Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
dimanche, décembre 25, 2005
Combien de temps dure Noël?
Le piratage et le juste prix
- la disponibilité : on trouve sur internet des choses qu'on ne trouve pas dans le commerce, et on les télécharge parce qu'on n'a pas d'autre manière de se les procurer. L'exemple le plus courant est celui des séries télévisées qui passent aux Etats-Unis et qu'on n'a pas en France ou (autre cas de figure) qu'on ne peut avoir qu'en s'abonnant à Canal Plus, ce qui fait un peu cher pour voir une émission, mais il y a d'autres exemples : Amazon, itunes et tous les distributeurs sur internet font pus de la moitié de leur chiffre d'affaires avec des disques, des livres… qu'on ne trouve pas dans le commerce (Amazon réalise un plus gros chiffre d'affaires avec les livres qui ne sont pas en vente chez Barnes Nobles qu'avec les 130 références que possède le grand libraire américain ;
- le coût trop élevé. Les éditeurs de disques, de films, de livres… vendent aux distributeurs sur internet à des coûts correspondant à leurs prix de vente en gros de leurs produits dans les circuits traditionnels. Apple achèrait les chansons qu'il vend 0,99$, 0,65$. L'objectif est, bien évidemment, déviter une révolte de leurs distributeurs, mais c'est évidemment bien trop cher et n'a aucun rapport avec ce que devrait être le prix d'une chanson prise sur internet.
On sait que les téléchargements pirates sont lents, très lents, prennent beaucoup plus de temps que les téléchargements payants.
Si l'on s'en tient à l'analyse économique, les pirates acceptent de travailler dans de mauvaises conditions (avec un ordinateur dont les performances sont ralenties) pour deux motifs :
- ils ne trouvent pas ailleurs le produit qu'ils recherchent,
- le prix à payer dans le circuit officiel ne compense les coûts qu'il y a à se fournir sur lecircuit parallèle : temps de connexion, ordinateur ralenti, attente du produit.
Le piratage cessera le jour où les producteurs se comporteront autrement qu'en défenseurs du passé.
samedi, décembre 24, 2005
Une exposition à ne pas manquer : Photo de ma photo
mercredi, décembre 21, 2005
Un nouveau navigateur
Je viens de découvrir un nouveau navigateur, encore à l'état de développement, tout à fait remarquable qui permet de stocker les signets sur la toile (et donc de les partager, mais aussi de les exploiter de manière infiniment plus commode que lorsqu'on les stocke sur son propre ordinateur), de rédiger des notes sur son blog et plein d'autres choses…
son nom : Flock. Je n'en ai pas encore fait le tour, je dois vérifier qu'il est plus rapide et aussi fiable que Safari, Camino ou Firefox que j'utilise régulièrement, mais il est sur plusieurs points déjà plus avancés que chacun de ces produits dont je pensais encore hier qu'ils étaient ce que l'on peut faire de mieux.
mardi, décembre 20, 2005
2 semaines de silence et… un livre
La technologie aura-t-elle la peau des auteurs?
jeudi, décembre 01, 2005
La renationaliation de la musique contemporaine
Phiippe Hurel explique cela par la réduction des budgets. Lorsqu'ils sont trop faibles, on tente de les garder pour soi et on évite de les laisser partir à l'étranger.
Comme quoi, la mondialisation n'est pas ce long fleuve tranquille qu'on nous décrit parfois.
Internet va-t-il améliorer la presse écrite?
Elles procédent de deux mécanismes :
- mimétisme du journalisme internet : multiplication des informations, des points de vue qui permet au lecteur qu'un sujet intéresse de l'approfondir,
- exploitation des atouts du papier : il est plus facile et agréable de lire sur papier que sur écran, meilleur contrôle et donc fiabilité de l'information.
On verra si la nouvelle formule de Libération s'oriente dans la même direction. Reste à la presse à résoudre deux problèmes :
- inventer une articulation entre sa version imprimée et sa version électronique : les blogs des journalistes que proposent Le Monde et Libération sont une première piste intéressante, mais il y a encore beaucoup à faire (comme, par exemple, une meilleure exploitation des archives) ;
- résoudre le problème de sa distribution. Même lorsque l'on vit au centre de Paris, on n'est pas assuré de trouver facilement un quotidien (pour ne citer que cet exemple, il m'arrive d'aller à pied de Saint-Germain des Près à Boulogne. Je traverse la moitié de Paris sans passer devant un kiosque).
mercredi, novembre 30, 2005
Jeux de mots
Il serait amusant (juste amusant, rien de plus) de faire un petit dictionnaire de ces jeux de mots…
jeudi, novembre 24, 2005
Casser le thermomètre
Plus grave : ils s'interdisent de comprendre ce qui s'y passe. car, à défaut de porte-parle, de leader ou de revendications, le seul moyen que l'on ait d'entendre les jeunes des quartiers difficiles, le seul outil qui permette d'analyser et de comprendre ce qui se passe dans leurs têtes, ce sont justement les textes de ces rappeurs, souvent violents, excessifs et maladroits, mais passionnants pour qui se donne la peine de les lire, ce qui n'est pas très difficile puisque la plupart sont accessibles sur internet. On y découvre la rage de ces jeunes (une rage qui leur interdit justement de formuler des revendications), leur colère contre la police qui les harcèle en permanence, contre la police qui condamne à des mois de prison un gamin qui incendie des voitures mais exonère de toute responsabilité un flic qui a tue un gosse, mais aussi contre leurs pères. Et s'il est vrai qu'ils parlent de violences et d'émeutes, ils éclairent ce qui s'est passé ces dernières semaines bien plus qu'ils n'appellent au meurtre.
dimanche, novembre 20, 2005
Tour de Babel
samedi, novembre 19, 2005
L'UMP a-t-il organisé l'arrivée de Le Pen au second tour?
Quand un économiste vole du fumier…
Pour en savoir plus sur cette passionnante affaire, vous pouvez vous rendre sur le site du Boston Globe
mardi, novembre 15, 2005
Retour à l'emploi : l'exemple coréen
Brûler les écoles
Mais cette même école, et c'est ce que nous disent à leur manière, violente, brutale, les émeutiers est aussi un lieu de souffrance et d'humiliation. Humiliation du mauvais élève que l'on montre du doigt, que l'on évalue et que l'on juge. Souffrance du petit gamin qui ne rève que de courir et que l'on force à se tenir assis, le dos raide sans s'endormir pendant de longues heures. Il y a dans l'enseignement de la discipline et du dressage que l'on supporte plus ou moins bien, que l'on supporte mal lorsque l'on est un petit graçon turbulent en quête d'un modèle masculin et que l'on ne trouve que des institutrices qui ont toutes les vertus du monde mais qui ne comprennent pas le plaisir que l'on peut éprouver à se battre, à voir les autres se battre ("du sang! du sang!" crions nous adolescents lorsque deux de nos camarades se battaient), à faire le malin.
Ceux que leur famille aide, soutient en lui répètant à l'envie que cette souffrance sera récompensée un jour supportent assez bien cette souffrance et ces humiliations. On la supporte moins bien lorsque votre famille ne vous dit pas cela, ne peut pas vous dire cela parce qu'elle sait bien que c'est faux.
Si l'on ajoute à cela que l'école est dans les quartiers, l'école est la seule institution qui rappelle les règles, on comprend mieux qu'elle soit visée lorsque ces règles sont contestées.
lundi, novembre 14, 2005
Marseille : des grèves mais pas d'émeutes
Est-ce que cela tient à un contrôle social plus fort du fait d'une plus grande mixité? d'une strtucture urbaine plus serrée? des comportements quotidiens de la police plus "civils" du fait même de cette mixité? des effets positifs d'une pauvreté largement partagée (quand tout le monde est pauvre, on a moins le sentiment d'être victime de discriminations)? Il y a là en tout cas quelquechose à regarder de plus près.
dimanche, novembre 13, 2005
Sarkozy a-t-il choisi l'affrontement?
