dimanche, novembre 13, 2005

Sarkozy a-t-il choisi l'affrontement?

On a souvent accusé Sarkozy d'avoir une importante part de responsabilité dans ce qui s'est produit, tant il a contribué par ses insultes (en parlant de racaille) à exaspérer les jeunes gens et tant il a jeté de l'huile sur le feu en proposant d'expulser les étrangers. Bernard Salanié dans le blog qu'il écrit depuis qu'il est aux Etats-Unis en rajoute une couche. Il fait état d'une conversation avec Sudhir Venkatesh, un sociologue qui a beaucoup travaillé dans les quartiers difficiles et, notamment, en France. Je le cite :

"Au chapitre des similarités (entre la France et les Etats-Unis), Sudhir relève le rôle des "local brokers" : des intermédiaires entre la police et la communauté, parfois semi-institutionnels comme les animateurs de quartier ou les "grands frères", parfois beaucoup plus informels. Dans cette dernière catégorie, on peut trouver aussi bien des chefs de clans, des anciens, des mères de famille (c'est souvent le cas chez les Noirs américains pauvres), ou même des délinquants pas trop dangereux. Faveur contre faveur : ces intermédiaires maintiennent un semblant d'ordre, et la police ferme les yeux sur certaines de leurs activités et/ou leur accorde des traitements favorables pour, par exemple en France, l'obtention de papiers---ce qui renforce naturellement leur pouvoir.

Comme beaucoup de francais dans le public, je n'avais jamais entendu parler du rôle de ces brokers en France ; mais je doute que Sudhir les ait inventés. Il paraît effectivement logique que devant le semi-échec de la police de proximité (largement rejetée par les policiers comme on le sait), il ait fallu trouver un substitut. Il y a là un danger évident : voir les dérives corses, ou la Mafia en Sicile, quand les brokers commencent à s'organiser en réseau et deviennent incontrôlables. D'après les contacts de Sudhir, la police francaise aurait rompu ses liens avec ces intermédiaires dès le début des émeutes ; si c'était vrai, il faudrait en conclure que le gouvernement, ou au moins le Ministre de l'Intérieur, a délibérément choisi la carte de l'affrontement. Ce serait évidemment extrêmement grave."

A vérifier et… à comprendre. Quel pouvait bien être l'intérêt de N.Sarkozy dans cette affaire? De se montrer capable d'assurer la sécurité? C'est le contraire qui semble se produire puisque 1/ ces émeutes n'en finissent pas, 2/ elles remettent en cause une politique (sa politique) qui a consisté à en finir avec la police de proximité dont chacun dit aujourd'hui qu'elle seule peut faire régner l'ordre dans les quartiers les plus difficiles.

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