Art Goldhammer vient de publier un intéressant essai sur les élections régionales. Il l'écrit alors que les bureaux de vote ne sont pas ouverts, ce qui lui ajoute un certain charme.
Cet essai nous donne une vision d'ailleurs de notre vie politique, vision d'un observateur qui s'y intéresse plus que la majorité des Français. Plusieurs de ses analyses me paraissent pertinentes, notamment sur ce qu'il dit du Modem et du NPA : "MoDem and NPA were essentially vehicles of their leaders, which were propelled by the perception that the best way to stop an hyperprésident was to find anhyperopposant: a strong personality with a potent media presence capable of giving voice to voter discontent. I'm not sure that either Bayrou or Besancenot ever really filled that role. Both emerged faute de mieux. Bayrou became the choice of desperate voters convinced at the last minute that Royal was not going to be able to stop Sarkozy. Besancenot expanded briefly into the vacuum left by the Socialist collapse and was further inflated by the media. Neither has proved persuasive in the longer run." A une nuance près : je ne crois pas que les voix de Bayrou aient été le fait d'électeurs qui craignaient que Ségolène Royal ne puisse arrêter Nicolas Sarkozy mais plutôt d'électeurs de gauche qui ne voulaient pas de Ségolène Royal pour différents motifs, le premier étant sans doute sa personnalité incontrolable.
Je suis moins en accord avec ce qu'il dit d'Europe Ecologie : "Of course neither (of its leaders, Cohn-Bendit & Duflot)is un présidentiable (though Duflot might become one), and that is the problem for Europe Écologie in the longer run. The Fifth Republic is, like it or not, a presidential system, and a third force means little at the national level unless it can contend in the presidential arena." Plutôt qu'un problème, je dirais que c'est une chance. Art ne mesure sans doute pas combien nous sommes agacés par cette "présidentialite" qui a saisi tous nos politiques, même les plus improbables, et révèle à nu leurs ambitions, comme si nous étions là, nous électeurs, pour satisfaire les ambitions des uns ou des autres. Je dirai même que cette présidentialite est pour beaucoup dans la désaffection des électeurs. Qui peut vraiment prendre au sérieux les combats entre Villepin et Copé pour succéder à Sarkozy ou à ceux entre Vals, Moscovici & alii pour s'imposer face à Ségolène Royal, Laurent Fabius ou Martine Aubry?
Bien loin d'être un handicap, l'absence de présidentiable donne à Europe Ecologie la possibilité de travailler, de mener campagne sur des sujets qui intéressent plutôt que sur des personnalités. Et c'est ce dont nous avons besoin.
La nature ayant horreur du vide, les écologistes trouveront d'ici les prochaines échéances présidentielles, quelqu'un pour porter leur drapeau, mais le plus tard sera le mieux. Ne serait-ce que parce que leurs idées ne font plus l'unanimité et commencent à cliver assez profondément la société. Le temps de l'unanimisme écologique est sans doute en train de passer. Ils ont intérêt à se battre sur le terrain des idées s'ils veulent avoir une chance de participer au pouvoir autrement qu'en faisant de la configuration.
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