mardi, mai 28, 2013

Un FN pépère

Le Monde publie ce soir une image troublante, celle d'une réunion du Front National dans le midi. On y voit des vieux messieurs et une dame frigorifiée bien sages, les mains croisées devant leur braguette, de braves gens auxquels on donnerait le bon dieu sans confession. Rien à voir avec des nervis au crane rasé. On se demande, d'ailleurs, s'ils apprécieraient leur compagnie. Un peuple de braves gens un peu lourdauds et pleins de bon sens qui s'ennuient dans leur retraite paisible.


Même l'homme au micro, Steve Briois, le secrétaire général du FN a l'air d'un agent d'assurance fêtant l'ouverture d'une nouvelle agence. C'est en voyant des images comme celle-ci que l'on comprend mieux les succès à venir du FN dans le midi mais aussi probablement sa grande faiblesse : il ne fait plus peur et peut espérer de beaux succès électoraux, mais la France qui le soutient est vieillie, rassie, ennuyeuse. Elle n'a en tout cas rien à voir avec la jeunesses et le prolétariat révoltés qui ont fait le succès des fascistes avant-guerre. Plus que de fascisme ou de racisme, il faudrait parler à son propos du conservatisme d'une population vieillissante restée enfermée dans les certitudes d'il y a trente ans quand la France était blanche, le petit commerce florissant et les homosexuels discrets. 

lundi, mai 27, 2013

Melenchon, Le Pen devraient regarder du coté du Japon

Ce soir, Le Monde consacre tout un article, assez amusant, aux problèmes de logement du Premiere Ministre japonais qui a refusé de s'installer dans les appartements qui lui sont réservés, préférant rester chez lui. Ce n'est pas inintéressant et je ne reprocherais certainement pas au Monde ce papier, mais… Mais je comprends moins que la politique économique (sur cette politique voir la chronique que je lui ai consacrée ici) que mène ce premier ministre basée sur la planche à billets, le retour de l'inflation pour relancer la consommation, la dévaluation du Yen et l'annonce d'une réforme des secteurs de l'économie protégés, soit, à peu de choses près (peu de choses, enfin pas tout à fait : il est plutôt pour le libre-échange et l'extrême-gauche plutôt pour le protectionnisme), le programme de Mélenchon. C'est d'autant plus surprenant que ses premiers résultats sont positifs : retour de la croissance et de la confiance des acteurs économiques. Mélenchon trouverait là, certainement, de l'eau pour son moulin. Et comme ce Premier Ministre se situe à la droite de la droite sur l'échiquier politique japonais pourrait nourrir l'argumentaire de Marine Le Pen. Mais voilà qu'ils soient très à droite, très à gauche ou entre les deux, nos politiques ne s'intéressent guère à ce qui se passe en dehors de nos frontières. Ils perdent de bons arguments (même si l'on peut craindre que la politique de ce premier ministre ne produise qu'un feu de paille).

vendredi, mai 17, 2013

Hollande choisit l'Europe

François Hollande a fait preuve, hier, d'une grande audace. Alors que, sondages après sondages, on découvre une opinion française de plus en plus sceptique, voire hostile à l'Europe, il a choisi d'aller de l'avant dans la construction européenne, de renforcer l'axe franco-allemand, de lui donner un contenu, un programme pour les deux années à venir : la création d'un gouvernement économique européen. Plus même, il a repris une idée d'Angela Merkel. Les réactions des opposants à l'Europe n'ont pas tardé. Témoin ces quelques lignes de Dupont-Aignan sur son blog :

Selon les observateurs il (François Hollande) n'aurait pas de cap. Aujourd'hui tout porte à croire le contraire. François Hollande sait parfaitement où il va, ou plutôt il suit avec docilité le chemin que d'autres lui indiquent. En commençant sa conférence de presse par une référence à la journée qu'il a passée la veille à Bruxelles, il ne laisse aucun doute sur qui dirige vraiment la France. Il est allé chercher sa feuille de route chez les Commissaires de Bruxelles et il compte bien l'appliquer pour l'an II de son quinquennat.
Depuis un an on pensait avoir René Coty à l'Elysée. En vérité c'est José Manuel Barroso.
Lors de sa conférence de presse, François Hollande a indiqué un cap très clair. Malgré ses échecs il continuera à confier toujours plus de pouvoir à l'Union européenne. Cette camisole de force qui empêche tous les gouvernements depuis 30 ans d'agir, il compte bien la serrer encore plus fort. Plutôt que de redonner à la France des marges de manœuvre pour sortir de la crise, il va paralyser encore un peu plus le pays en le mettant sous la férule d'incompétents et de corrompus.
Pourquoi ce choix qui va à l'encontre de l'opinion dominante? Sans doute parce qu'il a pris la mesure du rôle des instances européennes dans la gouvernance du pays et que mieux valait prendre la tête du mouvement (d'où ce sentiment qu'il donnait hier de prétendre au titre de moteur de l'Europe) si l'on voulait défendre ses intérêts. Peut-être aussi pour anticiper la campagne sur les élections européennes, donner un élan dans une élection que nombre d'observateurs donnaient déjà gagnée par le Front National. Peut-être, enfin, pour faire passer quelques décisions que refuse l'Allemagne (les Eurobonds…).

