En 1975, Bernard Pivot invitait François Mitterrand pour parler des livres qu'il aimait. C'est tout simplement stupéfiant de culture, de finesse, d'intelligence. On peut trouver cette émission ici. Je doute qu'aucun de nos politiques actuels lui arrive à la cheville. Affaire de génération? de formation? de personnalité? de carrière? Je ne sais, mais il faut voir cette émission.
Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
jeudi, décembre 19, 2013
dimanche, décembre 08, 2013
Philosophie et musique
Est-ce une mode? mais on voit se développer une nouvelle forme de conférence qui associe interventions classiques de philosophes et pièces de musique contemporaine. Ce sera le cas ce lundi 9 décembre à Saint-Denis avec "Chaosmose, coordonnées mutantes : le paradigme esthétique", une conférence qui associe lecture de Guatari par des philosophes et psychanalystes et une oeuvre musicale de Pascale Criton. Quelque chose de comparable est annoncé en février prochain à Issy les Moulineaux qui associerait réflexions sur le temps et une oeuvre d'Eliane Radigue.
Les philosophes n'étant pas forcément mélomanes (c'est même souvent le contraire : pour ne prendre que cet exemple, Dominique Schnapper explique dans son récent livre de mémoires qu'elle n'a aucune sensibilité musicale), cette formule est 1) une bonne occasion de leur fait découvrir la musique qui se fait aujourd'hui et, 2) un rappel quasi spinoziste du rôle des affects dans la pensée.
Les philosophes n'étant pas forcément mélomanes (c'est même souvent le contraire : pour ne prendre que cet exemple, Dominique Schnapper explique dans son récent livre de mémoires qu'elle n'a aucune sensibilité musicale), cette formule est 1) une bonne occasion de leur fait découvrir la musique qui se fait aujourd'hui et, 2) un rappel quasi spinoziste du rôle des affects dans la pensée.
vendredi, décembre 06, 2013
La fin de Mona lisait
La presse (enfin, quand je dis la presse, je veux dire France Culture) a parlé, ces derniers jours de la fin des librairies du réseau Chapitre.com. Pas un mot (au moins à ma connaissance) sur celle de Mona Lisait que j'ai découverte à l'occasion de promenades dans Paris. Il est vrai que ces librairies spécialisées dans le discount avaient un coté un peu trash (des boutiques qu'aucun décorateur n'avait aménagé, des escaliers branlants…). Et, cependant… leur disparition n'est pas moins choquante. Pas seulement pour les raisons le plus souvent invoquées (la mort du livre…) mais aussi parce qu'elles étaient les seules librairies à avoir un fonds solide sur l'avant-garde, notamment sur le lettrisme. Où ira-t-on demain acheter les livres de Lemaitre, Satié, Sabatier?
lundi, décembre 02, 2013
Ils quittent le Front National… et mettent en évidence la faiblesse de ce parti
Combien sont-ils? Quatre, cinq? plus? La presse a d'ores et déjà cité les noms de quatre militants qui ont quitté le Front National déçus, choqués… Il y a Arnaud Cléré, ex-militant UMP, qui dénonce les tatouages de croix gammées et les propos homophobes, Benoit Girard et Nadia Portheault qui dénoncent les propos racistes, Anna Rosso-Roig qui déclare : "quand on voit Marine Le Pen à la télévision, on ne peut pas imaginer à quoi ressemble l'arrière-boutique". Sans doute ces militants effrayés sont-ils plus nombreux. Beaucoup doivent partir sur la pointe des pieds en silence sans le clamer haut et fort de crainte du ridicule.
Naïfs, ces déçus du FN? Certainement. Voire même un peu niais : tous les reportages réalisés au sein du FN l'ont montré, il y a des racistes, des antisémites et des homophobes au Front National. Le plus surprenant n'est pas qu'ils existent (où se retrouveraient-ils sinon dans un parti d'extrême-droite?), mais qu'ils affichent sans la moindre gêne leurs opinions alors que Marine Le Pen et ses proches tentent depuis plusieurs mois de "dédiaboliser" le Front National.
On peut, naturellement, accuser Marine Le Pen d'hypocrisie, lui reprocher de faire semblant de s'en prendre aux extrémistes, c'est de bonne guerre. Mais il est une autre explication : qu'elle en soit tout simplement incapable, que l'exclusion de ces militants néo-nazi, néo-fascistes… ne vide le parti de l'essentiel de ses forces. Que le FN ne soit sans eux qu'une coquille vide.
Lorsqu'on compare le FN aux mouvements d'extrême-droite d'avant-guerre, une chose frappe : sa faiblesse. Il n'a ni la puissance intellectuelle de l'Action Française qui avait su séduire le quartier latin, Proust, Gide, Bernanos… ni la puissance militante des ligues qui pouvaient réunir des dizaines de milliers de militants dans de grandes manifestations (les grandes manifestations contre le mariage pour tous n'ont pas été organisées par le FN par des mouvements liés à l'Eglise catholique, ce qui est différent). En témoigne, l'incapacité dans laquelle il se trouve de présenter des candidats à peu prés présentables partout.
Les seuls succès du FN ont été électoraux et toujours… minuscules : gain d'un canton ici, de quelques places dans un conseil municipal là. Les bonnes performances de Le Pen à l'élection présidentielle, celles de son parti aux élections européennes ont pu faire illusion, elles ne doivent pas cacher l'essentiel : ce parti reste faible et ne doit son influence qu'à la peur qu'il suscite chez ses concurrents, peur que dès ses débuts, en 1984, les journalistes politiques ont attisée donnant aux provocations de son leader une résonance sans commune mesure avec son poids réel dans l'opinion.
Naïfs, ces déçus du FN? Certainement. Voire même un peu niais : tous les reportages réalisés au sein du FN l'ont montré, il y a des racistes, des antisémites et des homophobes au Front National. Le plus surprenant n'est pas qu'ils existent (où se retrouveraient-ils sinon dans un parti d'extrême-droite?), mais qu'ils affichent sans la moindre gêne leurs opinions alors que Marine Le Pen et ses proches tentent depuis plusieurs mois de "dédiaboliser" le Front National.
On peut, naturellement, accuser Marine Le Pen d'hypocrisie, lui reprocher de faire semblant de s'en prendre aux extrémistes, c'est de bonne guerre. Mais il est une autre explication : qu'elle en soit tout simplement incapable, que l'exclusion de ces militants néo-nazi, néo-fascistes… ne vide le parti de l'essentiel de ses forces. Que le FN ne soit sans eux qu'une coquille vide.
Lorsqu'on compare le FN aux mouvements d'extrême-droite d'avant-guerre, une chose frappe : sa faiblesse. Il n'a ni la puissance intellectuelle de l'Action Française qui avait su séduire le quartier latin, Proust, Gide, Bernanos… ni la puissance militante des ligues qui pouvaient réunir des dizaines de milliers de militants dans de grandes manifestations (les grandes manifestations contre le mariage pour tous n'ont pas été organisées par le FN par des mouvements liés à l'Eglise catholique, ce qui est différent). En témoigne, l'incapacité dans laquelle il se trouve de présenter des candidats à peu prés présentables partout.
Les seuls succès du FN ont été électoraux et toujours… minuscules : gain d'un canton ici, de quelques places dans un conseil municipal là. Les bonnes performances de Le Pen à l'élection présidentielle, celles de son parti aux élections européennes ont pu faire illusion, elles ne doivent pas cacher l'essentiel : ce parti reste faible et ne doit son influence qu'à la peur qu'il suscite chez ses concurrents, peur que dès ses débuts, en 1984, les journalistes politiques ont attisée donnant aux provocations de son leader une résonance sans commune mesure avec son poids réel dans l'opinion.
mardi, octobre 29, 2013
Confusion mentale
La situation politique de ces derniers mois a ceci de particulier qu'elle brouille les repères. Nous nageons en pleine confusion mentale. Un nombre croissant de personnes, à gauche mais aussi à droite, ne sait plus où se situer. Je déjeunais hier avec un ami, universitaire réputé dans son domaine, vieux communiste, plus compagnon de route que militant, mais très attaché à cette tradition. Nous parlons un peu de politique. Il me dit qu'il va voter Martine. Je ne saisis pas bien. Martine? quelle Martine? Aubry? Mais elle n'est candidate à rien qu'à la mairie de Lille et mon ami est parisien. Mais non, me dit-il, Marine (il ne dit pas Le Pen, comme s'il éprouvait encore, malgré tout, une certaine gêne).
Le fera-t-il? Probablement pas, mais qu'il puisse le suggérer et qu'il se propose d'argumenter dans ce sens témoigne d'une certaine confusion mentale dont la suite de notre conversation me donna un autre témoignage presque plus fort puisqu'échappant à toute éventuelle visée provocatrice. Nous parlons des impôts, de Hollande qui s'en prend, avec les taxes sur le PEL et l'assurance vie, au coeur de son électorat. Plutôt que de multiplier ces impôts qui mettent tout le monde en colère il devrait, me dit cet ami, essayer la "flat tax" : tout le monde paierait le même pourcentage… Ce serait, ajoute-t-il, plus simple et plus juste. Cet ami n'a rien d'un économiste, mais tout de même. Comment un intellectuel qui se dit encore proche du parti communiste peut-il jeter par dessus bord sans plus réfléchir la progressivité de l'impôt?
Je suis sorti de ce déjeuner par ailleurs fort agréable un peu déprimé. Je sais bien que l'économie ne fait pas partie du bagage culturel de beaucoup de nos intellectuels. Mais tout de même. Faut-il que nos repères se soient effondrés pour que des gens intelligents et plutôt éclairés sur le plan politique en arrivent à dire pareilles énormités…
Le fera-t-il? Probablement pas, mais qu'il puisse le suggérer et qu'il se propose d'argumenter dans ce sens témoigne d'une certaine confusion mentale dont la suite de notre conversation me donna un autre témoignage presque plus fort puisqu'échappant à toute éventuelle visée provocatrice. Nous parlons des impôts, de Hollande qui s'en prend, avec les taxes sur le PEL et l'assurance vie, au coeur de son électorat. Plutôt que de multiplier ces impôts qui mettent tout le monde en colère il devrait, me dit cet ami, essayer la "flat tax" : tout le monde paierait le même pourcentage… Ce serait, ajoute-t-il, plus simple et plus juste. Cet ami n'a rien d'un économiste, mais tout de même. Comment un intellectuel qui se dit encore proche du parti communiste peut-il jeter par dessus bord sans plus réfléchir la progressivité de l'impôt?
