mercredi, février 27, 2013

Stéphane Hessel disparu, que reste-t-il des indignés?

Stéphane Hessel avait su, avec son petit livre, donner du sens et une certaine visibilité au mouvement des indignés, jacquerie moderne sans autre programme qu'une certaine rage. Lui disparu, qu'en reste-t-il? Pas grand chose, malheureusement. Aucune idée, aucune organisation, aucune utopie, aucune filiation non plus. Rien à voir avec le gauchisme de la fin des années soixante qui a formé toute une génération de responsables et imposé ses thèmes libertaires à la société pendant au moins une vingtaine d'années. Reste sans doute la désespérance et la rage. Mais elles peuvent virer de bord et fournir des troupes au populisme ou à la dérision comme en Italie.

Faute d'armature théorique, d'utopie, de slogans fédérateurs, de structures pour accueillir, encadrer les plus déterminés, cette rage et cette désespérance tournent en rond, butent contre les murs, les plus engagés se démobilisent, de dispersent. Le texte, assez faible pour être franc de Stéphane Hessel, avait donné un semblant de cohérence à un mouvement social qui se cherchait, il est aujourd'hui comme passé à la machine à décerveler. Et l'on ne voit pas bien d'où pourrait venir la relève. 

J.P.Balpe publie sur Facebook ses archives : Un autre regard sur l'histoire littéraire

Pionnier de l'art numérique, inventeur programmes à composer des poèmes, longtemps collaborateur d'Action poétique et animateur du BIPVAL, la biennale de poésie du Val de Marne, Jean-Pierre Balpe a entrepris très discrètement d'éditer sur Facebook ses archives, courriers reçus d'auteurs de toutes sortes, refus, mots aimables, dessins… Tout cela commence dans les années soixante quand poètes et écrivains écrivaient encore à la main. C'est indiscret, insolite, un petit monument de l'histoire littéraire que Michel Pierssens et Jean-Jacques Lefrère devraient signaler dans leur excellente revue : Histoires littéraires.

Un exemple de ce qu'on y trouve : une carte postale recto-verso de Michel Butor :


mardi, février 26, 2013

Europe : une crise politique après la crise économique

Italie, Espagne, Grèce, Bulgarie… les crises politiques se succèdent en Europe, prennent un tour différent dans chacun des pays mais reposent tous sur les mêmes fondamentaux : un rejet par les peuples d'une austérité qui bien loin de conduire à la croissance ralentit celle-ci et appauvrit, du coup, l'essentiel de la population. En cause, partout, des politiques qui se plient aux standards de l'Europe en matière de dette, de déficit budgétaire et qui ne peuvent en réalité guère faire autrement.

Standards dont il est d'autant plus difficile de se défaire que, sous l'influence de l'Allemagne (mais aussi de la technocratie bruxelloise), l'Europe s'est dotée d'institutions indépendantes (ce qui veut dire indépendantes des politiques), BCE, Cour de Justice Européenne… chargées de les faire respecter : quelles que soient les circonstances. Le déficit public est un bon exemple, il ne doit pas dépasser 3% et si c'est le cas les Etats pourraient être poursuivis et condamnés à de fortes amendes (jusqu'à 0,2% de leur PIB). Il faut pour y échapper qu'une majorité qualifiée d'Etats s'y oppose. Les mêmes Etats doivent présenter leur projet de budget à Bruxelles avant même de le discuter avec leur Parlement. Tout cela est excellent pour ramener la discipline dans des pays qui en sont souvent manqué et ont laissé leurs déficit et endettement courir sans vergogne. Mais… ces instances ne sont pas seulement indépendantes des politiques, elles le sont également des opinions. Elles n'en tiennent tout simplement pas compte. D'où les réactions de celles-ci : discrédit des politiques, rejet de l'Europe, populisme, manifestations violentes, élections rendant les pays ingouvernables.