"Au chapitre des similarités (entre la France et les Etats-Unis), Sudhir relève le rôle des "local brokers" : des intermédiaires entre la police et la communauté, parfois semi-institutionnels comme les animateurs de quartier ou les "grands frères", parfois beaucoup plus informels. Dans cette dernière catégorie, on peut trouver aussi bien des chefs de clans, des anciens, des mères de famille (c'est souvent le cas chez les Noirs américains pauvres), ou même des délinquants pas trop dangereux. Faveur contre faveur : ces intermédiaires maintiennent un semblant d'ordre, et la police ferme les yeux sur certaines de leurs activités et/ou leur accorde des traitements favorables pour, par exemple en France, l'obtention de papiers---ce qui renforce naturellement leur pouvoir.
Comme beaucoup de francais dans le public, je n'avais jamais entendu parler du rôle de ces brokers en France ; mais je doute que Sudhir les ait inventés. Il paraît effectivement logique que devant le semi-échec de la police de proximité (largement rejetée par les policiers comme on le sait), il ait fallu trouver un substitut. Il y a là un danger évident : voir les dérives corses, ou la Mafia en Sicile, quand les brokers commencent à s'organiser en réseau et deviennent incontrôlables. D'après les contacts de Sudhir, la police francaise aurait rompu ses liens avec ces intermédiaires dès le début des émeutes ; si c'était vrai, il faudrait en conclure que le gouvernement, ou au moins le Ministre de l'Intérieur, a délibérément choisi la carte de l'affrontement. Ce serait évidemment extrêmement grave."A vérifier et… à comprendre. Quel pouvait bien être l'intérêt de N.Sarkozy dans cette affaire? De se montrer capable d'assurer la sécurité? C'est le contraire qui semble se produire puisque 1/ ces émeutes n'en finissent pas, 2/ elles remettent en cause une politique (sa politique) qui a consisté à en finir avec la police de proximité dont chacun dit aujourd'hui qu'elle seule peut faire régner l'ordre dans les quartiers les plus difficiles.
samedi, novembre 12, 2005
Le printemps des séries américaines
Quand on les regarde de près, ces séries partagent quelques traits communs qui expliquent sans doute leur succès :
- un regard critique, et pas du tout complaisant, sur l'Amérique (Desperate Housewives étant, sans doute, de ce point de vue, la plus incisive de ces séries même si ce que Urgences dit du système médical ou West Wing des rapports de force dans le monde politique ne manque pas non plus de sel),
- une forme dictée par les contingences matérielles qui incite à la construction solide de personnages, au tissage d'intrigues, à la densité du récit. On retrouve à peu près partout le même modèle : quatre personnages (chez Friend, dans Desperate Wives, Sex in the city…), des séquences courtes (quelques minutes entre deux coupures publicitaires), une unité de lieu (les urgences, un quartier petit-bourgeois…),
- de la variété dans la réalisation : ce sont rarement les mêmes réalisateurs qui filment plusieurs épisodes de la même série.
On aimerait que les séries télévisées françaises attteignent la même qualité. A part cettte série de Krivine qui se passe dans un commissariat du quai Saint-Martin et (peut-être, mais je l'ai trop peu vue pour en juger autrement que par ouïe dire) cette série d'Arte sur des esthéticiennes, on en est vraiment loin.
Construire des ghettos
- la fuite et l'éloignement de tous ceux qui en auront la possibilité : difficile de vivre dans des quartiers dans lesquels on risque à tout moment de voir brûler sa voiture,
- en brûlant voitures et autobus, les jeunes gens se sont attaqués à ce qui permet justement de sortir de ces quartiers, d'aller travailler ou vivre ailleurs,
- en s'en prenant aux écoles, aux gymnases, à leurs lieux de vie, ils ont dégradé les seuls services publics qui fonctionnaient à peu près dans ces quartiers, ils auront contribué à rendre plus difficile la vie dans ces quartiers.
Les émeutes, dernier épisode de notre histoire coloniale
Si la plupart des émeutiers sont d'origine étrangère, si l'on insiste beaucoup sur cette dimension étrangère, il convient de rappeler qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle origine. Ces enfants, ces familles viennent, dans l'immense majorité des cas de pays qui appartenaient, avant la décolonisation, à l'Empire français qui s'est effondré il y a une quarantaine d'années. La France métropoitaine est devenue, à elle seule, une sorte d'image en réduction de la mosaïque de peuples qu'il constituait et que l'on mettait en avant comme une de ses forces dans les livres de géographie jusqu'au milieu des années 50. Les événements de ces jours-ci sont un bout de l'histoire que nous n'avons jamais faite de la colonisation, des relations complexes, cruelles et douloureuses qui se sont nouées entre ces peuples dominés et leur envahisseur. Relations paradoxales puisque ce sont ceux qui militaient le plus vigoureusement pour le maintien de l'Empire français, ce sont les plus ardents défenseurs de l'Algérie française qui sont aujourd'hui les plus farouches opposants de l'immigration.
Un député faisait récemment voter un amendement pour introduire dans les livres d'histoire une vision positive de la colonisation. Voilà une piste pour les historiens que j'imagine ennuyés (prétendre que la colonisation fut positive pour les colonisés relève de l'exploit) : montrer comment la colonisation a orienté les flux de population du Sud vers le Nord et contribué à la diversité de la société française.
mercredi, novembre 09, 2005
Statistiques et sites internet
dimanche, novembre 06, 2005
Emeutes : victimes, voyous ou carnaval?
Prétendre que ces émeutes sont le fait de délinquants, de professionnels de l’économie souterraine, de petits caïds attachés à la défense de leur territoire, comme l’a fait à plusieurs reprises le ministre de l’intérieur n’est guère plausible : qui peut un instant imaginer que les caïds et autres spécialistes de l’économie parallèle chercheraient à faire entrer plus de policiers et plus de contrôles dans les cités? Ils risquent d’être les premières victimes de ces affrontements et l’on peut même penser qu’ils sont plus que quiconque attachés au retour au calme. Faut-il le rappeler : jamais les voyous n’ont aimé les révolutions.
Dire que ces émeutes sont le fruit du racisme et des discriminations n’est guère plus convaincant. C’est vrai que le racisme et les discriminations existent. Je serai le dernier à le nier comme en témoigne tout ce que j’ai pu écrire sur le sujet. Reste que la jeunesse des émeutiers (entre 13 et 22 ans selon tous les témoignages) fait douter de cette explication : ils sont tout simplement trop jeunes pour avoir souffert des discriminations, sinon (et ce n’est pas rien) du harcèlement policier. Si les lycées qu’ils fréquentent ne sont pas les meilleurs (et c’est un euphémisme!), ils n’ont pas encore mesuré ce que cela veut dire. Si les employeurs leur préfèrent systématiquement des candidats d’autres origines (et c’est là encore une vérité), ils ne le savent, au mieux, que par ouï-dire. Ce sont leurs parents, leurs frères plus âgés, qui sont eux victimes de ces discriminations qui avancent cela comme explication.
Il me semble que très loin de la guerre civile dont parle CNN, il y a dans ces émeutes quelque chose d’un jeu. Les jeunes jouent à la guerre, mais une guerre dérisoire. Ils ne s’en prennent ni aux symboles de l’Etat ni, à quelques exceptions près, aux acteurs de la discrimination (écoles, commissariats de police, entreprises…), ils ne déboulent pas dans les quartiers plus riches, ils brûlent les voitures de leurs voisins et détruisent ce qui est souvent leur seul richesse sans la moindre haine (qui dit que la voiture qu’ils attaquent n’est pas celle de leurs parents?). Ces feux sont spectaculaires, ils se voient de loin, ils font beaucoup de flammes et de fumée, ils sont impressionnants et faciles à allumer.
