pen mais qui, pour rien au monde, ne voteraient pour le Front National, trouvent refuge chez Mélenchon. Et qu'a contrario, des électeurs de gauche ou de droite se sentent plus libres de voter pour Marine Le Pen dés lors qu'elle développe des thèmes voisins de ceux de Mélenchon.

On peut également supposer que le populisme de Mélenchon ne convienne pas à tous les électeurs d'une extrême-gauche qui s'était jusqu'à présent tenue à l'écart du populisme. Je serais, par exemple, curieux de savoir ce que l'on en pense au NPA ou chez les militants du Réseau Education Sans Frontières. Il ne conviendra en tout cas pas à tous ceux qui voudront, lors des prochaines présidentielles, voter utile.

vendredi, janvier 21, 2011

Un nouveau nationalisme?

Marine Le Pen a fait de la nation et du fait national un marqueur de son discours, comme Chevènement en faisait un des mots République et républicain.

Vu l’intérêt que lui portent les médias, il n’est pas impossible que ce mot revienne régulièrement dans les débats et que les journalistes, toujours avides de questions qui mettent en défaut les politiques qu’ils interviewent ne demandent à ses adversaires de droite comme de gauche : “que faites-vous donc de la question nationale?” Dans la foulée des instituts de sondages pourraient demander aux Français ce qu’ils pensent de la Nation, s’ils y sont attachés…, ce qui reviendrait à faire de la question nationale un sujet, ce apportant ainsi de l’eau au moulin du FN.

On n’en est pas là. Mais on devine comme un frémissement. Des poissons-pilote comme Elizabeth Levy ou Alain Finkielkraut ont commencé d’évoquer l’incontournable question nationale sur des plateaux de télévision. D’autres continueront avec moins de talent. Le retour d’un concept qui paraissait démodé, dévalué et ringard intrigue. Le fiasco des débats sur l’identité nationale montre que la société française reste pour le moins prudente. Comment oublier que le patriotisme, l’amour du drapeau et des anciens combattants ont chez nous surtout rimé avec réaction, collaboration, inertie et… stupidité?

Mais peut-être serait-il plus judicieux de parler de l’émergence d’un “nouveau nationalisme”, objet insolite qui associe des éléments assez hétéroclites. J’en ai identifié quatre :

- le souverainisme à la Chevénement (ou à la Dupont-Aignan) qui s’inspire de la tradition gaulliste et valorise l’indépendance nationale,
- l’assimilation d’un peuple et d’une nation qui mobilise les défenseurs d’Israël et expliquerait que l’on trouve tant de juifs chez les avocats de ce nationalisme nouveau : celui leur permettant en effet d’affirmer tout à la fois et d’un même geste leur francité et leur défense d’Israël dans ce que la politique de ce pays peut avoir de plus contestable,
- le laïcisme intégral qui serait une spécificité française et permet d’en découdre avec l’Islam,
- un conservatisme de bon aloi qui mélange allégrement références culturelles, citations historiques et amour de la langue.

Ce nationalisme nouveau est naturellement réactionnaire, même s’il arrive qu’il soit porté par des gens qui se situent à l’extrême-gauche (je pense à Mélenchon). Il est, dit-on, populaire. J'en doute tant il me parait aveugle. La France populaire n'est pas celle des sixième et septième arrondissement. On aimerait recommander aux théoriciens et avocats de ce nouveau nationalisme de prendre plus souvent le RER. Ils verraient que la France a changé ces quarante dernières années, qu’elle ne ressemble plus du tout à celle que rêvaient Peguy ou Renan. Elle s'est enrichie de mille couleurs, de mille cultures et d'autant de langues. Elle se construit dans ces banlieues qui nous nourrissent de leurs idées, de leurs passions, de leurs inventions. 

