Les Etats-Unis ont donc espionné leurs alliés les plus proches, posé des micros dans leurs ambassades, lu leurs courriels, écouté leurs conversations téléphoniques et celles de leurs citoyens. Les réactions sont vives en Europe. Cela choque semble-t-il moins aux Etats-Unis. On attend toujours la réaction de Barack Obama qui déçoit, décidément, chaque jour un peu plus. Même les défenseurs affichés (j'allais écrire professionnels) de la protection des données privées semblent prendre cela à la légère. Je pense à la réaction de Lauren Weinstein, l'un des fondateurs de People for Internet Responsibility, qui a fait profession de se battre contre les intrusions de l'industrie dans la vie privée de chacun. Il vient de publier sur son blog un post, False indignation and spy vs spy d'où il ressort :
- que les Etats-Unis ont toujours espionné ses alliés comme le prouve un article publié en 2000 dans le Wall Street Journal par un ancien directeur de la CIA : Why we spy on our allies, article qui rappelle que le programme Echelon avait alors soulevé la même indignation depuis bien retombée,
- que tous les pays font de même,
- que ce n'est en définitive pas si grave que cela.
Weinstein qu'on a connu mieux inspiré s'amuse de la réaction indignée des Européens et rappelle l'excellente bande dessinée "spy vs spy" qui fit les beaux jours de Mad Magazine dans les années soixante. On y voyait deux espions, l'un habillé en blanc, l'autre en noir, dont on ne savait à peu près rien, et surtout pas le pays pour lequel ils travaillaient, sinon qu'ils étaient passablement ridicules.
Le problème, et Lauren Weinstein devrait le savoir mieux qui quiconque, est que nous avons changé de monde, qu'avec le numérique on est passé d'un espionnage artisanal à un espionnage industriel, que toutes les communications, même les plus privées, peuvent être dorénavant interceptées par des services officiels mais aussi par des entreprises privées. Et que cela demande
- des moyens techniques considérables que tous les pays n'ont pas et ne peuvent pas avoir,
- des législations laxistes, peu soucieuses de la protection de la vie privée, ce qui est le cas aux Etats-Unis, ce qui l'est moins en Europe qui a échappé au Patriot Act.
Il n'y a qu'un point sur lequel Lauren Weinstein a raison, c'est lorsqu'il souligne que la NASA , ne devait guère s'inquiéter des retombées de la divulgation de l'espionnage des Européens pour l'avoir confié au collaborateur plutôt junior d'un lointain sous-traitant. Ce n'est pas le plus rassurant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire