mardi, juin 30, 2009

Une ambassade en cadeau de consolation?

Roger Karoutchi ambassadeur auprès de l'OCDE, Christine Boutin au Vatican et Roger Laporte qui s'en prend à ses anciens collègues sans beaucoup d'élégance demain auprès du Comité Olypiuqe (si cela existe…). Les ministres qui ont perdu leur emploi ne sont pas contents, c'est compréhensible mais faut-il le leur rappeler : c'est la règle du jeu. Et l'on aimerait qu'ils fassent preuve d'un peu de dignité, qu'ils gardent pour eux leur amertume. Promis : cela passera! Mais non, ils protestent et Nicolas Sarkozy dont la gestion des ressources humaines est pour le moins étrange, cède, il leur donne des lots de consolation, des ambassades. Comme si les postes de la République étaient à sa disposition! On me dira que ce n'est pas nouveau. Sans doute, mais cela se faisait autrefois dans la discrétion. Les partants attendaient un peu avant de dégommer leurs collègues de la veille. Aujourd'hui, ils n'attendent même pas qu'une bonne nuit de sommeil les ramène à la raison.

lundi, juin 29, 2009

La rigueur, victime collatérale de l'affaire Geisser

On se souvient de l'affaire Geisser, du nom de ce chercheur convoqué devant le conseil de discipline du CNRS pour manquement à l'obligation de réserve sur intervention d'un fonctionnaire de défense attaché à l'établissement. Une pétition circule pour prendre sa défense qu'Elizabeth Roudinesco refuse de signer parce qu'on n'y présente pas ce chercheur qui défend l'islamisme radical. Ce matin, dans Libération, Esther Benbassa, l'animatrice de cette pétition s'en prend à Roudinesco dans des termes qui retirent un peu plus encore l'envie de signer cette pétition et me font penser que ceux qui l'ont signée, même s'ils ont eu (et ont toujours) de bons motifs de protester, devraient se retirer

Je pense à trois passages de ce texte :

- "Cette ingérence, écrit Benbassa, intolérable risque de devenir la règle dans des universités dont les présidents, désormais autonomes, à savoir tout puissants, pourront se sentir autorisés à imposer toutes les censures. Un bon chercheur ne sera-t-il désormais plus qu'un chercheur docile, ressassant une science inoffensive, et se pliant aux diktats des sots et des puissants." Je veux bien que la polémique n'exige pas une grande rigueur et que beaucoup d'universitaires sont hostiles à l'autonomie. Mais tout de même. Il y a dans ce texte autant d'erreurs de raisonnement que de membres de phrase : généralisation abusive, pétition de principe, raisonnement circulaire, effet d'épouvantail… Si les travaux scientifiques d'Esther Benbassa sont de ce niveau, n'est-ce pas elle qui devrait se trouver devant la commission de discipline pour insuffisance notoire?
- "Mme Roudinesco qui, si elle se prévaut d'un titre universitaire, n'appartient pas (…) au corps des chercheurs ni à celui des enseignants-chercheurs (…) intellectuelle jamais évaluée par sa tutelle (…) pense et agit exactement comme l'ingénieur général…" Cela s'appelle une attaque ad hominem d'autant plus détestable que Mme Roudinesco a bien été sollicitée pour signer cet appel. Elle aurait le droit de s'exprimer lorsqu'elle pense comme Mme Benbassa, et le devoir de se taire lorsqu'elle pense autrement?
- "Si l'on brûle des livres demain…" conclut l'auteur de ce brulôt dont on se demande si elle raisonne toujours avec autant de subtilité et si, lorsqu'elle mène ses recherches, elle réfléchit avec autant de mépris pour le bon sens.

Lorsqu'il y a quelques années, des professeurs très hostiles à Claude Allègre allaient sur les ondes diffuser des contre-vérités, je m'étais demandé s'il était bien raisonnable de leur confier des enfants, en lisant ce texte de benbassa, je me demande si le CNRS ne ferait pas bien de demander à ses collaborateurs non pas un devoir de réserve qui ne veut évidemment rien dire dans leur cas, mais un devoir de respect d'un minimum de rigueur scientifique et logique dans leur expression publique.

