La tourmente pédophile qui a envahi l'église catholique a suscité le retour de la question du célibat des prêtres qui serait, d'après Hans Küng et bien d'autres, pour partie responsable des dérives de tant de prêtres. La plupart des débats semblent se focaliser sur cette question, qui devrait rester de l'ordre du droit canon (et est certainement plus complexe comme le montre Stéphane Joulain dans cette excellente libre-opinion publiée dans Le Monde. Il me semble qu'il en est une autre, qui mériterait plus de réflexion : la place de l'église catholique (mais aussi, sans doute, d'autres églises) dans l'éducation des enfants dans de nombreux pays. C'est, en effet, cette place qui est aujourd'hui directement mise en cause. Peut-on confier ses enfants à une institution qui les a si longtemps maltraités? sexuellement, comme le montrent toutes ces affaires de pédophilie, mais aussi physiquement.
On sait que le frère du pape a été accusé de violences à l'égard des enfants du choeur qu'il animait. Violences banales il n'y a pas si longtemps et dont j'ai trouvé, ce week-end, un nouveau témoignage dans un livre écrit pour sa famille et ses proches par un ami d'ami. Son auteur, Christian de Jonquières, qui n'a rien d'un révolutionnaire, bien au contraire, y raconte, sans s'appesantir, ses années de collège dans des institutions catholiques au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais ce qu'il raconte est édifiant : "C'est un régime strict qui sévit à Saint-François de Salles. Nous portons des galoches de bois à longueur d'année et mangeons des petits pois écrasés tous les jours, survivance d'une cargaison de conserves américaines (…) le chauffage ne fonctionne plus et il n'est pas rare de devoir casser de la glace dans les bacs sanitaires au petit matin. (…) En hiver, l'indiscipline est punie de tours de piscine, un bassin détruit par les bombes en 1944 mais auquel les pères jésuites donnent une nouvelle utilité : à chaque passage devant le surveillant, nous recevons un coup de règle en acier sur les doigts." (C. de Jonquières, Tenir, ne pas faillir, La septième page).
La violence était chose courante dans les écoles catholiques dans les années cinquante (bien plus que dans les écoles publiques qui ne l'ignoraient pas non plus). Sa révélation va ajouter au discrédit de l'Eglise catholique dans un domaine majeur pour elle. L'école était en effet, dans beaucoup de pays et de milieux, la source de son pouvoir sur les âmes qu'elle formait. C'est cela qui est en jeu dans toutes ces affaires. Bien plus que le célibat des prêtres.
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