dimanche, juin 30, 2013

Etre patissier…

Joli reportage aujourd'hui sur la patisserie sur France. On y apprend que la patisserie française est la meilleure, qu'elle s'impose partout dans le monde, qu'il y faut, pour réussir, le sens du design, des produits de première qualité (joli détour par la fabrication d'un lait d'exception) et la capacité à assembler des saveurs. On y apprend que des écoles forment des patissiers venus d'un peu partout qui restent souvent en France. On y découvre surtout une étrange alliance pour le succès : l'apprentissage + le souci de l'excellence + la volonté de toujours innover, une recette déjà appliquée dans l'industrie du luxe.


Et si Hollande gagnait son pari sur l'emploi?

Depuis quelques jours, on entend un peu partout, de Jean-François Copé à Olivier Blanchard, des gens suggérer à mi-mot que François Hollande pourrait gagner son pari de voir la courbe du chômage s'inverser d'ici à la fin de l'année. Dans le Monde d'il y a deux jours, l'économiste en chef du FMI répondait au journaliste qui l'interrogeait :
François Hollande annonce une baisse du chômage en France pour la fin de 2013. Est-ce réaliste ? 
Cela n'est pas certain, mais possible. Lors de nos prévisions d'avril, nous tablions sur un chômage qui se stabiliserait fin 2013. Depuis, on a plutôt eu des mauvaises nouvelles. Il se peut que le chômage augmente un peu plus longtemps. Mais la tendance est à la stabilisation, éventuellement à l'inversion.
C'est nouveau. Jusqu'alors tout le monde s'accordait à penser que ce serait impossible, que c'était irréaliste. Ce n'est pas fait malgré les dernières résultats encourageants de Pôle Emploi. Mais si cela était le cas, cela voudrait dire que le traitement social du chômage aura été efficace. On peut naturellement le critiquer, dire que cela coûte cher à la collectivité, que ce n'est pas une garantie d'emploi sur le long terme. Ce qui n'est pas faux. Mais que vaut-il mieux? Etre au chômage ou avoir un travail, un salaire et l'opportunité de se former à un métier et, mieux encore, à la discipline d'un emploi régulier?

Si tel devait être le cas, ce serait en tout cas une très belle victoire pour François Hollande et, au delà, le signe que les politiques ne sont pas complètement impuissants, qu'ils peuvent encore, pour peu qu'ils en aient la volonté faire évoluer les choses. De quoi faire reculer le pessimisme ambiant. Cela ne veut pas dire que François Hollande retrouvera des sondages heureux ni que le PS fera bonne figure lors des prochaines élections, on en est bien loin, mais cela changera, pour le mieux, l'atmosphère. Ce ne serait pas négligeable.

vendredi, juin 28, 2013

Cahuzac et son message

Il est plus que probable que c'était bien la voix de Jérôme Cahuzac que l'on entend dans l'enregistrement publié par Médiapart. Le fait qu'il se soit contenté de réponses dilatoires lorsque les députés l'ont interrogé là-dessus semble le suggérer. Et pourtant, que valent ces expertises vocales? Pas grand chose si j'en juge par ce qu'en disait en décembre dernier Jean Véronis, un spécialiste des technologies du langage dans son blog sous forme d'une lettre à celui qui était encore ministre :
Monsieur le Ministre, Je me permets de vous faire parvenir cette information qui peut vous être utile dans les circonstances actuelles. La plupart des chercheurs en technologies du langage considèrent que les expertises vocales manquent totalement de fiabilité en l'état actuel de la technique, et qu'elles peuvent difficilement aboutir à l'identification des individus — a fortiori quand les enregistrements sont de mauvaise qualité. Une pétition a même circulé il y a quelques années, lancée par la Société Française d'Acoustique et le Groupe Francophone de la Communication Parlée. Vous trouverez un exposé grand public de ce point de vue ici et un article par mes collègues Louis-Jean Boë et Jean-François Bonastre dans le Journal du Syndicat de la Magistrature (ici et ) :  Ce sont, à mon sens, les meilleurs spécialistes français sur la question. 
 Cahuzac n'a manifestement pas lu Véronis. Et maintenant qu'il a avoué cela n'a plus beaucoup d'importance, mais on aimerait que cette affaire permette de mettre en garde contre un excés de confiance à l'égard de ces expertises.