Julien Dray, peut-être pas de malversation, mais…

Julien Dray est, nous dit ce matin Libération, sorti souriant de ses trois jours d'audition par la brigade financière : "Il n'y a pas de reproche qui tienne. Tout est vide (...) Rien ne tient" a-t-il affirmé. Soit. Et tant mieux. Reste que les chiffres avancés, ces prêts d'amis laissent rêveurs et… inquiets. Est-ce vraiment une bonne manière de gérer son budget? Disons-le sans méchanceté, un de nos proches se comporterait de cette manière, on se ferait du souci pour lui, on lui recommanderait de changer de mode de vie, on parlerait à mi-mot d'imprudence, de cavalerie, de délit d'amitié, de banqueroute personnelle à venir.

Dans le cas d'un politique, l'inquiétude est encore plus forte. Même si Julien Dray n'est à aucun moment intervenu en faveur de ceux qui lui prêtaient si gentiment de l'argent, comment ne pas voir que ces "bienfaiteurs" pourraient un jour de difficulté le solliciter et qu'il lui serait bien difficile de résister à leur demande.

Je conçois bien que des politiques se disent in petto : "pourquoi n'aurais-je pas moi aussi des revenus élevés alors même que je nomme des gens à des postes qui assurent des centaines de milliers d'euros de revenus" (il suffit de voir les nominations un peu partout dans les grandes entreprises et administrations, de collaborateurs de Nicolas Sarkozy, de leurs proches… et les conditions qui leur sont proposées pour comprendre la tentation) mais on attend justement d'eux, et notamment de socialistes, qu'ils fassent preuve d'un peu plus de vertu que la moyenne de nos concitoyens.

Julien Dray n'a peut-être commis aucun délit, mais il ne s'est certainement pas montré plus vertueux que la moyenne. Et cela, on peut le lui reprocher. Même si l'on comprend qu'être vertueux n'est pas si facile. Aristote parlait à ce propos d'incontinence…

jeudi, juin 25, 2009

Et le front de gauche

On a peu parlé, sinon dans L'Humanité pour s'en féliciter, des résultats du Front de gauche aux dernières élections européennes. Le dernier numéro de La Riposte, organe de militants du PC opposants à la direction (et très liés au Vénézuela qui les finance probablement un peu), vient de publier une intéressante analyse :
- les voix du Front de gauche sont à peine supérieures à celles du PCF en 2004 (+ 100 000 électeurs),
- les voix qu'a perdues le PS (> 2 millions) ne se sont pas reportées sur lui, ce qui signifie que l'avenir de la gauche n'est pas pour ces électeurs à la gauche de la gauche,
- si les abstentions ont surtout touché les classes populaires, c'est que le Front de Gauche n'a pas su les convaincre d'aller voter,
- les alliés du PCF dans ce Front de gauche sont minuscules. Le Front de gauche n'est qu'un faux nez du PC.

Pas mal vu.

mercredi, juin 24, 2009

Un discours qui devrait inquiéter la droite

Versailles apparaît de plus en plus comme un discours raté. Mais il fut probablement plus que cea. Il a mis en évidence l'épuisement du fond idéologique sur Nicolas Sarkozy nous gouverne. Tout se place comme s'il n'avait plus rien à nous dire ni à nous proposer.

Ses analyses de l'endettement (le bon et le mauvais), sa défense du modèle social français sonnent comme une retraite, un repli sur des positions consensuelles. Sa distinction de la bonne et de la mauvaise dette parait directement tirée d'une chronique de Bernard Maris, l'économiste de Charlie hebdo qui officie depuis quelques mois le matin sur France-Inter. Quant à la thèse selon laquelle notre modèle nous protégerait de la crise… on ne l'attendait pas dans la bouche d'un homme de droite qui n'avait hier pas de mots assez durs pour le critiquer.

Il fallait entendre hier les nouveaux ministres à la sortie du Conseil déclarer qu'ils allaient poursuivre les réformes sans nous dire lesquelles ni pour quoi faire pour mesurer combien le projet sarkozien est vidé de tout contenu. Un peu comme un canard auquel on a coupé le cou, il continue de courir dans tous les sens sans le moindre but.

Ce trou d'air idéologique ne serait pas inquiétant si ses adversaires, les socialistes, pouvaient l'inspirer et le forcer à avancer dans leur direction un peu comme fit François Mitterrand dans les années 70 quand Giscard mettait en oeuvre quelques unes des propositions de la gauche (ou comme fit la droite, plus tard, quand les gouvernements Beregovoy et Jospin privatisèrent et libéralisèrent l'économie). Mais le PS et ses alliés sont dans le même trou. Eux non plus ne savent plus à quel saint se vouer ni que nous proposer.

