mercredi, mars 31, 2010

L'anglais de l'Elysée est… admirable

On a beaucoup parlé de ce coté-ci de l'Atlantique, à l'occasion du voyage de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis, de son mauvais anglais, mais il a de qui tenir, si j'en juge par la version anglaise de son CV que le site de l'Elysée propose aux malentendants.


Sarkozy "in english" sur le nouveau site de l'Elysée
envoyé par Nouvelobs. - L'actualité du moment en vidéo.

mardi, mars 30, 2010

Changement climatique : les écologistes victimes des… écologistes?

Tout ce qui se passe autour du changement climatique a quelque chose de terriblement ironique. Pendant des années les écologistes technophobes (on me dit qu'ils ne le sont pas tous) nous ont expliqué qu'il fallait porter sur la place publique les questions techniques et scientifiques. Nucléaire, OGM, nanotechnologie méritaient un débat démocratique. Débat qu'il leur a été très difficile d'obtenir. Et voilà que sur un sujet sur lequel la science allait dans leur sens, la climatologie, le débat s'est installé à leurs dépens : le climato-scepticisme a fait ces dernières semaines des progrès foudroyants dans l'opinion. Il s'est installé comme ils auraient aimé que s'installât une critique du nucléaire, des nano-technologies, en public, à la télévision.

Or, on voit bien avec ces discussions sur le climat tous les défauts de cette discussion publique de questions scientifiques. Elle donne à quelques savants, réputés dans leur domaine qui n'est pas celui de la climatologie, la possibilité de contester, du haut de leur vraie-fausse légitimité scientifique, les résultats de leurs collègues. De le faire à la télévision leur donne un avantage considérable : on leur accorde 50% du temps d'audience (il faut bien que le débat soit équilibré), ce qui exagère considérablement leur importance ; on le fait devant une audience incapable de juger de la validité des arguments dans des discussions animées par des journalistes qui ne sont pas mieux capables de faire le tri entre le vrai et le faux. Ces mêmes discussions dans des enceintes scientifiques leur seraient beaucoup moins favorables.

Cette expérience nous rappelle une chose simple : les questions scientifiques ne relèvent pas du débat démocratique, encore moins de sa parodie télévisée, elles relèvent de procédures propres à la communauté scientifique. Le politique a son mot à dire, mais dans son champ qui n'est certainement pas celui de la vérité.

On aimerait (mais ce n'est qu'un brouillon) que les écologistes en prennent de la graine.

lundi, mars 29, 2010

La ministre et le capitaine

Thierry Desjardins, qui vient d'ouvrir un blog qui en dit  beaucoup sur l'exaspération des chiraquiens pur sucre, compare le sort de Chantal Jouanno et de ce malheureux capitaine de gendarmerie révoqué pour avoir critiqué le rapprochement de son arme et de la police. Sanction exemplaire pour un obscur fonctionnaire coupable d'avoir manqué au devoir de réserve, indulgence pour une ministre… Etrange manière de gouverner.

jeudi, mars 25, 2010

Un discours et Darcos à Versailles

Pris dans la tourmente de l'après-régionale, Nicolas Sarkozy a voulu rattraper les électeurs qui se sont éloignés, les médecins, les cultivateurs. Il l'a fait en promettant de la fermeté, des résultats et la poursuite des réformes. Et le même jour, nous apprenions que Xavier Darcos, le seul ministre sanctionné pour cause de défaite électorale, allait être nommé au chateau de Versailles. On nous a même expliqué qu'on lui avait proposé d'autres cadeaux d'adieu dont, si j'ai bonne mémoire, l'ambassade de France à Rome (ville qui ne doit plus avoir beaucoup de charmes aux yeux de nos dirigeants puisqu'il l'a refusée comme Christine Boutin avait refusé celle du Vatican). Comme si un ministre battu et chassé du gouvernement méritait une compensation!

Ce n'est pas grand chose, Xavier Darcos est plutôt sympathique, il fera peut-être un excellent Président de Versailles, mais comment ne pas voir, dans cette nomination précipitée, un aveu de faiblesse d'un Président qui ne réussit pas à trancher dans le vif et à prendre des décisions même lorsqu'elles sont injustes et désagréables. Il sait cependant être méchant, mais tout se passe comme s'il avait réservé toute sa hargne à Dominique de Villepin.

mercredi, mars 24, 2010

C'est l'emploi, stupide!