lundi, juin 17, 2013

Christine Lagarde : une si petite fille…

Le Monde d'aujourd'hui publie une "lettre d'allégeance" de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy trouvée dans les papiers de celle-ci lors de la perquisition que les enquêteurs ont réalisée à son domicile le 20 mars :
"Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement 
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France. 
2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon. 
3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable. 
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting. 
5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible. 
Avec mon immense admiration. Christine L. "
Que dire? Sinon que c'est au mieux terriblement puéril au pire légèrement ridicule et dans tous les cas un peu inquiétant : qui donc a aujourd'hui encore besoin d'un guide? On espère seulement qu'elle a gardé pour elle ce monument de littérature…

Hollande : incisif mais toujours plus réformiste

François Hollande avait rarement été aussi incisif qu'hier soir sur M6, mais rarement aussi il n'avait autant avancé sa vision réformiste de la politique. Qu'il s'agisse de fiscalité, des retraites ou du contrat de travail, pas question de faire table rase, de tout reprendre à zéro : cela ne sert à rien, c'est, dit-il dans une jolie formule, comme à l'opérette où l'on fait semblant de courir tout ne ne faisant que du surplace. Sans doute a-t-il raison. Dans des sociétés où toute mesure suscite l'opposition résolue de ceux qu'elle menace, il faudrait une révolution pour faire table rase. L'inconvénient est que cette méthode a un coût : la complexité. Si notre fiscalité est aujourd'hui aussi compliquée, si le droit du travail est devenu ce qu'il est avec la multiplication des contrats de toutes sortes, c'est qu'à force de refuser de faire table rase, on ajoute des rustines, on gomme ici, on ajuste là et l'on rend l'ensemble illisible, incompréhensible, ingouvernable et toujours plus à réformer.  François Hollande fait penser à ces pilotes qui, pendant la guerre, conduisaient des bombardiers aux tableaux de bord si complexes qu'il leur arrivait de se perdre en mer faute de complètement maîtriser leur appareil.   

jeudi, juin 13, 2013

Le retour des retraites

La question des retraites revient donc à l'ordre du jour et les débats reprennent dans les médias avec toujours ces mêmes figures un peu agaçantes :

  • d'abord, le sourire satisfait, voire jubilatoire, de tous ceux qui nous expliquent que nous vivons depuis trop longtemps au dessus de nos moyens. On a l'impression d'une revanche sur la gauche, sur des décennies de luttes sociales qui donne à ces débats un ton souvent désagréable,
  • ensuite, le coté terriblement abstrait de ces débats. On nous explique, à juste titre sans doute, qu'il faut allonger les durées de cotisation ou retarder l'âge de la retraite, mais comment concilier cela avec le chômage des seniors? avec la réalité de la maladie qui touche plus au delà de soixante ans? On nous donne l'exemple de retraités qui se remettent au travail. C'est très bien, mais pour qui est-ce que cela vaut? Et comment concilier cela avec la réforme du statut de l'auto-entrepreneur qui permettait à beaucoup de prolonger leur carrière dans les métiers du bâtiment? 
  • enfin, l'imprécision des données. On compare les situations du privé et du public pour souligner les avantages des fonctionnaires tout en oubliant que si la fonction publique d'Etat offre des pensions plus avantageuse en moyenne que le privé, ce n'est pas vrai de la fonction publique territoriale et que ces écarts tiennent aux populations : surtout des bac+5 dans la Fonction publique d'Etat (profs, catégorie A des ministères), des ouvriers et des employés dans la fonction publique territoriale…
Espérons que les débats entre experts dans les prochaine séances de concertation seront d'une meilleure tenue.

vendredi, juin 07, 2013

Pierre Maurroy est mort

Pierre Mauroy est mort à 84 ans. On l'avait peu vu ces derniers mois aux cotés de François Hollande. Etait-il déjà malade? Je l'ai croisé quelque fois dans des réunions. Je me souviens de sa haute stature (il y avait quelque chose d'imposant chez cet homme), de ses longues mains (les plus belles de la République disait alors une journaliste en vue, ce qui était sans doute excessif), de sa simplicité et de sa disponibilité, de cette manière un peu réservée qu'il avait d'aller au devant des autres. Un homme solide qui a fait une splendide carrière mais dont on devine qu'il ne pensait pas chaque matin en se rasant à autre chose qu'à son travail.