mercredi, janvier 19, 2011

Marine Le Pen sur Antenne 2

Marine Le Pen était hier soir donc l'invitée de David Pujadas sur Antenne 2. Interview courte, rapide, qui confirme les inflexions qu'elle veut apporter au parti :
- ouverture des thématiques : les questions économiques et sociales, la notion de protection (nationale, forcément) sont ajoutées aux questions d'insécurité et d'immigration à peine abordées hier soir,
- appel à des spécialistes et experts, ce qui est une nouveauté dans un parti jusqu'alors adepte de la théorie du leader providentiel. Marine Le Pen cite même Maurice Allais, sans signaler (erreur? oubli? ignorance?) qu'il avait été prix Nobel,
- inflexion populaire : pas de baisses d'impôts pour les plus riches, sauvegarde du système de protection sociale,
- mise au rancart des plaisanteries douteuses, d'autant plus facile que la remarque paternelle était insignifiante et n'aurait probablement pas été relevée venant de quelqu'un d'autre.

Cette interview confirme également la pauvreté de son programme. Si l'on a bien compris, tous nos problèmes pourraient être résolus en 2025 (ce qui est loin et prudent) plutôt qu'en 2130 grâce au retour à la monnaie nationale (pourquoi ne pas dire le franc?), au protectionnisme et… au non remboursement de nos dettes à l'étranger (elle n'a pas dit tout à fait cela, mais c'est bien à cela que tendaient ses propositions). On n'imagine pas meilleure recette pour créer immédiatement panique bancaire, fuite massive des capitaux, effondrement de l'économie et abaissement de la nation présentée comme le rempart absolu. On dit dans la presse qu'elle a travaillé l'économie. Elle a encore de gros progrès à faire. Ses adversaires, tant de droite que de gauche devraient en profiter.

Cette interview m'a rappelé le trilemme de Dani Rodrik : on ne peut avoir à la fois démocratie, libre-échange et souveraineté nationale. Reste à savoir ce qu'in fine le Front National abandonnerait : le libre-échange ou la démocratie? Probablement la démocratie. C'est ainsi que finissent en général les démagogues.

mardi, janvier 18, 2011

L'impact Marine Le Pen

Faut-il prendre au sérieux l'inflexion stratégique que Marine Le Pen semble avoir imposé au FN? Certains en doutent : un jour d'extrême-droite, toujours d'extrême-droite. Je serais plutôt penché à penser qu'elle continuera dans ce chemin, ne serait-ce que pour satisfaire ses ambitions personnelles auxquelles je faisais allusion dans un précédent post.

Si tel est le cas, l'impact sur le reste de la vie politique à l'horizon des prochaines présidentielles risque d'être significatif tant à gauche qu'à droite.

Le tournant populiste qu'elle a donné au FN, l'accent mis sur les thématiques du protectionnisme, du nationalisme, de la laïcité (mot destiné à masquer l'anti-islamisme) devraient lui permettre de conforter sa place dans les sondages dans les mois qui viennent. A gauche, cela devrait inciter au vote utile et renforcer le candidat socialiste aux dépens de la candidate écologiste (déjà bien bas dans les sondages) donnant ainsi raison à Cohn-Bendit qui préfèrerait la négociation de sièges au Parlement à la présence à la présidentielle.

Ses thèmes populistes étant assez proches de certains de ceux développés à l'extrême-gauche (notamment sur le protectionnisme) on ne peut par ailleurs exclure un certain siphonage des voix qui se portent traditionnellement de ce coté. La mise en avant au FN de militants venus du NPA ou de l'extrême-gauche montre que cela est en tout cas une de leurs ambitions. Mais la balance devrait renforcer le poids du candidat socialiste au premier tour et lui permettre de passer en tête.

A droite, les choses sont plus compliquées, puisque le FN fait directement concurrence à l'UMP, séduit ses électeurs et risque donc de lui prendre des voix. Comme Marine Le Pen n'a aucun intérêt à ce que Nicolas Sarkozy soit reconduit dans ses fonctions, elle devrait poursuivre ses attaques contre lui, au moins tant que l'UMP refusera des alliances.

