jeudi, janvier 29, 2009

Mouvement social, du bon usage de la communication

Le Président de la République, ses ministres nous le disent et nous le répètent : le mouvement d'aujourd'hui va être important, la mobilisation va être forte. Vraie inquiétude? peut-être, mais je pencherai plutôt pour une opération de communication. De deux choses l'une en effet :

- ou la mobilisation est importante et le pouvoir montre qu'il entend bien la société et a conscience de ses difficultés (ce que faisait ce matin Jean-François Coppé ),

- ou la mobilisation est moins importante que prévu et le gouvernement et sa presse ne pourront que s'en féliciter. Même une forte mobilisation paraîtra faible au regard des attentes.

J'ajouterai qu'à annoncer ainsi la puissance du mouvement social, on contribue à en affaiblir la portée, en incitant les salariés à prendre des jours de RTT.

mercredi, janvier 28, 2009

L'étrange faiblesse de Nicolas Sarkozy

La séquence mini-remaniement/départ annoncé de Rachidat Dati/nomination d'un ministre de la culture bis en la personne de Marin Karmitz éclaire sur l'étrange méthode de gouvernement de Nicolas Sarkozy. S'il veut la reforme pour tout le monde, il a bien du mal à l'appliquer dans son propre gouvernement. Après tout, remanier, dire à des ministres qu'ils ne font plus l'affaire ne devrait pas être si compliqué que cela. C'est le travail de tout chef de gouvernement ou de tout Président de la République. Mais Nicolas Sarkozy semble s'y refuser. Il préfère laisser pourrir la situation jusqu'au moment où le départ s'imposer de lui-même. Cela me rappelle les techniques de ces managers qui plutôt que de licencier des collaborateurs dont ils ne veulent plus créent autour d'eux une atmosphère si déplaisante que ceux-ci finissent pas donner leur démission (ou, plutôt, par proposer une transaction). Plus qu'un refus d'avouer ses erreurs de casting, ce qui serait assez banal, j'y devine une sorte de faiblesse de caractère, un manque de fermeté dans l'exercice du pouvoir. Ce Président, qui donne par ailleurs l'image de l'autoritarisme, fait preuve de beaucoup de timidité lorsqu'il lui faut effectivement être ferme. Cette étrange faiblesse de la volonté est sans doute renforcée par la manière dont Nicolas Sarkozy traite ses mnistres et de manière plus générale son gouvernement. Il les tient à l'écart, prend des décisions sans les prévenir, agit seul, entouré de quelques conseillers. Les deux sont probablement liés : c'est parce qu'il ne respecte pas beaucoup ses ministres, qu'il ne s'en préoccupe guère, qu'il ne leur accorde pas beaucoup de poids politique, qu'il hésite à s'en séparer.

dimanche, janvier 25, 2009

Vous avez dit crise?

On ne parle que de la crise, il parait que les grands magasins ont réalisé de très mauvais chiffres en décembre. Et pourtant, lorsque l'on se promène dans la rue, le samedi après-midi, rien ne parait avoir changé. Toujours autant de monde à la Rhumerie du boulevard Saint-Germain où il faut faire la queue pour avoir une table. Et, toujours la même négligence dans certains commerces comme j'ai pu l'observer du coté de la rue de l'Abbaye et de la rue de Seine. A la recherche de tissus pour recouvrir deux fauteuils, je suis allé rendre visite aux commerçants installés autour de la place Furstemberg, où on les trouve en nombre. Je suis d'abord entré chez Rubelli. Beaucoup de monde dans le magasin, beaucoup, beaucoup, j'y suis resté une vingtaine de minutes à regarder les tissus. Aucune vendeuse n'est venue me proposer son aide. Je vais ensuite chez Manuel Canovas. Le magasin est vide, trois vendeuses bavardent, se plaignent des clients qui les sollicitent, qui cherchent à retenir leur attention. Je regarde quelques minutes les tissus, aucune ne se dérange. Je sors, personne ne me salue. Je me rends ensuite dans deux autres boutiques où l'accueil est de la même veine. Je termine ma promenade, avec Pierre Frey. Il est 18h20. La boutique ferme normalement à 18h30, mais la porte est déjà close. Je frappe à la vitre une première fois, pas de réponse, j'insiste, une vendeuse vient m'expliquer, avec le sourire, qu'elle a des paperasseries à faire et qu'elle a donc décidé de fermer plus tôt. C'est à croire que tous ces commerçants n'ont pas besoin de clients, comme si la crise ne les avait pas encore frappés.

vendredi, janvier 23, 2009

Sans commentaires…


Faut-il en rire ou en pleurer?

