Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
samedi, octobre 27, 2007
Régimes spéciaux : le pataquès continue
jeudi, octobre 25, 2007
Nicolas Sarkozy est-il encore… cohérent?
mercredi, octobre 17, 2007
Peut-on défendre les régimes spéciaux?
Les salariés que l'on interroge à la radio et à la télévision insistent beaucoup sur le contrat moral passé avec leur entreprise. Il est vrai que la retraite est un des éléments clef du statut de ces entreprises, mais l'argument a probablement perdu de sa valeur depuis 1995. Les gens entrés dans ces entreprises ces 12 dernières années ne sont pas sans savoir que ces régimes sont menacés.
L'autre grand argument porte sur la pénibilité : ces métiers seraient pénibles. C'est vrai de certains, mais pas de tous. Les employés et cadres de la SNCF n'ont pas des conditions de travail plus pénibles que ceux de n'importe quelle entreprise.
Est-ce à dire que l'on ne peut pas défendre ces régimes spéciaux? Non. On peut le faire, mais avec un troisième argument qui relève plus de l'économie et du management.
Ces entreprises qui offrent à leur personnel ces conditions particulières ont deux caractéristiques :
- elles sont en situation de monopole sur leur marché,
- elles emploient un grand nombre de salariés dans des emplois pénibles.
Or, là est le problème : la pénibilité de certains métiers (essentiellement, ceux qui produisent les services, le transport…) justifie que l'on n'y consacre pas toute sa carrière. Or, ce qui est souvent possible dans le secteur privé ne l'est pas dans ces entreprises :
- elles ne peuvent pas, du fait de leur démographie et de leurs métiers, recaser les salariés devenus inaptes (ou moins aptes) dans des postes moins pénibles : la RATP emploie un peu plus de 40 000 personnes, dont 12 000 machinistes (conducteurs d'autobus). Le voudrait-elle même qu'elle ne pourrait pas proposer à tous d'autres postes après 15 ou 20 ans d'un métier pénible (horaires, conditions de travail…) ;
- leurs salariés sont, souvent, prisonniers de leurs compétences. Un salarié du secteur privé qui trouve son poste de travail trop pénible peut changer d'entreprise, chercher un emploi utilisant les compétences qu'il a acquises, mais dans un environnement moins pénible. Un conducteur de TGV ne peut pas le faire : il n'y a, en France, qu'un seul employeur qui ait usage de ses compétences : la SNCF. Changer d'entreprise voudrait tout simplement dire repartir à zéro.
Une retraite précoce est dans ces conditions la meilleure des solutions. On peut, d'ailleurs, penser que l'allongement de la durée des cotisations posera rapidement des problèmes de management quasi insolubles à ces entreprises qui conserveront des salariés qu'elles ne pourront plus utiliser dans leur emploi. Qu'en feront-elles?
On me dira qu'elles pourraient les licencier. Mais je ne suis pas sûr que les salariés se laisseraient faire. J'ajouterai que des politiques ne pourraient que leur poser des problèmes de recrutement : pourquoi prendre un métier si l'on est certain de se retrouver au chômage 5 ans avant le départ en retraite? Elles peuvent les mettre en préretraite comme font les entreprises privées lorsqu'elles sont confrontées au même dilemme, mais quel est alors le bénéfice?
C'est un véritable casse-tête qui se prépare pour les directions de ces entreprises. Les retraites précoces permettaient une gestion des âges compatible avec la pénibilité des métiers. On va perdre cet avantage. Ceci explique sans doute qu'elles se soient montrées si peu empressées de s'en prendre à ces régimes spéciaux.
mardi, octobre 16, 2007
La question sociale est sortie de notre horizon
Le dire peut paraître étrange, absurde, mais de quand date la dernière réforme que l’on puisse qualifier de véritable avancée sociale? Quelles sont les revendications des organisations de gauche qui relèvent de cette définition? Les 35 heures? Elles n’ont pas été conçues dans cet esprit mais comme un remède au chômage (ce qu’elles ont d’ailleurs été pour partie). La flexi-sécurité dont on parle tant ces jours-ci? Mais il s’agit au mieux que d’un aménagement de ces deux vieilles conquêtes sociales que sont les allocations chômage et la formation professionnelle. La revalorisation du Smic? Son passage à 1500€ comme le proposait Fabius? Mais elle est inscrite dans la loi et se fait chaque année depuis plusieurs décennies. La lutte contre le harcèlement moral? Ce n’est que la manifestation de la montée en puissance dans les relations professionnelles des avocats et des psychologues. La lutte contre les discriminations au travail? Mais il ne s’agit que la traduction tardive dans le monde du travail de combats engagés depuis une quarantaine d’années sur d’autres champs. Il faut se rendre à l’évidence : la dernière conquête sociale a plus de 25 ans. Il s’agit de la retraite à 60 ans. Depuis plus rien : la question sociale s’est retirée, bousculée par ces nouveaux venus que sont les exclus, les sans-papiers, les habitants des cités…
Cet éloignement n’a pas été sans conséquence sur les partis de gauche. Le PCF, qui n’était pas au mieux de sa forme avec les déboires du modèle soviétique, ne s’en est pas remis. Le PS, parti solide, a mieux résisté, mais on sent que son socle sociologique et idéologique s’est déplacé : ce sont les classes moyennes qui votent aujourd’hui pour lui et ce sont les écologistes qui inspirent ce qu’il y a de mieux dans sa politique. Disons-le tout net : sa chance historique aura été l’incapacité des écologistes à s’organiser. Issus de la société civile, ils ont voulu conserver, jusque dans l’action politique classique, les formes issues du monde associatif qui leur ont permis de faire valoir leurs idées. Attac a tenté, sur un registre différent, de faire pareil, mais avec aussi peu de succès. Faire de la politique, avoir des élus et espérer prendre le pouvoir suppose d’autres méthodes.