Je suis sorti de ce déjeuner par ailleurs fort agréable un peu déprimé. Je sais bien que l'économie ne fait pas partie du bagage culturel de beaucoup de nos intellectuels. Mais tout de même. Faut-il que nos repères se soient effondrés pour que des gens intelligents et plutôt éclairés sur le plan politique en arrivent à dire pareilles énormités…
vendredi, octobre 25, 2013
Allo Nabila, Allo Breton
Il y a quelques mois, une certaine Nabila a connu son moment de gloire avec une expression : "allo non mais quoi, t'es une fille et tu n'as pas de schampoing." Tout le monde s'est moqué d'elle. Mais savait-on qu'elle n'avait peut-être fait que copier André Breton qui, je viens de le découvrir, écrivait dans un de ses poèmes du Revolver à cheveux blancs, recueil publié en 1932, : "Allo, le gazon! Allo, la pluie! C'est moi l'irréel souffle de ce jardin."?
C'est malheureusement bien improbable…
C'est malheureusement bien improbable…
jeudi, octobre 03, 2013
Valls : illusoire popularité
Valls est populaire, il est le plus populaire des ministres de ce gouvernement? Comment ne le serait-il pas alors qu'il affiche ouvertement des idées qui séduisent la droite. Electeurs de droite ravis de le voir transgresser les valeurs de gauche + une partie des électeurs de gauche, cela fait forcément beaucoup. Il n'est pas le premier à gauche à jouer ce jeu. Rocard s'y était en son temps déjà essayé avec, d'ailleurs, le même argument : le réalisme. De la même manière, les politiques de droite qui critiquaient le gouvernement de leurs amis montaient vite dans les sondages tant ils plaisaient aux électeurs de gauche sans forcément déplaire à une partie de leur camp. Ces stratégies permettent d'obtenir de bons taux dans les sondages mais elles interdisent de prétendre au sommet : quand les électeurs de gauche devront choisir un candidat pour succéder à François Hollande, il y a fort à parier qu'ils ne choisiront pas quelqu'un qui a systématiquement transgressé les codes de la gauche. Même chose, d'ailleurs, à droite : ce n'est pas en séduisant ses adversaires que l'on gagne les élections mais en mobilisant son camp.
La popularité de Valls ne veut donc pas dire grand chose.
La popularité de Valls ne veut donc pas dire grand chose.
dimanche, septembre 29, 2013
La mence du Front National
Quelle est la vraie menace du Front National? Qu'il gagne quelques sièges dans des exécutifs locaux et quelques villes à l'occasion des prochaines municipales ou qu'il sème ses idées dans tous les partis? La première menace est ce qui inquiète le plus les observateurs, mais la seconde est sans doute la plus inquiétante. Les derniers propos de Manuel Vals sur les roms attestent des progrès de son idéologie. Si pour mieux le combattre, il faut, reprendre ses idées, il y a vraiment péril en la demeure…
Les succès du Front National dans les sondages (et demain dans les urnes) tiennent, pour l'essentiel, à ce que, ne participant au pouvoir, il ne peut être comptable de ses échecs. Comme on entend souvent des électeurs tentés par un vote FN le dire : "on a tout essayé, rien ne marche, pourquoi ne pas les essayer?"
Il est plus que probable que s'ils essayaient, ils seraient terriblement déçus. Pour au moins trois motifs :
Les succès du Front National dans les sondages (et demain dans les urnes) tiennent, pour l'essentiel, à ce que, ne participant au pouvoir, il ne peut être comptable de ses échecs. Comme on entend souvent des électeurs tentés par un vote FN le dire : "on a tout essayé, rien ne marche, pourquoi ne pas les essayer?"
Il est plus que probable que s'ils essayaient, ils seraient terriblement déçus. Pour au moins trois motifs :
- parce que les solutions du FN sont absurdes ; ni la sortie de l'euro, ni le protectionnisme, ni l'arrêt de l'immigration, ni la préférence nationale ne peuvent prétendre résoudre nos problèmes. Bien au contraire, ils ne feraient que les aggraver : on l'a beaucoup dit de la sortie de l'euro mais c'est tout aussi vrai du protectionnisme (que feraient donc les entreprises qui vivent de leurs ventes à l'exportation? et celles qui intègrent dans leurs fabrications des composants venus de l'étranger?) ou de l'immigration (que feraient le BTP, la restauration et tant d'autres secteurs sans travailleurs immigrés?) ;
- parce qu'il y a peu de chances qu'ils mettent en oeuvre ces solutions tant les obstacles paraissent nombreux (pour ne prendre que l'exemple de l'immigration comment croire qu'ils pourraient bloquer les flux de population quand personne nulle part n'a réussi à le faire? même chose pour l'insécurité) ;
- parce qu'enfin, ils n'ont pas les ressources humaines, les compétences nécessaires pour diriger une ville… Les échecs répétés des municipalités FN le montrent à l'évidence.
Pour tous ces motifs, il y a fort à parier que l'expérience du FN aux commandes de quelques villes décillera les yeux de beaucoup d'électeur. Ses prochains succès électoraux pourraient bien être l'annonce de son déclin dans les sondages. C'est ce qui s'est produit ailleurs Ce qui ne veut pas dire que ses succès seraient sans conséquence. On a vu, il y a quelques années, dans les villes gérées par le FN monter l'intolérance, se développer les ghettos, l'ostracisme. Et ce ne serait certainement pas une bonne nouvelle. Mais entendre des politiques "responsables" à gauche comme à droite s'inspirer de son discours au motif qu'il est populaire n'est guère plus satisfaisant.
jeudi, août 15, 2013
Et si c'étai tHollande qui avait "fuité" la lettre de Valls?
C'est l'été. Il ne se passe pas grand chose sur le front intérieur, les éditorialistes sont en vacances. Ceux qui sont restés à Paris s'ennuient un peu. Et puis voilà que Le Monde, dont on ne saluera jamais assez les efforts pour remplir l'actualité (rapport sur le voile à l'université…) publie le texte d'une lettre que Manuel Vals a adressée à François Hollande sans en avertir Christiane Taubira qui, en la découvrant, est, assez naturellement, tombée de sa chaise. Le conflit entre le ministre des policiers et celui des magistrats et de l'administration pénitentiaire n'est pas une nouveauté. Les policiers (ou, plutôt, leurs syndicats) sont en général favorable à des peines lourdes, les magistrats qui les prononcent, les fonctionnaires qui gèrent les prisons plutôt à la recherche de substituts plus efficaces et qui évitent la récidive. Mais en plein été, c'est pain béni pour tous les commentateurs qui se perdent en conjectures sur l'effet de cette brouille sur l'autorité du premier ministre, sur la solidarité gouvernementale, sur l'origine de cette fuite.
Celle-ci paraissant faire plutôt du tort à Valls, on ne le soupçonne pas d'être à son origine. Comme cette annonce est, par ailleurs, venue brouiller les efforts de Hollande pour reconquérir l'opinion alors même que l'INSEE annonçait un rebond inattendu de la croissance (rebond bien maigre, cependant), nul ne l'en a crédité. Et tous de s'interroger sur la manière dont il se sortira de ce mauvais pas : par un report? par une synthèse?
Par une synthèse, sans doute. Mais la synthèse qui est en passe de venir, à droite, un mot négatif, ne se limite pas à cet exercice académique qui vient clore les dissertations lycéennes, c'est aussi un exercice de mouvement qui consiste à déplacer les rapports de force. Valls est populaire, il occupe le terrain, on le voit partout. Il agace certainement. S'il avait voulu le déstabiliser, Hollande ne s'y serait sans doute pas pris autrement : en le mettant en faute par rapport au premier ministre, au garde des sceaux et en le forçant sinon à se rétracter du moins à nuancer son propos, à le banaliser, il l'aurait mis, dans cette hypothèse, en situation d'accepter ce que justement il critique dans ce texte.
Mais comme tout finit par se savoir, on saura bientôt d'où vient cette fuite.
Celle-ci paraissant faire plutôt du tort à Valls, on ne le soupçonne pas d'être à son origine. Comme cette annonce est, par ailleurs, venue brouiller les efforts de Hollande pour reconquérir l'opinion alors même que l'INSEE annonçait un rebond inattendu de la croissance (rebond bien maigre, cependant), nul ne l'en a crédité. Et tous de s'interroger sur la manière dont il se sortira de ce mauvais pas : par un report? par une synthèse?
Par une synthèse, sans doute. Mais la synthèse qui est en passe de venir, à droite, un mot négatif, ne se limite pas à cet exercice académique qui vient clore les dissertations lycéennes, c'est aussi un exercice de mouvement qui consiste à déplacer les rapports de force. Valls est populaire, il occupe le terrain, on le voit partout. Il agace certainement. S'il avait voulu le déstabiliser, Hollande ne s'y serait sans doute pas pris autrement : en le mettant en faute par rapport au premier ministre, au garde des sceaux et en le forçant sinon à se rétracter du moins à nuancer son propos, à le banaliser, il l'aurait mis, dans cette hypothèse, en situation d'accepter ce que justement il critique dans ce texte.
Mais comme tout finit par se savoir, on saura bientôt d'où vient cette fuite.
samedi, août 03, 2013
Heidegger et le nazisme, une nouvelle fois
Le Monde publie aujourd'hui une tribune de Jean-Pierre Faye où il reprend sa bataille contre ces grands intellectuels, Heidegger, Carl Schmitt, Junger qui auraient, à l'entendre, favorisé l'arrivée au pouvoir de Hitler. L'article est assez décousu, s'en prend aussi bien à la déconstruction (sans citer Derrida) qu'à la pensée de Carl Schmitt et l'argumentation guère convaincante. S'il suffisait de quelques cours ou de quelques conférences devant des grands patrons pour fabriquer le totalitarisme, cela se saurait. Mais Faye cite dans son article plusieurs mots de Heideger, mots connus, qui déconsidèrent complètement la pensée de ce philosophe qui a tant fasciné l'intelligentsia française. Une seule suffit à couvrir de ridicule l'essentiel de son oeuvre : dans sa "Profession de foi en Adolf Hitler, la Bekenntnis zu Adolf Hitler il décrit le Führer comme l'instant de "retourner à l'essence de l'Etre". Qu'il ait été ou non nazi importe au fond assez peu, mais qu'il ait pu ainsi confondre en une même phrase le "retour à l'être" qui revient en permanence dans ses textes et Hitler indique tout simplement la vacuité d'une pensée qui a fini à force de confondre poésie et philosophie par tourner en rond autour de quelques vieilles rengaines réactionnaires.
mercredi, juillet 17, 2013
Les réactions des lecteurs sont trop souvent déprimantes
La lecture des réactions des lecteurs que les versions électroniques de nos journaux mettent à la suite de leurs articles a quelque chose de déprimant. Je prendrais, exemple entre mille, celles qui suivent un article du Monde racontant la déposition de Pierre Moscovici hier devant la commission Cahuzac. Qu'en retenir? sinon que ces lecteurs n'ont pas lu l'article, n'ont pas suivi la déposition (qui n'était, je crois, pas télévisée), qu'ils expriment des idées qu'ils avaient la veille et l'avant-veille, qu'ils auront encore sans doute demain, qui ne nous éclairent en rien. Je ne suis même pas sûr que cela nous éclaire sur l'état de l'opinion en France.
