Au delà des interrogations sur les échecs répétés du Front Républicain et du transfert d'une partie des voix de gauche vers les candidats du Front National, la gauche devrait s'inquiéter d'un phénomène nouveau : la refondation de l'idéologie conservatrice autour de nouveaux thèmes.
L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait amené la droite à découvrir ou redécouvrir le libéralisme qui a nourri sa pratique pendant les décennies qui ont suivi. Quelques personnalités avaient alors joué un rôle important : Alain Madelin, du coté des politiques, Henri Lepage, Alain Laurent, Philippe Nemo du coté des intellectuels. Journaliste bon connaisseur des travaux de l'école de Chicago, Lepage avait résumé dans de nombreux articles et ouvrages publiés en livre de poche les idées des économistes néo-classiques, Nemo avait contribué à faire connaître et traduire Hayek, Laurent a fait de même avec Ayn Rand et les classiques du libéralisme. Le même phénomène est, semble-t-il, en train de se produire.
Si la droite politique est aujourd'hui en lambeaux, toute entière occupée par ses batailles de présidentiables, on voit se développer les bases d'une refondation de la pensée et de l'idéologie conservatrice qui n'emprunte plus au modèle américain et à la théorie économique comme ce fut le cas dans les années 80, mais qui regarde plutôt du coté de la philosophie.
Les manifestations contre le mariage pour tous ont mis en évidence un des thèmes de cette refondation en cours : la nature. Le mariage homosexuel, l'adoption d'enfants par des couples homosexuels serait contre-nature. Il y a des réalités contre lesquelles on ne peut rien parce qu'elles relèvent de la nature : la différence des sexes serait de celles-là. D'où les attaques répétées contre ce que ses adversaires appellent la théorie du genre (selon laquelle les traits féminins ou masculins seraient moins affaire de différence des sexes que d'éducation, de culture) et contre un "égalitarisme dévoyé".
Un autre thème de cette refondation est la réécriture de la laïcité qui ne serait plus une conquête des adversaires du goupillon comme on le pensait, mais le résultat de ce que Jean-Louis Harouel appelle le "vrai génie du christianisme" : la disjonction du politique et du religieux. "Le royaume de Dieu est, dit-il, céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés." Ce qui permet de critiquer l'Islam pour lequel il n'y aurait pas d'action profane mais aussi de s'en prendre à ces nouvelles "religions d'Etat" que seraient "l'écologisme" et le "droit de l'hommisme", un thème que l'on retrouve chez Patrick Buisson (qui l'emprunte à Jen-Louis Harouel, ce qui lui a valu des accusations de plagiat). Ce qui permet également de renouveler la thématique de l"intégration des étrangers et de leurs enfants, de renouer avec les critiques du multiculturalisme.
On devine dans tout cela, tout à la fois un retour distancié du catholicisme, de la tradition et une attaque contre l'égalité et la modernité dont l'expression politique n'est pas encore pleinement définie même si on la devine en germe chez certains membres de l'UMP et au FN.
L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait amené la droite à découvrir ou redécouvrir le libéralisme qui a nourri sa pratique pendant les décennies qui ont suivi. Quelques personnalités avaient alors joué un rôle important : Alain Madelin, du coté des politiques, Henri Lepage, Alain Laurent, Philippe Nemo du coté des intellectuels. Journaliste bon connaisseur des travaux de l'école de Chicago, Lepage avait résumé dans de nombreux articles et ouvrages publiés en livre de poche les idées des économistes néo-classiques, Nemo avait contribué à faire connaître et traduire Hayek, Laurent a fait de même avec Ayn Rand et les classiques du libéralisme. Le même phénomène est, semble-t-il, en train de se produire.
Si la droite politique est aujourd'hui en lambeaux, toute entière occupée par ses batailles de présidentiables, on voit se développer les bases d'une refondation de la pensée et de l'idéologie conservatrice qui n'emprunte plus au modèle américain et à la théorie économique comme ce fut le cas dans les années 80, mais qui regarde plutôt du coté de la philosophie.
Les manifestations contre le mariage pour tous ont mis en évidence un des thèmes de cette refondation en cours : la nature. Le mariage homosexuel, l'adoption d'enfants par des couples homosexuels serait contre-nature. Il y a des réalités contre lesquelles on ne peut rien parce qu'elles relèvent de la nature : la différence des sexes serait de celles-là. D'où les attaques répétées contre ce que ses adversaires appellent la théorie du genre (selon laquelle les traits féminins ou masculins seraient moins affaire de différence des sexes que d'éducation, de culture) et contre un "égalitarisme dévoyé".
Un autre thème de cette refondation est la réécriture de la laïcité qui ne serait plus une conquête des adversaires du goupillon comme on le pensait, mais le résultat de ce que Jean-Louis Harouel appelle le "vrai génie du christianisme" : la disjonction du politique et du religieux. "Le royaume de Dieu est, dit-il, céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés." Ce qui permet de critiquer l'Islam pour lequel il n'y aurait pas d'action profane mais aussi de s'en prendre à ces nouvelles "religions d'Etat" que seraient "l'écologisme" et le "droit de l'hommisme", un thème que l'on retrouve chez Patrick Buisson (qui l'emprunte à Jen-Louis Harouel, ce qui lui a valu des accusations de plagiat). Ce qui permet également de renouveler la thématique de l"intégration des étrangers et de leurs enfants, de renouer avec les critiques du multiculturalisme.
On devine dans tout cela, tout à la fois un retour distancié du catholicisme, de la tradition et une attaque contre l'égalité et la modernité dont l'expression politique n'est pas encore pleinement définie même si on la devine en germe chez certains membres de l'UMP et au FN.
1 commentaire:
Sans faire appel à Jean-Louis Harouel (que je ne connais pas), il y aura sans doute avantage à se référer à Joseph Ratzinger qui, sous ce nom, et dans son "Jésus de Nazareth" commente ainsi la singularité de la religion chrétienne :
"L'absence de toute dimension sociale dans la prédication de Jésus,cache un événement d'une portée historique universelle, sans équivalent dans toute autre culture : les dispositifs politiques et sociaux concrets sont renvoyés de la sphère immédiate du sacré, de la législation du droit divin, à la liberté de l'homme, qui à travers Jésus, est enracinée dans la volonté du Père et qui, partant de lui, apprend à discerner ce qui est juste et bon."
La laïcité qui, historiquement, a été un accommodement, une reculade sur laquelle certains fondamentalistes voudraient revenir, est maintenant placée au cœur de la singularité de la prédication de Jésus. C'est le caractère divin de la personne de Jésus qui redonne aux hommes la maîtrise de leur organisation sociale. La laïcité n'est plus une concession, elle est maintenant revendiquée, elle témoigne de la divinité du Christ, elle est donc au cœur de la Chrétienté et l'Église ne cherchera pas à reprendre un pouvoir social qu'elle a exercé pendant si longtemps.
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