Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
jeudi, septembre 24, 2009
"Je ne prononce plus mon nom au téléphone…"
mercredi, septembre 23, 2009
Le bon score des écologistes, les faiblesses du PS
C'est aussi son incapacité à innover, à apporter des idées nouvelles sur la manière de gouverner. Nous venons de traverser, nous sommes en plein dans une crise économique profonde. Où sont les propositions du PS pour en sortir, pour redécoller? Si elles existent, elles sont bien cachées. Les écologistes ont un projet, des idées, loin du productivisme de la gauche classique mais dont on commence à voir qu'elles ne sont pas incompatibles avec une certaine croissance. Que Renault veuille se reconstruire autour de la voiture électrique est sans doute, et tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, la preuve de leur sérieux. Ils avaient raison avant tout le monde.
C'est également son déficit moral. On a beaucoup reproché à Ségolène Royal ses réactions lors de la publication de ce livre qui rapportait les tricheries lors de l'élection de Martine Aubry. Sans doute a-t-elle agacé les militants qui ne voulaient plus entendre parler de cette affaire. Mais qu'en pensent les électeurs du PS? Est-on sûr qu'ils sont aussi indulgents que les militants avec les tricheurs? J'en doute un peu. Ségolène Royal a eu raison de demander des sanctions. C'était la meilleure manière de retrouver cet ascendant moral qui conduit au succès. On ne peut pas prétendre incarner la vertu (et on attend de nos dirigeants qu'ils l'incarnent, ce que fait à sa manière, paradoxale, Nicolas Sarkozy lorsqu'il se porte partie civile dans l'affaire Clearstream) et fermer les yeux devant cette sorte de tricherie.
jeudi, septembre 17, 2009
Mais qu'est-ce donc que le Modem?
mercredi, septembre 16, 2009
ADN : merci Brice!
lundi, septembre 14, 2009
Brice Hortefeux n'est pas raciste, il est de droite, classique…
Toute la défense de ses amis consiste à dire qu'il n'est pas raciste. Ils ont certainement raison. Et il est vrai que l'on a tendance à dégainer un peu rapidement les accusations de racisme et d'antisémitisme. Reste que ces propos ne sont pas insignifiants, comme en témoignent les réactions qu'ils suscitent. Ils nous disent en fait beaucoup sur le personnage et, au delà, sur ceux qui nous gouvernent.
Si Hortefeux n'est pas raciste, il s'est montré en cette affaire arrogant, suffisant et condescendant. On aurait parlé autrefois à son propos de morgue : il y a lui et ceux de sa classe, les enfants de Neuilly, de cette bourgeoisie de droite pas forcément extrême qui se sent tellement au dessus du lot, et les autres, toujours un peu méprisables, les pauvres, les mal nés, que l'on peut insulter sans risque puisqu'il suffit d'un sourire, d'un mot gentil pour les flatter.
C'est ce monde de la droite classique qui nous gouverne. C'est ce que nous révèle (confirme) cette affaire. Ni plus ni moins.
"Rétablir la vérité" ou se mettre à dos les journalistes?
J'ai écouté l'émission sur France Inter où elle parlait de ces tricheries et j'ai effectivement été surpris lorsque j'ai lu dans la presse qu'elle voulait porter plainte. Elle a parlé de justice mais n'a à aucun moment dit qu'elle irait en justice, malgré l'insistance des journalistes à le lui faire dire. Elle n'a pas non plus dit le contraire. Elle a expliqué qu'elle réservait sa décision. En l'espèce, donc, la presse est allée un peu vite en affaire. Mais doit-elle s'en prendre à la presse? N'est-elle pas pour partie au moins responsable de ces à peu près?