C'est d'autant plus dommage que le courrier des lecteurs peut être instructif (voir, par exemple, celui qui suit les chroniques de Paul Krugman), mais peut-être faudrait-il que les journaux les modèrent, fassent un tri, ne retiennent que celles qui présentent un quelconque intérêt.
C'est d'autant plus dommage que le courrier des lecteurs peut être instructif (voir, par exemple, celui qui suit les chroniques de Paul Krugman), mais peut-être faudrait-il que les journaux les modèrent, fassent un tri, ne retiennent que celles qui présentent un quelconque intérêt.
ROGER BONHOMME 17/07/2013 - 07h15
Francois, le joueur de fluteau dans son parc: "Dormez en paix braves gens , tout va bien !" Les sbires Pierre et Manuel s enfoncent un peu plus dans la mare Cahuzac, pataugeant dans la douleur devant la commission d'enquête parlementaire. Supers menteurs ? pas morts !
A J Julianto 17/07/2013 - 06h19
C'est quand même une bonne bande de guignols qui s'arrangent ! Cahuzac n'aurait jamais du avoir lieu, ce président et son gouvernement ne valent plus rien de ce simple fait ! Et nous avons été nombreux a voter pour eux ! On avait assez du polichinelle excité et on se retrouve avec des branquignoles. Tu parles d'une élite ! Quels modèles ! Et comment se fait t'il que Le Monde et la justice n'enquêtent pas plus sur les comptes offshore ??
Pepef- le-Brun 17/07/2013 - 04h12
"J'avais confiance en Jérôme #Cahuzac mais mon devoir de ministre était le doute": le "mais" est de trop. Il dit tout et son contraire, c'est a dire rien. C'est vraiment se foutre de la gueule du monde.
Lo 17/07/2013 - 01h15
Je ressens une irritation croissante devant la forme de collage de tweets que prennent de plus en plus d'articles du Monde.fr. Il faut choisir : ou bien vous citez le tweet in extenso, ou bien vous le reproduisez, mais les deux ça fait vraiment double emploi et paraphrase.
Didier Dufour 16/07/2013 - 23h31
Enfin! Cela suffit !! Il est évident que Mosco a tout fait pour protéger l'avant dernier strauskanien. Le dernier, c'est lui !
répondremercredi, juillet 03, 2013
La refondation de la droite
Au delà des interrogations sur les échecs répétés du Front Républicain et du transfert d'une partie des voix de gauche vers les candidats du Front National, la gauche devrait s'inquiéter d'un phénomène nouveau : la refondation de l'idéologie conservatrice autour de nouveaux thèmes.
L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait amené la droite à découvrir ou redécouvrir le libéralisme qui a nourri sa pratique pendant les décennies qui ont suivi. Quelques personnalités avaient alors joué un rôle important : Alain Madelin, du coté des politiques, Henri Lepage, Alain Laurent, Philippe Nemo du coté des intellectuels. Journaliste bon connaisseur des travaux de l'école de Chicago, Lepage avait résumé dans de nombreux articles et ouvrages publiés en livre de poche les idées des économistes néo-classiques, Nemo avait contribué à faire connaître et traduire Hayek, Laurent a fait de même avec Ayn Rand et les classiques du libéralisme. Le même phénomène est, semble-t-il, en train de se produire.
Si la droite politique est aujourd'hui en lambeaux, toute entière occupée par ses batailles de présidentiables, on voit se développer les bases d'une refondation de la pensée et de l'idéologie conservatrice qui n'emprunte plus au modèle américain et à la théorie économique comme ce fut le cas dans les années 80, mais qui regarde plutôt du coté de la philosophie.
Les manifestations contre le mariage pour tous ont mis en évidence un des thèmes de cette refondation en cours : la nature. Le mariage homosexuel, l'adoption d'enfants par des couples homosexuels serait contre-nature. Il y a des réalités contre lesquelles on ne peut rien parce qu'elles relèvent de la nature : la différence des sexes serait de celles-là. D'où les attaques répétées contre ce que ses adversaires appellent la théorie du genre (selon laquelle les traits féminins ou masculins seraient moins affaire de différence des sexes que d'éducation, de culture) et contre un "égalitarisme dévoyé".
Un autre thème de cette refondation est la réécriture de la laïcité qui ne serait plus une conquête des adversaires du goupillon comme on le pensait, mais le résultat de ce que Jean-Louis Harouel appelle le "vrai génie du christianisme" : la disjonction du politique et du religieux. "Le royaume de Dieu est, dit-il, céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés." Ce qui permet de critiquer l'Islam pour lequel il n'y aurait pas d'action profane mais aussi de s'en prendre à ces nouvelles "religions d'Etat" que seraient "l'écologisme" et le "droit de l'hommisme", un thème que l'on retrouve chez Patrick Buisson (qui l'emprunte à Jen-Louis Harouel, ce qui lui a valu des accusations de plagiat). Ce qui permet également de renouveler la thématique de l"intégration des étrangers et de leurs enfants, de renouer avec les critiques du multiculturalisme.
On devine dans tout cela, tout à la fois un retour distancié du catholicisme, de la tradition et une attaque contre l'égalité et la modernité dont l'expression politique n'est pas encore pleinement définie même si on la devine en germe chez certains membres de l'UMP et au FN.
L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait amené la droite à découvrir ou redécouvrir le libéralisme qui a nourri sa pratique pendant les décennies qui ont suivi. Quelques personnalités avaient alors joué un rôle important : Alain Madelin, du coté des politiques, Henri Lepage, Alain Laurent, Philippe Nemo du coté des intellectuels. Journaliste bon connaisseur des travaux de l'école de Chicago, Lepage avait résumé dans de nombreux articles et ouvrages publiés en livre de poche les idées des économistes néo-classiques, Nemo avait contribué à faire connaître et traduire Hayek, Laurent a fait de même avec Ayn Rand et les classiques du libéralisme. Le même phénomène est, semble-t-il, en train de se produire.
Si la droite politique est aujourd'hui en lambeaux, toute entière occupée par ses batailles de présidentiables, on voit se développer les bases d'une refondation de la pensée et de l'idéologie conservatrice qui n'emprunte plus au modèle américain et à la théorie économique comme ce fut le cas dans les années 80, mais qui regarde plutôt du coté de la philosophie.
Les manifestations contre le mariage pour tous ont mis en évidence un des thèmes de cette refondation en cours : la nature. Le mariage homosexuel, l'adoption d'enfants par des couples homosexuels serait contre-nature. Il y a des réalités contre lesquelles on ne peut rien parce qu'elles relèvent de la nature : la différence des sexes serait de celles-là. D'où les attaques répétées contre ce que ses adversaires appellent la théorie du genre (selon laquelle les traits féminins ou masculins seraient moins affaire de différence des sexes que d'éducation, de culture) et contre un "égalitarisme dévoyé".
Un autre thème de cette refondation est la réécriture de la laïcité qui ne serait plus une conquête des adversaires du goupillon comme on le pensait, mais le résultat de ce que Jean-Louis Harouel appelle le "vrai génie du christianisme" : la disjonction du politique et du religieux. "Le royaume de Dieu est, dit-il, céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés." Ce qui permet de critiquer l'Islam pour lequel il n'y aurait pas d'action profane mais aussi de s'en prendre à ces nouvelles "religions d'Etat" que seraient "l'écologisme" et le "droit de l'hommisme", un thème que l'on retrouve chez Patrick Buisson (qui l'emprunte à Jen-Louis Harouel, ce qui lui a valu des accusations de plagiat). Ce qui permet également de renouveler la thématique de l"intégration des étrangers et de leurs enfants, de renouer avec les critiques du multiculturalisme.
On devine dans tout cela, tout à la fois un retour distancié du catholicisme, de la tradition et une attaque contre l'égalité et la modernité dont l'expression politique n'est pas encore pleinement définie même si on la devine en germe chez certains membres de l'UMP et au FN.
lundi, juillet 01, 2013
Quand la gauche ne fait plus barrage au FN
Le Monde publie cet après-midi une étude qui montre que 63% des électeurs de gauche de Villeneuve sur Lot ont voté blanc ou se sont abstenus au deuxième tour de l'élection qui opposait un candidat UMP très à droite à un jeune loup du FN. Des chiffres comparables à ceux d'études réalisées sur l'électon dans l'Oise d'il y a quelques semaines. Faut-il être surpris alors que la droite s'est, avec Nicolas Sarkozy, terriblement droitisée tandis que le FN mettait (au moins en apparence) de l'eau dans son vin? Pour beaucoup d'électeurs de gauche l'UMP d'aujourd'hui et le FN, c'est un peu, comme disait en d'autres temps Jacques Duclos, blanc bonnet et bonnet blanc.
Plus troublant, cet autre chiffre : 15% des électeurs de gauche auraient, comme dans l'élection dans l'Oise, reporté leur vote sur le candidat FN. Est-ce confusion mentale d'électeurs qui ne feraient plus la différence entre les différentes offres politiques? haine de l'UMP, comme il put y avoir dans les années soixante haine du gaullisme chez les partisans de l'Algérie française? volonté de lancer un signal, une manière de dire : attention! plus rien ne va? ou, plus simplement, accord avec certains points du programme du FN sur l'Europe, le protectionnisme? On ne sait, mais c'est en tout cas un signe de désaffiliation croissante des électeurs qui ne se reconnaissent plus vraiment dans les catégories politiques.
Plus troublant, cet autre chiffre : 15% des électeurs de gauche auraient, comme dans l'élection dans l'Oise, reporté leur vote sur le candidat FN. Est-ce confusion mentale d'électeurs qui ne feraient plus la différence entre les différentes offres politiques? haine de l'UMP, comme il put y avoir dans les années soixante haine du gaullisme chez les partisans de l'Algérie française? volonté de lancer un signal, une manière de dire : attention! plus rien ne va? ou, plus simplement, accord avec certains points du programme du FN sur l'Europe, le protectionnisme? On ne sait, mais c'est en tout cas un signe de désaffiliation croissante des électeurs qui ne se reconnaissent plus vraiment dans les catégories politiques.
Espionnage de l'UE, de l'ambassade de France et de quelques autres alliés
Les Etats-Unis ont donc espionné leurs alliés les plus proches, posé des micros dans leurs ambassades, lu leurs courriels, écouté leurs conversations téléphoniques et celles de leurs citoyens. Les réactions sont vives en Europe. Cela choque semble-t-il moins aux Etats-Unis. On attend toujours la réaction de Barack Obama qui déçoit, décidément, chaque jour un peu plus. Même les défenseurs affichés (j'allais écrire professionnels) de la protection des données privées semblent prendre cela à la légère. Je pense à la réaction de Lauren Weinstein, l'un des fondateurs de People for Internet Responsibility, qui a fait profession de se battre contre les intrusions de l'industrie dans la vie privée de chacun. Il vient de publier sur son blog un post, False indignation and spy vs spy d'où il ressort :
- que les Etats-Unis ont toujours espionné ses alliés comme le prouve un article publié en 2000 dans le Wall Street Journal par un ancien directeur de la CIA : Why we spy on our allies, article qui rappelle que le programme Echelon avait alors soulevé la même indignation depuis bien retombée,
- que tous les pays font de même,
- que ce n'est en définitive pas si grave que cela.