La construction européenne, telle qu'elle a évolué, de manière presque invisible pour qui n'est pas spécialiste, a voulu encadrer au plus près des politiques prompts à renvoyer au lendemain les efforts, elle aura réussi à couper le lien qui les unit à ceux qui les élisent. Elle leur a interdit (ou, du moins, rendu beaucoup plus difficile) d'écouter leur opinion, de prendre acte de ses refus, de ses attentes en matière économique. Faire des économies pour rembourser ses dettes, c'est une obligation, le faire en réduisant les allocations chômage, en fermant des écoles, en réduisant les dépenses de santé, comme en Espagne, c'est tout simplement aller à l'encontre de ce qu'attend la population, qu'elle soit de droit ou de gauche, jeune ou vieille. Or, faut-il le rappeler, dans des régimes démocratiques, être attentif aux attentes de la population et tenter de les satisfaire fait partie de la mission des politiques. Et c'est pour cela que la démocratie vaut mieux que tous les autres régimes.

L'Europe a aujourd'hui besoin de revoir ses politiques d'austérité qui se révèlent incapables de résoudre nos problèmes mais aussi son modèle politique : Bruxelles doit entendre les opinions si l'on veut éviter l'explosion de l'Europe pour cause de déficit démocratique. Il lui suffirait de prêter un peu plus d'attention au Parlement européen…

mardi, février 19, 2013

Une catégorie en pleine expansion : les nouvelles classes populaires

Dans une intéressante tribune libre publiée aujourd'hui dans Le Monde (Exclues, les nouvelles classes populaires s'organisent en contre-société), le géographe Christophe Guilluy note que "les rares ascensions sociales en milieu populaire sont aujourd'hui le fait de jeunes issus de l'immigration." Un phénomène qui mériterait d'être étayé même si l'intuition semble le confirmer (on peut notamment l'observer lorsque l'on regarde le générique des films et des séries télévisées : que de noms et de prénoms venus d'ailleurs!)

Guilluy attribue ce phénomène à l'implantation des immigrés dans les centres-ville à proximité des catégories supérieures et intellectuelles dans les territoires les plus dynamiques quand les classes populaires autochtones sont trop souvent reléguées à la périphérie dans des zones semi-urbaines. "Habiter dans une métropole, y compris en banlieue, n'est pas une garantie de réussite, mais représente l'assurance de vivre à proximité d'un marché de l'emploi très actif et de l'offre sociale et scolaire la plus dense." Là encore, on conçoit bien qu'un marché de l'emploi actif et une offre scolaire dense facilitent la promotion sociale. Mais est-il vrai que les classes populaires ont autant déserté les métropoles que l'affirme Guilluy?

Reste que l'on trouve là quoi enrichir ce concept de nouvelles classes populaires qui est étrangement entré dans le monde des sociologues après un détour par les sciences politiques et l'analyse électorale puisque c'est l'analyse du vote Front National qui a fait émerger cette catégorie sociologique.

mercredi, février 13, 2013

Grèves, violence…

Le succès des grèves d'instituteurs sont en apparence, au moins, incompréhensibles sur le fond, le gouvernement se contentant de revenir sur une réforme qu'ils avaient unanimement critiquée. Il l'est moins lorsque l'on sait l'importance des horaires dans les aménagements de la vie de chacun.

Hostiles aux rythmes scolaires actuels sur le plan des principes, les instituteurs ne veulent pas, en pratique, qu'on les change tant ils structurent leur vie et contribuent à l'articulation de la vie privée et de la vie professionnelle. On avait observé des phénomènes comparables lorsque, négociant la réduction du temps de travail, on cherchait à supprimer les horaires flexibles pour assurer une meilleure coordination d'équipes aux journées plus courtes. Ce n'est pas du corporatisme, comme on l'a dit, c'est, plus simplement, la défense des emplois du temps et compromis que chacun a construits. Ces grèves peuvent réunir beaucoup de monde, il y a peu de chance qu'elles dégénèrent. On ne met pas le feu à des  pneus pour quelques heures de travail le mercredi matin.