Ségolène Royal semble avoir faite sienne une des tactiques rhétoriques préférées de François Mitterrand : l'ambiguïté. C'était pour lui une manière de donner du temps au temps, de retarder le moment de la décision, de laisser les autres, amis et adversaires, s'avancer et lui donner l'avantage de trancher en dernier. Cette tactique lui fut souvent utile, mais parfois aussi nuisible. Je me souviens de l'avoir entendu, dans les années soixante, refuser de condamner l'intervention américaine au Vietnam. Il ne la soutenait pas mais il ne la condamnait pas non plus. J'imagine qu'il voulait alors envoyer un signe aux Américains que son alliance avec le Parti communiste effrayait. Mais il arrive que trop de subtilité nuise : les Américains sont restés effrayés et tous ceux, notamment parmi les jeunes, qui étaient violemment hostiles à la guerre du Vietnam ont compris qu'il la soutenait. C'était avant 1968.
Je crains que Ségolène Royal ne se trouve dans cette même position et que les à peu près qu'elle souhaite corriger soient surtout le résultat d'une certaine maladresse dans la communication :
- elle a bien reçu une mission du PNUD, mais pas tout à fait celle qu'elle annonçait triomphalement. Et elle s'est fait taper sur les doigts.
- elle a certainement raison sur le fond de refuser de glisser les tricheries sous le tapis. Les électeurs ne pourront faire confiance au PS que s'il montre sa capacité à se moderniser, à se rénover et à en finir avec ces pratiques douteuses. On conçoit qu'elle cherche à faire pression sur la direction pour la forcer à agir, mais elle ne peut attendre des journalistes qu'ils entrent dans son jeu.
L'ambiguïté a un prix : celui d'être mal comprise et de voir ses propos déformés. Elle le paie aujourd'hui. Et ce n'est pas en s'en prenant aux journalistes qu'elle résoudra le problème, c'est en travaillant sa communication. En évitant les à peu près, les ambiguïtés qui la mettent régulièrement en porte à faux. A vouloir "rétablir la vérité" elle risque surtout de voir passées aux crible toutes ses affirmations. C'est un risque qu'aucun politique ne peut longtemps courir sans risque de se voir démenti, comme le suggère chaque matin une rubrique de Libération consacrée à corriger les à peu près et les petits mensonges des uns et des autres.
mercredi, septembre 09, 2009
Martine Aubry, Julien Dray et… Aristote
On sait que le philosophe grec a proposé une morale de la vertu. Dans ses traités (Ethique à Nicomaque, Ethique à Eudème), il explique que la vertu et le vice sont le produit de l'éducation mais aussi des habitudes. "Ce sont, dit-il, à l'origine et tout du long, les mêmes actes qui entraînent dans chaque cas l'apparition et la disparition d'une vertu." "C'est en exécutant ce que supposent les contrats qui regardent les personnes que nous devenons, les uns, justes, les autres, injustes." "En un mot il y a similitude entre les actes et les états qui en procèdent" (Ethique à Nicomaque, II, 1, 1103 a-1103b). Dit autrement, et de manière plus familière, qui prend l'habitude de voler des oeufs finira par voler un boeuf. Ce qui m'amène à rapprocher ce qu'André et Rissouli nous disent de l'élection de Martine Aubry des comportements de Julien Dray. Si le député de l'Essonne s'est comporté de manière aussi imprudente (pour ne pas dire aussi peu vertueuse), c'est peut-être qu'il a pris, tout au long de sa carrière politique, de mauvaises habitudes, qu'il a pris celle de ne plus faire la différence entre ce qui est convenable, juste, et ce qui ne l'est pas, qu'il est devenu, pour reprendre le vocabulaire d'Aristote, intempérant, ce qui expliquerait qu'il ait été, comme tant d'autres avant lui, surpris qu'on puisse le mettre en cause (on sait qu'Aristote distingue l'intempérant qui fait mal sans mauvaise conscience de l'incontinent qui fait mal en ayant mauvaise conscience). Ce ne serait pas, dans ce scénario, le sentiment d'impunité qui expliquerait ses dérives mais de mauvaises habitudes qui ont transformé son caractère.