Les syndicats, alliés traditionnels de la gauche, ont pris leur autonomie jusqu’à devenir, à l’occasion des alliés au moins implicites des gouvernements de droite inimaginables vingt ans plus tôt (que l’on se souvienne des pas de deux de Nicole Notat et François Chérèque avec Juppé et Fillon).
Quant aux classes populaires, aux ouvriers, aux prolétaires, aux syndicalistes d’hier, ils ont pris leur liberté. Beaucoup sont restés à gauche, mais d’autres se sont aventurés à droite et plus encore à l’extrême-droite qui leur proposait un discours et un programme correspondant à ce que des victimes directes de la mondialisation pouvaient attendre : xénophobie et protectionnisme.
La gauche ne serait pas dans de telles difficultés si elle pouvait avancer un projet social original, différent, capable de séduire les salariés. Mais est-ce seulement possible? Les salariés ne sont pas à plaindre : ils ont un emploi, des revenus réguliers, toute une série d’avantages qui permet, oh paradoxe, de les traiter de privilégiés même lorsqu’ils sont dérisoires. Du reste, ils n’attendent rien, ou pas grand chose de la politique, sinon qu’ils laissent leurs entreprises se développer.
La gauche doit se réinventer et se battre sur de nouveaux fronts : les quatre axes que propose Bernard-Henri Levy ne sont pas insignifiants, mais chacun sent bien qu’ils sont insuffisants. La gauche a besoin d’un nouveau combat qui lui permette de donner de nouvelles perspectives à ses militants et à tous ceux que la politique du gouvernement actuel exaspère ou met en colère. L’immigration pourrait lui offrir cet espace. Encore faut-il qu’elle ait le courage d’aller contre la xénophobie de ses anciens électeurs que le Front National a séduits. Ses dirigeants ne l'ont certaiement pas.
lundi, octobre 15, 2007
Bernard Laporte : portrait acide
On y apprend entre autres amabilités qu'il a été associé à la mère de deux figures du grand banditisme, qu'il est propriétaire de casinos et que la police s'est interrogée sur l'origine des fonds qui lui ont permis ces investissements. Tout cela a été écrit en septembre, au lendemain de la défaite de la France contre l'Argentine dans un journal qui n'est pourtant pas réputé pour son anti-sarkozysme. Laporte et ses amis pouvaient espérer que ces informations disparaissent. Manque de chance. Il suffit d'une interrogation sur Google pour les retrouver. Cela ne l'empêchera sans doute pas d'être ministre, mais on devine qu'au moindre incident (et sauf à rester la tête sous l'oreiller, il y aura un jour ou l'autre un incident), ces interrogations resurgiront. Au risque que l'habile coup politique se transforme en catastrophe.
dimanche, octobre 14, 2007
Nicolas Sarkozy, la presse et le divorce du couple présidentiel
Tout cela est bien évidemment plausible et, cependant… je ne suis pas sûr que ce contrôle de la presse soit si serré qu'on veut bien le dire. J'en veux pour preuve le comportement de la presse ces derniers jours à l'occasion de l'inauguration de la Cité de l'Immigration. On sait qu'aucun ministre n'était présent, que personne, au sommet de l'Etat ne souhaitait brouiller un peu plus le discours du gouvernement sur l'immigration alors qu'Hortefeux et Mariani se heurtent à une opposition inattendue. Pourtant, plusieurs titres, Le Monde, Libération, Le Parisien n'ont pas hésité à faire leurs titres sur cet événement et ont profité de l'occasion pour publier des papiers soulignant les aspects positifs de l'immigration et les crimes commis par la France pendant la période coloniale. Ils l'ont fait en toute liberté et, bien loin de se plier à la politique de communication des pouvoirs publics, ils ont ainsi marqué, de manière à peine subliminale, leur opposition à l'instrumentalisation de la question de l'immigration. En d'autres mots, ils sont, malgré toutes les amitiés, libres.
C'est au regard de cette liberté qu'il faut évaluer leur silence sur les difficultés conjugales du couple présidentiel. Ils n'en ont pas parlé, laissant les rumeurs circonscrites au milieu étroit qui se vante d'être mieux informé que la moyenne de ce qui se passe en haut lieu.
