Il est plus que probable que c'était bien la voix de Jérôme Cahuzac que l'on entend dans l'enregistrement publié par Médiapart. Le fait qu'il se soit contenté de réponses dilatoires lorsque les députés l'ont interrogé là-dessus semble le suggérer. Et pourtant, que valent ces expertises vocales? Pas grand chose si j'en juge par ce qu'en disait en décembre dernier Jean Véronis, un spécialiste des technologies du langage dans son blog sous forme d'une lettre à celui qui était encore ministre :
Monsieur le Ministre, Je me permets de vous faire parvenir cette information qui peut vous être utile dans les circonstances actuelles. La plupart des chercheurs en technologies du langage considèrent que les expertises vocales manquent totalement de fiabilité en l'état actuel de la technique, et qu'elles peuvent difficilement aboutir à l'identification des individus — a fortiori quand les enregistrements sont de mauvaise qualité. Une pétition a même circulé il y a quelques années, lancée par la Société Française d'Acoustique et le Groupe Francophone de la Communication Parlée. Vous trouverez un exposé grand public de ce point de vue ici et un article par mes collègues Louis-Jean Boë et Jean-François Bonastre dans le Journal du Syndicat de la Magistrature (ici et là) : Ce sont, à mon sens, les meilleurs spécialistes français sur la question.Cahuzac n'a manifestement pas lu Véronis. Et maintenant qu'il a avoué cela n'a plus beaucoup d'importance, mais on aimerait que cette affaire permette de mettre en garde contre un excés de confiance à l'égard de ces expertises.
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