Weinstein qu'on a connu mieux inspiré s'amuse de la réaction indignée des Européens et rappelle l'excellente bande dessinée "spy vs spy" qui fit les beaux jours de Mad Magazine dans les années soixante. On y voyait deux espions, l'un habillé en blanc, l'autre en noir, dont on ne savait à peu près rien, et surtout pas le pays pour lequel ils travaillaient, sinon qu'ils étaient passablement ridicules.
Le problème, et Lauren Weinstein devrait le savoir mieux qui quiconque, est que nous avons changé de monde, qu'avec le numérique on est passé d'un espionnage artisanal à un espionnage industriel, que toutes les communications, même les plus privées, peuvent être dorénavant interceptées par des services officiels mais aussi par des entreprises privées. Et que cela demande
- des moyens techniques considérables que tous les pays n'ont pas et ne peuvent pas avoir,
- des législations laxistes, peu soucieuses de la protection de la vie privée, ce qui est le cas aux Etats-Unis, ce qui l'est moins en Europe qui a échappé au Patriot Act.
Il n'y a qu'un point sur lequel Lauren Weinstein a raison, c'est lorsqu'il souligne que la NASA , ne devait guère s'inquiéter des retombées de la divulgation de l'espionnage des Européens pour l'avoir confié au collaborateur plutôt junior d'un lointain sous-traitant. Ce n'est pas le plus rassurant.
dimanche, juin 30, 2013
Etre patissier…
Joli reportage aujourd'hui sur la patisserie sur France. On y apprend que la patisserie française est la meilleure, qu'elle s'impose partout dans le monde, qu'il y faut, pour réussir, le sens du design, des produits de première qualité (joli détour par la fabrication d'un lait d'exception) et la capacité à assembler des saveurs. On y apprend que des écoles forment des patissiers venus d'un peu partout qui restent souvent en France. On y découvre surtout une étrange alliance pour le succès : l'apprentissage + le souci de l'excellence + la volonté de toujours innover, une recette déjà appliquée dans l'industrie du luxe.
Et si Hollande gagnait son pari sur l'emploi?
Depuis quelques jours, on entend un peu partout, de Jean-François Copé à Olivier Blanchard, des gens suggérer à mi-mot que François Hollande pourrait gagner son pari de voir la courbe du chômage s'inverser d'ici à la fin de l'année. Dans le Monde d'il y a deux jours, l'économiste en chef du FMI répondait au journaliste qui l'interrogeait :
Si tel devait être le cas, ce serait en tout cas une très belle victoire pour François Hollande et, au delà, le signe que les politiques ne sont pas complètement impuissants, qu'ils peuvent encore, pour peu qu'ils en aient la volonté faire évoluer les choses. De quoi faire reculer le pessimisme ambiant. Cela ne veut pas dire que François Hollande retrouvera des sondages heureux ni que le PS fera bonne figure lors des prochaines élections, on en est bien loin, mais cela changera, pour le mieux, l'atmosphère. Ce ne serait pas négligeable.
François Hollande annonce une baisse du chômage en France pour la fin de 2013. Est-ce réaliste ?C'est nouveau. Jusqu'alors tout le monde s'accordait à penser que ce serait impossible, que c'était irréaliste. Ce n'est pas fait malgré les dernières résultats encourageants de Pôle Emploi. Mais si cela était le cas, cela voudrait dire que le traitement social du chômage aura été efficace. On peut naturellement le critiquer, dire que cela coûte cher à la collectivité, que ce n'est pas une garantie d'emploi sur le long terme. Ce qui n'est pas faux. Mais que vaut-il mieux? Etre au chômage ou avoir un travail, un salaire et l'opportunité de se former à un métier et, mieux encore, à la discipline d'un emploi régulier?
Cela n'est pas certain, mais possible. Lors de nos prévisions d'avril, nous tablions sur un chômage qui se stabiliserait fin 2013. Depuis, on a plutôt eu des mauvaises nouvelles. Il se peut que le chômage augmente un peu plus longtemps. Mais la tendance est à la stabilisation, éventuellement à l'inversion.
Si tel devait être le cas, ce serait en tout cas une très belle victoire pour François Hollande et, au delà, le signe que les politiques ne sont pas complètement impuissants, qu'ils peuvent encore, pour peu qu'ils en aient la volonté faire évoluer les choses. De quoi faire reculer le pessimisme ambiant. Cela ne veut pas dire que François Hollande retrouvera des sondages heureux ni que le PS fera bonne figure lors des prochaines élections, on en est bien loin, mais cela changera, pour le mieux, l'atmosphère. Ce ne serait pas négligeable.
vendredi, juin 28, 2013
Cahuzac et son message
Il est plus que probable que c'était bien la voix de Jérôme Cahuzac que l'on entend dans l'enregistrement publié par Médiapart. Le fait qu'il se soit contenté de réponses dilatoires lorsque les députés l'ont interrogé là-dessus semble le suggérer. Et pourtant, que valent ces expertises vocales? Pas grand chose si j'en juge par ce qu'en disait en décembre dernier Jean Véronis, un spécialiste des technologies du langage dans son blog sous forme d'une lettre à celui qui était encore ministre :
Monsieur le Ministre, Je me permets de vous faire parvenir cette information qui peut vous être utile dans les circonstances actuelles. La plupart des chercheurs en technologies du langage considèrent que les expertises vocales manquent totalement de fiabilité en l'état actuel de la technique, et qu'elles peuvent difficilement aboutir à l'identification des individus — a fortiori quand les enregistrements sont de mauvaise qualité. Une pétition a même circulé il y a quelques années, lancée par la Société Française d'Acoustique et le Groupe Francophone de la Communication Parlée. Vous trouverez un exposé grand public de ce point de vue ici et un article par mes collègues Louis-Jean Boë et Jean-François Bonastre dans le Journal du Syndicat de la Magistrature (ici et là) : Ce sont, à mon sens, les meilleurs spécialistes français sur la question.Cahuzac n'a manifestement pas lu Véronis. Et maintenant qu'il a avoué cela n'a plus beaucoup d'importance, mais on aimerait que cette affaire permette de mettre en garde contre un excés de confiance à l'égard de ces expertises.
lundi, juin 17, 2013
Christine Lagarde : une si petite fille…
Le Monde d'aujourd'hui publie une "lettre d'allégeance" de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy trouvée dans les papiers de celle-ci lors de la perquisition que les enquêteurs ont réalisée à son domicile le 20 mars :
"Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement
1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.
2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon.
3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.
4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.
5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible.
Avec mon immense admiration. Christine L. "Que dire? Sinon que c'est au mieux terriblement puéril au pire légèrement ridicule et dans tous les cas un peu inquiétant : qui donc a aujourd'hui encore besoin d'un guide? On espère seulement qu'elle a gardé pour elle ce monument de littérature…
Hollande : incisif mais toujours plus réformiste
François Hollande avait rarement été aussi incisif qu'hier soir sur M6, mais rarement aussi il n'avait autant avancé sa vision réformiste de la politique. Qu'il s'agisse de fiscalité, des retraites ou du contrat de travail, pas question de faire table rase, de tout reprendre à zéro : cela ne sert à rien, c'est, dit-il dans une jolie formule, comme à l'opérette où l'on fait semblant de courir tout ne ne faisant que du surplace. Sans doute a-t-il raison. Dans des sociétés où toute mesure suscite l'opposition résolue de ceux qu'elle menace, il faudrait une révolution pour faire table rase. L'inconvénient est que cette méthode a un coût : la complexité. Si notre fiscalité est aujourd'hui aussi compliquée, si le droit du travail est devenu ce qu'il est avec la multiplication des contrats de toutes sortes, c'est qu'à force de refuser de faire table rase, on ajoute des rustines, on gomme ici, on ajuste là et l'on rend l'ensemble illisible, incompréhensible, ingouvernable et toujours plus à réformer. François Hollande fait penser à ces pilotes qui, pendant la guerre, conduisaient des bombardiers aux tableaux de bord si complexes qu'il leur arrivait de se perdre en mer faute de complètement maîtriser leur appareil.
jeudi, juin 13, 2013
Le retour des retraites
La question des retraites revient donc à l'ordre du jour et les débats reprennent dans les médias avec toujours ces mêmes figures un peu agaçantes :
- d'abord, le sourire satisfait, voire jubilatoire, de tous ceux qui nous expliquent que nous vivons depuis trop longtemps au dessus de nos moyens. On a l'impression d'une revanche sur la gauche, sur des décennies de luttes sociales qui donne à ces débats un ton souvent désagréable,
- ensuite, le coté terriblement abstrait de ces débats. On nous explique, à juste titre sans doute, qu'il faut allonger les durées de cotisation ou retarder l'âge de la retraite, mais comment concilier cela avec le chômage des seniors? avec la réalité de la maladie qui touche plus au delà de soixante ans? On nous donne l'exemple de retraités qui se remettent au travail. C'est très bien, mais pour qui est-ce que cela vaut? Et comment concilier cela avec la réforme du statut de l'auto-entrepreneur qui permettait à beaucoup de prolonger leur carrière dans les métiers du bâtiment?
- enfin, l'imprécision des données. On compare les situations du privé et du public pour souligner les avantages des fonctionnaires tout en oubliant que si la fonction publique d'Etat offre des pensions plus avantageuse en moyenne que le privé, ce n'est pas vrai de la fonction publique territoriale et que ces écarts tiennent aux populations : surtout des bac+5 dans la Fonction publique d'Etat (profs, catégorie A des ministères), des ouvriers et des employés dans la fonction publique territoriale…
Espérons que les débats entre experts dans les prochaine séances de concertation seront d'une meilleure tenue.
vendredi, juin 07, 2013
Pierre Maurroy est mort
Pierre Mauroy est mort à 84 ans. On l'avait peu vu ces derniers mois aux cotés de François Hollande. Etait-il déjà malade? Je l'ai croisé quelque fois dans des réunions. Je me souviens de sa haute stature (il y avait quelque chose d'imposant chez cet homme), de ses longues mains (les plus belles de la République disait alors une journaliste en vue, ce qui était sans doute excessif), de sa simplicité et de sa disponibilité, de cette manière un peu réservée qu'il avait d'aller au devant des autres. Un homme solide qui a fait une splendide carrière mais dont on devine qu'il ne pensait pas chaque matin en se rasant à autre chose qu'à son travail.
mardi, mai 28, 2013
Un FN pépère
Le Monde publie ce soir une image troublante, celle d'une réunion du Front National dans le midi. On y voit des vieux messieurs et une dame frigorifiée bien sages, les mains croisées devant leur braguette, de braves gens auxquels on donnerait le bon dieu sans confession. Rien à voir avec des nervis au crane rasé. On se demande, d'ailleurs, s'ils apprécieraient leur compagnie. Un peuple de braves gens un peu lourdauds et pleins de bon sens qui s'ennuient dans leur retraite paisible.