On connait tous la formule que Bill Clinton a utilisée dans sa campagne de 1992 : "It's the economy, stupid." On a envie de la reprendre et de l'adapter à la situation française. Nicolas Sarkozy semble avoir choisi de mettre l'accent sur les retraites pour des motifs qui laissent perplexes. Il ferait mieux de s'occuper de l'emploi.  C'est, aujourd'hui, ce qui préoccupe le plus les Français, qu'ils en aient un ou qu'ils n'en aient pas. Chacun devine que bien des questions que nous nous posons, déficit, retraites… seraient simplifiées si le chômage reculait.

La formule vaut pour le gouvernement, mais aussi pour la gauche qui augmenterait singulièrement ses chances de l'emporter aux prochaines élections présidentielles si elle se présentait avec un programme plausible en la matière.

Nul ne prétendra que c'est facile, mais pourquoi faudrait-il s'enthousiasmer pour un candidat si le gouvernement d'un pays était à la portée du premier venu?

lundi, mars 22, 2010

Les fondamentaux de la droite? Mais lesquels?

La semaine dernière, Rachida Dati parlait d'un nécessaire retour aux fondamentaux de la droite. Cette idée a été reprise hier soir par d'autres, notamment par Jean-François Copé. Mais qu'entendent-ils donc par là? Et ce retour à ces fondamentaux peut-il les aider?

La sécurité fait certainement partie de ces fondamentaux auxquels ils pensent, mais à trop en faire sans obtenir de résultats, on finit pas décevoir. Ce n'est pas en annonçant un durcissement des peines à chaque nouvelle affaire (comme encore la semaine dernière à l'occasion de l'assassinat de ce policier) que l'on améliore la sécurité.

Les vertus du travail et de l'effort? avec son discours sur les heures supplémentaires, Nicolas Sarkozy avait séduit une partie de la classe ouvrière. Celle-là même qui voit aujourd'hui ses emplois disparaître pour cause de crise. Mettre en avant la valeur travail (et taper donc, sur ceux qui veulent plus de temps libre) parait inadapté en ces temps de hausse continue du chômage. Cela risque de braquer contre la droite cette classe ouvrière qui sait bien que le chômage n'est pas volontaire.

Les valeurs traditionnelles, aujourd'hui exprimées par le refus de la burqa? C'est donner du grain à moudre au Front National à l'affût, prêt à plumer ce qu'il pourra de la volaille UMP. D'autant que les comportements personnels de Nicolas Sarkozy sont parfois tellement à l'opposé de ces valeurs traditionnelles qu'on doute qu'il soit le mieux à même de les exprimer.

La liberté d'entreprendre? Les mesures prises en faveur de l'auto-entrepreneuriat vont bien dans ce sens, mais en période de crise, les citoyens sont plutôt à la recherche d'un filet de sécurité que d'un tremplin pour sauter à l'aventure.

Les baisses d'impôt? C'est un thème classique à droite que Nicolas Sarkozy a maladroitement dilapidé avec son bouclier fiscal.

Reste le refus de l'ouverture. Mais qui croit vraiment que le départ de Kouchner et de quelques autres transfuges de gauche améliorera la situation de la droite?

Plutôt que de se soucier de ses fondamentaux, la droite devrait s'interroger sur ce qui a pu inciter son électorat traditionnel (cultivateurs, personnes âgées) à se détourner d'elle. Elle découvrirait que ses politiques sur les services publics (qui disparaissent à vitesse accélérée de nos campagnes), ses projets en matière de retraite et les comportements "peu conventionnels" de Nicolas Sarkozy sont pour beaucoup dans ce désamour. Ce sont les réformes qu'il faut mettre en cause. Et cela, c'est  certainement beaucoup plus difficile à accepter.

jeudi, mars 18, 2010

Y a-t-il vraiment une remontée du FN?

Dans un post publié lundi dernier, je mettais en doute la remontée du Front National (Régionales : les résultats en trompe-l'oeil du FN). D'autres partagent cette analyse minoritaire. C'est le cas de cet autre blog qui titre comme moi sur les résultats en trompe l'oeil du parti de Jean-Marie Le Pen. C'est celui de l'auteur de cette analyse publiée sur le site de Marianne (Le FN progresse surtout dans la tête des journalistes). C'est à peu de choses près celui d'Emmanuel Tood qui déclare dans l'interview qu'il a donné à Libé.

Il faut bien évidemment attendre les résultats du second tour pour mener des analyses plus fines, mais l'enjeu est d'importance.

La thèse de la remontée du Front National permet aux critiques de Nicolas Sarkozy d'enfoncer deux fois le clou :
- il avait entrepris de siphonner les voix du FN, cela lui a permis de gagner l'élection présidentielle, mais son opération n'aura réussi qu'une fois,
- le débat sur l'identité nationale a banalisé les thèses racistes du Front National et désinhibé des électeurs de droite qui auraient, en d'autres circonstances, hésité à voter pour une formation raciste,
Mais cette thèse peut aussi donner aux stratèges de l'UMP l'envie de durcir encore leur discours pour reconquérir cet électorat.

Penser, à l'inverse, que la remontée du Front National est moins importante que le suggèrent les pourcentages invite à regarder les choses autrement. Cela indiquerait :
- que la thématique de l'immigration n'est plus centrale à droite, ce que confirme, au delà des dérapages de ministres et élus de l'UMP, la consternation générale que ce débat a suscité dans l'opinion et, probablement (mais ce serait à vérifier), le changement des motivations pour voter à l'extrême-droite (ce n'est pas le racisme qui amène les ouvriers à voter FN, mais le désir de protectionnisme que ce parti est le seul à défendre, comme je l'ai déjà expliqué) ;
- que le problème principal de l'UMP et donc du gouvernement et de Nicolas Sarkozy est, moins de pencher à droite, que de reconquérir son électorat qui s'est abstenu et qui l'a fait pour protester contre des politiques qui le touchent directement : réforme des retraites, taxe carbone, réforme de l'ANPE qui ajoute du désordre au désordre, privatisation de la poste, TVA sociale, bouclier fiscal…) et des comportements qui le choquent profondément (casse toi pauvre con, bling-bling…).

Selon que l'on choisit l'une ou l'autre hypothèse, l'impact sur les politiques menées d'ici aux prochaines élections présidentielles promet d'être tout différent.

mercredi, mars 17, 2010

Accent, prononciation, élites, etc…

Une amie canadienne à laquelle je racontais comment l'accent des hautes classes britanniques avait évolué ces cinquante dernières années au point que quelqu'un qui parlerait aujourd'hui comme la reine Elizabeth dans les années cinquante passerait pour parler anglais avec un accent français me faisait remarquer que notre manière de parler le français a aussi évolué, que les élites avaient, depuis quelques années, pris la (mauvaise?) habitude de marquer les lettres doubles comme pour signaler qu'elles connaissaient l'orthographe. Remarque pertinente sauf que… Je viens de trouver dans un film de 1951 d'Isidore Isidore Isou, Le traité de bave et d'éternité, une prononciation du mot pellicule qui insiste sur le double l. Ce qui me fait penser que ce tic n'est pas si récent.

mardi, mars 16, 2010

Ainsi vont les rumeurs…

Il est très amusant de suivre la rumeur sur les relations chaotiques du couple Sarkozy/Bruni. Bien loin  de prendre la chose au tragique, chacun s'en amuse à sa manière, s'appliquant ainsi à la faire circuler, sans chercher à la vérifier (ce qui serait pourtant la moindre des choses). Ce matin Stéphane Guillon expliquait dans sa chronique que Nicolas Sarkozy passait ses nuits à s'entraîner au karaté (allusion à peine déguisée à la spécialité de Chantal Jouano avec laquelle on lui prête une aventure). Hier, un magazine style France-Dimanche dont j'ai oublié le titre, annonçait, en couverture que Carla Bruni se battait contre l'odieuse rumeur. Hier encore, des internautes s'amusaient d'une photo montrant Carla Bruni allant voter sous une grande affiche annonçant le prochain spectacle de Biolay, l'amant qu'on lui prête. Aujourd'hui un journal anglais se moque de sa mauvaise mine et de ses traits tirés. On a, à voir tout cela, bizarrement l'impression que plus personne n'y croit vraiment et ne s'en offusque. Le plus étonnant est sans doute qu'internet oblige, ce soient les médias étrangers, notamment anglo-saxons, qui en parlent le plus. Il est vrai que c'est plus amusant que de disserter sur le résultat des régionales.