Il y a dans ces “actions” réalisées par de petits groupes très mobiles, montés à deux ou trois sur des mobylettes ou des scooters quelque chose des actions de commando que l’on voit à longueur de soirée sur les chaînes de télévision. Les images de ces villes qui flambent rappellent celles de Bagdad ou d’ailleurs que les télévisions nous montrent dans leurs journaux. Les jeunes émeutiers ne font ni la révolution ni la guerre au système, ils s’amusent, ils jouent à la guerre avec Sarkozy dans le rôle de Bush (aussi maladroit et irresponsable) et les policiers dans celui des marines. Ils font des compétitions (c’est à la bande, au quartier qui fait le plus de feu et de fumée…) On est plus dans le registre du carnaval et du charivari plus que dans celui de la révolution. Ce qui ne veut pas dire que ce soit sans danger ni sans conséquences : les propriétaires des voitures brûlées doivent l’avoir amer. Le carnaval était, on l’a trop oublié, à l’origine subversif. Il précédait le carême, celui-ci le conclut (c’est au lendemain de la rupture du jeune que les événements ont débuté) et mettait le monde à l’envers : ce sont aujourd’hui les jeunes des banlieues, ces quartiers de la périphérie que l’on néglige en permanence, qui sont, inversion des valeurs, au centre de l’attention. Le carnaval pouvait finir par des révoltes sociales. On ne peut exclure qu’il en aille de même cette fois-ci.
C’est en regardant dans cette direction plus que dans celle de mai 68 que l’on a de chances de comprendre le phénomènes et de le traiter. Car, il faut, bien évidemment, le traiter. Et rapidement. Car, après tout, laisser ces incendies de voitures se multiplier, n’est-ce pas un signe de plus de l’indifférence de la société française à l’égard de ce que l’on a appris à appeler ses banlieues, de leurs souffrances (à commencer par les discriminations dont sont victimes leurs habitants). Si les voitures avaient brûlé dans le septième arrondissement, il y a bien longtemps que l’on aurait trouvé des solutions.
Amartya Sen : Pourquoi ses livres sont-ils si mal traduits?
Comme souvent chez Odile Jacob, ce livre est à peine édité. C’est à croire que personne n’a relu le manuscrit avant de l’envoyer chez l’éditeur. Deux exemples, entre mille :
- les notes que l’on a oublié de traduire (comme celle de la page 74),
- les bibliographies qui nous sont données en couper coller des versions anglaises des textes, sans traduction ni renvoi aux éditions françaises qui existent (notamment aux PUF).
Mais le pire, c’est, comme si souvent pour ce genre de livre, la traduction. Je ne suis pas certain que la traductrice ait compris tout ce qu’elle traduisait. Elle n’a en tout cas fait aucun effort pour aider à la compréhension de textes difficiles mais abordables dans leur version originale. Ce qui est particulièrement gênant pour des articles qui valent pour leur rigueur dans la définition des concepts.
Ce n’est pas la première fois que ce genre de mésaventure arrive à ce type de livre. Je me souviens encore de la traduction carrément illisible d’un livre de Nozick aux PUF (Anarchie, Etat et Utopie). On souhaiterait maintenir ces textes à l’écart du public français ou on voudrait le convaincre de se tourner vers l’original qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
vendredi, novembre 04, 2005
Sur les téléchargements sauvages
Mais est-ce vrai? Lorsque l’on a la curiosité de regarder un peu plus près ce qui se passe sur le réseau, les fichiers disponibles, ceux qui sont effectivement téléchargés, on découvre vite que ce sont les films, les séries télévisées, les chansons les plus populaires, ceux qui ont le plus de succès qui sont le plus demandés. Ce qui n’est, somme toute, pas très surprenant : ce sont ces films, ces séries, ces chansons que l’on a envie de voir et que l’on a le plus de chance de pouvoir télécharger rapidement (la vitesse du téléchargement est, sur les nouveaux systèmes type bittorrent, fonction du nombre d’ordinateurs sur lesquels on peut aller chercher le fichier).
Ces téléchargements réduisent, à première vue, les revenus des producteurs de ces oeuvres, mais cette réduction parait compensée (en partie? en totalité? je serai, bien sûr, incapable de le dire) par ce phénomène de concentration sur quelques oeuvres :
- le téléchargement contribue probablement à la popularité des oeuvres : celles que l’on télécharge sont celles que l’on attend, dont on parle, que l’on a envie de voir et de revoir ;
- le téléchargement se substitue aux modes traditionnels de diffusion là où celle-ci fait défaut. Il peut, alors contribuer à créer une attente, un marché potentiel. C’est ce qui se passe avec le téléchargement des séries télévisées américaines : ceux qui ont aimé les premières saisons d’une série vont télécharger les dernières saisons. Et comme ils en parleront à leurs proches, ils contribueront à créer une attente du produit.
Si l’on suit les sociétés d’auteurs et les adversaires du piratage dans leur lutte contre le téléchargement, on court donc deux risques :
- les producteurs des oeuvres les plus populaires risquent de se priver d’un moyen “naturel” et spontané de faire le marketing de leur travail,
- les producteurs d’oeuvres plus confidentielles risquent de ne pouvoir utiliser des moyens de diffusion moderne qui leur permettent d’échapper aux filtres des systèmes actuels qui privilégient les oeuvres qui ont le plus de succès (ou dont on pense qu’elles ont le plus de chance d’en avoir).
dimanche, octobre 30, 2005
Un film subtil : Don't come knocking
mercredi, octobre 12, 2005
Si la gauche savait… A propos du dernier livre de Michel Rocard
Décapant et exaspérant, ce livre l’est par son ton souvent aigre, par cette manière qu’a son auteur de tirer à vue sur tout ce qui bouge dans son entourage immédiat. Cela commence par ses parents, par son père et sa mère, cela continue avec ses amis politiques. On le savait son amertume à l’égard de François Mitterrand, il la confirme naturellement dans ce livre chaque fois qu’il en a l’occasion, on ne savait pas qu’il portait des jugements aussi sévères sur la plupart de ses alliés politiques. Il y a du misanthrope chez cet homme qui a fait de la politique sa vie.
Il y a également chez Rocard du Rousseau : s’il critique sévèrement les autres, c’est qu’il s’autorise à se critiquer lui-même, habileté qui lui permet de tailler sa propre statue en grand, en très grand. S’il ne s’aime pas toujours, il s’admire beaucoup et se prête un rôle, une efficacité qu’il n’a peut-être pas toujours eu. Est-ce vraiment, comme il l’affirme, grâce à lui qu’il n’y a pas eu de morts en 1968? On peut en douter. Je ne me souviens pas en tout cas que le PSU ait joué à ce moment là le rôle qu’il lui prête. Je me souviens plutôt de la défiance qui était la notre à l’égard de cette organisation que nous sentions mal (je me souviens de la fouille que nous avions imposé à un journaliste du parti venu nous interviewer à Nanterre quelques semaines avant les journées de mai. Une carte du PSU ne valait pas passe-partout dans les milieux gauchistes de l’époque).
Puéril, ou naïf, lorsqu’il accuse Mitterrand de lui avoir menti lors d’un déjeuner de préparation des élections de 1967 (comme si mentir ne faisait pas partie des techniques les plus banales de la négociation…), il n’échappe pas à la paranoïa comme lorsqu’il reproche à Mitterrand de l’avoir volontairement rendu ridicule en l’invitant à l’improviste à marcher dans la campagne un jour de pluie.
Mais au delà de ce ton général, il y a dans ce livre de quoi faire un portrait approfondi d’une des personnalités qui a le plus compté dans la gauche dans la deuxième moitié du vingtième siècle; Son intelligence, sa rapidité d’esprit éclate à chaque page tout comme un trait de caractère qui explique beaucoup de ses positions politiques : son goût du double jeu. Il raconte, dans un passage qui fait rétrospectivement douter de son bon sens, la manière dont les dirigeants du PSU travaillaient en 1968 avec le patron de leur service d’ordre. Il fallait l’appeler chez sa mère qu’il appelait lui-même toutes les 15 minutes. Il rappelait alors son interlocuteur. Ce sont à l’évidence des méthodes qui auraient du mettre la puce à l’oreille : le patron du service d’ordre du PSU était un flic. Il a d’ailleurs fait carrière dans la police où il a depuis occupé des positions importantes. Mais Rocard n’éprouve a posteriori aucun froid dans le dos, il ne met pas en cause les méthodes de recrutement des militants de cet acabit, sa naïveté ou son manque de vigilance, non, il admire l’artiste. Il est vrai qu’il a lui-même longtemps joué double jeu militant le soir au PSU sous le nom de Servet, fonctionnaire le jour sous son nom officiel.
C’est ce même goût du double-jeu qui l’a amené, lui, le protestant, à se faire l’avocat et le leader du “parti catholique” à gauche et à toujours trouvé que les gens de droite n’avaient pas forcément tout faux. Au point de longuement hésiter avant de voter non au référendum de 1969 sur la régionalisation.
On y découvre également un autre trait intellectuel : l’intérêt, la passion pour les organisations politiques, pour leur fonctionnement et la conviction profondément ancrée semble-t-il, que ce sont les situations (ce qu’il appelle la sociologie) qui font les acteurs et non pas l’inverse.
Comme on pouvait s’y attendre, le conflit avec François Mitterrand occupe une place très importante dans ce livre, mais assez bizarrement et sans que Michel Rocard l’ait voulu, il rééquilibre les torts. Si Mitterrand a été aussi dur avec Rocard premier ministre, il ne faisait que rendre la monnaie de sa pièce à quelqu’un qui a tout fait pour l’isoler, le rejeter lorsqu’il était abandonné de tous. Rocard et ses amis ont nourri pendant des années la polémique sur l’attitude de Mitterrand pendant la guerre d’Algérie, ils ont tout fait pour le couler définitivement. Que celui-ci ne leur en ait pas été reconnaissant n’est qu’une demie-surprise.
Pour le reste, c’est un livre très intéressant, avec des portraits inattendus comme celui de Pierre Mendés-France en velléitaire, des absences, comme celles de Pompidou ou Giscard dont les noms sont à peine cités, il n’y a dans l’univers de Michel Rocard d’adversaires politiques que dans son camp. Cela a sans doute été la principale faiblesse d’un homme qui avait, par ailleurs, de grandes qualités qu’il a montrées chaque fois qu’il s’est retrouvé aux affaires.
jeudi, septembre 29, 2005
Trou de la Sécurité sociale : et si l'on se souciait de la qualité des soins?
Notre brave homme se rend donc chez le spécialiste qui procède aux examens habituels et lui fait une ordonnance pour changer de lunette. “Mais, docteur, je ne suis pas venu pour mes lunettes, mais pour ce bouton.” “Ah! lui répond le spécialiste, je ne vois rien, mais il faudrait un scanner.”
Mon jardinier vas donc voir le radiologue qui lui fait un examen qui ne donne rien. “Il faut, dit-il, une scintigraphie. Mais il faut prendre rendez-vous.” Ce qui est aussitôt fait. Les jours qui suivent, dans l’attente de ce nouvel examen, notre homme se renseigne, il découvre, ce qu’il soupçonnait, qu’on ne pratique cet examen que dans des cas graves(déjà, le scanner l’avait inquiété). Il en conclut que le médecin craint un cancer et comme la grosseur est sur le visage, il se voit déjà avec un cancer du cerveau. Sa femme, ses enfants, toute sa famille vit pendant quelques jours dans la plus folle inquiétude.
Arrive enfin le jour de la scintigraphie : le radiologue procède à un premier examen qui ne donne rien, puis à un second qui conclut à… un banal furoncle. Banal mais coûteux : trois consultations de spécialistes, trois examens radiologiques que la sécurité sociale, bonne fille, va rembourser. A qui faut-il s’en prendre? Au malheureux qui se rend chez son généraliste ou à ces trois médecins fortement diplômés et cher payés qui n’ont pas su reconnaître un petit bouton?
Nous avons tous des exemples de ce type. Et peut-être devrait-on appliquer aux médecins (et de manière plus générale aux professions médicales) ces contrôles qualité et bilans de compétence que l’on pratique partout ailleurs.
mardi, septembre 27, 2005
Nos élites : sourdes ou plus simplement tétanisées ?
Ce n’est pas la première fois que j’entends développer cette idée selon laquelle nos élites seraient incapables de proposer des solutions à nos problèmes, idée que me surprend toujours un peu. Après tout, qu’ils soient de droite ou de gauche, nos gouvernants savent en général ce qu’il faudrait faire. C’est du moins le sentiment qu’ils donnent lorsqu’ils s’expriment en privé. Ils admettent, en gros, qu’il faut introduire plus de souplesse dans notre système, banaliser le statut de la fonction publique, favoriser les mobilités du secteur privé au secteur public, retarder l’âge de la retraite, réformer en profondeur nos systèmes scolaire et universitaire, simplifier le droit du travail et notre système fiscal et éliminer tous ces dispositifs qui favorisent les lobbies et autres groupes de pression (des cultivateurs aux transporteurs en passant par bien d’autres corporations et catégories). Ils ne sont pas forcément d’accord sur le détail, mais sur le fond, ils sont à peu près d’accord sur les pistes à suivre. S’ils n’affichent pas avec toute la fermeté que l’on aimerait ce programme (que l’on peut habiller des couleurs de droite comme des couleurs de gauche), c’est qu’ils ont le sentiment (peut-être justifié) que ce serait la meilleure manière de perdre toute chance d’emporter les élections.
Je ne dirai donc pas que nos élites sont sourdes, mais plutôt qu’elles sont tétanisées, qu’elles n’osent mener aucune réforme de peur de devoir reculer sous la pression de la rue. C’est cette peur de l’opinion qui guide depuis plusieurs années la politique de Chirac, qui retarde les réformes que tout le monde juge indispensables et conduit à ces programmes mi figue-mi-raisin qui ne satisfont personne et à cette politique qui ne se préoccupe plus que de communication (comme nous en a encore donné un exemple Nicolas Sarkozy : que la police arrête des islamistes qui préparent des attentats est une excellente chose, mais pourquoi le faire devant des caméras ? A quoi cela sert-il, sinon à faire parler du ministre alors que Dominique de Villepin a le vent en poupe ?). Un livre à la mode (l’auteur a les moyens de faire sa publicité sur les murs du métro) parle de la société de la peur.Ce sont nos dirigeants qui ont aujourd’hui trop souvent peur des électeurs.
lundi, septembre 26, 2005
Un peu d'épistémologie au tribunal
Les amateurs un peu versés en philosophie des sciences et tous ceux que l’offensive des religieux inquiète devraient suivre (et aimer!) le débat qui va s’ouvrir dans quelques jours sur le créationnisme. Il oppose 11 parents d’élèves et le Conseil d’une petite école qui a imposé à ses enseignants de biologie de présenter le créationnisme (ou, plutôt, sa version moderne : le projet intelligent). Ce devrait être l’occasion de voir traiter devant un tribunal de questions qui relèvent en général plutôt des débats entre épistémologues, comme le suggère cet article du New-York-Times.
September 26, 2005
A Web of Faith, Law and Science in Evolution Suit
By LAURIE GOODSTEIN
DOVER, Pa., Sept. 23 - Sheree Hied, a mother of five who believes that God created the earth and its creatures, was grateful when her school board here voted last year to require high school biology classes to hear about "alternatives" to evolution, including the theory known as intelligent design.
But 11 other parents in Dover were outraged enough to sue the school board and the district, contending that intelligent design - the idea that living organisms are so inexplicably complex, the best explanation is that a higher being designed them - is a Trojan horse for religion in the public schools.
With the new political empowerment of religious conservatives, challenges to evolution are popping up with greater frequency in schools, courts and legislatures. But the Dover case, which begins Monday in Federal District Court in Harrisburg, is the first direct challenge to a school district that has tried to mandate the teaching of intelligent design.
What happens here could influence communities across the country that are considering whether to teach intelligent design in the public schools, and the case, regardless of the verdict, could end up before the Supreme Court.
Dover, a rural, mostly blue-collar community of 22,000 that is 20 miles south of Harrisburg, had school board members willing to go to the mat over issue. But people here are well aware that they are only the excuse for a much larger showdown in the culture wars.
"It was just our school board making one small decision," Mrs. Hied said, "but it was just received with such an uproar."
For Mrs. Hied, a meter reader, and her husband, Michael, an office manager for a local bus and transport company, the Dover school board's argument - that teaching intelligent design is a free-speech issue - has a strong appeal.