Pour ajouter à la confusion, on devrait voir émerger et se développer au sein de l'UMP des clivages :
- entre ceux qui sont ouverts à des alliances avec le FN, au moins au plan local, et ceux qui s'y refusent (aujourd'hui, officiellement, la majorité, mais pour combien de temps?),
- entre ceux qui souhaitent infléchir le programme de l'UMP dans le sens du FN en développant des thématiques sécuritaires, identitaires mais aussi et surtout protectionnistes et nationalistes et ceux qui s'y refusent obstinément,  division entre la France qui souffre des délocalisations et n'a que faire du commerce extérieur et celle des grands groupes internationaux qui aurait tout à perdre à l'application du programme du FN (abandon de l'euro, réintroduction de taxes douanières…).

Sachant qu'il a été élu grâce à son succès chez les électeurs du Front National, Nicolas Sarkozy pourrait être tenté d'aller une nouvelle fois sur les terres de sa rivale. Mais c'est doublement risqué :
- il risque de s'aliéner toute la partie centriste de son électorat qu'il a fortement déçue et qui n'a apprécié ni son style ni sa manière de gouverner ni ses dérives anti-roms…
- il lui sera difficile de l'emporter contre une démagogue qui ne s'étant jamais frottée à l'exercice du pouvoir aura beau jeu de lui renvoyer les résultats de sa politique que ce soit en matière de sécurité, d'emploi ou de réforme.

Confronté à la démagogie d'une Marine Le Pen qui ne manquera pas de faire feu de tout bois, il aurait sans doute intérêt à s'appuyer sur les socialistes, à engager avec eux des débats solides, sérieux, à l'image de ce qu'avaient fait autrefois Mendés-France et Michel Debré, débats qui rendent à la politique sa noblesse et montrent aux électeurs la complexité des dossiers à traiter. Il en a les capacités et pourrait trouver en Aubry, Strauss-Khan ou Hollande des adversaires disposés à jouer le jeu. Il n'est pas sûr qu'il en ait l'envie.

lundi, janvier 17, 2011

Marine Le Pen sera un jour ministre

Il y a entre Marine Le Pen et son père une différence de fond : elle a envie de devenir ministre, il se plaisait dans l'opposition. Il venait d'une extrême-droite plusieurs fois battue à plate couture, infréquentable parce qu'antisémite et collaboratrice qui a longtemps vécu dans la semi-clandestinité. D'où ses plaisanteries aux allures de provocation qui donnaient à ses partisans la possibilité de se retrouver à mi-mot. On pourrait résumer la "mission" historique qu'il s'était donnée ainsi : faire sortir l'extrême-droite du souterrain. Mission accomplie. Elle vient d'une extrême-droite qui tient, depuis des années, boutique, qui a gagné des villes et qui est même arrivée au second tour des présidentielles. Cela change tout. Elle peut rêver accéder un jour au pouvoir et faire en sorte d'y arriver.

Cela prendra un peu de temps, il y a peu de chance qu'elle y arrive seule, mais la mutation du programme du FN, l'abandon des thématiques d'extrême-droite les plus insupportables, l'antisémitisme, la critique de la démocratie, devraient lui permettre de consolider ses positions électorales au point de devenir incontournable à droite. Les pressions pour des alliances, locales, régionales et, sans doute demain, nationales seront de plus en plus fortes. Elles s'expriment déjà dans les départements où le FN obtient ses meilleurs résultats.

Signe qui ne trompe pas : ses thèmes sont repris, développés, habillés de propre et banalisés par des intellectuels médiatiques qui sont pourtant loin de partager toutes ses idées. Je pense à Eric Zemour, à Elizabeth Levy mais aussi, à l'occasion, à Alain Finkielkraut qui déclarait (c'était en 2007) dans le journal danois Weekendavisen : “the lofty idea of ‘the war on racism’ is gradually turning into a hideously false ideology. And this anti-racism will be for the 21st century what communism was for the 20th century : A source of violence.” Ou encore, toujours dans la même interview : "When an Arab torches a school, it's rebellion. When a white guy does it, it's fascism. I'm `color blind.' Evil is evil, no matter what color it is." Ce pourrait être du Marine Le Pen dans le texte.