L'Elysée a gardé le silence, il a raison. Si cette rumeur n'a aucun fondement, elle finira par disparaître d'elle-même. Et si notre couple présidentiel est vraiment sur le point de se séparer, plus personne ne sera surpris.

lundi, mars 15, 2010

Régionales : des résultats en trompe-l'oeil?

Et si ces résultats étaient en trompe-l'oeil? Y a-t-il vraiment, comme on le dit, remontée du Front National, ou effet statistique? Il suffirait que ses électeurs aient été déterminés à aller voter pour sanctionner Nicolas Sarkozy, quand des électeurs de droite déçus aient préféré rester chez eux pour que son score s'améliore mécaniquement. On peut tenir le même raisonnement pour la gauche. Pèse-t-elle vraiment 50% de l'électorat ou seulement 50% de cet échantillon biaisé? Le niveau élevé d'abstention invite à regarder ces résultats avec la plus extrême prudence.

Le scrutin de la semaine prochaine et les enquêtes que les instituts de sondage vont mener dans les semaines qui viennent nous éclaireront sans doute un peu plus sur cette question. Mais même s'il apparaît que le paysage politique a moins changé qu'on ne dit, cette élection est une défaite majeure du sarkozysme, tant sur le plan tactique (construire un parti unique de la droite) que sur le plan stratégique (détourner l'attention de la crise en lançant le débat sur l'identité nationale).

On a parlé de reconfiguration. Il sera intéressant de voir comment se distribuent les voix d'Europe Ecologie et du Front National sur le territoire, le premier étant semble-t-il plus urbain, quand l'autre maintient ses positions dans les zones rurales et semi-rurales, reprenant ainsi le vieux clivage entre une France des villes moderne tentée par un libéralisme modéré et une France des campagnes traditionnelle sensible au populisme interventionniste.

L'église, l'enfance, l'éducation

La tourmente pédophile qui a envahi l'église catholique a suscité le retour de la question du célibat des prêtres qui serait, d'après Hans Küng et bien d'autres, pour partie responsable des dérives de tant de prêtres. La plupart des débats semblent se focaliser sur cette question, qui devrait rester de l'ordre du droit canon (et est certainement plus complexe comme le montre Stéphane Joulain dans cette excellente libre-opinion publiée dans Le Monde. Il me semble qu'il en est une autre, qui mériterait plus de réflexion : la place de l'église catholique (mais aussi, sans doute, d'autres églises) dans l'éducation des enfants dans de nombreux pays. C'est, en effet, cette place qui est aujourd'hui directement mise en cause. Peut-on confier ses enfants à une institution qui les a si longtemps maltraités? sexuellement, comme le montrent toutes ces affaires de pédophilie, mais aussi physiquement.

On sait que le frère du pape a été accusé de violences à l'égard des enfants du choeur qu'il animait. Violences banales il n'y a pas si longtemps et dont j'ai trouvé, ce week-end, un nouveau témoignage dans un livre écrit pour sa famille et ses proches par un ami d'ami. Son auteur, Christian de Jonquières, qui n'a rien d'un révolutionnaire, bien au contraire, y raconte, sans s'appesantir, ses années de collège dans des institutions catholiques au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais ce qu'il raconte est édifiant : "C'est un régime strict qui sévit à Saint-François de Salles. Nous portons des galoches de bois à longueur d'année et mangeons des petits pois écrasés tous les jours, survivance d'une cargaison de conserves américaines (…) le chauffage ne fonctionne plus et il n'est pas rare de devoir casser de la glace dans les bacs sanitaires au petit matin. (…) En hiver, l'indiscipline est punie de tours de piscine, un bassin détruit par les bombes en 1944 mais auquel les pères jésuites donnent une nouvelle utilité : à chaque passage devant le surveillant, nous recevons un coup de règle en acier sur les doigts." (C. de Jonquières, Tenir, ne pas faillir, La septième page).

