François Hollande suscite depuis toujours, chez ses collègues, chez les observateurs, les militants et les citoyens, une forme inédite de scepticisme pour un dirigeant politique de sa stature : on le crédite de nombreuses qualités (intelligence, habileté, sens de l'écoute) mais on doute de ses capacités à diriger, à prendre des décisions. Alors même qu'on le sait intelligent et efficace, on le mésestime. Ces doutes sont d'autant plus surprenant que, où qu'il soit passé, son bilan est plutôt positif. Ce scepticisme a des avantages : il lui permet de surprendre. Personne ne le croyait en mesure d'emporter ces primaires et, derrière, l'élection présidentielle. Que pesait-il face à ces poids-lourds de la politique qu'étaient Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry ou Nicolas Sarkozy? Il les a tous dépassés et… enterrés. Mais il a surtout l'inconvénient de rendre difficilement lisible sa politique et de faire confondre souci de prendre en considération les positions de ses adversaires et flou sur les orientations.
On peut se demander d'où cela vient? Peut-être de la conjonction d'un tempérament qui l'incite à la bienveillance à l'égard de ses adversaires (bienveillance qui le conduit non pas à céder sur ses projets mais à chercher une solution qui évite de trop contraindre ceux qui ne partagent pas ses vues) que d'un physique de notable de province (il est sans doute le premier de nos présidents de la République à illustrer aussi bien la figure du notaire ou du médecin de sous-préfecture, même Pompidou avait un saillant dans le visage qui interdisait de le confondre avec). On prend sa bienveillance pour de la faiblesse et sa rondeur pour de la mollesse. On a sur les deux points, tort, tout à fait tort. On commence tout juste à le découvrir.
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