Le Monde publie une photo de Fidel Castro avec la présidente argentine, la première que l'on ait vue du lider maximo depuis deux mois. Et que porte-t-il le révolutionnaire qui nous a tant fait rêver? Un survêtement Adidas, avec la marque bien visible. Comme on ne peut pas le soupçonner d'être rémunéré par le fabricant de chaussures, il faut en conclure que cette marque a si bien réussi qu'elle n'a même plus besoin de payer pour que des personnalités dont les images font le tour du monde fassent sa publicité.

Dans ces moments là je pense avec tendresse à mon fils qui arrachait les crocodiles sur les t-shirts que je lui offrais pour ne pas faire gosse de riche.

Y'a bon Banania

Le MRAP proteste contre la présence sur quelques messages publicitaires de la très célèbre image "Y'a bon Banania".



J'ai longtemps pensé, comme le MRAP, que cette image du "gentil nègre" avait des relents racistes et de quoi blesser tous les noirs. Son utilisation il y a quelques années aurait été choquante. Mais l'est-elle encore aujourd'hui? Ce malheureux buveur de cacao est tout simplement un peu niais. Ce qui n'est certainement l'adjectif que l'on voudrait utiliser pour décrire les comportements des Noirs qui vivent en France. Qu'ils soient Antillais ou d'origine africaine ils sont tout sauf niais. Et je doute que beaucoup soient vraiment choqués par cette image qui renvoie à un passé colonial définitivement aboli. Et le fait même que l'on puisse la regarder sans éprouver de gêne en témoigne.

Il est vrai que ce personnage est un peu ridicule, mais pas plus que bien d'autres "héros" de nos publicités. En fait, cette image n'est pas plus dégradante que toutes ces images publicitaires qui font un usage immodéré du corps féminin pour nous vendre tout et n'importe quoi.

Pour ce qui est de l'image des noirs, je serais personnellement plus inquiet (si je devais l'être) de voir que sur nos panneaux d'affichage ils sont souvent représentés comme des voyous un peu inquiétants, membres de gang armés jusqu'aux dents, plus occupés à brutaliser leur prochain qu'à se comporter en citoyens normaux. C'est notamment vrai des publicités pour les films d'origine américaine ou de groupes de rap, comme celle-ci (par ailleurs assez belle) qui a fait l'objet d'interdiction dans certains pays :


Mais faut-il être inquiet? S'il le fallait, l'élection d'Obama a remis ces images à leur place : celles d'un décor pour stations de métro que l'on ne regarde pas.

mercredi, janvier 21, 2009

Eurostar préfère-t-il l'avion?

J'achète des billets de train pour Londres un peu en avance. Eurostar me propose de me les adresser par la poste. Ce que j'accepte. Si j'en crois l'enveloppe, ils ont été transportés par avion :


Mais puisqu'il parait qu'Air France va gérer des trains grande vitesse…

jeudi, janvier 15, 2009

Le triste bilan de l'ouverture

Que reste-t-il de l'ouverture pratiquée par Nicolas Sarkozy? Rien de bien formidable.

Son impact sur la gauche a été faible. Non que celle-ci soit en bonne santé, mais ce ne sont pas ces quelques défections qui l'ont déstabilisée et mise aussi mal en point, ce sont des conflits internes. Son impact sur la politique gouvernementale n'a pas été beaucoup plus probant. On ne voit pas que la participation de Kouchner, Besson, Amara ou Bockel au gouvernement ait changé quoi que ce soit à sa politique. Seule, peut-être, la présence de Martin Hirsch a-t-elle eu un effet. Et encore, ce serait à vérifier.

Les principales victimes de cette manoeuvre auront été la discipline à droite (l'ouverture a donné aux députés de l'UMP de bonnes raisons de ne pas obéir en tout à leur chef), l'idéologie des droits de l'homme (abandonnée en un tournemain par celui là-même qui en avait fait son credo politique), la morale et la politique.