Il en va tout autrement des grèves ouvrières sur les sites menacés de fermeture qui paraissent, si l'on en juge par les images que montre la télévision, très "viriles". Risque-t-on de se retrouver dans des situations comparables à celles de 1979 avec des affrontements violents avec les forces de l'ordre (comme ceux d'avril 79 auxquels fait référence cette couverture de Paris-Match)?


Localement, c'est très possible, je dirais même probable, ce qui demandera beaucoup de doigté de la part d'un gouvernement de gauche. Est-ce que cela "monter" jusqu'à Paris, comme ce fut le cas en 1979? ou comme on l'a observé ces derniers mois en Grèce et en Espagne ?

On a de bonnes raisons d'en douter : les organisations syndicales n'ont plus la même force, les salariés concernés dispersés, divisés (comme chez Goodyear) et le Front de Gauche et les mouvements d'extrême-gauche qui pourraient être tentés de jeter de l'huile sur le feu n'ont pas la puissance du PC, de la LCR et des maoïstes d'alors. Reste que les mouvements sociaux sont toujours imprévisibles, si imprévisibles que le gouvernement gagnerait à suivre cela de très près et à travailler à une gestion des forces de l'ordre qui maintiennent celui-ci sans ajouter au désordre ambiant.

Hollande et le scepticisme

François Hollande suscite depuis toujours, chez ses collègues, chez les observateurs, les militants et les citoyens, une forme inédite de scepticisme pour un dirigeant politique de sa stature : on le crédite de nombreuses qualités (intelligence, habileté, sens de l'écoute) mais on doute de ses capacités à diriger, à prendre des décisions. Alors même qu'on le sait intelligent et efficace, on le mésestime. Ces doutes sont d'autant plus surprenant que, où qu'il soit passé, son bilan est plutôt positif. Ce scepticisme a des avantages : il lui permet de surprendre. Personne ne le croyait en mesure d'emporter ces primaires et, derrière, l'élection présidentielle. Que pesait-il face à ces poids-lourds de la politique qu'étaient Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry ou Nicolas Sarkozy? Il les a tous dépassés et… enterrés. Mais il a surtout l'inconvénient de rendre difficilement lisible sa politique et de faire confondre souci de prendre en considération les positions de ses adversaires et flou sur les orientations.  

On peut se demander d'où cela vient? Peut-être de la conjonction d'un tempérament qui l'incite à la bienveillance à l'égard de ses adversaires (bienveillance qui le conduit non pas à céder sur ses projets mais à chercher une solution qui évite de trop contraindre ceux qui ne partagent pas ses vues) que d'un physique de notable de province (il est sans doute le premier de nos présidents de la République à illustrer aussi bien la figure du notaire ou du médecin de sous-préfecture, même Pompidou avait un saillant dans le visage qui interdisait de le confondre avec). On prend sa bienveillance pour de la faiblesse et sa rondeur pour de la mollesse. On a sur les deux points, tort, tout à fait tort. On commence tout juste à le découvrir.

dimanche, février 10, 2013

La France n'en a pas fini avec le Mali

Laurent Fabius nous annonçait il y a quelques jours un départ prochain des troupes françaises du Mali. Voeu pieu? Comment pourrait-il en être autrement lorsque les militaires maliens se battent entre eux, comme ce fut le cas à Bamako il y a deux jours :
A Bamako,raconte FranceTVinfo, plusieurs personnes ont été blessées, vendredi 8 février, dans l'attaque du camp des "Bérets rouges", proches de l'ancien président Amadou Toumani Touré, par des soldats d'autres corps de l'armée malienne. D'après le correspondant de France 24 à Bamako, l’attaque a fait au moins un mort.
"Des militaires lourdement armés, tous corps confondus, ont attaqué le camp. Ils sont en train de tirer sur nos femmes et nos enfants", ont confié des témoins aux journalistes. 

Dangereux mariages…

On n'a jamais tant vanté les vertus du mariage que ces dernières semaines avec les débats à l'Assembleé sur le mariage homosexuel (et cela devrait reprendre avec les débats au Sénat dans quelques semaines) alors même que l'actualité est pleine d'unions qui finissent dans les pires conditions.