Même l'homme au micro, Steve Briois, le secrétaire général du FN a l'air d'un agent d'assurance fêtant l'ouverture d'une nouvelle agence. C'est en voyant des images comme celle-ci que l'on comprend mieux les succès à venir du FN dans le midi mais aussi probablement sa grande faiblesse : il ne fait plus peur et peut espérer de beaux succès électoraux, mais la France qui le soutient est vieillie, rassie, ennuyeuse. Elle n'a en tout cas rien à voir avec la jeunesses et le prolétariat révoltés qui ont fait le succès des fascistes avant-guerre. Plus que de fascisme ou de racisme, il faudrait parler à son propos du conservatisme d'une population vieillissante restée enfermée dans les certitudes d'il y a trente ans quand la France était blanche, le petit commerce florissant et les homosexuels discrets.
Même l'homme au micro, Steve Briois, le secrétaire général du FN a l'air d'un agent d'assurance fêtant l'ouverture d'une nouvelle agence. C'est en voyant des images comme celle-ci que l'on comprend mieux les succès à venir du FN dans le midi mais aussi probablement sa grande faiblesse : il ne fait plus peur et peut espérer de beaux succès électoraux, mais la France qui le soutient est vieillie, rassie, ennuyeuse. Elle n'a en tout cas rien à voir avec la jeunesses et le prolétariat révoltés qui ont fait le succès des fascistes avant-guerre. Plus que de fascisme ou de racisme, il faudrait parler à son propos du conservatisme d'une population vieillissante restée enfermée dans les certitudes d'il y a trente ans quand la France était blanche, le petit commerce florissant et les homosexuels discrets.
lundi, mai 27, 2013
Melenchon, Le Pen devraient regarder du coté du Japon
Ce soir, Le Monde consacre tout un article, assez amusant, aux problèmes de logement du Premiere Ministre japonais qui a refusé de s'installer dans les appartements qui lui sont réservés, préférant rester chez lui. Ce n'est pas inintéressant et je ne reprocherais certainement pas au Monde ce papier, mais… Mais je comprends moins que la politique économique (sur cette politique voir la chronique que je lui ai consacrée ici) que mène ce premier ministre basée sur la planche à billets, le retour de l'inflation pour relancer la consommation, la dévaluation du Yen et l'annonce d'une réforme des secteurs de l'économie protégés, soit, à peu de choses près (peu de choses, enfin pas tout à fait : il est plutôt pour le libre-échange et l'extrême-gauche plutôt pour le protectionnisme), le programme de Mélenchon. C'est d'autant plus surprenant que ses premiers résultats sont positifs : retour de la croissance et de la confiance des acteurs économiques. Mélenchon trouverait là, certainement, de l'eau pour son moulin. Et comme ce Premier Ministre se situe à la droite de la droite sur l'échiquier politique japonais pourrait nourrir l'argumentaire de Marine Le Pen. Mais voilà qu'ils soient très à droite, très à gauche ou entre les deux, nos politiques ne s'intéressent guère à ce qui se passe en dehors de nos frontières. Ils perdent de bons arguments (même si l'on peut craindre que la politique de ce premier ministre ne produise qu'un feu de paille).
vendredi, mai 17, 2013
Hollande choisit l'Europe
François Hollande a fait preuve, hier, d'une grande audace. Alors que, sondages après sondages, on découvre une opinion française de plus en plus sceptique, voire hostile à l'Europe, il a choisi d'aller de l'avant dans la construction européenne, de renforcer l'axe franco-allemand, de lui donner un contenu, un programme pour les deux années à venir : la création d'un gouvernement économique européen. Plus même, il a repris une idée d'Angela Merkel. Les réactions des opposants à l'Europe n'ont pas tardé. Témoin ces quelques lignes de Dupont-Aignan sur son blog :
Reste que ce choix est audacieux et qu'il impose qu'il engrange rapidement quelques victoires sur ce front. Pouvoir dire dans six mois ou un an que l'Europe a retrouvé du dynamisme grâce à la France contribuerait certainement à améliorer son image et à donner du ses à la cure de rigueur que sa politique nous impose.
PS Sa promesse de tenir une conférence de presse tous les six mois, promesse jusqu'à présent tenue, donne un rythme particulier à sa présidence. Elle l'oblige à redonner tous les six mois un coup d'accélérateur à sa politique. Est-ce un bon rythme? Saura-t-il le tenir?
Selon les observateurs il (François Hollande) n'aurait pas de cap. Aujourd'hui tout porte à croire le contraire. François Hollande sait parfaitement où il va, ou plutôt il suit avec docilité le chemin que d'autres lui indiquent. En commençant sa conférence de presse par une référence à la journée qu'il a passée la veille à Bruxelles, il ne laisse aucun doute sur qui dirige vraiment la France. Il est allé chercher sa feuille de route chez les Commissaires de Bruxelles et il compte bien l'appliquer pour l'an II de son quinquennat.Pourquoi ce choix qui va à l'encontre de l'opinion dominante? Sans doute parce qu'il a pris la mesure du rôle des instances européennes dans la gouvernance du pays et que mieux valait prendre la tête du mouvement (d'où ce sentiment qu'il donnait hier de prétendre au titre de moteur de l'Europe) si l'on voulait défendre ses intérêts. Peut-être aussi pour anticiper la campagne sur les élections européennes, donner un élan dans une élection que nombre d'observateurs donnaient déjà gagnée par le Front National. Peut-être, enfin, pour faire passer quelques décisions que refuse l'Allemagne (les Eurobonds…).
Depuis un an on pensait avoir René Coty à l'Elysée. En vérité c'est José Manuel Barroso.
Lors de sa conférence de presse, François Hollande a indiqué un cap très clair. Malgré ses échecs il continuera à confier toujours plus de pouvoir à l'Union européenne. Cette camisole de force qui empêche tous les gouvernements depuis 30 ans d'agir, il compte bien la serrer encore plus fort. Plutôt que de redonner à la France des marges de manœuvre pour sortir de la crise, il va paralyser encore un peu plus le pays en le mettant sous la férule d'incompétents et de corrompus.
Reste que ce choix est audacieux et qu'il impose qu'il engrange rapidement quelques victoires sur ce front. Pouvoir dire dans six mois ou un an que l'Europe a retrouvé du dynamisme grâce à la France contribuerait certainement à améliorer son image et à donner du ses à la cure de rigueur que sa politique nous impose.
PS Sa promesse de tenir une conférence de presse tous les six mois, promesse jusqu'à présent tenue, donne un rythme particulier à sa présidence. Elle l'oblige à redonner tous les six mois un coup d'accélérateur à sa politique. Est-ce un bon rythme? Saura-t-il le tenir?
mercredi, mai 01, 2013
L'autorité de François Hollande
Rien n'y fait, la critique revient en boucle : François Hollande manquerait d'autorité. Affaire, dit-on de personnalité. Trop fin tacticien, soucieux de toujours maintenir plusieurs fers au feu, il en oublierait de trancher. Critique étonnante quand on voit comment il fait avancer des dossiers qui prennent de front sa majorité, que ce soit sur la productivité ou la transparence des élus, l'opposition, comme sur le mariage pour tous, ou encore les syndicats avec l'accord national interprofessionnel (ANI). Il sait manifestement où il va et ne change pas, malgré les apparences, de route. Pourquoi, alors cette impression récurrente de manque d'autorité?
Cela tient pour une part, sans doute, à sa bonhommie naturelle et à son allure de bon médecin de province. Il n'a, ni dans son physique ni dans ses propos, le tranchant d'un Sarkozy, la distance d'un Mitterrand ou d'un Giscard, le charisme et la vigueur virile d'un Chirac.
Pompidou n'avait rien de tout cela et pourtant personne ne critiquait cependant son manque d'autorité. Mais le contexte, les institutions et le processus qui l'ont menés à la Présidence étaient différents.
Le quinquennat a modifié bien plus qu'on ne l'imaginait le fonctionnement de notre système politique. Le premier ministre a cessé d'être le paravent qui protégeait le Président et lui permettait, en en changeant dans les cas les plus graves ou en sifflant la fin de la récréation dans les cas plus légers, de reprendre la main lorsque la majorité s'agitait un peu trop. Le Président est aujourd'hui en première ligne sur tout. Il doit entrer dans le détail des dossiers et s'engager personnellement. Il ne peut plus reculer sans perdre aussitôt la face. C'est tout le dispositif qui construisait l'autorité du Président, qui le mettait à l'abri du quotidien qui est tombé.
Le quinquennat a, de fait, cassé le système des godillots qui a si longtemps marqué la cinquième République. Un "système godillot" ne fonctionne que si on laisse aux élus des marges de liberté qui leur permettent de se singulariser sans que cela ait de conséquences pour l'exécutif. Ce n'est plus vrai lorsque le Président est sur tout ou presque en première ligne. Un député ne peut plus aujourd'hui faire entendre une voix un peu différente sans aussitôt s'opposer à lui.
Le mécanisme des primaires qui a porté François Hollande au pouvoir a également contribué à affaiblir son autorité. Hier, les candidats s'emparaient du parti de manière brutale, à la suite d'un coup d'Etat (De Gaulle, Chirac contre Chaban), d'un assassinat du père (Pompidou, Sarkozy). Ils écrasaient leurs adversaires (Mitterrand et Rocard, Sarkozy et Juppé) qui n'avaient plus de poids politique. Leur parole ne portait plus : ils étaient dominés. Les primaires ont changé tout cela : Montebourg et Valls ont acquis une légitimité qui les autorisent à se projeter dans le futur, à se considérer comme des alter-ego du Président, à affirmer des positions qui ne sont pas les siennes et à être écoutés.
Hollande peut-il renverser cette situation? Ce n'est pas certain. Peut-être pourrait-il tenter de proposer une vision de la société française qui s'impose à tous et le situe au dessus de la mêlée. En bon pragmatique, il a préféré mettre en avant sa boite à outils. Reste à espérer qu'elle donne rapidement des résultats convaincants.
Cela tient pour une part, sans doute, à sa bonhommie naturelle et à son allure de bon médecin de province. Il n'a, ni dans son physique ni dans ses propos, le tranchant d'un Sarkozy, la distance d'un Mitterrand ou d'un Giscard, le charisme et la vigueur virile d'un Chirac.