Que des hommes de gauche changent d'avis et s'installent à droite (ou vice-versa) est dans l'ordre des choses, mais qu'ils le fassent en quelques heures pour un poste ministériel ne l'est pas. Ces débauchages, astucieux, trop astucieux ont tout simplement montré que les idées, les projets comptent pour certains moins que leur ambition. Soit exactement ce que tous les populistes dénoncent en permanence. Encore l'ambition n'est-elle qu'un demi-mal comparée au parcours d'Eric Besson. Traitre jusqu'à la lie, le voilà à la tête d'un ministère indigne dont l'activité quotidienne, la reconduite à la frontière d'enfants, la séparation de famille (voir, là-dessus, les communiqués du réseau Education sans Frontières), est tout simplement une honte. Nicolas Sarkozy est un réaliste : il avait confié le sale boulot à son "meilleur ami", le confier à un traitre est encore plus sûr. Avec un peu de chance, Besson saura trouver les mots pour justifier une politique que son prédécesseur menait dans la discrétion.

mardi, janvier 13, 2009

Johnny n'a jamais eu beaucoup d'humour (sauf dans les années 70 dans sa "bataille" contre Antoine), mais il vient de perdre une occasion de se taire. Il vient d'obtenir de sa maison de disque qu'elle "interdise" (les guillemets sont de rigueur, il ne s'agit pas vraiment d'une interdiction) la publication d'une chanson qui évoquait sa mort. Chanson qui évoque la Belgique et la Suisse sans grande méchanceté d'un groupe jusqu'à présent inconnu, les Fatals Picards.

Sans cette "censure", jamais personne n'aurait parlé de cette chanson et de ce groupe.

On pense à ce petit moment de gloire que Wharol promettait à chacun de nous, mais aussi aux situationnistes ou à Günther Anders (auquel les situationnistes semblent avoir tant emprunté) : ce n'est plus la censure (comme le dit Le Monde dans son article), mais un fantôme de la censure, une perversion de la censure puisque l'on peut soupçonner la maison de disque qui édite Johnny et ce jeune groupe d'avoir tenté un coup de pub sur le dos de la vieille idole (des jeunes devenus vieux dit assez justement la chanson) pour lancer leur nouveau groupe.

lundi, janvier 12, 2009

70% des sondés jugent inefficaces les mesures contre le chômage

Libération publie ce matin un sondage mauvais pour le gouvernement en place, avec notamment 56% d'insatisfaction face à l'action du Président contre la crise. De tous ces chiffres le plus inquiétant est celui sur la chômage : 70% des sondés jugent inefficaces les mesures du gouvernement contre le chômage. Le plus inquiétant parce que le plus mauvais mais aussi et surtout parce que le plus fiable : à l'inverse de ce qui peut se passer dans d'autres domaines, comme sur les prix, les Français sont très bien informés de la situation sur le marché du travail. Qu'ils soient patrons ou employés ils peuvent juger de visu de l'impact des mesures gouvernementales. Ils savent qu'elles ne donneront pas de résultats parce qu'ils voient bien, dans leur entreprise, dans leur environnement immédiat, qu'elles n'ont aucune chance d'en donner. La détaxation des heures supplémentaires ne sert à rien s'il n'y a pas de travail à donner. Quant au travail le dimanche, son impact ne peut, au mieux, qu'être marginal. S'il veut remonter la pente, le gouvernement a intérêt à faire preuve d'un peu plus d'imagination.

Peut-être pourrait-il s'inspirer (je ne dis pas copier) des 35 heures qui avaient su, en leur temps, enclencher les deux moteurs de la croissance que sont la consommation (avec la création d'emplois) et l'investissement (avec un dispositif qui permettait aux entreprises qui souhaitaient bénéficier des remises de cotisations sociales de ne recruter que 6% de salariés : le solde, 4%, étant obtenu par des investissements de productivité).

samedi, janvier 10, 2009

Critique gastronomique amateur

Avoir une opinion et pouvoir la partager est, bien sûr, l'un des grands plaisirs que l'on puisse avoir (et c'est pourquoi, toutes choses égales par ailleurs, on est plus heureux dans une démocratie que dans un régime totalitaire). Les cartes de Google nous donnent l'opportunité de le faire lorsque nous allons au restaurant. J'ai tenté l'aventure il y a quelques semaines, je l'ai reprise il y a quelques jours. C'est un double plaisir : celui de dire ce que l'on pense, mais aussi celui de revenir sur un repas et d'essayer de comprendre pourquoi tel ou tel restaurant nous a plus ou déplu. On trouvera ici quelques uns de mes chroniques gastronomiques amateur. Je n'ai qu'un désir : qu'elles vous donnent, parfois, envie d'essayer les restaurants que j'ai aimés et de battre le fer avec moi si vous n'êtes pas d'accord avec mes choix.

Sarkozy, la réforme et la conduite du changement

Après l'université, le lycée, l'audiovisuel et le travail le dimanche, le juge d'instruction, l'hôpital… et ce n'est pas fini.

