Les multiples manifestations contre le mariage pour tous ont montré la formidable faiblesse de la droite parlementaire qui s'est laissée entraîner dans un combat d'arrière-garde, réactionnaire, qui n'aurait pas du être le sien. Tirée vers la tradition par une église catholique qui s'est renfermée sur ses derniers fidèles et des prêtres vieillissants, entraînée vers l'extrême-droite par des groupuscules intégristes, elle s'est laissée aller à contester le droit d'une majorité et d'un président fraîchement élus à faire passer des textes depuis longtemps annoncés au Parlement. Que reste-t-il de la démocratie parlementaire si une majorité toute nouvelle est contestée jusque dans son droit de voter des textes ?
Cette crise était annoncée depuis longtemps. Elle date, pour l'essentiel, de l'instauration du quinquennat qui a bouleversé nos institutions en mettant le Président en première ligne sur à peu près tous les sujets. A quoi sert un Premier Ministre dans ce contexte? Il ne peut plus jouer le rôle de fusible, comme on l'avait observé avec Nicolas Sarkozy et comme le confirme l'expérience de François Hollande. Elle a été renforcée par les multiples affaires de corruption, de Marseille à Karachi, qui, bien plus que les mensonges de Jérôme Cahuzac, ont mis en évidence les dérives de notre système.
Plusieurs politiques en ont depuis longtemps l'intuition. Je pense à Montebourg et Mélenchon qui parlent de VIème République, mais aussi à Ségolène Royal qui militait pour une démocratie participative. Il faut réformer nos institutions. François Hollande qui l'apprend aujourd'hui à ses dépens s'il ne le savait déjà, a entrepris de le faire : la transparence, la lutte contre le cumul des mandats, la réforme de la décentralisation s'inscrivent bien dans cette logique, mais tout cela se fait dans de mauvaises conditions :
François Hollande a bien, pour reprendre son expression, une boite à outils, mais on a l'impression qu'il lui manque le plan d'ensemble qui lui permettrait de donner du sens à ces différents projets et de mieux les faire passer. Il faut dire, à sa décharge, que l'on ne voit pas bien qui possède ce type de plan. Les constitutionnalistes et théoriciens de la chose politique qui seraient en mesure de faire des propositions sont silencieux ou inaudibles. L'opposition qui devrait être porteuse d'idées est aussi atone (plus peut-être même) que le PS. Quant à l'extrême-gauche on ne voit pas bien qui, en dehors de Mélenchon a réfléchi à la question. La crise économique n'arrange rien puisque toute proposition de révision constitutionnelle majeure (de référendum sur le sujet, par exemple) ne pourrait passer que pour diversion et risquerait donc d'être retoquée pour cela même.
A défaut de révision ou de projet de révision, on risque donc de voir le Président condamné, à l'instar d'Obama incapable de faire passer des textes aussi évidents que celui sur le contrôle des armes, à négocier en permanence avec ses ministres, sa majorité, à rogner ses ambitions pour satisfaire tel ou tel groupe attaché à ses avantages particuliers.
L'attitude de la droite sur le mariage pour tous lui donnerait l'occasion de frapper fort, d'expliquer pourquoi nos institutions ne fonctionnent plus, pourquoi il faut les faire évoluer, pourquoi il faut rendre les élus plus représentatifs de la population, donner le droit de vote aux étrangers, rendre aux abstentionnistes la possibilité de s'exprimer, imaginer d'autres modes de consultation que le vote aux municipales ou législatives pour toute une série de sujets qui intéressent directement les citoyens… Il lui faudrait pour cela une vision de ce que devrait être une nouvelle République qui lui manque probablement.
Cette crise était annoncée depuis longtemps. Elle date, pour l'essentiel, de l'instauration du quinquennat qui a bouleversé nos institutions en mettant le Président en première ligne sur à peu près tous les sujets. A quoi sert un Premier Ministre dans ce contexte? Il ne peut plus jouer le rôle de fusible, comme on l'avait observé avec Nicolas Sarkozy et comme le confirme l'expérience de François Hollande. Elle a été renforcée par les multiples affaires de corruption, de Marseille à Karachi, qui, bien plus que les mensonges de Jérôme Cahuzac, ont mis en évidence les dérives de notre système.
Plusieurs politiques en ont depuis longtemps l'intuition. Je pense à Montebourg et Mélenchon qui parlent de VIème République, mais aussi à Ségolène Royal qui militait pour une démocratie participative. Il faut réformer nos institutions. François Hollande qui l'apprend aujourd'hui à ses dépens s'il ne le savait déjà, a entrepris de le faire : la transparence, la lutte contre le cumul des mandats, la réforme de la décentralisation s'inscrivent bien dans cette logique, mais tout cela se fait dans de mauvaises conditions :
- en ordre dispersé, au coup par coup, sans véritable ligne directrice qui donnerait du sens à l'ensemble de ces réformes, dans l'urgence (moralisation de la vie politique) ou dans la reculade (droit de vote des étrangers, décentralisation),
- face à l'opposition de la majorité des parlementaires auxquels on demande d'abandonner plusieurs de leurs "privilèges", ce qu'ils ne feront certainement pas de gaité de coeur.
François Hollande a bien, pour reprendre son expression, une boite à outils, mais on a l'impression qu'il lui manque le plan d'ensemble qui lui permettrait de donner du sens à ces différents projets et de mieux les faire passer. Il faut dire, à sa décharge, que l'on ne voit pas bien qui possède ce type de plan. Les constitutionnalistes et théoriciens de la chose politique qui seraient en mesure de faire des propositions sont silencieux ou inaudibles. L'opposition qui devrait être porteuse d'idées est aussi atone (plus peut-être même) que le PS. Quant à l'extrême-gauche on ne voit pas bien qui, en dehors de Mélenchon a réfléchi à la question. La crise économique n'arrange rien puisque toute proposition de révision constitutionnelle majeure (de référendum sur le sujet, par exemple) ne pourrait passer que pour diversion et risquerait donc d'être retoquée pour cela même.
A défaut de révision ou de projet de révision, on risque donc de voir le Président condamné, à l'instar d'Obama incapable de faire passer des textes aussi évidents que celui sur le contrôle des armes, à négocier en permanence avec ses ministres, sa majorité, à rogner ses ambitions pour satisfaire tel ou tel groupe attaché à ses avantages particuliers.
L'attitude de la droite sur le mariage pour tous lui donnerait l'occasion de frapper fort, d'expliquer pourquoi nos institutions ne fonctionnent plus, pourquoi il faut les faire évoluer, pourquoi il faut rendre les élus plus représentatifs de la population, donner le droit de vote aux étrangers, rendre aux abstentionnistes la possibilité de s'exprimer, imaginer d'autres modes de consultation que le vote aux municipales ou législatives pour toute une série de sujets qui intéressent directement les citoyens… Il lui faudrait pour cela une vision de ce que devrait être une nouvelle République qui lui manque probablement.
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