Au delà des personnes qui peuvent être jugées et condamnées (et si le PS est aujourd'hui visé, il est probable que les mêmes phénomènes se rencontrent dans d'autres formations politiques), ce sont les institutions qui favorisent ou tolèrent ces pratiques qu'il faudrait revoir. La meilleure manière d'empêcher les dérives à la Dray est d'imposer la transparence dans le fonctionnement des partis politiques, dans leur financement (ce qui a commencé) mais aussi dans leurs procédures internes. La gauche s'interroge sur la meilleure manière de désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle. Ce pourrait être l'occasion d'inventer des procédures qui incitent à la vertu.
Sarkozy chez Faurencia
Nicolas Sarkozy et ses communicants auraient sans doute préféré que tout cela reste confidentiel. Mais je ne suis pas certain qu'ils aient tant que cela à en souffrir. Est-il vraiment choquant qu'un Président prépare ses sorties? soigne ses présentations à la télévision?
Il est plus gênant que des journalistes professionnels, des experts de la politique, des voyages présidentiels s'y soient laissé prendre. Ils n'ont pas été complaisants, ils ont manqué de curiosité, ce qui est plus grave. On ne peut exclure qu'ils soient les premières victimes de cette affaire et que leur crédibilité déjà fortement entamée n'en prenne un nouveau coup. Et s'il est vrai, comme l'affirme Marianne, que des journalistes étaient au courant de la mise en scène présidentielle, c'est encore plus déprimant.
Sans doute chercheront-ils à se rattraper et se trouvera-t-il, lors des prochains voyages présidentiels, un curieux pour regarder derrière les apparences, forçant les communicants (mais c'est leur travail) à revoir une nouvelle fois leur copie, à introduire un peu plus de spontanéité dans ces déplacements.
A moins que les électeurs ne tombent d'accord avec Christine Boutin. Interrogée par Canal-Plus sur ce qu’elle avait découvert de la politique aux côtés de Nicolas Sarkozy, la plus cruelle de ses ex-ministres a répondu : « Je pensais que la politique, cela consistait à faire avancer des dossiers. En fait, il s’agit de faire du buzz ».
vendredi, septembre 04, 2009
TVA sociale et taxe carbone : même combat
jeudi, septembre 03, 2009
La rentrée et ses surprises…
Ces équivalences sont parfois légitimes comme lorsqu'elles permettent à un étudiant de d'hypokhâgne ou de khâgne d'entrer en deuxième année de licence de lettres ou d'histoires, mais que penser de celles qui permettent à de jeunes normaliens d'intégrer les études de droit, de sociologie ou de psychologie en troisième année alors qu'ils n'ont jamais fait de droit, de sociologie ou de psychologie auparavant? Ces étudiants sont certainement intelligents et travailleurs, mais ils n'ont pas la science infuse. Faut-il en conclure que l'on peut en quelques mois rattraper deux ou trois ans d'études? ou, plus simplement, que les études servent moins à acquérir des savoirs qu'à sélectionner en fonction de critères extra-scientifiques (capacité à travailler rapidement, à accumuler des connaissances, à réussir des épreuves difficiles…).
Les partisans de l'école traditionnelle qui ne jurent que par la transmission des savoirs devraient s'élever contre ces dispositifs qui la déconsidèrent. A ma connaissance, ils ne le font pas. Ce qui jette une ombre sur leur combat qui semble surtout anachronique.
mercredi, septembre 02, 2009
La poste innove et redécouvre les guichets des années 60
Le retour de Martine Aubry
mercredi, août 26, 2009
Le lièvre de Patagonie
Il nous montre, en effet, combien ce processus peut être, non pas long (on n'a pas le sentiment du temps qui passe) mais complexe. Toute la personnalité de Lanzman est dans cette mutation idéologique : son amour des avions de combat qu'il développe longuement dans le premier chapitre, son goût pour l'audace qui lui donne à l'occasion un air bravache qui rappelle ces jeunes garçons qui se lancent des défis dans les cours de l'école. Mille fois, il nous raconte ses exploits, dans les avions israéliens, en montagne, en mer, dans le désert, sans jamais, insiste-t-il, avoir eu peur. La geste militaire d'Israël réveille en lui cet instinct du jeune enfant qui se rêve héros. Exit cette image du juif geignard, introverti, vaguement névrosé et myope à la Woody Allen dans laquelle se complaisent tant d'intellectuels juifs.