Qu'il s'agisse de ce diplomate français que son épouse indienne accuse d'inceste sur leur fille de trois ans, des mésaventures (le mot est bien faible) de Takiéddine, Gaubert ou, plus récemment, Cahuzac dont les futures ex-épouses ont nourri la justice et la presse d'informations qui seraient autrement restées confidentielles ou encore de ces cas dont chacun a pu avoir connaissance (époux qui kidnappent les enfants, épouses qui dénoncent les fraudes fiscales…), on a trop d'exemples de ces mariages qui deviennent toxiques. Le schéma est presque partout le même : dispute sur la garde des enfants et/ou le partage des biens du ménage, utilisation pour l'emporter devant le juge de tous les moyens, de toutes les informations glanées au cours des années de vie en couple. L'art du compromis qui semblait à la base des unions qui durent semble oublié : on va beaucoup plus vite à la rupture et les séparations sont toujours plus violentes.

Je me souviens de vieilles tantes qui cachaient à leurs époux les économies qu'elles faisaient sur l'argent du ménage. Elles s'assuraient ainsi une certaine autonomie. Devra-t-on, de la même manière, apprendre à mesurer la confiance que l'on accorde à ceux dont on est le plus proche pour se protéger en cas de séparation?

vendredi, février 08, 2013

Les séries télévisées n'aiment pas les politiques

Air du temps? Populisme ambiant? Les séries télévisées qui présentent des élus ne leur font plus de cadeaux et révèlent mieux que tout autre média l'altération profonde de leur image dans nos sociétés démocratiques.

Quand West Wing parlait de politique, ses scénaristes en donnaient une image élogieuse. Le Président était très compétent, économiste de renom, et ses collaborateurs en permanence soucieux de régler tous les problèmes du monde (avec, pour qui n'est pas américain, le sentiment qu'ils s'occupaient bien souvent de ce qui ne les concernait que de très loin). Les séries télévisées plus récentes comme Les hommes de l'ombre (qui raconte la campagne présidentielle de Nathalie Baye alias Anne Visage) ou The House of Cards (qui raconte la vie du whip de la chambre des représentants) sont bien moins aimables. Elles nous montrent de seconds couteaux, conseillers en communication ou flibustiers parlementaires habiles à faire des croche-pieds et donner de mauvais à leurs ennemis mais aussi, et surtout, à leurs amis et alliés.

Les britanniques ont été les premiers (avec, par exemple, Yes, Minister) à créer des séries de ce type, mais ils le faisaient avec un humour féroce qui a disparu de leurs épigones continentaux ou américains qui se complaisent dans la présentation de personnage tellement cyniques que l'on en vient à douter de leur réalisme.

lundi, février 04, 2013

Patriotisme français?

Dans un post dans lequel il médite sur les réactions de ses lecteurs français à ses remarques légèrement (très) légèrement cyniques sur le discours de F.Hollande à Bamako, Arthur Goldhammer s'interroge sur le renouveau du "patriotisme" français à cette occasion.

La question est pertinente et il est vrai que cette intervention ne suscite que très peu de critiques et d'interrogations, bien moins que celle en Libye. Et les rares qui s'y essaient, comme Thierry Desjardins, passent pour un peu grincheux.

Si cette opération dont on n'a pas vu la fin attire de ce coté-ci de l'Atlantique tant de soutiens, c'est qu'elle combine :
- une intervention juste : qui pouvait laisser le Mali aux mains de bandes de voyous et de terroristes qui violent les femmes et coupent les mains des voleurs?
- une démonstration de la force et de l'efficacité de nos forces armées qui ont donné le sentiment de mieux s'en sortir que d'autres (peut-être était-ce tout simplement plus facile d'intervenir au Mali qu'en Afghanistan…), démonstration d'autant plus parlante que nos alliés sont restés bien discrets,
- une confirmation de ce que la France n'est toujours pas une puissance comme les autres. Qui, hormis les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne aurait pu mener ce type d'opérations? Ni les Allemands, ni les Italiens, ni les Espagnols, ni les Russes ni les Chinois : nous valons bien notre siège au Conseil de Sécurité,
- la preuve de la maturité et des qualités de dirigeant de François Hollande : il a su prendre des décisions rapides sans hésiter ni se pavaner comme son prédécesseur.