"I think we as Americans, regardless of our beliefs, should be able to freely access information, because people fought and died for our freedoms," Mrs. Hied said over a family dinner last week at their home, where the front door is decorated with a small bell and a plaque proclaiming, "Let Freedom Ring."
But in a split-level house on the other side of Main Street, at a desk flanked by his university diplomas, Steven Stough was on the Internet late the other night, keeping track of every legal maneuver in the case. Mr. Stough, who teaches life science to seventh graders in a nearby district, is one of the 11 parents suing the Dover district. For him the notion of teaching "alternatives" to evolution is a hoax.
"You can dress up intelligent design and make it look like science, but it just doesn't pass muster," said Mr. Stough, a Republican whose idea of a fun family vacation is visiting fossil beds and natural history museums. "In science class, you don't say to the students, 'Is there gravity, or do you think we have rubber bands on our feet?' "
Evolution finds that life evolved over billions of years through the processes of mutation and natural selection, without the need for supernatural interventions. It is the foundation of biological science, with no credible challenges within the scientific community. Without it, the plaintiffs say, students could never make sense of topics as varied as AIDS and extinction.
Advocates on both sides of the issue have lined up behind the case, often calling it Scopes II, in reference to the 1925 Scopes Monkey Trial that was the last century's great face-off over evolution.
On the evolutionists' side is a legal team put together by the American Civil Liberties Union and Americans United for Separation of Church and State. These groups want to put intelligent design itself on trial and discredit it so thoroughly that no other school board would dare authorize teaching it.
Witold J. Walczak, legal director of the A.C.L.U. of Pennsylvania, said the plaintiffs would call six experts in history, theology, philosophy of science and science to show that no matter the perspective, "intelligent design is not science because it does not meet the ground rules of science, is not based on natural explanations, is not testable."
On the intelligent design side is the Thomas More Law Center, a nonprofit Christian law firm that says its mission is "to be the sword and shield for people of faith" in cases on abortion, school prayer and the Ten Commandments. The center was founded by Thomas Monaghan, the Domino's Pizza founder, a conservative Roman Catholic who also founded Ave Maria University and the Ave Maria School of Law; and by Richard Thompson, a former Michigan prosecutor who tried Dr. Jack Kevorkian for performing assisted suicides.
"This is an attempt by the A.C.L.U. to really intimidate this small-town school board," said Mr. Thompson, who will defend the Dover board at the trial, "because the theory of intelligent design is starting to gain some resonance among school boards across the country."
The defense plans to introduce leading design theorists like Michael J. Behe, a professor of biochemistry at Lehigh University, and education experts who will testify that "allowing students to be aware of the controversy is good pedagogy because it develops critical thinking," Mr. Thompson said.
The case, Kitzmiller et al v. Dover Area School District, will be decided by Judge John E. Jones III of the United States District Court, who was nominated by President Bush in 2002 and confirmed by a Senate vote of 96 to 0. The trial is expected to last six weeks and to draw news coverage from around the world.
The legal battle came to a head on Oct. 18 last year when the Dover school board voted 6 to 3 to require ninth-grade biology students to listen to a brief statement saying that there was a controversy over evolution, that intelligent design is a competing theory and that if they wanted to learn more the school library had the textbook "Of Pandas and People: the Central Question of Biological Origins." The book is published by an intelligent design advocacy group, the Foundation for Thought and Ethics, based in Texas.
Angry parents like Mr. Stough, Tammy Kitzmiller, and Bryan and Christy Rehm contacted the A.C.L.U. and Americans United. The 11 plaintiffs are a diverse group, unacquainted before the case, who say that parents, and not the school, should be in charge of their children's religious education.
Mr. Rehm, a father of five and a science teacher who formerly taught in Dover, said the school board had long been pressing science teachers to alter their evolution curriculum, even requiring teachers to watch a videotape about "gaps in evolution theory" during an in-service training day in the spring of 2004.
School board members were told by their lawyer, Mr. Thompson, not to talk to the news media. "We've told them, anything they say can be used against them," Mr. Thompson said.
The Supreme Court ruled in 1987 that teaching creation science in public schools was unconstitutional because it was based on religion. So the plaintiffs will try to prove that intelligent design is creationism in a new package. Richard Katskee, assistant legal director of Americans United, said the "Pandas" textbook only substituted references to "creationism" with "intelligent design" in more recent editions.
Mr. Thompson said his side would prove that intelligent design was not creationism because it did not mention God or the Bible and never posited the creator's identity.
"It's clear they are two different theories," Mr. Thompson said. "Creationism normally starts with the Holy Scripture, the Book of Genesis, then you develop a scientific theory that supports it, while intelligent design looks at the same kind of empirical data that any scientist looks at," and concludes that complex mechanisms in nature "appear designed because it is designed."
A twist in the case is that a leading proponent of intelligent design, the Discovery Institute, based in Seattle, removed one of its staff members from the Dover school board's witness list and opposed the board's action from the start.
"We thought it was a bad idea because we oppose any effort to require students to learn about intelligent design because we feel that it politicizes what should be a scientific debate," said John G. West, a senior fellow at the institute. However, Professor Behe, a fellow at the institute, is expected to be the board's star witness.
Parents in Dover appear to be evenly split on the issue. School board runoffs are in November, with seven candidates opposing the current policy facing seven incumbents. Among the candidates is Mr. Rehm, the former Dover science teacher and a plaintiff. He said opponents had slammed doors in his face when he campaigned and performed a "monkey dance" when he passed out literature at the recent firemen's fair.
But he agrees with parents on the other side that the fuss over evolution has obscured more pressing educational issues like school financing, low parent involvement and classes that still train students for factory jobs as local plants are closing.
"There's no way to have a winner here," Mr. Rehm said. "The community has already lost, period, by becoming so divided."
jeudi, septembre 08, 2005
Un programme, mais pour quoi faire ?
Un exemple parmi d’autres : réduire l’impôt, soit, mais sauf à revenir aux vieilles lunes de Laffer, il faudra réduire d’autant les dépenses, ce qui, l’actualité de ces jours-ci le montre une nouvelle fois, est toujours plus facile à dire qu’à faire.
Autre exemple : réduire le nombre de fonctionnaires ? Cela fait depuis longtemps partie des promesses électorales de la droite qui n’a jamais réussi à la mettre en œuvre. On devrait se demander pourquoi ? Est-ce parce que les syndicats de fonctionnaires sont prompts à descendre dans la rue comme on le dit trop souvent, est-ce parce les français rêvent tous de devenir fonctionnaires, comme on le dit également souvent ? N’est-ce pas, tout simplement, parce que la démographie de la fonction publique et la multiplicité des compétences qu’elle utilise rendent en pratique impraticable ce type de mesure (imaginez un instant que la démographie des gardiens de prison amène à de très nombreux départs dans les mois qui suivent l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée alors que celle de l’Education Nationale est plus favorable, mettra-t-il des professeurs de latin et d’allemand en surnombre dans les prisons ?).
On pourrait ainsi multiplier les exemples. 2007 est loin et l’on aimerait que les politiques se penchent un peu sur leur capacité à mener à bien leur programme, qu’ils ne se contentent pas de nous dire ce qu’il serait bon de faire mais qu’ils nous expliquent aussi comment ils comptent s’y prendre.
mardi, septembre 06, 2005
Le plomb dans l'essence ou les méfaits du droit de la propriété industrielle
L’histoire (abominablement résumée) est la suivante. Les industriels de l’automobile sont dans les années 20 à la recherche d’un additif à l’essence pour éviter que les moteurs ne produisent un cliquetis. Une solution s’impose alors, l’utilisation de l’éthanol (que l’on a repris depuis), mais l’éthanol pose un double problème économique :
- sous-produit de l’agriculture , il peut être fabriqué par n’importe qui et ne peut être breveté. Il échappe en d’autres mots au contrôle de l’industrie,
- utilisé en grande quantité dans les carburants, il fait une concurrence directe aux produits pétroliers.
Pétroliers et constructeurs automobiles partent donc à la recherche d’un adjuvant à l’essence qu’ils puissent contrôler (c’est-à-dire breveter et dont la fabrication demande des investissements industriels). C’est le cas du PTE ou tétraéthylplombane dont un de leurs chercheurs découvre les propriétés anti-détonantes en 1921 et que DuPont qui contrôle à l’époque la General Motors met aussitôt en production alors même que ses dirigeants (des courriers en attestent) sont parfaitement informés de sa toxicité).