Il ne leur reste qu'à gérer les affaires courantes…

lundi, juin 22, 2009

Le discours de Versailles : un ton très 19ème… siècle

Etrange discours que celui que vient de prononcer Nicolas Sarkozy à Versailles. Dans le style, le ton et les références, il respirait le 19ème siècle avec sa rhétorique classique à base d'anaphores caractéristique du style d'Henri Guaino ("nous devons tout faire… nous devons continuer… nous devons continuer…"), ses références (Jules Ferry, mais aussi Saint-Simon dont on reconnaissait l'esprit avec le rappel répété des vertus de l'investissement : "une place plus grande doit être faite au travail, aux entrepreneurs, aux inventeurs, aux créateurs, à la
production"), son vocabulaire (les internats d'excellence) et jusqu'à ses problématiques : la laïcité, l'éducation, la république … Un 19ème siècle matiné de Chevénement (l'influence de Guaino sans doute), mais aussi de thèmes de droite classique (l'opposition entre l'égalité et l'égalitarisme, les propos sur la liberté qui ne vaut qu'encadrée) alors même qu'il s'est une nouvelle fois approprié quelques unes des icones de la gauche : Jules Ferry, le Conseil National de la Résistance…

Etrange également par ses annonces dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles vont un peu dans tous les sens : mise au rancart des quotas ethniques, construction de places dans les hôpitaux psychiatriques et les prisons, relance d'Hadopi, emprunt, décisions sur les retraites en 2010, fin de la taxe professionnelle… On aura surtout compris que la réduction des déficits n'est pas une priorité et que le salariat à l'ancienne avec ses contrats à durée indéterminée est un peu plus menacé (l'accent mis sur le travail à temps partiel n'est certainement pas de bon augure pour les salariés).

Etrange encore par ses contradictions et par ses silences : comment ne pas sourire lorsque l'on entend Nicolas Sarkozy vanter les mérites du modèle social à la française? et comment ne pas remarquer l'impasse faite sur les chefs d'entreprises (sauf à considérer que tous sont des créateurs) et les cultivateurs, qui sont pourtant le coeur de son électorat?

Je ne suis pas sûr qu'il y ait là de quoi nous aider à sortir de la crise. Ni même de quoi relancer le quinquennat.

jeudi, juin 18, 2009

L'anti-sarkozisme est en train de s'épuiser

J'ai le sentiment (mais ce n'est, bien sûr, qu'une impression, une intuition qui ne repose sur rien de tangible sinon, peut-être, le ton de la presse, des commentateurs, des journalistes les plus critiques, comme ceux de Marianne) que l'antisarkozisme virulent, celui des premiers mois est en train de s'essouffler, qu'il amuse de moins en moins. Je me demande si nous ne vivons pas actuellement en France quelque chose de comparable à ce qu'ont connu les libéraux américains il y a quelques années et qu'un journal satirique, The Onion appelait en 2004 un "diminished sense of outrage".

En fait, ce phénomène n'est pas nouveau, tous les présidents qui ont été très critiqués à leurs débuts, comme François Mitterrand, De Gaulle ou Giscard d'Estaing, ont bénéficié au bout de quelques années d'un répit. Les critiques se sont calmés.

Ce serait évidemment une très mauvaise nouvelle pour ceux qui ont construit leur projet politique sur l'antisarkozisme et pour ceux qui pensent qu'il pourrait l'aider à reprendre le pouvoir.

mercredi, juin 17, 2009

Le PS croit-il encore à sa victoire en 2012?

La multiplication des pré-candidatures de quadras aux prochaines élections présidentielles au PS montre que celui est encore plus malade que ne le pensent ses dirigeants. Ces candidatures montre à l'évidence qu'aucun leader ne se dégage mais, comme aucun des nouveaux venus au bal ne peut prétendre sérieusement être retenu et moins encore élu en 2012, elles indiquent que tous ces jeunes ambitieux se préparent pour 2017 : ils ont fait une croix sur la prochaine élection présidentielle et, plus grave, n'ont aucun intérêt à ce qu'un socialiste l'emporte. Le désordre actuel est sans doute le meilleur allié de leurs ambitions pour peu… que le PS résiste et conserve sa première place au sein de la gauche d'ici là. Ce qui est le plus probable vus les comportements groupusculaires du NPA et l'hostilité de Mélenchon à l'égard des écologistes.