Le fait que ces intellectuels soient juifs et souvent soutiens inconditionnels d'Israel souligne l'importance du déplacement des idéologies qu'illustre bien cet extrait d'un reportage d'Elizabeth Levy sur la réunion qu'a organisée il y a quelques semaines Riposte Laïque : "Fabrice Robert, le président du Bloc identitaire, co-organisateur des festivités avec « Riposte laïque » a un discours assez raisonnable. S’il reconnaît avoir été violemment antisioniste, il prétend être aujourd’hui villipendé par la presse d’extrême droite comme suppôt d’Israël."

Si elle manoeuvre bien, mais elle semble habile, Marine Le Pen peut se construire un avenir à la Fini. Cela prendra un peu de temps, il lui faudra se rendre indispensable à la droite, forcer celle-ci à accepter des alliances et poursuivre plus avant la mutation du FN, ce que ses succès électoraux devraient faciliter (l'odeur du pouvoir incite en général au compromis). L'un de ses premiers actes pourrait être, une fois obtenue de bons résultats aux prochaines présidentielles, de proposer au candidat Sarkozy de le soutenir au second tour. Cela ne le fera pas forcément réélire mais cela modifiera les rapports de force au sein de la droite.

samedi, janvier 15, 2011

Goujaterie

Voila que la France ajoute la goujaterie à la bêtise. Après avoir proposé à Ben Ali les services de notre police voilà que on refuse de le recevoir. Et pourquoi? Officiellement, pour ne pas choquer la communauté tunisienne en France? L'argument est pitoyable. Non seulement, on ne s'est pas préoccupé une seconde de son opinion lorsqu'on a proposé l'aide de nos aimables CRS au gouvernement tunisien, mais on donne le sentiment d'avoir peur de ses réactions. Comme si les Tunisiens installés de ce coté-ci de la Méditerranée avaient l'intention de mettre la France à feu et à sang. C'est nous prendre et les prendre pour des imbéciles. C'est, plus encore, envoyer un drôle de signal à tous ces dictateurs que nous soutenons depuis des années. S'ils l'ignoraient, ils savent aujourd'hui ce que vaut notre soutien : celui de la corde au pendu.

Il était facile d'expliquer que l'on recevait Ben Ali pour le sortir du jeu et aider les Tunisiens à résoudre ensemble leurs problèmes de manière démocratique. Cela nous aurait évité le ridicule et envoyé un message simple à tous les dictateurs : si votre peuple se rebelle, inutile de vous accrocher à votre poste, d'envoyer vos mercenaires tirer dans la foule, vous pourrez toujours trouver un refuge.

La morale de tout cela : notre diplomatie est en lambeaux. Kouchner s'est révélé une catastrophe et Alliot-Marie que l'on croyait plus astucieuse est partie pour faire pire.

mercredi, janvier 12, 2011

Front National : le faux-pas de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy pensait urgent de récupérer l'électorat du Front National. D'où le ministère de l'identité nationale et la multiplication de ces dérives sécuritaires de ces derniers mois. Il se retrouve avec des sondages qui confirment la montée des idées du FN à droite dans son électorat : "32 % des sympathisants UMP se déclarent en accord avec les idées du Front national."C'est 12 points de plus que l'année dernière", relève Edouard Lecerf, directeur général de TNS-Sofres. (Le Monde : Le FN séduit de plus en plus les sympathisants de la droite classique)

Surprenant? Non, si l'on songe que Nicolas Sarkozy, a repris et banalisé, les thèmes du Front National alors que celui-ci se modernisait, renouvelait son discours politique (dorénavant axé sur le protectionnisme et la lutte contre l'Islam au nom de la laïcité) et le débarrassait des oripeaux fascistes et antisémites qui le rendait infréquentable. Si le Front National était resté celui de Jean-Marie Le Pen, il aurait pu réussir son coup, mais voilà, le père aux allures de putschiste a cédé la place à une jeune femme  qui a tout d'une patronne de PME dynamique. Elle ne respire pas la haine et ne fait donc vraiment peur à personne. Disons que tout comme nos généraux avaient la bonne habitude de se préparer pour la dernière guerre, Nicolas Sarkozy s'est trompé d'adversaire : il n'a pas vu changer le Front National et cela risque de lui coûter cher.

