Etrange discours que celui que vient de prononcer Nicolas Sarkozy à Versailles. Dans le style, le ton et les références, il respirait le 19ème siècle avec sa rhétorique classique à base d'anaphores caractéristique du style d'Henri Guaino ("nous devons tout faire… nous devons continuer… nous devons continuer…"), ses références (Jules Ferry, mais aussi Saint-Simon dont on reconnaissait l'esprit avec le rappel répété des vertus de l'investissement : "une place plus grande doit être faite au travail, aux entrepreneurs, aux inventeurs, aux créateurs, à la
production"), son vocabulaire (les internats d'excellence) et jusqu'à ses problématiques : la laïcité, l'éducation, la république … Un 19ème siècle matiné de Chevénement (l'influence de Guaino sans doute), mais aussi de thèmes de droite classique (l'opposition entre l'égalité et l'égalitarisme, les propos sur la liberté qui ne vaut qu'encadrée) alors même qu'il s'est une nouvelle fois approprié quelques unes des icones de la gauche : Jules Ferry, le Conseil National de la Résistance…
Etrange également par ses annonces dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles vont un peu dans tous les sens : mise au rancart des quotas ethniques, construction de places dans les hôpitaux psychiatriques et les prisons, relance d'Hadopi, emprunt, décisions sur les retraites en 2010, fin de la taxe professionnelle… On aura surtout compris que la réduction des déficits n'est pas une priorité et que le salariat à l'ancienne avec ses contrats à durée indéterminée est un peu plus menacé (l'accent mis sur le travail à temps partiel n'est certainement pas de bon augure pour les salariés).
Etrange encore par ses contradictions et par ses silences : comment ne pas sourire lorsque l'on entend Nicolas Sarkozy vanter les mérites du modèle social à la française? et comment ne pas remarquer l'impasse faite sur les chefs d'entreprises (sauf à considérer que tous sont des créateurs) et les cultivateurs, qui sont pourtant le coeur de son électorat?
Je ne suis pas sûr qu'il y ait là de quoi nous aider à sortir de la crise. Ni même de quoi relancer le quinquennat.
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