Si cette thèse exacte, elle met en évidence une des (nombreuses) limites de la propriété industrielle : elle fait préférer un produit qui exigent un processus industriel complexe (qui se prêtent donc à une appropriation par des groupes industriels) à des produits plus simples qui peuvent être fabriqués dans des unités plus petites avec des procédés banals.
J’imagine que si l’on recherchait un peu dans l’histoire des techniques on trouverait d’autres exemples de ce même phénomène. Ce serait à vérifier, mais je me demande si l’abandon dans les années 70 des procédés analogiques (hydrauliques…) au profit de procédés numériques dans les industries de la mesure ne relève pas du même mécanisme.
samedi, septembre 03, 2005
Rousseau avait tout bon
Cet article qui mérite vraiment d'être lu date de 1987 a été ressorti par un économiste, Brad de Long, pour enseigner à ses étudiants le modèle du malthusianisme.
vendredi, juillet 08, 2005
Les marchés, les économistes et le terrorisme
Vers la « fin » de la retraite pour tous?
Et il est vrai que l’on voit aux Etats-Unis beaucoup de personnes âgées travailler dans la grande distribution ou la restauration. Certaines entreprises se sont fait même une spécialité du recrutement de ces travailleurs âgés qui auraient, paraît-il, l’avantage d’être plus sérieux et compétents. J’imagine qu’il faut plutôt entendre : moins cher. Moins cher parce qu’ils ne travaillent que pour compléter une pension qui n’est pas suffisamment importante. Le mouvement paraît appelé à se développer. Le Bureau of Labor Statistics américain prévoit qu’en 2012 65% des personnes âgés de 55 à 65 ans travailleront contre 61% en 2004. Plus significatif, il prévoit qu’à cette date 16% des gens de plus de 65 ans travailleront contre 14% en 2004.
Pour autant que l’on puisse en juger d’après les quelques indications que j’ai pu glaner ici ou là, les emplois de ces retraités présentent deux caractéristiques :
- ils sont mal rémunérés, moins bien en tout cas que les emplois qu’ils occupaient précédemment,
- ils ne se situent pas dans les domaines de compétences que les retraités ont exploré dans leur vie professionnelle.
Ce qui confirme bien qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’emplois pris pour compenser des pensions trop faible et n’a donc rien à voir avec la lutte contre les discriminations contre les travailleurs les plus âgés ni même à un allongement de la durée de la vie professionnelle et l’abandon de la retraite à 60 ans. Aucun homme politique n’a en France, à ma connaissance, proposé de faire travailler les plus âgés, mais c’est une idée que pourrait développer Nicolas Sarkozy dont on imagine bien l’argumentaire :
- on est en pleine forme à 57 ans, bien trop jeune pour s’arrêter (« regardez Chirac, pourrait-il ajouter, il est bien Président à 72 ans », mais son animosité à l’égard du Président pourrait nous éviter cet argument) ;
- le monde du travail a beaucoup changé : les retraites « précoces » se justifiaient lorsque les travailleurs avaient des tâches manuelles, elles ne se justifient plus dans des économies dominées par des activités de service ;
- il y a plein d’activités bénévoles qui ont besoin des compétences acquises dans le monde professionnel ;
- il faudrait être bien bête pour cracher sur un supplément, même minime, de rémunération, surtout si l’on y attache une pointe de déduction fiscale (ce n’est pas le cas dans la plupart des pays qui ont organisé le travail des retraités, mais on pourrait l’envisager en France où l’on aime bien compliquer les règles fiscales ;
- enfin, les autres le font et nous ne sommes pas plus intelligents qu’eux. Du reste, cette interdiction de travailler après la retraite n’est qu’une nouvelle forme de notre exception sociale qui nous fait tant de tort.
Politique fiction ? Je n’en suis pas si sûr…J’en suis d’autant moins sûr que la question des retraites est loin d’être réglée alors même que l’on ne mesure pas encore tous les effets sur les pensions versées des dispositions prises par Balladur il y a quelques années et plus récemment par Fillon.
jeudi, juillet 07, 2005
Une phrase de Christian Dotremont
Je ne sais pas s'il existe des études sur ce qui incite à acheter les livres. Pour ma part, je me fie au désir de lire la suite qui me saisit dans les librairies, désir qui m'amène très soouvent à acheter les romains que publient les éditions de Minuit (Gailly, Echenoz…). Je les lis mais je les oublie souvent presque aussitôt, ce qui ne m'empêche pas de recommencer l'expérience.
JO : et si l’on reparlait du dopage ?
Je ne suis pas un spécialiste de ces questions, et je suis peut-être victime d’un effet de perspective, mais j’ai bien l’impression que si on parle aujourd’hui de lutte contre le dopage, si des athlètes sont interdits de compétition pour ce motif, c’est à l’action de Marie-Georges Buffet que nous le devons. En s’en prenant à ces pratiques, elle a attaqué les institutions sportives (le CIO, les fédérations sportives, la presse spécialisée…) au cœur : depuis que l’on parle de dopage, depuis que l’on tente de lutter contre, on ne peut plus tout à fait croire leur discours. Depuis les mesures prises par Marie-Georges Buffet et les arrestations de cyclistes et de soigneurs, on sait que les sportifs sont aussi (sont d’abord ?) des tricheurs, que leurs mentors (entraîneurs, fédérations, journalistes…) acceptent de risquer la santé des athlètes contre des médailles rémunératrices. Vu du coté du CIO, cela mérite sans doute une condamnation à vie…
L’insistance de Delanoë et de son équipe sur leur volonté de respecter les règles, de se faire modeste avait quelque chose de pathétique, je dirai presque de puéril, de naïf, dans un monde dont chacun sait bien qu’il ne respecte aucune règle et surtout pas celles qu’il se donne. Il y a dans la défaite de Delanoë quelque chose qui rappelle celle de Jospin : dans un monde de canailles, on peut parler d’honnêteté à longueur de discours, mais mieux vaut ne pas trop y croire.
lundi, juillet 04, 2005
Le retour d'une consommation aristocratique?
La notion de VIP n’est pas nouvelle. Il y a depuis longtemps dans les aéroports des salles d’attente réservées à ces personnes importantes, mais la nouveauté est, je crois, que cette notion est aujourd’hui en passe d’entrer dans les moeurs du marketing des services, elle est déjà entrée dans les pratiques courantes des grandes entreprises de service américaines.
Les services en contact avec le public, transports, distribution, sont confrontés à une difficulté majeure : les effets de volume. Tout le monde veut partir en voyage en même temps, tout le monde veut faire ses courses aux mêmes heures, d’où des embouteillages et des encombrements. Pour y échapper, les entreprises spécialisées ont développé ces dernières années des techniques de tarification flexible dont l’exemple le plus connu en France est, sans doute, celui de la SNCF. Le même voyage coûte du simple au double selon le jour, l’heure, l’âge… Si vous avez moins de 25 ans, si vous avez une carte 12-25 et si vous voyagez en semaine au mois d’octobre, cela vous coûtera beaucoup moins cher que si vous voyagez une veille de week-end chargé et que vous n’avez droit à aucune réduction.
C’est agaçant, compliqué et un peu injuste, mais cela incite ceux qui peuvent partir aux heures creuses à le faire, cela évite les queues trop longues et les trains surchargés et cela permet à la SNCF d’optimiser ses ressources,… Les prix varient, mais les services offerts sont identiques sur tous les trains ; ils vont à la même vitesse et les agents se comportent de la même manière avec tous les voyageurs. Or, ce qui se passe avec les VIP est tout différent. Les voyageurs ont bien le même produit, ils empruntent le même avion, mais on leur évite de faire la queue, on s’occupe d’eux de manière plus attentive, plus attentionnée. Pour ne prendre que cet exemple sur les quatre guichets affectés à un vol, deux sont réservés aux 150 ou 200 voyageurs en classe touriste et les deux autres pour les 25 ou 30 voyageurs en première classe ou à ce qui en tient lieu (executive, business…). Alors que les uns font la queue plusieurs dizaines de minutes, les autres ne la font pas. Ils ont acheté avec leur billet ce privilège et quelques autres dont celui d’être pris complètement en charge par le personnel. L’objectif des compagnies aériennes est, comme dans le cas de la SNCF, de maximiser les revenus du transporteur, mais la manière de s’y prendre est radicalement différente.