Tout cela vaut bien quelques bravos. Même si l'on ne peut jurer de lendemains qui chantent.

dimanche, février 03, 2013

François Hollande a-t-il "retourné" la presse?

Il y a quelques semaines, on parlait du "Hollande bashing" de la presse française. Tout cela est bien fini. La presse semble avoir modifié en profondeur son jugement. En témoignent de nombreux indices, comme cette formule du Monde :
Dans la chronologie de l'intervention militaire française au Mali, débutée le 11 janvier, la visite du président français intervient à un moment proche de la perfection.
Proche de la perfection… le compliment est rare.

On retrouve ce même changement d'humeur ou de jugement au détour d'articles ou d'éditoriaux un peu partout et ceci depuis avant l'intervention au Mali. Je pense notamment à des notations, des incises qui suggèrent que bien loin d'être des reculades ou des maladresses certaines de ses déclarations comme celle sur la liberté de conscience des maires n'étaient qu'une manière de dégager le terrain (de fait, François Hollande n'avaient alors dit que l'évidence : la plupart des mariages sont confiés à des adjoints et rien n'interdit au maire qui ne voudrait pas réaliser de mariage homosexuel de se défausser sur un élu que cela ne gêne pas).

Cela ne veut pas dire que la presse sera demain moins critique et moins sévère, mais l'image qu'elle se fait (et nous donne) de François Hollande a évolué et quoi qu'il arrive de sa popularité (qui reste bien faible malgré le Mali), elle ne le jugera plus de la même manière. Les accusations d'indécision, de faiblesse,  de goût de la synthèse vont disparaître. On lui trouvera sans doute d'autres défauts, mais pas ceux-là… 

samedi, février 02, 2013

Et si l'on chantait Hollande et Sarkozy?

Dans les années trente, les chanteurs les plus célèbres n'hésitaient pas à écrire des chansons politiques comme celle-ci qu'André Perchicot, un coureur cycliste devenu chanteur, a consacrée à Gaston Doumergues :


On aurait aimé avoir la même chose avec Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Serge Lama sur Sarkozy, Françoise Hardy sur Hollande, Sheila sur Chirac… Ce serait certainement plus gai et moins vulgaire que tous ces imitateurs qui ont envahi les ondes et dont on se demande souvent ce qu'ils ont de drôle.

vendredi, février 01, 2013

Mariage pour tous : une opposition si… retenue

La presse insiste volontiers sur la dureté des affrontements au Parlement à propos du mariage homosexuel. Je suis plutôt frappé par l'extrême retenue de l'opposition qui s'est, jusqu'à présent (et pour combien de temps?), bien gardée de toute dérive homophobe. C'était déjà le cas lors de la grande manifestation d'il y a quelques semaines. Et c'est à noter. J'imagine que des consignes strictes ont été données, mais il y a sans doute plus.

Il y a d'abord le sentiment que la société française ne supporterait pas des dérapages homophobes et que ceux-ci, s'ils se produisaient, seraient longtemps reprochés à la droite. Il y a sans doute aussi le changement de regard sur l'homosexualité.

Jusqu'à ces débats sur le mariage, l'homosexualité était surtout considérée comme masculine. C'était une affaire d'hommes. Or, manifestations et débats ont révélé l'homosexualité féminine que l'on ignorait pour l'essentiel. Ce sont des femmes qui ont porté ce débat et manifesté avec le plus d'énergie leur désir de se marier et d'avoir des enfants, adoptés ou conçus avec l'aide de la médecine. Cette homosexualité, jusqu'alors méconnue, a comme sidéré la droite. Les insultes homophobes les plus classiques (inutile de les répéter, tout le monde les connaît) tombaient à plat. Restait à évoquer la nature, la civilisation, le bon sens, la filiation… enfin tout ce qui remplit les discours des opposants au mariage homosexuel, sonne creux mais évite les insultes et la haine.