Au delà des arrière-pensées, le calcul de tous ces apprentis candidats n'est pas dénué de fondement :
- il est peu probable que le PS soit prêt en 2012. Il y a de fortes chances qu'il se lance dans la campagne sans programme convaincant ni organisation adaptée,
- l'antisarkozysme aura fait long feu et les Français se seront habitués aux mauvaises manières de leur Président (cela commence déjà),
- Sarkozy a de bonnes chances d'arriver à cette élection dans les meilleures conditions, au moment où l'on commencera à sentir les premiers effets bénéfiques du rebond après avoir touché le fond de la crise. Il pourrait avoir la chance de nombreux présidents républicains aux Etats-Unis : leur politique crée, les deux premières années, une mini récession dont pays sort au milieu de mandat. Lorsqu'ils se représentent, tout va mieux et ils sont crédités de cette amélioration.

Dans l'état actuel des choses, la seule menace sur la réelection de Nicolas Sarkozy pourrait être une profonde crise sociale d'ici à la fin de son mandat.

jeudi, juin 11, 2009

Sarkozy et le tabouret

Nicolas Sarkozy est petit. Cela amuse les caricaturistes et, semble-t-il, les britanniques. Il essaie parfois de se réhausser comme sur cette photo que j'ai trouvée sur le blog du correspondant du Times en France. Photo qui a été l'occasion d'une de ces attaques mordantes du Daily Mail contre la France et les Français dont est si friande la presse britannique. Il est vrai que l'image prête à la moquerie. Pour ma part, elle me laisse plutôt perplexe.

Que Nicolas Sarkozy ait envie de se redresser pour paraître à la hauteur de Barack Obama, je le comprends, mais il est intelligent, averti, il sait très bien qu'il se trouvera quelqu'un dans l'assistance pour le photographier perché sur son tabouret et pour vendre sa photographie à un tabloïd ou la faire circuler sur le web. Est-ce que son image immédiate à la télévision compte plus que tout autre chose? est-ce qu'il se moque de l'opinion des britanniques et des internautes? Il y a probablement un peu des deux.

Je me demande si nous n'avons pas là un effet secondaire et contre-intuitif de l'antisarkozisme. A force d'être la cible de critiques et de moqueries de toutes sortes (il n'y a pas si longtemps dans un dîner très mondain, ma voisine, aussi bourgeoise que conservatrice l'appelait joliment le Marsupilami), Nicolas Sarkozy, bien loin de s'amender, semble avoir décidé de n'en faire qu'à sa tête. Après tout, les électeurs savent maintenant depuis longtemps à quoi s'en tenir. Il ne risque plus grand chose à laisser sa nature parler. Nous finirons bien par nous fatiguer ou par nous habituer à ces (petits) travers. Nous aurions ainsi le cas de figure assez inédit d'un dirigeant politique que le ridicule ne tue pas.

mardi, juin 09, 2009

Le drame du PS : ce n'est plus une opposition, mais un vivier

Cette dernière défaite du PS signale un changement majeur : le Parti Socialiste a cessé d'être un parti d'opposition. Non que ses dirigeants soient plus sarkozystes aujourd'hui qu'hier, ils le sont toujours autant, mais la victoire d'Europe Ecologie a déplacé le curseur. La véritable opposition au pouvoir en place est ce rassemblement hétéroclite dont l'avenir n'est pas garanti. Je dis opposition parce que c'est aujourd'hui la seule force qui ne soit pas dans la majorité que le gouvernement est forcé d'écouter, la seule qui lui impose ses problématiques et qui l'oblige à se définir en fonction de ses projets, de son programme. Une opposition, c'est cela. Ce n'est que cela : la force politique qui ne gouverne pas mais qui cependant impose ses thèmes aux gens en place. C'est ce qu'a été pendant toutes les années 70 le PS. La droite gouvernait, mais la plupart des réformes qu'elle a alors mis en place s'inspiraient de son programme : avortement, vote à 18 ans, allégement de la censure… tout cela venait de la gauche. La seule vraie réforme de droite des années Giscard a été la libération des prix.

Le PS a cessé d'être cette force d'inspiration. Plus personne ne s'intéresse à ce qu'il pense, ne se préoccupe de son programme. Les quelques idées qu'avait amenées Ségolène Royal pendant la campagne électorale ont disparu de l'horizon. Il ne lui reste que ses élus et ses experts. Le PS a su attirer pendant les années Mitterrand toute une génération de qualité qui en est restée proche mais qui aimerait bien goûter aux plaisirs du pouvoir. C'est devenu un vivier dans lequel Nicolas Sarkozy pioche avec délectation. Et pas seulement pour des ministères : combien de hauts fonctionnaires formés dans des cabinets minsitériels de gauche sont aujourd'hui dans les allées du pouvoir?

