jeudi, juin 30, 2011

Ecologistes : ce sera donc Eva Joly

Ce sera donc Eva Joly… Ce sera certainement plus clair que Nicolas Hulot, mais pourquoi les écologistes veulent-ils aller à la présidentielle? Ils savent, nous savons que leur candidat n'a aucune chance d'être élu. Nous savons également qu'ils représentent une sensibilité politique importante et sans doute un des espaces qui comptent le plus en matière de production d'idées, de concepts. Si l'on parlait la langue de Gramsci, on dirait qu'ils sont l'un des intellectuels organiques les plus importants (et les plus intéressants) de notre société. Leur objectif devrait être, non pas de concourir dans une élection où ils seront inaudibles (on n'entendra, en fait, que leurs chamailleries avec les socialistes pour obtenir plus de places aux prochaines législatives), mais de devenir l'intellectuel dominant, hégémonique qu'ils ont la capacité d'être. Et cela, ils le seraient plus facilement devenus s'ils s'étaient engagés dans les primaires socialistes, s'ils avaient fait entendre leur voix face aux Aubry, Hollande et autres Ségolène. Ils auraient, de cette manière, plus sûrement "verdi" le discours du candidat de gauche qui concourra contre Nicolas Sarkozy et auraient mieux assuré des places éligibles aux prochaines législatives. Ils auraient, de plus, bénéficié de la machine socialiste, des débats qui seront organisés un peu partout alors qu'ils risquent d'être marginalisés, abandonnés à leur solitude et condamnés à faire de la figuration. Mais sans doute y a-t-il des logiques d'appareil qu'il est difficile de combattre.

mardi, juin 28, 2011

Martine Aubry intéresse-t-elle plus que François Hollande?

Martine Aubry vient donc de se lancer dans la course, à sa manière, pas très flamboyante, un peu maladroite, mais solide. Les sondages nous disent qu'elle a rattrapé son retard sur  François Hollande. Elle le talonne, nous dit Le Monde. Mais les sondages ne sont qu'un élément d'informations parmi d'autres. Google trends, un outil de Google qui mesure le nombre de requêtes réalisées sur le moteur de recherche éclaire son image d'une toute autre manière.


Elle y devance systématiquement son adversaire, ce qui est à première vue surprenant. Un moteur de recherches étant en général utilisé pour recueillir des informations sur un concept, un événement, une personne, cet intérêt suggère qu'elle intrigue. On sollicite son avis plus que celui de son adversaire mais on ne sait non plus vraiment qui elle est. Elle intéresse mais reste mal connue, son image est floue, contradictoire. Il y a, d'un coté, la dame des trente-cinq heures jugée inflexible voire ringarde (ce qu'elle ne fut pas, soit dit en passant), et, de l'autre, le maire de Lille réélue avec 60% des voix par des citoyens enchantés de son travail, de sa proximité ; d'un coté, la secrétaire générale qui a obtenu son poste au terme d'elections contestées et contestables et, de l'autre, la secrétaire générale qui remet le PS au travail. Quoique feutrée, la campagne des primaires devrait l'aider à préciser cette image.

mercredi, juin 22, 2011

De DSK à Georges Tron, deux figures du harcèlement sexuel

Les affaires DSK et Georges Tron, les accusations portées contre ces deux politiques qui sont peut-être (qui sait, après tout?) innocents, illustrent deux formes assez différentes de déviance sexuelle.

Il y a chez DSK qui sort nu de sa salle de bain pour agresser une femme qu'il n'a jamais vue (si, encore une fois, il est coupable) quelque chose de la brute que rien ne retient. Et comme l'on sait, par ailleurs, que ses collaborateurs lui avaient recommandé la plus grande prudence, son comportement illustre jusqu'à la caricature ce qu'Aristote appelait l'akrasia, qu'on traduit en général en français par incontinence mais que les philosophes américains qui se sont intéressés à la question appellent plutôt "faiblesse de la volonté" : je sais que je ne dois pas faire ceci ou cela,  je le sais vraiment, je ne l'oublie pas et cependant je le fais.