On a accusé François Mitterrand d'avoir instrumentalisé le Front National pour casser la droite (en agitant notamment le chiffon rouge de la participation des imigrés aux élections locales). On pourra, demain, reprocher à Nicolas Sarkozy d'en avoir fait une force populiste avec laquelle la droite devra compter. Surtout si le FN réussit, comme ce sera probablement le cas dans un certain nombre de régions, à transformer ces bons sondages en résultats électoraux lors des prochaines échéances électorales.

Des alliances au niveau national sont improbables dans l'immédiat, mais les tensions seront fortes sur le terrain pour aller vers alliances locales, surtout si la gauche obtient de bons résultats et menace d'emporter en mars prochain un grand nombre de cantons. Les dirigeants de l'UMP seront d'autant plus enclins à laisser faire qu'il ne leur sera pas facile d'imposer leur volonté à des militants et élus qui peuvent espérer passer des accords avec des adversaires de droite en catimini. On peut déjà imaginer les régions de plus forte tension : le Sud-Est, où la droite est depuis le plus longtemps sensible aux sirènes de l'extrême-droite, et le Nord-Ouest où le FN a su conquérir un électorat ouvrier désespéré par des années de crise.

Michelle Alliot-Marie est-elle folle?

Michele Alliot-Marie est-elle devenue folle? Voilà qu'elle propose l'aide de la police française pour réprimer les manifestations en Tunisie!




A-t-elle oublié que nous avons longtemps été la puissance coloniale et que les Tunisiens n'ont pas forcément le meilleur souvenir du "savoir-faire de  nos forces de sécurité"? A-t-elle une seconde imaginé l'impact que pourrait avoir la présence de nos CRS à Tunis sur nos relations avec l'Algérie ou le Maroc? Dès qu'ils sont en difficultés les dirigeants de l'Algérie agitent une rhétorique anti-française? Envoyer des policiers (et pourquoi pas d'un corps expéditionnaire?) serait leur donner raison. S'est-elle un instant interrogé sur l'impact que pouvait avoir pareille proposition sur les Tunisiens, Marocains, Algériens installés en France qui, malgré toutes les difficultés qu'ils y rencontrent, apprécient de ne plus vivre dans des Etats policiers? Cette proposition n'est pas simplement absurde, elle est dangereuse.

mardi, janvier 11, 2011

Hortefeux, les abattoirs et les musulmans

C'est une histoire édifiante que nous a racontée ce matin Jean-Claude Nouët, le Président de la Fondation Droit animal, éthique et sciences.

D'après une enquête de l'OABA 28% des gros bovins, 43% des veaux et 62% des ovins-caprins sont en France abattus sans être au préalable étourdis alors même que la loi impose cet étourdissement depuis plus de trente ans et n'accorde de dérogation qu'aux abattages rituels pour les viandes cacher et halal.

Toute cette viande n'est évidemment pas consommée par des musulmans ou juifs particulièrement pieux.
En fait, les abattoirs profitent de la dérogation pour raccourcir leur processus de production au risque de faire souffrir les animaux pendant de longues minutes (un bovin égorgé peut, d'après Jean-Claude Nouët, rester conscient jusqu'à 14 minutes avant de mourir). La situation est intolérable pour tous ceux qui sont sensibles aux souffrances des animaux. Loin d'être des ayatollah de la défense des droits des animaux, ils demandent seulement que la méthode d'abattage utilisée soit indiquée sur les étiquettes de viandes de boucherie. Ce qui parait de bon sens, ne devrait gêner personne et pourrait inciter les abattoirs à faire preuve de plus de respect pour les animaux qu'ils abattent. Le sujet est abordé à Bruxelles. Principal opposant : le ministre de l'intérieur (et des cultes) Brice Hortefeux : "je m'y oppose formellement, pas question d'inquiéter la population musulmane!"