Pompidou n'avait rien de tout cela et pourtant personne ne critiquait cependant son manque d'autorité. Mais le contexte, les institutions et le processus qui l'ont menés à la Présidence étaient différents.
Le quinquennat a modifié bien plus qu'on ne l'imaginait le fonctionnement de notre système politique. Le premier ministre a cessé d'être le paravent qui protégeait le Président et lui permettait, en en changeant dans les cas les plus graves ou en sifflant la fin de la récréation dans les cas plus légers, de reprendre la main lorsque la majorité s'agitait un peu trop. Le Président est aujourd'hui en première ligne sur tout. Il doit entrer dans le détail des dossiers et s'engager personnellement. Il ne peut plus reculer sans perdre aussitôt la face. C'est tout le dispositif qui construisait l'autorité du Président, qui le mettait à l'abri du quotidien qui est tombé.
Le quinquennat a, de fait, cassé le système des godillots qui a si longtemps marqué la cinquième République. Un "système godillot" ne fonctionne que si on laisse aux élus des marges de liberté qui leur permettent de se singulariser sans que cela ait de conséquences pour l'exécutif. Ce n'est plus vrai lorsque le Président est sur tout ou presque en première ligne. Un député ne peut plus aujourd'hui faire entendre une voix un peu différente sans aussitôt s'opposer à lui.
Le mécanisme des primaires qui a porté François Hollande au pouvoir a également contribué à affaiblir son autorité. Hier, les candidats s'emparaient du parti de manière brutale, à la suite d'un coup d'Etat (De Gaulle, Chirac contre Chaban), d'un assassinat du père (Pompidou, Sarkozy). Ils écrasaient leurs adversaires (Mitterrand et Rocard, Sarkozy et Juppé) qui n'avaient plus de poids politique. Leur parole ne portait plus : ils étaient dominés. Les primaires ont changé tout cela : Montebourg et Valls ont acquis une légitimité qui les autorisent à se projeter dans le futur, à se considérer comme des alter-ego du Président, à affirmer des positions qui ne sont pas les siennes et à être écoutés.
Hollande peut-il renverser cette situation? Ce n'est pas certain. Peut-être pourrait-il tenter de proposer une vision de la société française qui s'impose à tous et le situe au dessus de la mêlée. En bon pragmatique, il a préféré mettre en avant sa boite à outils. Reste à espérer qu'elle donne rapidement des résultats convaincants.
mercredi, avril 24, 2013
Bref, c'est mon outil de travail qui s'en va!
On peut parler de la crise de la presse de mille manières, mais c'est dans le catalogue d'une exposition suisse d'une exposition d'un peintre parisien, Jean-François Dubreuil, que j'ai trouvé la plus originale et, sans doute, la plus pertinente.
Ce peintre s'est fait une spécialité de réaliser des tableaux en exploitant les unes de la presse selon un protocole très sophistiqué qui lui fait attribuer des couleurs aux surfaces selon leur destination (publicité, titres, textes, photographies…). Ce pourrait être de l'abstraction (cela y ressemble), mais on est bien plus dans un mode de représentation, d'imitation de la nature au sens d'Aristote pour lequel, on s'en souvient, l'imitation est aussi une forme de connaissance.
Dubreuil termine l'entretien qui ouvre ce beau catalogue par ces mots : "bref, c'est mon outil de travail qui s'en va!" ll fait allusion à la banalisation des unes qui se ressemblent de plus en plus depuis que les éditeurs utilisent la PAO et à la difficulté, toujours plus grande, de trouver des journaux étrangers ou régionaux dans les kiosques qui disparaissent.
La presse quotidienne disparait lentement de notre horizon et pas seulement parce que les journaux se vendent moins, mais aussi, comme le suggère avec force Jean-François Dubreuil, parce qu'ils perdent lentement mais sûrement leur identité.
mardi, avril 23, 2013
Crise politique?
Les multiples manifestations contre le mariage pour tous ont montré la formidable faiblesse de la droite parlementaire qui s'est laissée entraîner dans un combat d'arrière-garde, réactionnaire, qui n'aurait pas du être le sien. Tirée vers la tradition par une église catholique qui s'est renfermée sur ses derniers fidèles et des prêtres vieillissants, entraînée vers l'extrême-droite par des groupuscules intégristes, elle s'est laissée aller à contester le droit d'une majorité et d'un président fraîchement élus à faire passer des textes depuis longtemps annoncés au Parlement. Que reste-t-il de la démocratie parlementaire si une majorité toute nouvelle est contestée jusque dans son droit de voter des textes ?
Cette crise était annoncée depuis longtemps. Elle date, pour l'essentiel, de l'instauration du quinquennat qui a bouleversé nos institutions en mettant le Président en première ligne sur à peu près tous les sujets. A quoi sert un Premier Ministre dans ce contexte? Il ne peut plus jouer le rôle de fusible, comme on l'avait observé avec Nicolas Sarkozy et comme le confirme l'expérience de François Hollande. Elle a été renforcée par les multiples affaires de corruption, de Marseille à Karachi, qui, bien plus que les mensonges de Jérôme Cahuzac, ont mis en évidence les dérives de notre système.
Plusieurs politiques en ont depuis longtemps l'intuition. Je pense à Montebourg et Mélenchon qui parlent de VIème République, mais aussi à Ségolène Royal qui militait pour une démocratie participative. Il faut réformer nos institutions. François Hollande qui l'apprend aujourd'hui à ses dépens s'il ne le savait déjà, a entrepris de le faire : la transparence, la lutte contre le cumul des mandats, la réforme de la décentralisation s'inscrivent bien dans cette logique, mais tout cela se fait dans de mauvaises conditions :
François Hollande a bien, pour reprendre son expression, une boite à outils, mais on a l'impression qu'il lui manque le plan d'ensemble qui lui permettrait de donner du sens à ces différents projets et de mieux les faire passer. Il faut dire, à sa décharge, que l'on ne voit pas bien qui possède ce type de plan. Les constitutionnalistes et théoriciens de la chose politique qui seraient en mesure de faire des propositions sont silencieux ou inaudibles. L'opposition qui devrait être porteuse d'idées est aussi atone (plus peut-être même) que le PS. Quant à l'extrême-gauche on ne voit pas bien qui, en dehors de Mélenchon a réfléchi à la question. La crise économique n'arrange rien puisque toute proposition de révision constitutionnelle majeure (de référendum sur le sujet, par exemple) ne pourrait passer que pour diversion et risquerait donc d'être retoquée pour cela même.
A défaut de révision ou de projet de révision, on risque donc de voir le Président condamné, à l'instar d'Obama incapable de faire passer des textes aussi évidents que celui sur le contrôle des armes, à négocier en permanence avec ses ministres, sa majorité, à rogner ses ambitions pour satisfaire tel ou tel groupe attaché à ses avantages particuliers.
L'attitude de la droite sur le mariage pour tous lui donnerait l'occasion de frapper fort, d'expliquer pourquoi nos institutions ne fonctionnent plus, pourquoi il faut les faire évoluer, pourquoi il faut rendre les élus plus représentatifs de la population, donner le droit de vote aux étrangers, rendre aux abstentionnistes la possibilité de s'exprimer, imaginer d'autres modes de consultation que le vote aux municipales ou législatives pour toute une série de sujets qui intéressent directement les citoyens… Il lui faudrait pour cela une vision de ce que devrait être une nouvelle République qui lui manque probablement.
Cette crise était annoncée depuis longtemps. Elle date, pour l'essentiel, de l'instauration du quinquennat qui a bouleversé nos institutions en mettant le Président en première ligne sur à peu près tous les sujets. A quoi sert un Premier Ministre dans ce contexte? Il ne peut plus jouer le rôle de fusible, comme on l'avait observé avec Nicolas Sarkozy et comme le confirme l'expérience de François Hollande. Elle a été renforcée par les multiples affaires de corruption, de Marseille à Karachi, qui, bien plus que les mensonges de Jérôme Cahuzac, ont mis en évidence les dérives de notre système.
Plusieurs politiques en ont depuis longtemps l'intuition. Je pense à Montebourg et Mélenchon qui parlent de VIème République, mais aussi à Ségolène Royal qui militait pour une démocratie participative. Il faut réformer nos institutions. François Hollande qui l'apprend aujourd'hui à ses dépens s'il ne le savait déjà, a entrepris de le faire : la transparence, la lutte contre le cumul des mandats, la réforme de la décentralisation s'inscrivent bien dans cette logique, mais tout cela se fait dans de mauvaises conditions :
- en ordre dispersé, au coup par coup, sans véritable ligne directrice qui donnerait du sens à l'ensemble de ces réformes, dans l'urgence (moralisation de la vie politique) ou dans la reculade (droit de vote des étrangers, décentralisation),
- face à l'opposition de la majorité des parlementaires auxquels on demande d'abandonner plusieurs de leurs "privilèges", ce qu'ils ne feront certainement pas de gaité de coeur.
François Hollande a bien, pour reprendre son expression, une boite à outils, mais on a l'impression qu'il lui manque le plan d'ensemble qui lui permettrait de donner du sens à ces différents projets et de mieux les faire passer. Il faut dire, à sa décharge, que l'on ne voit pas bien qui possède ce type de plan. Les constitutionnalistes et théoriciens de la chose politique qui seraient en mesure de faire des propositions sont silencieux ou inaudibles. L'opposition qui devrait être porteuse d'idées est aussi atone (plus peut-être même) que le PS. Quant à l'extrême-gauche on ne voit pas bien qui, en dehors de Mélenchon a réfléchi à la question. La crise économique n'arrange rien puisque toute proposition de révision constitutionnelle majeure (de référendum sur le sujet, par exemple) ne pourrait passer que pour diversion et risquerait donc d'être retoquée pour cela même.
A défaut de révision ou de projet de révision, on risque donc de voir le Président condamné, à l'instar d'Obama incapable de faire passer des textes aussi évidents que celui sur le contrôle des armes, à négocier en permanence avec ses ministres, sa majorité, à rogner ses ambitions pour satisfaire tel ou tel groupe attaché à ses avantages particuliers.