Etre un vivier a bien sûr des avantages. Cela permet de gérer correctement des villes et des régions Et les succès du PS dans ce domaine tiennent probablement pour beaucoup à ces compétences. Mais il devrait se méfier, les plus jeunes ne se tournent plus vers lui. Et c'est demain à droite que se trouvera ce vivier de compétences.

lundi, juin 08, 2009

Pourquoi s'étonner du succès d'Europe écologie?

Daniel Cohn-Bendit a gagné son pari pour d'excellentes raisons :
- il a pris au sérieux ces élections et il leur a donné du sens comme lorsqu'il a expliqué, lors du débat d'Antenne 2, que voter pour la liste UMP, c'était prendre le risque de voir Barroso remplacé à la tête de la commission par un conservateur choisi par Berlusconi (qui avec ses 40% d'intention de votes promettait d'avoir le plus gros groupe au sein du groupe conservateur),
- par la seule présence d'Eva Joly en deuxième position sur ses listes, il a montré qu'il souhaitait agir sur la crise et sur l'une de ses dimensions majeures : la corruption,
- son programme parlait de la deuxième crise majeure : celle de l'environnement,
- par son tutoiement des autres candidats, par sa manière de mettre en scène leur connivence une fois élu (nous travaillerons ensemble a-t-il dit à Bayrou), il leur a donné à tous un vrai coup de vieux et rendu à la politique un peu de ses lettres de noblesse.

dimanche, juin 07, 2009

L'insoutenable suspense a pris fin…

Ca y est, nous connaissons le nom du restaurant où Barack Obama a passé sa soirée. Le suspense était intenable. L'heureux gagnant : la Fontaine de Mars, rue Saint-Dominique, un agréable restaurant de quartier aux prix raisonnables (Barack Obama a payé 300 € pour cinq personnes, sans vin il est vrai) et accessibles à sinon tout le monde du moins à quiconque appartient aux classes moyennes. Il a paraît-il payé de sa poche. Voilà qui nous change d'un Président qui ne connaît que les restaurants des meilleurs hôtels parisiens où, pour le même prix, on a (vin compris soyons honnête) le repas d'une personne… Tant pis pour Ducasse et autres grands chefs qu'on avait annoncés.

Fraîcheur franco-américaine

Etait-ce le climat normand? Il était hier difficile de ne pas saisir sur le vif, lors des discours de commémoration du débarquement, l'extrême fraîcheur des relations entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, mais également la manière dont celui-ci dominait trois de ses alliés les plus proches tant de la taille que dans ses attitudes. C'était Nicolas Sarkozy qui recevait, c'était Obama qui commandait (je pense, notamment, à cette petite scène où, à la fin de la cérémonie, il se lève le premier et incite par son seul geste, les quatre autres à faire de même). Ajouterais-je, détail insignifiant, que c'était Michelle la plus belle (Carla Bruni d'ordinaire si séduisante et lumineuse était hier comme éteinte, vieillie, presque laide de profil)?

Cette fraîcheur a probablement une histoire (les bonnes relations de Nicolas Sarkozy et de l'équipe Bush y ont probablement contribué) et une justification géo-politique (Obama juge certainement plus importants et intéressants les dossiers afghans ou moyen-orientaux que les dossiers européens), mais il y a plus. Il y a derrière cette fraîcheur quelque chose de l'ordre de la jalousie (de la part de Nicoals Sarkozy : il a voulu réformer, c'est Obama qui est en passe de transformer le monde), du snobisme (de la part d'Obama, tellement plus "distingué" que notre Président dont la démarche me rappelle toujours celle d'Aldo Maccione cherchant à séduire des filles sur une plage), mais aussi, et c'est plus sérieux et plus inquiétant, de l'incompréhension : Obama paraît éprouver quelques difficultés à comprendre la culture laïque européenne. Sa petite phrase sur le voile au Caire est caractéristique. Fallait-il pour réchauffer les relations avec les musulmans s'ingérer, même si ce fut délicatement, dans les affaires françaises? Ce n'est pas que cette loi sur le voile soit la panacée, loin s'en faut et je l'ai en son temps critiquée, mais elle illustre notre volonté commune de construire une société qui renvoie les religions dans la sphère privée. C'est au moins un modèle que l'on pourrait proposer aux sociétés du Moyen-Orient tentées par la théocratie.

vendredi, juin 05, 2009

François Bayrou a perdu gros hier soir

François Bayrou a perdu gros hier soir. Depuis quelques jours, depuis qu'un sondage l'a fait passer derrière la liste que mène Cohn-Bendit, il semble avoir perdu son sang froid. En s'en prenant de manière répétée aux sondeurs, qu'il accuse d'être au service de l'Elysée, il se donne une allure d'imprécateur qui n'est certainement pas la meilleure manière de prétendre à un rôle de premier plan.