Venant d'un ministre de l'intérieur condamné pour injure raciale, cette "délicatesse" laisse rêveur. D'autant plus que l'on ne voit pas bien pourquoi les musulmans seraient choqués : bien au contraire, un étiquetage obligatoire offrirait une garantie à ceux qui ne veulent manger que de la viande abattue selon les rites. Mais voilà : l'Islam a donné lieu à tant de dérapages que l'on n'ose plus prendre des mesures de bon sens dès lors qu'elles pourraient être mal interprétées. Les dérapages à la Hortefeux ont des conséquences inattendues. Dommage pour ces animaux et pour les consommateurs qui préféreraient que les animaux dont ils mangent la viande ne souffrent pas trop.

dimanche, janvier 09, 2011

Si lointaine Amérique…

Les Etats-Unis nous semblent parfois si lointains… Qui pourrait, en France, dire : "The average IQ of Americans is lower (que celui des pays asiatiques) because of our large black and Hispanic populations, which have lower average IQs than whites and Asians."? Le Pen peut-être.

Or l'auteur de cette phrase n'est ni un bloggeur extrémiste ni un membre du tea party. C'est un intellectuel de haut-vol, un juriste et économiste de grande réputation, l'un des acteurs intellectuels du tournant conservateur de la politique américaine (il est de ceux qui ont le plus contribué à déconsidérer les lois antitrust) : Richard Posner.

Cette phrase apparait dans le blog qu'il partage avec un autre intellectuel conservateur de haut-vol, GaryBecker, prix Nobel d'économie 1992. Ils y bavardent, y échangent des idées et commentent l'actualité. Leur thème est, cette fois-ci, la dernière livraison de l'enquête Pisa (Program for International Student Assessment) qui compare les performances des étudiants dans le monde et classe, une nouvelle fois, les Etats-Unis loin derrière la Corée, la Finlande, le Canada ou le Japon. Tous deux tentent d'expliquer ces écarts. Becker explique que le système scolaire américain met en avant la créativité des enfants, ce qui contribue à faire des Etats-Unis un pays qui innove beaucoup mais n'aide pas à avoir de bons résultats dans ce type de test. Richard Posner met, lui en avant, le QI. QI et résultats scolaires sont, dit-il en substance, corrélés. Si les Etats-Unis ont des résultats médiocres, c'est qu'ils ont une populations hétérogène, avec des minorités importantes, noires et hispaniques, qui ont un QI relativement faible, ce qui fait diminuer la moyenne.

Il appuie sa démonstration sur les travaux de Richard Lynn and Tatu Vanhanen, les auteurs d'une très controversée comparaison internationale des QI : IQ and Global Inequality.

Richard Posner prend naturellement de nombreuses précautions. "IQ is understood to reflect both genetic endowment and environmental factors, particularly factors operative very early in a child’s life, including prenatal care, maternal health, the educational level of the parents, family stability, and poverty (all these are correlated, and could of course reflect low IQs of parents as well as causing low IQs in their children)." Et il semble en conclure à l'instar de James Heckman, un économiste spécialiste de ces questions, qu'il  faudrait que les enfants des familles au QI faible soient au plus tôt pris en charge par la collectivité. Ce n'est donc pas un raciste comme le serait probablement le français qui prononcerait la même phrase. Mais à aucun moment, il ne s'interroge sur la validité du QI et de la classification ethnique de la population.

Que mesure effectivement ce test? Et comment le mesure-t-il? Comment sont acquises les compétences qui font les bons scores dans les tests d'intelligence (quel est, par exemple, le rôle de la lecture précoce dans le développement du QI, question que se pose Keith E. Stanovich de l'Université de Toronto?) Est-ce que cela a le moindre sens de distinguer les noirs des hispaniques? les juifs des non-juifs? alors même que les populations se sont depuis des siècles mêlées? Que valent ces catégories ethniques? comment sont-elles élaborées? Qu'en est-il de la variance du QI dans ces différentes catégories?… Il ne se pose aucune de ces questions qui nous viennent naturellement à l'esprit. Les dernières étant sans doute celles qui nous distinguent le plus des Américains. Nous nous méfions comme de la peste des catégories ethniques. Pour des raisons idéologiques (crainte du racisme et du biologisme), mais aussi épistémologiques (que valent ces classements? Où mettre un métis, du coté de son père ou de sa mère?). Ils font partie de la boite à outils des intellectuels américains qui n'y voient pas malice au risque de raisonner de travers.