L'attitude de la droite sur le mariage pour tous lui donnerait l'occasion de frapper fort, d'expliquer pourquoi nos institutions ne fonctionnent plus, pourquoi il faut les faire évoluer, pourquoi il faut rendre les élus plus représentatifs de la population, donner le droit de vote aux étrangers, rendre aux abstentionnistes la possibilité de s'exprimer, imaginer d'autres modes de consultation que le vote aux municipales ou législatives pour toute une série de sujets qui intéressent directement les citoyens… Il lui faudrait pour cela une vision de ce que devrait être une nouvelle République qui lui manque probablement.
mardi, avril 16, 2013
Patrimoine des ministres et autres soufflets médiatiques
Qu'a--ton entendu sur les effets de la publication du patrimoine des ministres (et de, demain, celui des élus)? Voyeurisme, populisme, jalousie des Français qui ne comprendraient pas… Toutes balivernes que reprennent ce matin Libération et d'autres titres dans l'indifférence à peu près générale des citoyens. Qu'a-t-on appris? que les ministres sont plus riches que la moyenne des Français? On le devinait. Ce sont, en général, des gens de qualité, ambitieux, intelligents qui auraient, quelque métier qu'ils aient choisi, réussi à constituer un patrimoine supérieur à la moyenne. Que l'on ne faisait pas fortune en faisant de la politique? On le savait aussi. Sauf à être corrompus, députés et ministres ont des revenus comparables à ceux des cadres supérieurs ou des professions libérales, milieu auquel ils appartiennent du fait de leurs responsabilités et ceci quelles que soient leurs opinions.
On s'est rarement demandé si le même exercice dans un gouvernement de droite aurait donné d'autres résultats. Le plus probable est qu'il n'y aurait guère eu, à quelques exceptions près (héritiers) de grandes différences.
Pour le reste, on a appris que nos ministres ne sont guère passionnés par les voitures, qu'ils préférent l'immobilier aux actions (comme tous les Français qui investissent dans leur logement avant de constituer un portefeuille), qu'ils gèrent leurs comptes personnels avec plus ou moins de sérieux… Tout cela est terriblement banal. Mais les médias (et les politiques) en ont fait une affaire grave, allant jusqu'à évoquer la crise de régime. Oubliant que les Français sont plus raisonnables et plus lucides. Le pays n'est ni à feu ni à sang. Quelques excités manifestent contre le mariage pour tous et parlent de guerre civile? Ils menacent tout au plus de ridicule ceux qui les prennent au sérieux. D'autres, à l'autre bout du spectre politique, protestent contre l'austérité. Mais de quoi parlent-ils? Où sont les coupes dans les retraites? dans les dépenses de santé ou d'éducation? dans les aides sociales? En Espagne, en Grèce, en Italie, pas en France.
Affolés par l'effondrement de leurs ventes, journaux et magazines qui ne savent plus enquêter autrement qu'en commandant des sondages inventent crises sociales et politiques, là où il n'y a que cahots et soubresauts normaux en période de crise. C'est à qui annoncera le pire catastrophe. Inconsistants, ils tapent à bras raccourcis sur François Hollande, un jour il est trop mou, le lendemain trop dur, avant de s'en prendre à une opposition à terre. Sont-ils de droite? de gauche? Ont-ils des opinions? Sans doute, mais à la manière des girouettes. Il ne se passe pas de semaine qu'ils ne demandent une autre politique, les mêmes qui veulent que l'on coupe dans les dépenses demandent que l'on relance l'activité. C'est à n'y rien comprendre. Une seule chose est sûre : ce n'est pas comme cela qu'ils retrouveront des lecteurs.
On s'est rarement demandé si le même exercice dans un gouvernement de droite aurait donné d'autres résultats. Le plus probable est qu'il n'y aurait guère eu, à quelques exceptions près (héritiers) de grandes différences.
Pour le reste, on a appris que nos ministres ne sont guère passionnés par les voitures, qu'ils préférent l'immobilier aux actions (comme tous les Français qui investissent dans leur logement avant de constituer un portefeuille), qu'ils gèrent leurs comptes personnels avec plus ou moins de sérieux… Tout cela est terriblement banal. Mais les médias (et les politiques) en ont fait une affaire grave, allant jusqu'à évoquer la crise de régime. Oubliant que les Français sont plus raisonnables et plus lucides. Le pays n'est ni à feu ni à sang. Quelques excités manifestent contre le mariage pour tous et parlent de guerre civile? Ils menacent tout au plus de ridicule ceux qui les prennent au sérieux. D'autres, à l'autre bout du spectre politique, protestent contre l'austérité. Mais de quoi parlent-ils? Où sont les coupes dans les retraites? dans les dépenses de santé ou d'éducation? dans les aides sociales? En Espagne, en Grèce, en Italie, pas en France.
Affolés par l'effondrement de leurs ventes, journaux et magazines qui ne savent plus enquêter autrement qu'en commandant des sondages inventent crises sociales et politiques, là où il n'y a que cahots et soubresauts normaux en période de crise. C'est à qui annoncera le pire catastrophe. Inconsistants, ils tapent à bras raccourcis sur François Hollande, un jour il est trop mou, le lendemain trop dur, avant de s'en prendre à une opposition à terre. Sont-ils de droite? de gauche? Ont-ils des opinions? Sans doute, mais à la manière des girouettes. Il ne se passe pas de semaine qu'ils ne demandent une autre politique, les mêmes qui veulent que l'on coupe dans les dépenses demandent que l'on relance l'activité. C'est à n'y rien comprendre. Une seule chose est sûre : ce n'est pas comme cela qu'ils retrouveront des lecteurs.
dimanche, avril 14, 2013
Manifestations contre le mariage pour tous : une autre extrême-droite?
Les manifestations contre le mariage pour tous semble avoir donné à une nébuleuse d'extrême-droite aux marges du Front National, l'occasion de se retrouver, de se rassembler, de nouer des contacts et, qui sait? de préparer demain ensemble de nouveaux combats.
Cette seconde extrême-droite semble assez différente du Front National, moins laïque et républicaine que celui-ci, plus dans une ligne bourgeoise, conservatrice, voire raciste. On y retrouve des militants que le FN a exclus, des proches de l'UMP, militants de l'UNI, des intégristes, des identitaires, des anciens du GUD. On devine l'intérêt de la droite classique pour cette constellation qui, si elle se réunissait autour d'un leader, d'une organisation ou, plus simplement, d'une marque, pourrait gêner le Front National qui apparaît de plus en plus comme l'adversaire le plus sérieux de l'UMP.
Cette seconde extrême-droite semble assez différente du Front National, moins laïque et républicaine que celui-ci, plus dans une ligne bourgeoise, conservatrice, voire raciste. On y retrouve des militants que le FN a exclus, des proches de l'UMP, militants de l'UNI, des intégristes, des identitaires, des anciens du GUD. On devine l'intérêt de la droite classique pour cette constellation qui, si elle se réunissait autour d'un leader, d'une organisation ou, plus simplement, d'une marque, pourrait gêner le Front National qui apparaît de plus en plus comme l'adversaire le plus sérieux de l'UMP.
dimanche, avril 07, 2013
La DCRI s'en prend à Wikipedia
La fondation Wikimedia qui héberge Wikipedia en France a publié le 6 avril ce communiqué
L'objet de ces mesures d'intimidation serait la notice, présente depuis de nombreuses années, consacrée à la station radio de Pierre-sur-Haute utilisée pour les communications militaires. Notice très détaillée dont une traduction en anglais a aussitôt été mise en circulation sur le web. En voici quelques extraits :La DCRI a contacté début mars la Wikimedia Foundation, organisation à but non lucratif et hébergeur de Wikipédia, au sujet d’un article publié dans la Wikipédia en français et concernant une installation militaire française. La DCRI estimait que cet article portait atteinte au secret de la défense nationale, et exigeait la suppression immédiate de l’article. La Wikimedia Foundation a opposé un refus aux exigences de la DCRI, considérant qu’en l’état des informations qui lui étaient fournies, rien ne permettait de déterminer le caractère litigieux de l’article incriminé.La Wikimedia Foundation est habituée à collaborer sur requête judiciaire avec les autorités des différents pays de diffusion de Wikipédia. Elle reçoit des centaines de demandes de retrait de contenu chaque année, et coopère de son mieux pour régler ce genre de problèmes lorsque les requêtes sont claires et juridiquement motivées.Insatisfaite de cette décision, la DCRI a convoqué dans ses locaux, ce jeudi 4 avril 2013, un contributeur bénévole de Wikipédia, faisant partie des personnes ayant accès aux outils pour supprimer des pages sur l’encyclopédie. Ce bénévole a été contraint de supprimer devant les agents l’article incriminé, sous peine d’être placé sur le champ en garde à vue et mis en examen, et ce en dépit de ses explications sur le fonctionnement de Wikipédia. Devant les pressions exercées, il n’a pu faire autrement que de s’exécuter et de prévenir les autres administrateurs qu’ils risquaient le même traitement en cas de restauration de l’article. Ce bénévole n’a aucun rapport avec l’article incriminé : il n’est pas l’auteur du contenu de l’article concerné, et a découvert son existence dans les locaux de la DCRI.Ce bénévole a été visé et convoqué parce qu’il était facilement identifiable publiquement, par ses actions régulières de promotion de Wikipédia et des projets Wikimedia en France.
Cette notice est effectivement très précise. Ces informations doivent-elles rester confidentielles? Je suis incapable d'en juger, mais deux remarques s'imposent :The Pierre-sur-Haute station is controlled by the French Air Force and is a subsidiary of the Lyon – Mont Verdun Air Base, 80 km from the station. It is one of the four radio stations along France's north-south axis, in constant communication with the three others: Lacaune, Henrichemont and the Rochefort air base.[3] The station is mainly used for transmissions relating to the command of operational units. If French nuclear weapons (Force de Frappe) were used, the fire order may pass through this relay.[1]The station was part of the Commandement Air des Systèmes de Surveillance d’Information et de Communications (Air Command of Surveillance, Information and Communication Systems) since its creation on 1 June 1994, then, from 1 January 2006, of the Direction Interarmées des Réseaux d'Infrastructure et des Systèmes d'Information (Joint Direction of Infrastructure Networks and Information Systems).[3]The station is under the command of a major[4]. About twenty personnel are on-site, including electricians, mechanics, and cooks.[1][edit]Infrastructure
The station is situated on a 30-hectare site between the communes of Sauvain and Job, positioned over the border between the two departments of Loire and Puy-de-Dôme. The perimeter is surrounded by a high barrier of wood and metal. Military staff and employees arrive via helicopter or road. This road is closed to the public.[1][edit]Buildings
There are two concrete towers, some 30 metres high, that have been used since 1991 for radio transmission and reception. These are built to withstand the blast of a nuclear explosion.[1]Some buildings are used as garages and living quarters, complete with kitchen, dining room and bedrooms. They are linked together by tunnels, some 300 metres in total length, so as to avoid walking through thick snow in winter to move from one building to the other.[1][edit]Underground facilities
The most important part of the site is the underground part, used for transmissions dispatch: at a speed of 2 Mb/s, communications from the towers are analysed, then redirected to be transmitted as appropriate.[1]This part of the facility is supplied with chemical, biological, radiological, and nuclear defenses: concrete protection defended against electromagnetic pulses by a Faraday cage, positively pressured rooms, etc. The facility has independent water and power supplies.[1]
- en agissant de la sorte la DCRI s'est comportée comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il y avait d'autres manières, plus discrètes et moins brutales, d'obtenir la suppression de cette notice;
- en utilisant la manière forte, la DCRI n'aura réussi qu'à faire circuler une notice dont personne ne connaissait l'existence, perdue qu'elle était au milieu des dizaines de milliers de notices de Wikipedia, soit l'exact contraire de ce qu'elle souhaitait obtenir (ce phénomène, bien connu semble-t-il des animateurs de Wikipedia, s'appelle effet Streisand).