La violence était chose courante dans les écoles catholiques dans les années cinquante (bien plus que dans les écoles publiques qui ne l'ignoraient pas non plus). Sa révélation va ajouter au discrédit de l'Eglise catholique dans un domaine majeur pour elle. L'école était en effet, dans beaucoup de pays et de milieux, la source de son pouvoir sur les âmes qu'elle formait. C'est cela qui est en jeu dans toutes ces affaires. Bien plus que le célibat des prêtres.

dimanche, mars 14, 2010

Elections régionales : vues des Etats-Unis

Art Goldhammer vient de publier un intéressant essai sur les élections régionales. Il l'écrit alors que les bureaux de vote ne sont pas ouverts, ce qui lui ajoute un certain charme. 
Cet essai nous donne une vision d'ailleurs de notre vie politique, vision d'un observateur qui s'y intéresse plus que la majorité des Français. Plusieurs de ses analyses me paraissent pertinentes, notamment sur ce qu'il dit du Modem et du NPA :  "MoDem and NPA were essentially vehicles of their leaders, which were propelled by the perception that the best way to stop an hyperprésident was to find anhyperopposant: a strong personality with a potent media presence capable of giving voice to voter discontent. I'm not sure that either Bayrou or Besancenot ever really filled that role. Both emerged faute de mieux. Bayrou became the choice of desperate voters convinced at the last minute that Royal was not going to be able to stop Sarkozy. Besancenot expanded briefly into the vacuum left by the Socialist collapse and was further inflated by the media. Neither has proved persuasive in the longer run." A une nuance près : je ne crois pas que les voix de Bayrou aient été le fait d'électeurs qui craignaient que Ségolène Royal ne puisse arrêter Nicolas Sarkozy mais plutôt d'électeurs de gauche qui ne voulaient pas de Ségolène Royal pour différents motifs, le premier étant sans doute sa personnalité incontrolable.
Je suis moins en accord avec ce qu'il dit d'Europe Ecologie : "Of course neither (of its leaders, Cohn-Bendit & Duflot)is un présidentiable (though Duflot might become one), and that is the problem for Europe Écologie in the longer run. The Fifth Republic is, like it or not, a presidential system, and a third force means little at the national level unless it can contend in the presidential arena." Plutôt qu'un problème, je dirais que c'est une chance. Art ne mesure sans doute pas combien nous sommes agacés par cette "présidentialite" qui a saisi tous nos politiques, même les plus improbables, et révèle à nu leurs ambitions, comme si nous étions là, nous électeurs, pour satisfaire les ambitions des uns ou des autres.  Je dirai même que cette présidentialite est pour beaucoup dans la désaffection des électeurs. Qui peut vraiment prendre au sérieux les combats entre Villepin et Copé pour succéder à Sarkozy ou à ceux entre Vals, Moscovici & alii pour s'imposer face à Ségolène Royal, Laurent Fabius ou Martine Aubry?
Bien loin d'être un handicap, l'absence de présidentiable donne à Europe Ecologie la possibilité de travailler, de mener campagne sur des sujets qui intéressent plutôt que sur des personnalités. Et c'est ce dont nous avons besoin.
La nature ayant horreur du vide, les écologistes trouveront d'ici les prochaines échéances présidentielles, quelqu'un pour porter leur drapeau, mais le plus tard sera le mieux.  Ne serait-ce que parce que leurs idées ne font plus l'unanimité et commencent à cliver assez profondément la société. Le temps de l'unanimisme écologique est sans doute en train de passer. Ils ont intérêt à se battre sur le terrain des idées s'ils veulent avoir une chance de participer au pouvoir autrement qu'en faisant de la configuration.


jeudi, mars 11, 2010

Longuet : le communautarisme en marche

En disant qu'il valait mieux nommer quelqu'un du "corps français traditionnel" plutôt que Malek Boutih à la tête de la Halde, Gérard Longuet a fait bien pire que Hortefeux et ses blagues imbéciles. Et à l'accuser de racisme, ce dont il n'est probablement pas plus coupable que beaucoup d'autres, la gauche commet une erreur. Longuet, d'une seule phrase, a fait considérablement avancer la cause de ce communautarisme dont ses amis politiques accusent en permanence les musulmans et les gens des quartiers pauvres.