Mais il y a aussi la découverte en Israël de l'identité juive (une identité que Sartre niait lorsqu'il faisait du juif une création de l'antisémite) qu'un de ses interlocuteurs israéliens lui fait toucher du doigt lorsqu'il justifie le refus du prosélitisme, découverte confirmée, de manière insolite, par sa rencontre, pendant la guerre d'Algérie, avec Frantz Fanon qui insistait de son coté sur l'identité noire. Identité juive qu'il reconnaît jusque dans les corps, dans les faciès, dans ce nez qu'il décrit à plusieurs reprises dans des termes qui ne déplairaient pas à un antisémite.
Livre intelligent, parfois agaçant (comme lorsqu'il insiste sur les compliments qu'il a reçus pour des articles), émouvant lorsqu'il parle de sa soeur suicidée, long passage où l'on sent passer quelque chose de l'ordre du regret et de la mauvaise conscience. Livre à lire et à faire connaître.
mardi, août 25, 2009
Derrière les bonus bancaires, toute une conception des salaires
Elle risque d'autant plus de l'être que la banque est l'une des rares secteur dont certaines activités fonctionnent sur des marchés du travail vraiment globaux. Tant que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne prendront pas des mesures pour lutter contre ces modes de rémunération, il ne se passera probablement pas grand chose.
Son offensive pourrait cependant être utile si elle conduisait à une réflexion sur les politiques salariales que tous les grandes entreprises ont retenues depuis bientôt trente ans pour résoudre deux difficultés apparues dans les années 80 :
- une compétition accrue, liée à l'ouverture des marchés, qui les a amenées les moyens d'assurer une plus grande flexibilité de leur masse salariale,
- un ralentissement des gains de productivité malgré la révolution information (d'où les propos sur le paradoxe de la productivité).
L'individualisation des salaires et leur indexation sur les résultats de l'entreprise (son chiffre d'affaires, le cours de ses actions…) ont été l'un des éléments majeurs de la réponse apportée à ces deux difficultés (aux coté de quelques autres, comme l'externalisation, la sous-traitance, l'utilisation de contrats de travail précaires). Les bonus ne sont que l'une des expressions de cette politique dont il serait temps de tirer les conséquences qui n'ont pas toutes été heureuses.
Ces politiques de rémunération ont contribué à creuser les inégalités entre salariés (entre ceux qui percevaient des bonus extravagants au nom de leurs performances et ceux qui n'en percevaient pas…). Elles ont réduit le poids des salaires dans les coûts des entreprises (encore qu'il serait à vérifier que les bonus, stock-options et autres "benefits" qui n'entrent pas dans le calcul des masses salariales ne coûtent pas très cher). Elles ont échoué à améliorer la productivité pour un motif tout simple : la productivité n'est jamais une affaire individuelle.
Il sera intéressant de suivre dans les mois qui viennent les discussions que les spécialistes de ces questions, les directeurs des ressources humaines et les consultants qui les conseillent, auront sur ces sujets. On peut parier que les résistances à tout changement dont ils sont les premiers bénéficiaires seront fortes.
mardi, août 04, 2009
Petite expérience de lecture
Cet article a suscité plusieurs réactions qui éclairent bien, je crois, la manière dont nous lisons et traitons les informations que nous trouvons sur le net :
- la plupart de ces commentateurs ne réagissent pas aux arguments développés dans l'article. Ils pourraient les critiquer, les développer, les enrichir… Ce n'est pas le cas : chacun raconte son histoire, chacun a son opinion qu'il développe ;
- les différents commentateurs dialoguent beaucoup plus entre eux qu'avec l'auteur de l'article ;
- les arguments rationnels ou chiffrés sont rares alors même que l'information est largement disponible sur le web : encore faut-il faire l'effort d'aller la chercher. Sur ce sujet, plus que sur d'autres peut-être, les légendes urbaines (ici, une histoire de concierge portugaise mieux traitée par la Sécurité sociale qu'une française de souche) les remplacent.