Ils peuvent l'avoir fait par respect de la vie privée. Vu le comportement de certains, on peut en douter, mais ce n'est pas une hypothèse à rejeter complètement. Ils ont fait de même avec le couple Hollande-Royal pendant la campagne présidentielle alors que les bruits de rupture couraient tout Paris.
Ils peuvent également l'avoir fait par respect de leur métier : lorsque l'on travaille au Monde ou au Figaro, on est mal à l'aise devant des informations qui relèvent plus de la presse people que de la presse d'opinion. Cette hypothèse renvoie à la hiérarchie des informations que les journalistes pratiquent spontanément : le fait divers a moins de prestige que l'information politique et le scandale financier (façon Medef et Gautier Salagnac) plus d'intérêt que les histoires d'alcôve (réservées à la presse spécialisée).
Ils peuvent encore l'avoir fait par prudence : le souvenir du fiasco toulousain est encore dans toutes les mémoires. Ou, par sympathie : le Président est aussi "l'ami" des journalistes qui l'accompagnent et cette "amitié" qu'il entretient constamment peut inciter un rédacteur à une certaine discrétion.
Leur silence peut, enfin, tenir à un problème d'organisation. Les journalistes susceptibles de traiter cette information dans les grands journaux n'ont pas accès à l'Elysée, et ceux qui y ont accès ne considèrent pas cette information comme relevant de leur champ de compétence.
J'ajouterai, pour conclure, que toutes les explications par l'amitié me paraissent fragiles. On imagine mal à un patron de presse prendre le risque d'un conflit avec ses journalistes au motif que son amitié avec le Président lui interdirait de publier dans ses colonnes un article déplaisant pour celui-ci. Les journalistes ont pris ces dernières années assez de poids dans la presse pour ne pas être soumis longtemps à pareilles pressions.
PS Cela ne veut évidemment pas dire que les propriétaires des journaux sont sans pouvoir sur leurs journalistes. Difficile de ne pas rapprocher l'activisme du Figaro dans l'affaire EADS des intérêts du groupe Dassault dans l'affaire. Mais donner à un journaliste des informations sur un sujet qui peut lui permettre de faire des papiers repris par toute la presse et lui demander de ne pas parler d'un divorce pour cause d'amitié sont deux choses différentes.
dimanche, octobre 07, 2007
Immigration : préoccupations néo-zélandaises
La discussion n'est pas facile, on s'en doute, dans un pays de 4 millions d'habitants. Mais ce sont des questions autrement importantes pour l'avenir que la lutte contre la fraude. Ce sont de celles que l'on aimerait voir abordées par un ministère de l'immigration, puisque ministère il y a. Mais non, il préfère ajouter des cadenas aux serrures existantes.
mardi, octobre 02, 2007
Martin van Creveld
"In addition to writing on military history, he also comments, often pointedly, on contemporary societies and politics.
In a TV interview,[3], he expressed doubts as to the ability of the Israeli army to defeat the Palestinians, and argued that one would inevitably be perceived as cowardly:
I agree with you. They [Israeli soldiers] are very brave people... they are idealists... they want to serve their country and they want to prove themselves. The problem is that you cannot prove yourself against someone who is much weaker than yourself. They are in a lose/lose situation. If you are strong and fighting the weak, then if you kill your opponent then you are a scoundrel... if you let him kill you, then you are an idiot. So here is a dilemma which others have suffered before us, and for which as far as I can see there is simply no escape. Now the Israeli army has not by any means been the worst of the lot. It has not done what for instance the Americans did in Vietnam... it did not use napalm, it did not kill millions of people. So everything is relative, but by definition, to return to what I said earlier, if you are strong and you are fighting the weak, then anything you do is criminal.
In a September 2003 interview on Israel and the dangers it faces from Iran, the Palestinians and world opinion van Creveld stated “We possess several hundred atomic warheads and rockets and can launch them at targets in all directions, perhaps even at Rome. Most European capitals are targets for our air force…. We have the capability to take the world down with us. And I can assure you that that will happen before Israel goes under.”[4]
In the August 21, 2004 edition of the International Herald Tribune he wrote, "Had the Iranians not tried to build nuclear weapons, they would be crazy."[5] which was quoted by Noam Chomsky [6] and cited by John Pilger [7].
In 2005, van Creveld made headlines when he said in an interview that the 2003 Invasion of Iraq was "the most foolish war since Emperor Augustus in 9 BC sent his legions into Germany and lost them", a reference to the Battle of the Teutoburg Forest, (which actually took place in 9 AD). His analysis included harsh criticism of the Bush Administration, comparing the war to the Vietnam war. Moreover, he said that "Bush deserves to be impeached and, once he has been removed from office, put on trial." [8]
In 2007, van Creveld commented that "Iran is the real victor in Iraq, and the world must now learn to live with a nuclear Iran the way we learned to live with a nuclear Soviet Union and a nuclear China.... We Israelis have what it takes to deter an Iranian attack. We are in no danger at all of having an Iranian nuclear weapon dropped on us.... thanks to the Iranian threat, we are getting weapons from the U.S. and Germany."[9]"