vendredi, janvier 07, 2011

Christan Jacob veut en finir avec les contrats à vie des fonctionnaires

C'est Libération qui nous l'apprend : Christian Jacob, Président du groupe UMP à l'Assemblée, veut remettre en cause l'embauche à vie des fonctionnaires."Lorsque j’étais ministre, j’en avais parlé de manière informelle avec les syndicats. L’accueil avait été frais, mais il ne faut pas s’interdire d’en débattre. Comme il ne faut pas s’interdire non plus de réfléchir à la pertinence de l’embauche à vie des fonctionnaires." Drôle de proposition qui devrait combler d'aise le candidat naturel de la droite aux prochaines présidentielles.

Mais au delà de ce qui n'est peut-être qu'une provocation (ou, plus simplement, une nouvelle expression de ce fonctionnaire-bashing dont la droite est si friande), on ne peut que s'interroger sur la manière de raisonner. Jacob confond le statut et la mobilité des fonctionnaires, vrai problème qui mériterait d'être traité. Et qui devrait commencer de l'être au sein même de la fonction publique, ce qui n'est pas aujourd'hui, malgré quelques efforts, le cas, chaque administration, chaque corps défendant becs et ongles ses compétences, se prérogatives et avantages… Essayez donc de devenir prof lorsque vous avez commencé votre carrière au ministère de l'intérieur ou de la justice! Ou, plus simplement, d'entrer dans la fonction publique d'Etat lorsque vous avez commencé votre carrière dans la fonction publique territoriale. C'est un véritable parcours d'obstacles auquel tout concourt : diplômes demandés, horaires, règles diverses, rémunérations, primes…

Pour ce qui est du statut, on aimerait recommander à Jacob d'aller voir du coté des pays qui ont abandonné l'embauche à vie des fonctionnaires, qui ont mis en place ces contrats d'objectifs dont il parle. Il y apprendrait que cela n'a concerné que les cadres dirigeants et que cela s'est immédiatement traduit par une hausse significative des rémunérations pour des performances au mieux équivalentes. Et pour cause : l'embauche à vie a une valeur pour les fonctionnaires qui en bénéficient. Et ils acceptent de la payer en ayant une rémunération plus faible. Si l'on veut voir exploser les rémunérations des hauts-fonctionnaires il suffit de suivre les conseils de Christian Jacob et de fixer leurs salaires en fonction des prix du marché. Pourquoi un directeur de ministère gagnerait-il moins que le directeur général d'une grande entreprise?

jeudi, janvier 06, 2011

De nouveau les 35 heures…

Les dernières déclarations de Manuel Valls sur les 35 heures sont désolantes à plus d’un titre. Elles montrent une nouvelle fois :
- que le débat tourne autour d’idées fausses,
- que les socialistes n’ont jamais su ni voulu développer un argumentaire solide en faveur de la réduction du temps de travail,
- que le bilan de celle-ci n’a jamais vraiment été fait.

