Julien Dray est, nous dit ce matin Libération, sorti souriant de ses trois jours d'audition par la brigade financière : "Il n'y a pas de reproche qui tienne. Tout est vide (...) Rien ne tient" a-t-il affirmé. Soit. Et tant mieux. Reste que les chiffres avancés, ces prêts d'amis laissent rêveurs et… inquiets. Est-ce vraiment une bonne manière de gérer son budget? Disons-le sans méchanceté, un de nos proches se comporterait de cette manière, on se ferait du souci pour lui, on lui recommanderait de changer de mode de vie, on parlerait à mi-mot d'imprudence, de cavalerie, de délit d'amitié, de banqueroute personnelle à venir.
Dans le cas d'un politique, l'inquiétude est encore plus forte. Même si Julien Dray n'est à aucun moment intervenu en faveur de ceux qui lui prêtaient si gentiment de l'argent, comment ne pas voir que ces "bienfaiteurs" pourraient un jour de difficulté le solliciter et qu'il lui serait bien difficile de résister à leur demande.
Je conçois bien que des politiques se disent in petto : "pourquoi n'aurais-je pas moi aussi des revenus élevés alors même que je nomme des gens à des postes qui assurent des centaines de milliers d'euros de revenus" (il suffit de voir les nominations un peu partout dans les grandes entreprises et administrations, de collaborateurs de Nicolas Sarkozy, de leurs proches… et les conditions qui leur sont proposées pour comprendre la tentation) mais on attend justement d'eux, et notamment de socialistes, qu'ils fassent preuve d'un peu plus de vertu que la moyenne de nos concitoyens.
Julien Dray n'a peut-être commis aucun délit, mais il ne s'est certainement pas montré plus vertueux que la moyenne. Et cela, on peut le lui reprocher. Même si l'on comprend qu'être vertueux n'est pas si facile. Aristote parlait à ce propos d'incontinence…
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