En attaquant sur France 2 Cohn-Bendit qui rappelait que dans une campagne sur les élections européennes il serait bon de parler d'Europe, il a commis une triple erreur :
- il a, d'abord, brouillé son image d'européen qui était l'un de ses meilleurs atouts,
- il a révélé la faiblesse d'un programme qui repose presque exclusivement sur l'anti-sarkozysme, ce qui est un peu court et très bien partagé (en la matière, Cohn-Bendit a d'ailleurs été hier soir plus pertinent et percutant),
- il a, enfin, donné à l'UMP et au PS un bon angle pour l'attaquer.

J'ajouterai qu'il a révélé plusieurs faiblesses de caractère, une faculté à perdre son sang froid qu'il devrait maîtriser, un usage pour le moins peu rigoureux de la vérité (sur les déjeuners à l'Elysée) et une absence de scrupules qui ne l'honore pas (les attaques sur un livre qu'il dit avoir lu quelques jours plus tôt, alors qu'il a été publié il y a 25 ans, qu'il est depuis des années épuisé et certainement complètement dépassé : pourquoi se plonger dans ce livre sinon pour y trouver des armes contre son adversaire?). Plutôt que de persister et signer, comme il semble avoir choisi de faire, il devrait revenir à la seule chose qui devrait compter dans cette campagne : l'Europe.

Petite plaidoirie pour la défense de la téléréalité

Un tribunal vient de tuer la téléréalité. La mesure a probablement fait plaisir à la plupart d'entre nous. Ce genre n'a pas très bonne presse en France (en a-t-il une meilleure ailleurs?). J'ai cependant envie de la défendre. Non que ces émissions aient toutes été de grande qualité, loin s'en faut, mais la téléréalité représente un progrès considérable sur un point majeur : l'effet réalité. Elle donne un coup de vieux à toutes les autres représentations, au jeu des acteurs qui parait décalé à la télévision comme au cinéma ou au théâtre : on n'y croit plus vraiment. Si la première saison du Loft (Big brother ailleurs dans le monde) a eu tant de succès, c'est qu'elle donnait à un très grand nombre de téléspectateurs (dont j'étais) l'occasion d'entendre et de voir des jeunes gens tels qu'en eux-mêmes, comme on ne les voit jamais, dans une situation artificielle mais somme toute assez proche des colonies de vacances.

Je n'ai ni regardé les saisons suivantes ni les autres émissions du même type, mais je viens de voir quelques épisodes d'une très étrange émission américaine conçue dans le même esprit, Family Business, réalisée et produite par l'une des spécialistes américaine du genre, Allison Grodner.

Cette émission suit, accompagne, un entrepreneur, sa mère, son cousin, tous les membres donc d'une petite PME dont le métier est la production de films pornographiques (profession dont cette série nous montre les dessous : le casting, la mise en scène, le tournage…). C'est probablement à demi scénarisé, mais on a, comme dans le Loft (ou dans Strip-tease, cette excellente émission belge), ce même sentiment de réalité : les "acteurs" ne jouent pas, ils sont comme saisis dans leur quotidien tels qu'en eux-mêmes. C'est assez amusant, c'est à l'occasion instructif, mais cela donne surtout le sentiment d'être dans l'intimité des personnages, ce qui permet de découvrir des aspects inattendus de leur vie. Ainsi dans la seconde saison, le cousin (dont le vocabulaire parait réduit à deux ou trois mots de quatre lettres) a oublié le 25ème anniversaire de son mariage à la grande fureur de sa femme. Il la rejoint à Las Vegas où elle assiste à un salon professionnel. Pour se faire pardonner, il organise un remariage (comment dit-on en français? une confirmation? un renouvellement de ses voeux de mariage? un mariage bis?). Ce qui nous donne l'occasion de visiter, comme je ne l'avais jamais fait, ces chapelles dont le mariage est le business et où un faux Elvis Presley peut célébrer la cérémonie. Cela fait de la très bonne télévision. Si celle-ci peut prétendre à une dimension esthétique, c'est dans des émissions comme celle-ci et dans les émissions sportives… bien plus que dans les émissions culturelles qui importent sur le petit écran des pratiques développées pour d'autres média.