Commençons par deux idées fausses :
- on confond presque systématiquement 35 heures et réduction de la durée réelle du travail. Ce sont deux choses différentes. Les 35 heures sont une durée légale qui ne concernait pas, d’ailleurs, au début les petites entreprises. Les salariés travaillent en moyenne bien plus que 35 heures, mais la rémunération des heures travaillées au delà est majorée. Ce qui n’est évidemment pas la même chose. Du reste toutes les statistiques européennes l’indiquent, les Français ne travaillent pas moins que les autres européens (ils travaillent en moyenne 37,9 heures hebdomadaire, contre 37,4 heures en moyenne en Europe). Si les entreprises avaient vraiment souffert de cette réduction du temps de travail, elles auraient tout fait pour récupérer les heures perdues. Elles auraient, par exemple, réduit la formation permanente dont chacun sait bien qu’elle est le plus souvent inutile. Elles ne l’ont pas fait. Et elles ne l'ont pas fait parce qu'elles n'en avaient pas besoin : les marges de gain de productivité étaient dans la plupart des entreprises suffisantes pour compenser les heures éventuellement perdues ;
- on associe 35 heures et augmentation des coûts salariaux. Là encore on commet une erreur. Le passage aux 35 heures s’est accompagné d’une baisse des cotisations sociales. Comme l’écrivent les auteurs du Rapport à la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale en 2009, “A partir de 1993, les divers dispositifs d’allégements de cotisations ont en effet compensé en partie l’augmentation des salaires, neutralisé le choc des 35 heures, et ralenti la progression du coût du travail.”  On pourrait même a contrario dire que la mesure a freiné les hausses de salaires à une époque où, du fait du recul du chômage, ceux-ci auraient pu augmenter.

Au vu de ces réalités, on pourrait assez justement se demander pourquoi les 35 heures continuent de susciter autant de contestation. La raison en est pour une part idéologique et politique, mais il y a, je crois, autre chose : les 35 heures se sont révélées un véritable casse-tête pour les entreprises, pour leur management et pas seulement pour leurs directions (je dirai même que les directions générales ont souvent mieux pris la mesure que le management intermédiaire). Ces difficultés ont été aggravées dans les services publics, notamment l'hôpital, qui étaient, par ailleurs, confrontés à des réductions de budget.

Les socialistes avaient avec cette loi une double ambition :
- créer de l’emploi et s’ils n’ont pas atteint leur objectif (700 000 créations d’emplois) on ne peut pas non plus dire qu’ils aient complètement échoué puisqu’il y a eu entre 300 et 400 000 créations d’emplois ;
- amener les entreprises à développer un emploi durable et ceci en internalisant la flexibilité : les différents aménagements au code du travail qui ont accompagné les lois sur les 35 heures devaient donner aux entreprises la possibilité d’introduire de la flexibilité sans pour autant augmenter la précarité (sous forme d’intérim ou de sous-traitance). Or, cet objectif s’est révélé très difficile à mettre en place. Sur le papier il est facile et astucieux de faire varier les horaires des salariés en fonction de la charge de travail. Dans la réalité, c’est, dans la plupart des métiers, très compliqué : les entreprises savent rarement anticiper leur charge de travail plusieurs mois à l’avance. Quant aux salariés, ils ne veulent certainement pas organiser leur vie en fonction de la charge de travail de leur employeur : qui a envie de partir en vacances au mois de novembre?

Quand on regarde dans le détail la loi et les possibilités qu’elle offrait aux entreprises on s’aperçoit que la plupart n’en ont pas tiré pleinement parti. Je ne prendrai qu’un exemple : la loi permettait aux entreprises de négocier une transformation profonde de la formation permanente. Il était possible de demander aux salariés de prendre des jours de formation sur leurs périodes de congé. Combien d’entreprises ont utilisé cette solution pour améliorer leur capital humain?

Mais le plus désolant est sans doute que les socialistes n’aient pas su développer un argumentaire économique convaincant. C’était pourtant possible. Il leur aurait suffi de regarder ce qui s’est effectivement produit dans les premiers mois. La loi demandait aux entreprises de réduire de 10% le temps de travail (passer de 39 à 35 heures) mais leur imposait, pour obtenir les baisses de cotisation sociale, d’augmenter de 6% leurs effectifs. Qu’ont fait celles qui ont joué le jeu? Elles ont recruté, investi dans la modernisation de leurs installations et fait évoluer leur organisation. Cette loi, dans ses premiers mois, contribué à la croissance en mettant en branle simultanément ses deux moteurs : la consommation des ménages (par la création d’emplois) et l’investissement.

Si les socialistes n'ont pas su mieux défendre cette loi c'est qu'ils n'ont, dans leurs profondeurs, probablement jamais vraiment cru aux 35 heures. Les déclarations de Valls ne font que le confirmer.