Chez Georges Tron (s'il est, encore, une fois coupable, ce que j'ignore), on est plutôt dans l'exploitation d'un de ces mécanismes d'ancrage (ou de pied dans la porte) qu'ont étudié les psychologues. Il y a une étude célèbre souvent répétée qui consistait à envoyer des étudiants mendier. Dans le premier protocole, ils doivent demander aux gens qu'ils rencontrent : "t'as pas un euro?" Dans le second, ils commencent par demander l'heure, ce que les passants leur donnent volontiers, puis ils demandent qu'on leur prête un peu d'argent pour passer un coup de téléphone à l'amie avec laquelle ils ont rendez-vous. Et l'on compare leurs recettes à la fin de la journée. Le deuxième protocole est infiniment plus efficace : qui a dit une première fois oui dit plus facilement oui une deuxième fois. Or, les jeunes femmes que Tron a harcelées ont d'abord accepté qu'il leur caresse les pieds, de là à glisser une main un peu plus haut sous leur jupe… il n'y a qu'un pas qu'il leur est difficile de refuser.

Autre différence : DSK ne joue, au pire, que de sa force physique, sa position sociale, sa richesse, sa situation hiérarchique n'est à aucun moment sollicitée pour convaincre la femme de chambre qui, semble-t-il, ignorait tout de ses hautes fonctions. A l'inverse, Georges Tron en use et abuse. Les jeunes femmes qu'il harcèle peuvent craindre de perdre leur emploi, voire, ce qui est pire, la garde de leur enfant.

Je ne sais lequel est le plus coupable. Mon intuition me dit que le comportement de Georges Tron, s'il est avéré, est plutôt pire en ce qu'il repose sur un calcul alors que celui de DSK semble plus "spontané", mais ce n'est qu'une intuition. Reste que nous sommes bien confrontés à deux comportements assez différents. Est-ce que ce sont les deux seules figures du harcèlement sexuel? Y en a-t-il d'autres? D'autres affaires nous permettront peut-être de le dire.

dimanche, juin 19, 2011

Drogues, alcool, du ludique à la dépendance, en passant par la défonce

L'un des bénéfices secondaires des propositions socialistes de dépénalisation du cannabis pourrait être de nous amener à envisager ces questions de la drogue sous un angle nouveau, non plus celui des produits (tabac, alcool, cannabis, cocaïne…) mais sous celui des comportements puisque, comme le montre bien l'exemple de l'alcool, leur consommation peut prendre différentes tournures : le ludique (un verre ou deux) et le social (on boit et fume ensemble), la défonce (on boit ou on se drogue pour perdre conscience) et de la dépendance (on boit ou on se pique parce qu'on en a besoin). Orienter ainsi ce débat permettrait de pointer mais aussi d'anticiper et prévenir une évolution à la britannique des comportements de la jeunesse française : tous produits confondus, il semble bien que la culture de la défonce (ce que les britanniques appellent le binge drinking) soit en train de prendre une place nouvelle et ne soit plus seulement réservée aux écoles de commerce comme le montre une promenade en début de soirée sur les quais de Seine ou le long du canal Saint-Martin. Des jeunes gens et des jeunes filles, souvent très jeunes, lycéens, étudiants ou employés, se réunissent autour de bouteilles de bière, de vin ou d'alcool.  

Cannabis : l'attaque surprise de la gauche sur la sécurité

Une fois n'est pas coutume, la gauche vient, grâce à Stéphane Gatignon, le maire de Sevran qui veut des casques bleus dans sa ville, et Daniel Vaillant, de prendre la droite en revers sur l'un de ses sujets préférés : la sécurité.

En avançant l'idée d'une dépénalisation du cannabis, elle ouvre un débat inédit en France, met en évidence l'échec de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy sur un sujet central (puisque c'est le trafic de drogue qui nourrit l'essentiel de la criminalité, et pas seulement dans les banlieues, mais aussi, semble-t-il, beaucoup des accidents au travail et sur la route) et l'attaque de front sur sa philosophie : la répression à tout crin. Elle reprend, par ailleurs, à son compte le discours catastrophiste de la droite (et de l'extrême-droite) sur certains quartiers et aborde la question policière sous un angle qui ne peut que satisfaire les policiers (le manque de moyens, la fatigue des fonctionnaires sur le terrain…).

