jeudi, septembre 24, 2009

"Je ne prononce plus mon nom au téléphone…"

Le dérapage de Brice Hortefeux n'en finit pas de faire des vagues. Il a amené Le Monde à demander à un de ses journalistes d'origine maghrébine, Mustapha Kessous, de raconter son quotidien, ces mille humiliations qu'il subit régulièrement parce qu'il s'appelle Mustapha plutôt que Claude ou Robert Cela fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom quand je me présente au téléphone).

On savait les poids des discriminations dans le logement ou le travail, mais quoi qu'ayant longuement travaillé sur ce sujet, je n'avais pas mesuré combien elles pouvaient être diffuses. Mustapha Kessous raconte comment on le prend, lorsqu'il va interviewer quelqu'un au nom du Monde, pour un videur de boite de nuit, un vigile, un chauffeur… Comment, lors d'un examen dans une école de journalisme, on lui pose ce qu'il appelle gentiment de "drôles de questions." Ces humiliations ne sont pas le fait des seuls petits blancs comme on a trop tendance à le croire, mais de tous, des intellectuels, de membres de la classe moyenne…

Ce témoignage est accablant. Il met en évidence la différence entre ceux qui se trouvent victimes de ces petites humiliations et ceux qui y échappent. Il suffit, cependant, d'en avoir été une ou deux fois victime pour mesurer ce que cela peut produire de colère et, plus encore, d'interrogations sur ce que l'on est, sur ce que l'on vaut ("suis-je donc si insignifiant que l'on puisse me prendre pour un vigile?").

Ce témoignage révèle aussi la situation particulièrement difficile de ceux qui ont joué pleinement le jeu, qui ont un emploi et une position sociale, qui ont, en un mot, réussi. Ils ne peuvent utiliser aucun des mécanismes de défense qui protègent les jeunes des banlieues (vivre dans un milieu où l'on est majoritaire, faire des discriminations une excuse pour ses échecs ou une arme contre le système…) et sont plus encore que les plus démunis victimes de ces humiliations à répétition. Et, de ce point de vue, le fait d'être journaliste, de faire un métier qui expose sans cesse à voir de nouveaux visages, à rencontrer de nouveaux interlocuteurs, complique les choses. Mieux vaut, sans doute, être informaticien dans une grande entreprise.

A lire Mustapha Kessous, on mesure mieux la gravité des propos de Hortefeux. S'ils sont, comme je l'ai dit ailleurs, plus le signe d'une arrogance de classe que du racisme, ils contribuent à entretenir ces discriminations, ces petites humiliations qui font souffrir des gens qui ne le méritent pas. Pour ce seul motif, Nicolas Sarkozy a eu tort de ne pas forcer Hortefeux à la démission. Cela aurait montré qu'il y a des propos qui ne sont pas tolérables en République, même présentés sous forme de blague.

mercredi, septembre 23, 2009

Le bon score des écologistes, les faiblesses du PS

Comment interpréter le bon score des écologistes au premier tour de la législative partielle dans l'ancien fief de Christine Boutin dans les Yvelines (un peu plus de 20% contre 15% pour le candidat du PS)? Comme un accident lié à la circonscription (conservatrice), à l'abstention? C'est la thèse des socialistes. "Depuis l'été, toutes les élections partielles ont montré une progression de la gauche et du PS et un effritement des Verts par rapport aux européennes, commentait, Christophe Borgel, secrétaire national chargé des élections au PS depuis juin. L'élection de Rambouillet est un cas à part", ajoutait-il d'après Le Monde. J'y verrais plutôt le signe que quelque chose s'est cassé entre le PS et ses électeurs qui ont aujourd'hui le choix, avec le Modem et les écologistes. Ce quelque chose, ce sont, bien sûr, les bagarres qui depuis la dernière campagne présidentielle font l'essentiel de l'actualité du PS, mais c'est plus.