Est-ce un effet du web? et des modes de lecture qu'on y développe? J'en doute. Il me semble plutôt que le web révèle que l'on retient le plus souvent très peu de choses de la lecture d'un article, de l'écoute d'une émission ou d'une conférence. Nous sommes inondés d'informations mais celles-ci restent, pour l'essentiel, en surface. Dans le fond nos opinions, d'où qu'elles viennent, résistent à tout ce qui pourrait nous en faire changer. Nous savions déjà que nous lisons de préférence les journaux qui défendent des opinions proches des nôtres. Cette petite expérience fait penser que lorsque nous lisons un article qui va à l'encontre de ce que nous pensons, nous n'entendons pas forcément ce qu'il dit. Cela ne veut évidemment pas dire que nous ne changeons jamais d'avis, mais c'est manifestement un processus long et complexe.
vendredi, juillet 31, 2009
Quelle trace Michel Rocard laissera-t-il?
On sait sa relation difficile, contradictoire avec la gauche. Il se dit de gauche, il s'est surtout situé en marge, du coté de l'extrême-gauche dans les années soixante, ce qui l'a amené à dire beaucoup de bétises (il faudrait relire ou écouter ce qu'il a pu écrire et écouter à ce moment là), puis, depuis quelques décennies du coté de la droite ou, plutôt, à l'entendre, du coté des experts (mais n'est-ce pas souvent la même chose?).
On connaît également sa haine quasi pathologique à l'égard de François Mitterand, haine qui transparaissait dans son dernier livre, Si la gauche savait, au point de mettre mal à l'aise le lecteur le mieux disposé à son égard.
On connaissait moins son goût pour les causes bizarres, comme les pôles Arctique et Antarctique dont il s'est occupé à la demande de Nicolas Sarkozy.
Ses dernières propositions sur la taxe carbone et les commentaires dont il les a accompagnés, ont montré d'autres facettes plus constante de sa personnalité à commencer par son goût pour la fiscalité qu'il a contribué à augmenter de manière massive avec la CSG et pour l'innovation en la matière : la taxe carbone en est une comme l'était la CSG.
On retrouve d'ailleurs dans l'une et l'autre les mêmes principes à l'oeuvre :
- le souci de simplification administrative dans la collecte d'un impôt que l'on souhaite rendre invisible : la CSG a amorcé le tournant vers le prélèvement à la source, la taxe carbone sera prélevée au moment de l'achat,
- la volonté d'élargir l'assiette à l'ensemble des revenus : la CSG est perçue sur les revenus d'activité, mais aussi sur les allocations chômage, les pensions, les revenus du capital. La taxe carbone sera un nouvel impôt sur la consommation,
- l'effritement de la progressivité de l'impôt : la CSG est un impôt proportionnel et non pas progressif, la taxe carbone touchera tout le monde et frappera plus durement les plus modestes dont les consommations d'énergie pèsent plus lourd dans les budgets,
- la volonté, enfin, de réduire la solidarité aux plus modestes : eux seuls échappent à la CSG, seul le quart le plus pauvre des Français échapperait à la taxe carbone.
La lutte contre les inégalités n'est manifestement pas une priorité de la philosophie fiscale de Michel Rocard : les classes moyennes sont les premières victimes de ses réformes. Ce qui en fait un homme de gauche un peu à part.
Ses commentaires de ces derniers jours ont, par ailleurs, confirmé l'une de ses stratégies politiques les plus constantes, ce que j'appellerai la réforme hypocrite ou, plutôt, la réforme par l'illusion.