Il y a, bien sûr, des difficultés, tout le monde à gauche n'est pas disposé à aller dans cette direction, mais les réactions ne sont pas toutes négatives. On a beaucoup parlé de l'opposition de Ségolène Royal. Sans doute est-elle hostile à la dépénalisation, mais sa réaction est pour le moins nuancée. Stéphane Gatignon, dit-elle dans un entretien au Monde, "pense que si on dépénalise le cannabis, il n'y aura plus de trafic puisque l'État contrôlera le commerce du cannabis et donc il y aura un prix fixé et on ne pourra plus faire de trafic comme autrefois l'alcool. Le raisonnement économique se tient. Le problème, c'est que la toxicomanie est aussi un problème gravissime de santé publique. La vraie question, c'est les polytoxicomanie, c'est-à-dire ceux qui se droguent, boivent de l'alcool, fument, ont des conduites à risque. La question fondamentale, c'est la prévention, l'éducation. On ne peut pas relâcher la répression sur le trafic. Pas de légalisation." On a vu critique plus sévère!

Il y a aussi quelques bénéfices secondaires : sans aller aussi loin que Daniel Vaillant et Stéphane Gatignon, Dominique de Villepin s'oriente dans la même direction et d'autres à droite pourraient faire de même. Je pense notamment à cette remarque de Jean-Pierre Raffarin, cité dans l'Express, qui se dit "très franchement" opposé à l'idée avant de préciser : "Je comprends qu'il y ait débat. Parce que c'est vrai que c'est parce que c'est interdit qu'il y a un marché. Je vois bien qu'il y a une difficulté."

Le plus insolite est que cette idée de dépénalisation vient des libertariens, ces penseurs très à droite qui ne jurent que par les vertus du marché (voir pour plus de détails sur leurs arguments cette chronique que j'ai donnée il y a quelques années à la radio). Mais ce n'est qu'un détail.

Cette attaque est risquée mais elle vient des deux meilleures sources que la gauche ait pu trouver : un maire de banlieue au contact, au quotidien, avec les problèmes de la drogue, et un ancien ministre de l'intérieur qui connait de l'intérieur les problèmes policiers. On peut penser que les socialistes finiront pas nous expliquer, un peu à la manière de Raffarin, qu'il faut organiser un grand débat pour approfondir les solutions et résoudre les problèmes de santé qu'évoque Ségolène Royal. Leur attaque surprise et, semble-t-il, non concertée (le hasard fait parfois bien les choses!) a le mérite de pointer un vrai problème et d'éclairer d'un jour nouveau, celui de l'échec, la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy. Celle-ci aura du mal à s'en remettre!


lundi, juin 13, 2011

José Bové choisi Nicolas Hulot

Il fut un temps où les choses étaient simples : on était de gauche, de droite ou du centre et on se reconnaissait à quelques choix, à quelques idées simples. Aujourd'hui on ne sait plus vraiment qui est avec qui, surtout chez les écologistes. On pensait José Bové plutôt du coté de l'extrême-gauche, voilà qu'il se range derrière la bannière de Nicolas Hulot dont rien ne permet de dire qu'il est de gauche. Aurait-il tourné sa veste? Même pas. Et cela ne lui interdira sans doute pas de prendre demain de nouveau des positions radicales. Mais on a un peu le tournis, comme si à force de recomposer le paysage politique on ne savait plus qui est qui : les souverainistes de gauche s'approprient les thèmes populistes de l'extrême droite, les laïcs se transforment en anti-islamistes, les écologistes flottent on ne sait où quant aux socialisme du drapeau de Ségolène Royal ou de la sécurité de Manuel Valls il emprunte à la droite la plus traditionnelle discours et valeurs. Et on s'étonnera que les électeurs pensent à autre chose!