Reste que ce choix est audacieux et qu'il impose qu'il engrange rapidement quelques victoires sur ce front. Pouvoir dire dans six mois ou un an que l'Europe a retrouvé du dynamisme grâce à la France contribuerait certainement à améliorer son image et à donner du ses à la cure de rigueur que sa politique nous impose.

PS Sa promesse de tenir une conférence de presse tous les six mois, promesse jusqu'à présent tenue, donne un rythme particulier à sa présidence. Elle l'oblige à redonner tous les six mois un coup d'accélérateur à sa politique. Est-ce un bon rythme? Saura-t-il le tenir?

mercredi, mai 01, 2013

L'autorité de François Hollande

Rien n'y fait, la critique revient en boucle : François Hollande manquerait d'autorité. Affaire, dit-on de personnalité. Trop fin tacticien, soucieux de toujours maintenir plusieurs fers au feu, il en oublierait de trancher. Critique étonnante quand on voit comment il fait avancer des dossiers qui prennent de front sa majorité, que ce soit sur la productivité ou la transparence des élus, l'opposition, comme sur le mariage pour tous, ou encore les syndicats avec l'accord national interprofessionnel (ANI). Il sait manifestement où il va et ne change pas, malgré les apparences, de route. Pourquoi, alors cette impression récurrente de manque d'autorité?

Cela tient pour une part, sans doute, à sa bonhommie naturelle et à son allure de bon médecin de province. Il n'a, ni dans son physique ni dans ses propos, le tranchant d'un Sarkozy, la distance d'un Mitterrand ou d'un Giscard, le charisme et la vigueur virile d'un Chirac.

Pompidou n'avait rien de tout cela et pourtant personne ne critiquait cependant son manque d'autorité. Mais le contexte, les institutions et le processus qui l'ont menés à la Présidence étaient différents.

Le quinquennat a modifié bien plus qu'on ne l'imaginait le fonctionnement de notre système politique. Le premier ministre a cessé d'être le paravent qui protégeait le Président et lui permettait, en en changeant dans les cas les plus graves ou en sifflant la fin de la récréation dans les cas plus légers, de reprendre la main lorsque la majorité s'agitait un peu trop. Le Président est aujourd'hui en première ligne sur tout. Il doit entrer dans le détail des dossiers et s'engager personnellement. Il ne peut plus reculer sans perdre aussitôt la face. C'est tout le dispositif qui construisait l'autorité du Président, qui le mettait à l'abri du quotidien qui est tombé.

Le quinquennat  a, de fait, cassé le système des godillots qui a si longtemps marqué la cinquième République. Un "système godillot" ne fonctionne que si on laisse aux élus des marges de liberté qui leur permettent de se singulariser sans que cela ait de conséquences pour l'exécutif. Ce n'est plus vrai lorsque le Président est sur tout ou presque en première ligne. Un député ne peut plus aujourd'hui faire entendre une voix un peu différente sans aussitôt s'opposer à lui.

Le mécanisme des primaires qui a porté François Hollande au pouvoir a également contribué à affaiblir son autorité. Hier, les candidats s'emparaient du parti de manière brutale, à la suite d'un coup d'Etat (De Gaulle, Chirac contre Chaban),  d'un assassinat du père (Pompidou, Sarkozy). Ils écrasaient leurs adversaires (Mitterrand et Rocard, Sarkozy et Juppé) qui n'avaient plus de poids politique. Leur parole ne portait plus : ils étaient dominés. Les primaires ont changé tout cela : Montebourg et Valls ont acquis une légitimité qui les autorisent à se projeter dans le futur, à se considérer comme des alter-ego du Président, à affirmer des positions qui ne sont pas les siennes et à être écoutés.

Hollande peut-il renverser cette situation? Ce n'est pas certain. Peut-être pourrait-il tenter de proposer une vision de la société française qui s'impose à tous et le situe au dessus de la mêlée. En bon pragmatique, il a préféré mettre en avant sa boite à outils. Reste à espérer qu'elle donne rapidement des résultats convaincants.