Il y a quelque chose d’aristocratique dans ce mode de consommation qu’on ne trouve pas dans la méthode de la SNCF. Les clients qui voyagent en executive class achètent le fait de ne pas être traité comme les autres, d’être reconnus comme une personne qui sort de l’ordinaire et non plus seulement comme un client. Ils achètent une distinction, un statut, une qualité de relation humaine. Les employés qui les traitent les font passer devant les autres, leur donnent des marques d’intérêt, d’importance un peu comparables à celles que donne le restaurateur qui salue ses clients de leur nom et soulignent ainsi aux yeux de tous que ce sont des habitués.
Ce mode de consommation s’oppose à un autre mode de consommation qui s’est développé dans les sociétés d’abondance et que l’on appelle aux Etats-Unis où il est le plus développé le “binge”. On y parle de binge eating, de binge drinking. Il s’agit de consommation excessive. Le binge eating consiste à manger sans fin et sans faim. Le binge drinking à boire plusieurs, en général au moins quatre ou cinq verres d’alcool à la suite. Il s’agit de consommation sans frein, assez voisine de l’orgie de l’antiquité romaine : on s’empiffre, on s’enivre, on devient boulimique, obèse jusqu’à en tomber malade (que de chaises roulantes, de béquilles, de corps blessés, usés, abîmés par les excès dans les rues américaines!).
Si être aristocrate dans cette société, c’est être reconnu pour ce que l’on est, c’est être une personne, être pauvre dans une société d’abondance ce n’est pas manquer de biens matériels (on en a à n’en savoir que faire! on mange jusqu’à plus faim), c’est manquer de reconnaissance sociale, c’est n’être personne, qu’un consommateur parmi tant d’autres.
jeudi, juin 23, 2005
Pour tous ceux que Bourdieu met mal à l'aise…
mercredi, juin 22, 2005
Immigraton : une étude à lire
Migration is 'good for everybody'
Migrant workers send their earnings back home across the globe
Migrants can bring many benefits to both the countries they move to and the ones they leave behind, according to a major new study.
The International Organization for Migration looked at the costs, benefits and disadvantages of global migration.
It found that common concerns about the negative effects of migration on jobs and welfare costs are often unfounded.
The IOM says there up to 192 million migrants and many bring a wide range of economic and other benefits.
Filling spaces
"We are living in an increasingly globalised world that can no longer depend on domestic labour markets alone. This is a reality that has to be managed," said Brunson McKinley, head of the IOM.
"If managed properly, migration can bring more benefits than costs."
The IOM cites a British report showing that, between 1999 and 2000, migrants in the UK contributed $4bn (£2.1bn) more in taxes than they received in benefits.
And, rather from taking jobs from local workers, the report says that migrants tend to fill spaces at the poles of the labour market - working both in low-skilled, high-risk jobs and highly skilled, well-paid employment.
"There's very little evidence in many of the Western countries that are receiving migrants that migrants are substituting the local workforce," the report's editor, Irena Omelaniuk, added.
The IOM says that migrants make up less than 3% of the global population and that almost half of all migrants are women.
It says that although the number of migrants has risen, from 82m in 1970 to around 190m people today, some countries - including Asia and Africa - have seen their proportional share of migrants decline.
'Brain gain'
The most popular destination countries for migrants include the US - which alone is home to more than 20% of the world's migrants - and Russia, home to almost 8% of global migrants.
Migrants make a significant contribution to the economies of their home states, the report says, with returning cash flows sometimes exceeding official development aid.
Migrant workers sent back more than $100bn (£55bn) to their countries of origin in 2004 and the report estimates that more than double this figure may also be sent through informal channels.
Morocco, the report says, received $2.87bn (£1.57bn), or 8% of its GDP, from money sent home by migrant workers in 2002 and remittances sent to The Philippines accounted for almost 10% of its GDP.
The report says that, although many skilled workers abandon their home countries seeking higher pay abroad, many can be encouraged to return home bringing acquired skills and experience - a process of "brain gain".
"Trends suggest a greater movement towards circular migration, with substantial benefits to both home and host societies," the report says.
dimanche, juin 19, 2005
Une film à éviter : Les poupées russes
Deux heures de perdues que j'aurais mieux fait de passer à poursuivre la lecture du Dostaler sur Keynes (Keynes et ses combats chez Albin Michel) qui, et c'est sans doute une première, nous propose une biographie d'un économiste dans son siècle. Le livre a le mérite de nous faire découvrir des facettes de Keynes que l'on connaît mal en général (ses goûts esthétiques, sa philosophie morale…)
Il parait que le non au référendum allait aider à la création d'une Europe plus sociale…
"Le programme de la présidence britannique sera rendu public le 23 juin. Le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, en a donné un aperçu le 26 mai, dans une communication au Parlement britannique, en souhaitant que l'Europe réforme le marché du travail, réduise les subventions publiques, achève la libéralisation du marché de l'énergie, crée un marché financier libre transatlantique. M. Blair sera notamment attendu sur deux projets controversés en discussion à Bruxelles, la directive Bolkestein sur la libéralisation des services et la directive sur la durée du travail, que la Grande-Bretagne veut assouplir."
C'était prévisible et nous avions été nombreux à le dire, mais on nous accusait alors de ne pas prendre au sérieux la voix de la France dans le concert européen. C'est vrai : nous n'avions pas imaginé que le non de la France entraînerait aussi rapidement les opinions européennes dans un refus de l'Europe qui ressemble trop souvent à une dérive nationaliste.
samedi, juin 18, 2005
Propriété intellectuelle et liberté d'expression
Sa réponse : "Je pense qu'il m'ennuierait vite. Après que j'aie vendu City Primeval à United Artist, j'ai utilisé le même personnage dans le livre suivant et mon agent m'a dit : "il faut changer son nom parce que United Artist en est propriétaire et si nous lui vendons pas ce nouveau livre, on ne pourra pas le vendre à d'autres." Alors j'ai changé son nom et allégé sa moustache."
Qu'ajouter à cela? Sinon que cela apporte un peu plus d'eau à mon moulin?
vendredi, juin 17, 2005
Un monde anglo-saxon
Je viens de télécharger sur mon mac un widget, un de ces petits outils gratuits que l’on peut trouver sur le net et qui vous permettent de faire un million de choses (consulter directement l’annuaire des téléphones, la circulation dans Paris, traduire un mot de l’allemand, noter une chose à faier…). Celui-ci est développé par une entreprise qui a eu l’excellente idée de cartographier l’actualité : elle fabrique des cartes qui évaluent le poids des événements du jour (de l’heure…) selon l’importance que leur accorde la presse. C’est une bonne manière de représenter l’actualité. Et c’est, sur le plan technologique, une petite performance même s’il ne s’agit après tout que d’appliquer aux articles de presse une technique que les documentalistes et spécialistes du monde de la recherche connaissent bien (on calcule l’importance d’un papier au nombre de citations dans d’autres papiers scientifiques…). C’est donc un très bel outil qui n’a qu’un défaut : il n’analyse que des articles parus en anglais. Ceci pour de bonnes raisons qu’il serait stupide de critiquer : pour les ingénieurs qui avaient d’autres soucis, c’était évidemment plus simple. Reste que le monde que l’on nous montre est vu au travers de lunettes anglo-saxonnes. Ce qui donne des cartes étranges comme on peut en juger d’après cette liste où à coté de chaque nom de ville est associé un poids :
0. Baghdad (13%)
0. Washington (09%)
0. Gaza (07%)
0. Mosul (07%)
0. Moscow (06%)
0. London (06%)
0. Luxembourg (05%)
0. Pyongyang (05%)
0. Tehran (04%)
0. Brussels (04%)
0. Seoul (04%)
0. New York (03%)
0. Victoria (02%)
0. Berlin (02%)
0. Phnom Penh (01%)
0. Hong Kong (01%)
0. Guatemala (01%)
0. Delhi (01%)
0. New Delhi (01%)
0. Ankara (01%)
Pas besoin d’être grand clerc pour voir que cette hiérarchie correspond à celle des préoccupations, non pas de l’administration américaine, pas même de la presse américaine, mais de la presse qui utilise l’anglais comme langue.