PS. Après avoir écrit ce post, je trouve cet article de Rue 89 qui souligne les interrogations des enseignants qui ne savent plus très bien s'ils sont de gauche. Le flou idéologique des politiques explique peut-être le désenchantement et les hésitations de beaucoup : si les politiques ne savent plus où ils sont, pourquoi les électeurs le sauraient-ils mieux?

vendredi, juin 10, 2011

Que sont les hommes devenus?

L'affaire DSK a permis aux femmes de multiplier les récits de harcèlement et de balourdises dont elles sont victimes. Les hommes sont plus discrets. Ils sont en fait si discrets qu'on n'en a, à ma connaissance, entendu aucun raconter ses propres expériences de harceleur ou de dépendant sexuel (puisque c'est la nouvelle maladie à la mode). Or, on peut supposer que toutes ces femmes harcelées l'ont bien été par quelques hommes. On attendait des sondages avec des questions comme : "vous est-il arrivé de harceler une femme?" ou "avez-vous parfois eu le sentiment d'être allé un peu loin?" ou encore : "vous est-il arrivé d'obtenir par la force et contre le gré de votre partenaire des faveurs sexuelles?" Mais non, rien de tout cela. Tout se passe comme si les hommes n'entendaient pas, ne se sentaient pas concernés. Pudeur? Ce n'est pas impossible. Déni? Peut-être. Gêne devant des comportements fréquents? Sans doute. Malaise devant une limite qu'il est difficile à définir tant une "douce violence" permet parfois de lever réserves et pudeurs? Probablement.  

Il serait, en tout cas, intéressant de savoir. 

Un cadeau aux riches un peu désordre

Avec sa nouvelle loi de finance qui modifie le régime et le mode de calcul de l'ISF, le gouvernement a fait un beau cadeau aux plus riches. Mais on devine qu'on est à la veille d'échéances électorales importantes tant le désordre est grand. Tout s'est manifestement fait dans la précipitation. D'ordinaire, cet impôt est collecté en juin. Ce devait être cette année au plus tard le 15 juin comme en attestent les imprimés que l'on pouvait encore lire hier sur le site du Ministère des Finances. Mais voilà, il fallait vite en faire profiter les électeurs. La déclaration est donc reportée à la fin septembre. Ce que beaucoup de contribuables ignorent ou veulent vérifier, d'où encombrement dans les bureaux d'informations du Ministère dans les beaux quartiers. D'où sans doute aussi, pour certains, dépôt de déclaration et du chèque qui va avec (puisque l'on paie cet impôt en même temps qu'on le déclare), déclaration et chèque que l'administration devra traiter… Mais s'il en va de l'élection de notre cher Président… 

L'étrange impuissance des médias

Corinne Lepage indiquait hier à la télévision (dans un débat confus et sans grand intérêt où l'on a vu des gens intelligents expliquer que les affaires Bettencourt et DSK étaient mises en avant pour ne pas parler des choses graves et importantes!) qu'on a plus parlé dans la presse internationale de l'affaire DSK que de la mort de Ben Laden. C'est, a-t-elle même ajouté, l'événement dont on a le plus parlé après l'attentat des Twin Towers. Est-ce à dire que tout le monde est au courant? Pas forcément.

Le New-York Times publiait hier une histoire étrange. Un marchand de vin de Boooklin qui a la même adresse que DSK mais pas le même code postal a reçu un paquet de livres qui lui était destiné. Personne ne s'appelait dans ce magasin Dominique Strauss-Khan, le personnel l'a cependant ouvert, a été surpris de recevoir des livres religieux (l'envoi venait d'une quelconque secte juive), a rangé le paquet et a mis deux jours à faire le rapprochement. Comme l'explique le journal "it might seem surprising that on Friday afternoon, when a package arrived at Dandelion Wine addressed to Dominique Strauss-Kahn, no one there had heard of him. Not the mailman, who asked “Is there a Dominique here?” Not the three workers in the store. One of them, Tom Athans, accepted the package anyway; he had a ex-girlfriend in France and thought it might be a practical joke." Surprising? Certainement.


Qu'en conclure? Manifestement tout le monde ne lit pas la presse, ne regarde pas la télévision, ou le fait sans y prêter grande attention. 

vendredi, juin 03, 2011

Ils se noient, qui est ému?