Il a, d'abord, inventé une communauté, celle du "corps français traditionnel", communauté aux frontières mal définies, puisqu'il semble qu'elle comprend les enfants d'Italiens et Marocains, mais pas semble-t-il ceux d'Algériens.

Il a, ensuite, imaginé une nouvelle méthode de sélection des responsables d'institutions publiques : non plus la compétence, la légitimité, l'expérience… mais l'origine ethnique. Il y a des postes qui seraient interdits aux enfants d'immigrés d'Afrique du Nord parce qu'originaires d'Afrique. Ses propos étaient sans équivoque :  "La Halde, cela veut dire que c'est la France qui s'ouvre aux populations nouvelles. Schweitzer, c'est parfait ! Un vieux protestant, parfait ! La vieille bourgeoisie protestante, parfait !" ; "Si vous mettez quelqu'un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l'opération".

Cela existe ailleurs. Au Liban, par exemple. Mais nous avions jusqu'à présent échappé à cela.

Devant le scandale, Gérard Longuet a parlé de maladresse. Mais en est-ce une? N'est-ce pas plutôt une idée qui fait son chemin dans quelques têtes. Et pas forcément dans celles des plus racistes. Parce que lorsque Longuet dit que "que c'est la France qui doit s'ouvrir à l'extérieur",  il n'a pas tort.

mercredi, mars 10, 2010

Une rumeur, un mariage, un amant, une maitresse…

C'est en lisant le blog de l'excellent Arthur Godhammer qui écrit sur la France depuis les Etats-Unis que j'ai eu vent de la rumeur sur les amours extra-conjugales de Nicolas et Carla, rumeurs qui font la une d'une certaine presse américaine et qu'aurait publiées le Journal du Dimanche.

Je n'en dirai pas plus, chacun faisant en la matière ce qu'il souhaite sinon qu'il y a quelques années, cette rumeur aurait mis un certain temps à circuler, aurait fait les délices des dîners mondains avant de redescendre lentement les échelons de la société jusqu'à finir dans les cafétérias des entreprises. Ce temps béni où l'on pouvait se régaler d'en savoir un peu plus que les autres est terminé. Nous sommes les derniers informés. Ce qui ne nous empêchera pas, lors de nos prochains dîners, de rire sous cape, d'y voir l'occasion d'ajouter un peu de sel à ce qui est devenu l'un des jeux favoris des Parisiens : l'anti-sarkozysme primaire, basique, brutal. Mais de là à les condamner…

Poste : une réforme qui éloigne les clients?

Je m'étais il y a quelques semaines moqué de la nouvelle organisation des bureaux de poste (La poste innove et redécouvre les guichets des années 60). Je réagissais alors au démarrage un peu chaotique de cette réforme dans l'un des bureaux de postes que je fréquente régulièrement à Paris, rue des Saint-Pères. Depuis mes craintes de voir se multiplier les queues se sont révélées fausses. Ces bureaux de postes renouvelés sont presque toujours vides. Il n'est pas rare d'y croiser plus de postiers que de clients. Intrigué, j'ai interrogé ce matin un des agents qui m'a confirmé la chute de la fréquentation. Celui du boulevard Raspail qui recevait en moyenne 600 visiteurs par jour n'en reçoit plus que de 450 à 500. La chute serait plus prononcée encore rue des Saints-Pères. Son explication : cette organisation qui fait une large place aux automates chasse une partie des clients. J'imagine qu'on peut en avancer d'autres (transfert d'une série d'opérations sur internet, transfert du courrier d'entreprise vers d'autres opérateurs, concurrence du courrier électronique, modification des comportements des clients…). La réorganisation aurait pu, dans ces conditions, n'être qu'un révélateur d'une tendance de fond Mais on peut craindre, si elle se confirme, une modification en profondeur du réseau qui conduira, sous couvert d'optimisation, à la fermeture de bureaux ou, plutôt, à leur transformation en bureaux automatiques à l'image de ce que l'on voit d'ores et déjà dans de nombreuses banques.