On avance derrière un nuage de fumée. On nous explique aujourd'hui que les ménages les plus modestes s'en tireront mieux que les autres. Mais on prend pour nous l'expliquer des exemples qui frappent mais ne veulent rien dire : "Une famille aisée en milieu rural pourrait acquitter plus de 300 euros quand un ménage modeste en ville n'acquitterait que 55 euros", indiquait mardi dernier Le Monde. Comparaison qui n'a évidement aucun sens : une famille rurale, qu'elle soit aisée ou modeste, se déplace plus et dépense donc plus de carburant qu'une famille urbaine. Ce sont les comparaisons entre familles comparables qui auraient eu du sens…
On nous explique qu'il s'agit de protéger l'environnement alors même que l'une des conclusions les plus solides de la théorie économique est la faible élasticité de la consommation d'énergie. Les gens qui doivent faire trente kilomètres en milieu rural pour aller travailler vont-ils se mettre au chômage pour consommer moins d'essence? Va-t-on cesser de se chauffer pour lutter contre le réchauffement climatique? En matière énergétique, la demande diminue beaucoup moins vite que n'augmente le prix. On n'obtiendra qu'une seule chose : la pression fiscale pèsera davantage dans les budgets des ménages. Quant à l'utilisation verte de ces recettes… le moins que l'on puisse dire est que le scepticisme s'impose. Qui a oublié le sort de la vignette automobile? Cet impôt finira par remplir les caisses de l'Etat et servira à boucher les trous du budget, contribuera à rembourser la dette…
On construit une augentation progressive : la taxe carbone augmentera de 5% par an, pour aboutir à 100 euros la tonne de CO2. On avait fait la même chose avec la CSG : d'abord indolore, elle ne devient douloureuse que lorsqu'il est impossible de revenir dessus.
On évite d'en parler de manière trop précise. Michel Rocard regrettait il y a quelques jours que l'on ait paniqué les Français, ajoutant à propos des chiffres cités par Le Monde dans son style inimitable : "C'est une évaluation probabiliste derrière laquelle nous n'avons pas de calcul scientifique, de ce que pourrait coûter, pour un ménage moyen... C'est un chiffre qui ne vaut pas grand-chose." Mais si nous n'avons pas de chiffres, comment peut-on juger de l'impact de la mesure? de sa justice?
Tout cela me rappelle une interview sur les réformes qu'il avait donné, avec quelques autres anciens premiers ministres, à Sociétal en 2001. Le thème était la réforme et la manière de la conduire. Il y insistait sur le rôle de l'illusion et racontait comment il a fait passer l'intéréssement en utilisant "une dénomination volontairement absconse, le "retour collectif de modernisation" qui permettait de conserver l'essence du dispositif sans l'affubler d'une étiquette provocatrice." Cela vous rappelle quelque chose?
Il y insistait également sur la nécessité de l'observation de longue durée : ce que l'on annonce aujourd'hui n'est que le début d'une longue histoire… Pardi.
jeudi, juillet 30, 2009
Immigration : il faut changer de politique
mardi, juillet 28, 2009
après le bing-bling, la musculation! Nicolas Sarkozy en my fair lady
En rire même si tout cela fait un peu… opérette.
lundi, juillet 27, 2009
Malaise vagal, crise cardiaque, cancer et autres maladies
Toutes n'ont pas le même. Le cancer peut épuiser (pendant les traitements) mais il n'incite pas à réduire ses efforts. Bien au contraire, parce que le patient sait son temps compté, parce qu'il sait que ses efforts ne réduiront pas sa durée de vie (ils pourraient même l'allonger en le forçant à se projeter dans l'avenir, et donc à mieux se traiter). A l'inverse, une maladie cardiaque peut inciter à prendre plus de repos, à se ménager puisqu'à tirer trop sur ses forces on risque d'abréger sa vie. Le cancéreux peut être tenté de pousser la machine, d'aller au plus vite, le cardiaque de la ralentir, de lui donner un rythme plus lent, de sous-traiter (de ce point de vue, le retour précipité de François Fillon peut être interprété, avec beaucoup de mauvais esprit, comme une manière de se rappeler au bon souvenir de nous tous).
L'information du public peut également jouer. Savoir le Président malade peut redonner espoir à des concurrents et inciter les courtisans à penser à leur avenir. Cela peut aussi tétaniser les adversaires comme cela s'était produit lorsque Séguin s'était retenu, dans un célèbre débat sur les européennes, d'attaquer trop violemment un Mitterrand qu'il sentait terriblement affaibli.