On se demande parfois comment nos grands-parents ont pu laisser faire en Allemagne dans les années trente, comment ils ont pu être aussi aveugles aux massacres. Mais sommes nous si différents? 200 Africains qui voulaient pénétrer en Europe viennent de se noyer sur les cotes italiennes, ils étaient 150 il y a quelques semaines, hommes, femmes, enfants. Qui s'en soucie? Qui proteste? Qui hurle? Qui ose dire à tous ceux, et d'abord à nos politiques, qui invectivent chaque jour les immigrés qu'ils ont une part de responsabilité dans ces drames? Personne!

Notre indifférence est abyssale. Nous n'éprouvons, ni sympathie ni même intérêt pour ces victimes. Qu'elles restent là où elles sont. Qu'elles crèvent loin de nos yeux. Renvoyez ces bateaux d'où ils viennent disait il y a peu une députée UMP. Aurait-elle dit autrement en 1933?


- Posted using BlogPress from my iPad

mercredi, juin 01, 2011

L'affaire DSK en révélateur de nos différences

Parce qu'elle passionne des deux cotés de l'Atlantique, l'affaire DSK met, mieux que bien d'autres, en évidence combien les sociétés française et américaine sont différentes.

Dans un billet d'hier, Arthur Goldhammer disait combien les propos d'Alain Finkelkraut et Vincent Peillon sur le plateau de Mots Croisés lui paraissaient extravagantes. Il parle, à propos du premier de sénilité et s'interroge sur le bon sens du second. Comme beaucoup de ce coté-ci de l'Atlantique, j'avais trouvé l'un et l'autre plutôt pertinents et en tout cas, tout à fait raisonnables. C'est la force de sa réaction plus que la différence d'opinion qui me surprend. 

Sur un tout autre plan, la lecture d'une certaine presse populaire montre combien le réflexe raciste qui consiste à attribuer une communauté les défauts d'un de ses membres reste naturel chez beaucoup d'Américains : DSK est coupable de viol (l'est-il d'ailleurs? nul ne le sait, mais peu importe), il est Français, tous les Français sont donc des violeurs en puissance. S'il s'agissait des propos d'un quelconque farfelu sur internet, il ne conviendrait pas d'en tenir compte, mais ce raisonnement est tenu par l'éditorialiste du New-York-Post, un journal tiré à 660 000 exemplaires. Presse de caniveau? Sans doute. Mais avec beaucoup de lecteurs que lire pareilles insanités ne gêne pas plus que cela. Je ne veux pas dire que tous les new-yorkais sont d'indécrottables racistes, ce serait commettre l'erreur que les journalistes du Post commettent eux-mêmes, mais nous n'avons probablement pas la même sensibilité au racisme.

Autre exemple : la saga de la recherche d'un appartement par les Strauss-Kahn. La manière dont les riverains, les voisins leur ont interdit de s'installer là où ils voulaient serait chez nous complètement impossible. Non que tous auraient été heureux de recevoir une personnalité qui attire la foule des photographes, mais jamais, sauf peut-être dans quelque village reculé, aurait-on vu des propriétaires s'opposer avec autant de fermeté et de manière aussi unanime à l'installation à coté de chez eux d'une célébrité sulfureuse. Cela me fait penser à ces rideaux qui se soulèvent légèrement dans les petites villes de province lorsque passe un étranger dans la rue. On parle beaucoup de liberté aux Etats-Unis, on a là un exemple assez éclairant de tout le contraire, du contrôle extrêmement tatillon que la société peut y exercer sur les individus. Disons, pour rester simple, que cette affaire révèle combien nos conceptions de la liberté peuvent être différentes.

PS Dans ce même billet Arthur Goldhammer s'interroge sur le rôle dans la popularité de DSK de ses conseillers en communication. C'est une excellente question que je ne crois avoir vu posée ailleurs. Et si DSK avait été, comme tous ces candidats dont tout le monde veut plusieurs mois avant le choix d'un bulletin, une construction fantasmatique?