Ce n’est pas la première fois que j’observe ce phénomène (voir, par exemple, une amorce d’analyse dans un texte publié il y a quelques années dans les Temps Modernes : quand les économistes veulent enchaîner la démocratie que l’on peut lire sur mon site : la domination modernes passe par d’étranges détours. Elle n’a plus besoin d’armes, de bombes et de soldats, il lui suffit de n’utiliser que la langue dominante pour effacer de la carte des zones entières. Il n’est même pas nécessaire de les détruire ou des les occuper militairement pour les soumettre à la loi du plus fort. J’ajouterai que ce n’est pas tellement surprenant : je me souviens, lycéen traduisant César, de m’être demandé ce que l’on savait de la Gaulle ou de la Germanie en dehors de ce qu’en disait le général romain. Je n’en sais toujours pas plus que ce qu’il en disait.
jeudi, juin 16, 2005
Modèles : et si l’on parlait du modèle japonais en matière de retraite?
Je voudrais aujourd’hui dire un mot du modèle japonais (et, semble-t-il coréen) en matière de retraite qui pourrait un jour inspirer nos politiques. Au Japon, comme en France et en Corée, l’âge de la retraite officiel est à 60 ans (alors qu’il est plutôt de 64 ans dans les autres pays de l’OCDE). Mais, à la différence de ce qui se passe en France, l’âge réel de départ est beaucoup plus tardif : les Coréens et les Japonais continuent de travailler jusqu’aux abords des 70 ans (67 ans pour les Coréens, 69 ans pour les Japonais. En général, cela se passe de la manière suivante : à 60 ans, leur entreprise leur propose un contrat de 5 ans à un salaire plus faible. Lorsqu’ils arrivent à l’âge de 65 ans, ils reprennent une nouvelle activité à un salaire plus faible encore.
Ce mécanisme n’est possible que parce que l’on peut 1) concilier une retraite et une activité professionnelle, ce qui n’est pas le cas en France et 2) parce que les retraites versées par les entreprises ou le gouvernement sont faibles (si le coût du travail au Japon est à peu près comparable au coût du travail en France, la distribution des revenus est différente : une partie plus importante du coût est, chez nous, affecté au paiement de cotisations).
Ce modèle présente deux aspects qui pourraient, un jour, retenir l’attention de nos gouvernants :
- il limite l’effet chômage des plus âgés que notre dispositif encourage : aucune entreprise ne peut recruter un salarié de plus de 55 ans, sachant qu’il la quittera vers soit au moment où sa formation au poste achevée (cela demande selon les postes de quelques semaines à quelques mois), il est devenu pleinement opérationnel. Le taux de participation des personnes âgées de plus de 55 ans au marché du travail (actifs ou à la recherche d’un emploi) est de l’ordre de 40% en France, il est de l’ordre de 90% au Japon et supérieur à 70% pour les hommes de plus de 60 ans ;
- il compense les faiblesses des pensions, un problème dont on parle peu mais qui se profile à notre horizon, comme commencent à le découvrir sur le terrain les travailleurs sociaux : les différentes réformes de la retraite ont créé et vont créer de plus en plus de retraités pauvres. On peut, d’ailleurs, à ce propos, souligner le véritable piège qu’est devenu le modèle français en la matière : d’un coté, un départ à la retraite précoce réduit fortement le taux d’activité des plus de 54 ans, de l’autre, les réformes de la retraite reposent sur un allongement de la durée des cotisations, ce qui ne peut que conduire à un appauvrissement de la majorité de tous les retraités qui n’ont pas commencé leur carrière professionnelle à 14 ans.
Ce modèle n’est bien évidemment pas satisfaisant, mais il ne faudrait pas qu’on nous le présente dans quelques années comme une évidence et un moindre mal : une évidence pour résoudre les tensions sur le marché du travail qui ne manqueront pas d’apparaître du fait du vieillissement de la population si rien n’est fait pour ouvrir les frontières ; et un moindre mal pour améliorer les revenus de travailleurs âgés mais encore en bonne santé. Or, c’est bien ce qui risque de se produire si on continue de négliger la question de l’âge et de laisser irrésolues les contradictions et difficultés réelles qu’il pose :
- il est vrai que beaucoup de salariés sont fatigués à un âge relativement jeune, d’autant plus fatigués que nous avons un taux de productivité horaire élevé,
- il est également vrai que les salariés âgés sont souvent moins efficaces (parce que fatigués ou dépassés par la technologie),
- mais il est aussi vrai que s’arrêter de travailler à un âge trop précoce n’est pas une solution : cela appauvrit les retraités et crée du chômage chez les plus de 50 ans.
mercredi, juin 15, 2005
Just revenge de Allan M. Dershowitz
On retrouve, par moments, dans ce texte, où l’on devine les interrogations de l’auteur et, au delà de ses interrogations, une pensée en mouvement, comme un écho aux réflexions de Jankélévitch sur ces mêmes thèmes. On comprend mieux, en le lisant, combien la pensée juive sur l’holocauste, mais aussi sur le conflit israélo-palestinien, a nourri la pensée politique américaine, a renouvelé les thèmes classiques de la revanche, de la violence, de l’impossibilité de pardonner mais aussi de juger. Ce qui, mieux que le poids politique de la communauté juive expliquerait la constance des positions américaines dans le conflit israélo-palestinien : il ne s'agirait pas seulement de real-politik mais aussi d'éthique. J’ajouterai que ce texte ne laisse, dans sa deuxième partie, en rien préjuger des positions de son auteur au lendemain du 11 septembre alors même que sa première partie leur laisse la porte grand ouverte.
Les quotas, l’immigration
- illusion de croire que nous sommes capables de mesurer nos besoins en matière d’effectifs et de traduire ces besoins en prescription administrative du type : 750 plombiers, 225 tanneurs, 72 psychanalystes… Une entreprise peut le faire puisqu’elle maîtrise les projets qu’elle envisage de développer, un Etat ne peut pas le faire puisque les décisions sont prises par une multitude d’acteurs indépendants qui ne prennent leur décision qu’au vu des disponibilités sur le marché du travail. Les critiques que Hayek faisait la planification sont ici pleinement valides ;
- illusion de croire, à l’inverse de ce que suggère dans son blog Bernard Salanié, que nous n’avons besoin que de gens qualifiés : une jeune sénégalaise sans qualification qui garde des enfant et permet à une mère de famille diplômée de l’enseignement supérieur de prendre un emploi est aussi utile à notre économie qu’une diplômée de l’enseignement supérieur d’origine étrangère. J’ajouterai que la distinction emploi qualifié/emploi non-qualifié perd beaucoup de sa pertinence lorsque l’on se rapproche des emplois réels : l’essentiel des compétences des agents économiques sont aujourd’hui, plus peut-être encore qu'hier, apprises sur le tas. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le système scolaire agit beaucoup plus comme un moyen de sélection qui donne à l’employeur des informations sur le niveau, la capacité de travail et les préférences des candidats que comme un outil de formation à des compétences qui évoluent en permanence ;
- illusion de penser que l’immigration fonctionne sur le modèle de l’ANPE avec des petites annonces pour des CDD : les immigrés qui viennent se décident pour un emploi, mais aussi pour une carrière. Ils choisissent le pays qui leur offre les meilleures possibilités d’emploi, d’accueil pour leur famille sur la durée. Ce ne sont pas des mercenaires que l’on peut révoquer et renvoyer chez eux à tout instant.
Mais, plutôt que de me citer, j’ai envie de renvoyer sur ces questions les lecteurs à Plaidoyers pour l’immigration, le livre que j’ai publié aux éditions Les Points sur les i en septembre dernier.