Cela s'appelle de la bêtise.
jeudi, avril 04, 2013
Affaire Cahuzac : Un tsunami? pas si sûr
Plusieurs lecteurs de ce blog m'ont reproché mon interprétation relativement "optimiste", comme dit James Brown, de l'affaire Cahuzac. Il est vrai qu'au vu des réactions de la presse française et internationale, mes analyses peuvent paraître décalées mais il me semble que la presse en fait un peu trop :
- ce n'est pas le premier scandale que nous connaissons. L'affaire de la DCN avec ses morts et les soupçons de financement de la campagne d'Edouard Balladur était certainement plus grave puisqu'elle impliquait non pas une personne mais plusieurs hauts personnages de l'Etat, or l'on a bien vu que l'opinion n'en a pas fait grand cas. Je ne serais pas surpris qu'il y ait un décalage entre les réactions de la presse et celles de l'opinion et qu'on ait dans quelques semaines oublié cette affaire,
- François Hollande est aujourd'hui en première ligne, mais ce scandale risque de toucher bien au delà du PS. Le Front National est déjà mis en cause et continuera sans doute de l'être s'il est vrai que l'on trouve dans l'entourage de Marine Le Pen des avocats qui se sont faits une spécialité de l'évasion fiscale (ou, pour employer leur vocabulaire, de la création de comptes à l'étranger). Le FN parait d'autant plus menacé qu'il est fort probable que Jean-Marie Le Pen a mis de coté beaucoup d'argent. Quant à l'UMP, combien de ses donateurs pratiquent l'évasion fiscale? La presse et la justice enhardies par ces premiers succès pourraient très bien, demain, se faire plus curieuses,
- le gouvernement et le Président de la République ont respecté à la lettre les institutions et laissé presse et justice faire leur travail, ce qui est l'essentiel, nouveau et devrait demain être porté à leur crédit,
- François Hollande a réagi rapidement et fermement. Je l'ai d'abord écouté à la radio et l'ai trouvé excellent. Je l'ai trouvé moins bon à la télévision, comme si son corps et son allure de bourgeois provincial le rendaient moins martial. Reste qu'il n'a ni traîné ni tergiversé.
Cette affaire fait aujourd'hui grand bruit. Elle tombe certainement au plus mal pour le gouvernement et le Président de la République. En faire un tsunami est certainement excessif.
Mise à jour : le monde de ce jour (daté du 5 avril) publie un texte de Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe du magazine genevois Bilan où l'on peut lire : "Souvenons-nous des comptes suisses de Jean-Marie Le Pen, dissimulés à la banque UBS, puis transférés chez Darier. C'est Pierrette Le Pen, son épouse, qui en a fait état à la presse suisse en 1997. Une enquête de Swissinfo en 2002 a même révélé le numéro du compte de M. Le Pen à l'UBS. Et on parlait alors de 8 millions d'euros, soit 13 fois plus que les avoirs de Jérôme Cahuzac. Pourtant, les autorités françaises n'ont pas, à ce jour, ouvert d'enquête à la suite de ces soupçons fondés, et n'ont pas demandé de renseignements à la Suisse." Ces comptes existent-ils toujours?
Mise à jour : le monde de ce jour (daté du 5 avril) publie un texte de Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe du magazine genevois Bilan où l'on peut lire : "Souvenons-nous des comptes suisses de Jean-Marie Le Pen, dissimulés à la banque UBS, puis transférés chez Darier. C'est Pierrette Le Pen, son épouse, qui en a fait état à la presse suisse en 1997. Une enquête de Swissinfo en 2002 a même révélé le numéro du compte de M. Le Pen à l'UBS. Et on parlait alors de 8 millions d'euros, soit 13 fois plus que les avoirs de Jérôme Cahuzac. Pourtant, les autorités françaises n'ont pas, à ce jour, ouvert d'enquête à la suite de ces soupçons fondés, et n'ont pas demandé de renseignements à la Suisse." Ces comptes existent-ils toujours?
mercredi, avril 03, 2013
Cahuzac : Un tournant dans le quinquennat?
François Hollande n'avait pas vraiment répondu, lors de sa précédente intervention télévisée, aux questions de David Pujadas sur son autorité ou, plutôt, son manque d'autorité. Il vient, par sa très courte et très martiale intervention dans la foulée des aveux de Jérôme Cahuzac, de monter tout à la fois sa rapidité de décision, sa détermination, sa volonté de poursuivre sur la voie tracée, sans faux-fuyant ni habiletés. Il a en quelques mots, tiré les conclusions de l'affaire, pris les devants et annoncé des mesures qui s'imposaient mais trainaient. Toutes qualités qu'il avait déjà déployées dans l'intervention au Mali mais qu'il applique aujourd'hui à la situation française.
Si dans les semaines qui viennent ces décisions sont suivies d'effets on ne pourra plus l'accuser de manquer d'autorité. Et, d'une certaine manière, ce sera un tournant dans le quinquennat. Un début, non pas de la reconquête de l'opinion mais d'une évolution de celle-ci découvrant enfin qu'il y a un pilote dans l'avion.
Si dans les semaines qui viennent ces décisions sont suivies d'effets on ne pourra plus l'accuser de manquer d'autorité. Et, d'une certaine manière, ce sera un tournant dans le quinquennat. Un début, non pas de la reconquête de l'opinion mais d'une évolution de celle-ci découvrant enfin qu'il y a un pilote dans l'avion.
mardi, avril 02, 2013
Cahuzac avait donc des comptes en Suisse et à Singapour
Il l'a reconnu : Jérôme Cahuzac avait donc bien des comptes en Suisse et à Singapour pour un montant de 600 000€, argent gagné auprès de laboratoires pharmaceutiques, somme trop importante pour ne pas attirer l'attention et inviter à des investigations plus approfondies : de quoi cet argent était-il le paiement?
C'est la tristesse qui l'emporte, on l'aurait préféré innocent, mais aussi une certaine stupéfaction : le même qui augmentait les impôts des plus riches avait mis sa fortune à l'abri, faisant exactement le contraire de ce qu'il jugeait bon pour les autres. Il est pris et seras sans doute condamné à une forte amende. Il le sait et l'espère peut-être. Le mot pardon qu'il a utilisé fait en tout cas penser qu'il éprouve de la honte. Mais de quelle honte s'agit-il? celle d'avoir placé son argent à l'abri du fisc? ou celle d'avoir menti aux parlementaires, à ses collègues, au Président de la République? On aimerait que ce soit les deux.
C'est la tristesse qui l'emporte, on l'aurait préféré innocent, mais aussi une certaine stupéfaction : le même qui augmentait les impôts des plus riches avait mis sa fortune à l'abri, faisant exactement le contraire de ce qu'il jugeait bon pour les autres. Il est pris et seras sans doute condamné à une forte amende. Il le sait et l'espère peut-être. Le mot pardon qu'il a utilisé fait en tout cas penser qu'il éprouve de la honte. Mais de quelle honte s'agit-il? celle d'avoir placé son argent à l'abri du fisc? ou celle d'avoir menti aux parlementaires, à ses collègues, au Président de la République? On aimerait que ce soit les deux.
dimanche, mars 31, 2013
Ue très nouvelle technologie : The Book
C'est une toute nouvelle technologie d'origine espagnole et, surtout, une très efficace parodie du langage commercial des Apple et autres acteurs du web.
jeudi, mars 28, 2013
Hollande : une intervention à tonalité libérale
Que retenir de la prestation de François Hollande de ce soir? Qu'il est compétent et qu'il connait sur le bout des doigts les dossiers, qu'il est habile (faire payer les 75% pour les salaires de plus de 1 million d'€ aux entreprises est une bonne manière de renvoyer les actionnaires à leurs responsabilité) mais aussi qu'il a entendu les entrepreneurs. Que ce soit sur le coût du travail qui doit diminuer du fait du pacte de productivité ou des efforts en matière de simplification administrative, il a touché juste et pris des positions d'inspiration libérale. Tiendra-t-il ses promesses? Pour le pacte de productivité sans doute. Pour la simplification, cela risque d'être plus difficile mais il a dans son équipe, parmi ses plus proches, un ministre, Michel Sapin qui connait bien le dossier.
Les premières réactions des commentateurs sont plutôt réservées (peu d'annonces, trop de mesures techniques, un satisfecit sur son action en Europe qui parait surjoué) mais il a montré une vraie détermination et donné quelques clefs de sa méthode (apaiser), de sa personnalité (habitué aux critiques, on a un moment compris qu'il les subissait depuis longtemps, très longtemps, si longtemps qu'il ne s'en préoccupe plus), mais aussi de sa volonté de respecter les institutions.
Patron? à plusieurs reprises, son interlocuteur lui a parlé de son manque d'autorité. On aura remarqué qu'il n'a cité aucun de ses ministres (sinon Fabius à propos des otages) et qu'il n'en a parlé que pour les mettre en garde et les avertir. Il était vraiment, ce soir, dans ses habits de Président qui décide et qui commande.
Une bonne prestation, donc, qui confirme ce que l'on savait déjà. Reste à vérifier qu'il saura mettre en branle les outils qu'il a, une nouvelle fois, décrits. Ils sont encore trop récents pour avoir donné leur mesure, mais il ne faudrait pas qu'ils tardent trop s'ils doivent effectivement contribuer à une inversion de la courbe du chômage.
Les premières réactions des commentateurs sont plutôt réservées (peu d'annonces, trop de mesures techniques, un satisfecit sur son action en Europe qui parait surjoué) mais il a montré une vraie détermination et donné quelques clefs de sa méthode (apaiser), de sa personnalité (habitué aux critiques, on a un moment compris qu'il les subissait depuis longtemps, très longtemps, si longtemps qu'il ne s'en préoccupe plus), mais aussi de sa volonté de respecter les institutions.
Patron? à plusieurs reprises, son interlocuteur lui a parlé de son manque d'autorité. On aura remarqué qu'il n'a cité aucun de ses ministres (sinon Fabius à propos des otages) et qu'il n'en a parlé que pour les mettre en garde et les avertir. Il était vraiment, ce soir, dans ses habits de Président qui décide et qui commande.
Une bonne prestation, donc, qui confirme ce que l'on savait déjà. Reste à vérifier qu'il saura mettre en branle les outils qu'il a, une nouvelle fois, décrits. Ils sont encore trop récents pour avoir donné leur mesure, mais il ne faudrait pas qu'ils tardent trop s'ils doivent effectivement contribuer à une inversion de la courbe du chômage.
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