lundi, mars 08, 2010

La fin des cotisations sociales sur les saisonniers…

Nicolas Sarkozy a donc annoncé au Salon de l'Agriculture que les employeurs ne paieraient plus de cotisations sociales pour les saisonniers. Ce qui devrait permettre d'en baisser le coût. L'information circule, personne ne réagit. Je veux bien, mais enfin, ces cotisations avaient bien un usage (assurance maladie, chômage ou vieillesse). Si les employeurs ne les paient plus, et comme on ne parle pas de supprimer les prestations aux saisonniers, il va bien falloir que quelqu'un paie. Mais qui? L'Etat sans doute qui va se substituer aux employeurs. Ce qu'il ne peut faire qu'en creusant un peu plus son déficit (mais on nous dit que ce n'est pas souhaitable), en augmentant les impôts (mais on nous dit que c'est impossible) ou, dernière solution très à la mode, en réduisant les prestations au nom de la rationalité économique : "nos systèmes sociaux sont en déficit, cela ne pourra pas durer éternellement…"

Il y a dans tout cela quelque chose de profondément malsain. Pour satisfaire une clientèle électorale qui souffre, un Medef qui n'est jamais content, les pouvoirs publics réduisent en permanence les cotisations sociales. A défaut de pouvoir augmenter les impôts et de creuser plus les déficits ils se résignent à trancher dans les prestations sociales, les retraites, les remboursements maladie (on parle de revoir les conditions de remboursement des affections longue durée, c'est-à-dire des cancers et autres maladies qui ne laissent pas beaucoup de chance). Si encore cela créait des emplois ou en sauvait. Mais chacun voit bien que ce n'est pas le cas. Mais le présent des revendications de quelques uns vaut bien une dégradation des conditions futures de tous.

lundi, mars 01, 2010

Cohn-Bendit, Allègre, BHL vs Hamon, Copé, Fillon & alii

Il se passe actuellement quelque chose d'inédit sur nos chaines de télévision. Les grandes émissions politiques, ou ce qui en tent lieu (C Politique, Le grand journal…) ont entrepris de diversifier leur offre d'invités. Là où elles n'auraient il y a quelques années invité que des politiques, elles multiplient aujourd'hui les interviews de Claude Allègre, Bernard-Henri Levy, Cohn-Bendit… trois personnalités qui ne prétendent à aucune carrière politique même s'ils parlent de politique. Cela nous évite les sempiternelles et imbéciles questions des journalistes sur l'ambition présidentielle, les petites phrases qui émaillent la langue de bois dont les politiques se sont faits une spécialité (si l'on veut un exemple de langue de bois fatiguée, il fallait regarder hier Benoit Hamon sur C Politique). Cela nous évite les sujets qui ne peuvent que produire des réponses attendues (comme la bataille en Languedoc Roussillon). Et cela nous permet surtout d'entendre des gens parler de choses intéressantes de manière intelligente. A écouter Levy, Allègre ou Cohn-Bendit, on se sent intelligent même lorsque l'on n'est pas d'accord (dans le cas d'Allègre, on a envie d'en savoir plus pour démonter ses arguments). Ce n'est pas qu'ils soient plus intellectuels que d'autres (encore que BHL revendique ce statut), mais ils sont libres, ils parlent normalement, disent ce qu'ils pensent et peuvent être audacieux. Ils sont capables de tenir sur la longueur, ce qui n'est pas le cas des experts que l'on voit également de plus en plus, et savent dire des choses astucieuses sur les sujets les plus divers. Ils font un meilleur spectacle et montrent que l'on peut être intelligent à la télévision et que l'on peut parler de politique sans réciter son bréviaire.

Le risque serait qu'ils soient trop souvent invités et qu'ils s'épuisent. Les animateurs de ces émissions devraient enrichir leur vivier. Il y a des candidats, comme Attali, qui a déjà ses émissions et Minc (même si sa suffisance agace). Il en faudrait d'autres. Tant pis pour les Hamon et autres Copé.