Au delà de ce qu'elle dit de l'énergie du Président, cette multiplication des réformes (ou, plutôt, des annonces de réformes) montre, d'abord, que les dossiers avaient été préparés. Nicolas Sarkozy n'est pas arrivé les mains vides à l'Elysée. Si certaines de ces réformes paraissent improvisées, comme celle de l'audiovisuel, la plupart ont manifestement été préparées, nourries de rapports et travaux préalables que l'équipe présidentielle ne se contente pas de reprendre tels quels, mais qu'elle adapte. Une leçon à retenir pour la gauche.

On devine derrière toutes ces annonces une logique à l'oeuvre : il s'agit moins de renforcer le pouvoir du Président que d'éliminer tout ce qui fait obstacle à l'exécution rapide de ses consignes.

On dit beaucoup que ces réformes vont renforcer le pouvoir du Président. C'est probablement une illusion : ses prédécesseurs en avaient au moins autant sinon plus. Que l'on pense à François Mitterrand décidant de nationaliser les banques et plusieurs grandes entreprises. Qui peut dire qu'il avait moins de pouvoir que n'en aura demain Nicolas Sarkozy? Mais Sarkozy est de ces dirigeants qui s'impatientent de la lenteur des institutions. Et ce sont ces lenteurs qu'il veut éliminer. Le cas de l'audiovisuel est frappant. Il est vrai que le Président obtenait, en définitive, du CSA la nomination de son candidat, mais cela prenait du temps, imposait des négociations longues, des batailles d'appareil. Il fallait attendre la fin des mandats des membres du CSA hostiles au pouvoir en place pour les remplacer par des amis politiques. Même chose pour la justice. Le pouvoir arrivait, dans la majorité des cas, à obtenir ce qu'il souhaitait, mais cela prenait du temps. Avec la réforme du juge d'instruction, les lignes de commandement devraient être plus claires. Ce qui n'est pas souhaitable pour la démocratie (qui a besoin de contre-pouvoirs) ne l'est pas non plus pour le pouvoir : après tout, ces obstacles à l'exécution rapide des consignes de l'Elysée protégeaient le Président en cas de difficultés. Si celui nommé à la tête de l'audiovisuel public se révélait un mauvais choix, on en attribuait l'erreur au CSA qui l'avait entériné plutôt qu'à celui qui le lui avait imposé.

Nicolas Sarkozy a choisi d'ouvrir simultanément tous ces chantiers et de passer en force sans s'aventurer dans de longues concertations. On devine sa logique : il n'a que peu de temps devant lui, le quinquennat a raccourci sa fenêtre d'action et s'il veut se présenter comme un réformateur il faut qu'il ait engagé le plus de réformes rapidement. Il a appris de l'exemple chiraquien qu'à interrompre le cours de la réforme, on s'interdit de revenir en arrière. Et il sait que la concertation est souvent synonyme d'enterrement. Mais cette profusion pose problème, comme le savent tous les spécialistes de la conduite du changement. Elle présente pour Nicolas Sarkozy plusieurs risques :

- celui de réunir et renforcer les oppositions à sa politique : les étudiants, les personnels de l'audiovisuel, de la distribution et de l'hôpital vont s'épauler mutuellement dans leur grogne contre le pouvoir, ce qui donne de l'air à un PS qui en manque cruellement,

- celui d'épuiser sa majorité qui ne partage pas forcément son ardeur réformatrice et qui est en première ligne dans le contact avec les électeurs. Les difficultés sur le travail du dimanche et l'audiovisuel n'est qu'une illustration du phénomène que l'on devrait voir se développer avec la réforme annoncée de l'hôpital.

- celui de se contenter d'effets d'annonces ou de votes de loi qui ne seront jamais ou mal appliquées. C'est, en effet, une illusion mille fois démontrée, que de croire qu'il suffit d'édicter une règle (en l'espèce voter une loi) pour la voir appliquée. Encore faut-il que tous ceux qui ont à charge de la mettre en oeuvre (et, d'abord, d'en écrire les décrets d'application, dans le cas d'une loi) s'y appliquent. Or, les obstacles ne sont pas là moins nombreux.

Ajoutons que ces réformes préparées alors que la situation économique allait en s'améliorant peuvent aujourd'hui paraître inappropriées, inopportunes et inadaptées dans la situation créée par la récession. Si la réforme de l'audiovisuel peut améliorer la situation des chaînes privées qui auraient autrement bien plus souffert de la crise, on ne voit pas en quoi le travail le dimanche ou la réforme de l'hôpital peuvent aider à lutter contre la montée du chômage qui devrait être le premier souci de l'équipe en place.