C'est aussi son incapacité à innover, à apporter des idées nouvelles sur la manière de gouverner. Nous venons de traverser, nous sommes en plein dans une crise économique profonde. Où sont les propositions du PS pour en sortir, pour redécoller? Si elles existent, elles sont bien cachées. Les écologistes ont un projet, des idées, loin du productivisme de la gauche classique mais dont on commence à voir qu'elles ne sont pas incompatibles avec une certaine croissance. Que Renault veuille se reconstruire autour de la voiture électrique est sans doute, et tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, la preuve de leur sérieux. Ils avaient raison avant tout le monde.

C'est également son déficit moral. On a beaucoup reproché à Ségolène Royal ses réactions lors de la publication de ce livre qui rapportait les tricheries lors de l'élection de Martine Aubry. Sans doute a-t-elle agacé les militants qui ne voulaient plus entendre parler de cette affaire. Mais qu'en pensent les électeurs du PS? Est-on sûr qu'ils sont aussi indulgents que les militants avec les tricheurs? J'en doute un peu. Ségolène Royal a eu raison de demander des sanctions. C'était la meilleure manière de retrouver cet ascendant moral qui conduit au succès. On ne peut pas prétendre incarner la vertu (et on attend de nos dirigeants qu'ils l'incarnent, ce que fait à sa manière, paradoxale, Nicolas Sarkozy lorsqu'il se porte partie civile dans l'affaire Clearstream) et fermer les yeux devant cette sorte de tricherie.

jeudi, septembre 17, 2009

Mais qu'est-ce donc que le Modem?

Le Figaro titre ce matin sur "les tractations secrètes entre PS et Modem". De quoi énerver un peu plus ceux qui préfèreraient une alliance du PS et de la gauche radicale. Mais au delà de ces discussions sur les alliances, peut-être faudrait-il s'interroger sur le Modem. Que représente-t-il vraiment? Tout le monde pense aux électeurs de Bayrou à l'élection présidentielle. Mais qui étaient-ils? d'où venaient-ils? De la droite? du centre? ou… de la gauche? Des enquètes sur le sujet ont sans doute été réalisées. Je n'en ai pas connaissance mais, si j'en juge par les électeurs que j'ai rencontrés, c'étaient, tous, des transfuges de la gauche, des gens qui auraient voté à gauche si le candidat avait été Dominique Straus-Khan ou Laurent Fabius. Je ne voudrais pas généraliser, mais le succès du Modem a été, pour une bonne part, une réaction à la candidature de Ségolène Royal, une manière de lui dire non sans pour autant voter Nicolas Sarkozy. Cela ne fait certainement pas une force politique, juste un rassemblement de circonstances. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas nouer des alliances avec le modem, mais plus simplement qu'il ne faut pas en attendre grand chose.

mercredi, septembre 16, 2009

ADN : merci Brice!

C'est Eric Besson (que le monde présente ce soir comme premier ministrable!) que l'on crédite de l'abandon des tests ADN pour le controle du regroupement familial. Mais est-ce bien à lui que l'on doit cette bonne nouvelle? N'est-ce pas plutôt à Brice Hortefeux? Je m'explique : pour faire oublier les déclarations racistes de son plus ami de quarante ans et ministre de l'intérieur, pour faire retomber la pression chez ces enfants d'immigrés qu'il aimerait bien attirer dans son camp, Nicolas Sarkozy se devait d'envoyer un signe. L'abandon des tests ADN a fait l'affaire. Tant mieux pour tous ceux qui auraient été soumis à cette effrayante mesure et tant pis pour les candidats UMP au poste de François Fillon si cela a fait monter d'une marche Besson sur l'échelle des premiers ministrables.

lundi, septembre 14, 2009

Brice Hortefeux n'est pas raciste, il est de droite, classique…

Les remarques douteuses de Brice Hortefeux continuent d'alimenter la polémique. Et pour de bonnes raisons : il y a des propos qu'un ministre devrait s'interdire de prononcer.

Toute la défense de ses amis consiste à dire qu'il n'est pas raciste. Ils ont certainement raison. Et il est vrai que l'on a tendance à dégainer un peu rapidement les accusations de racisme et d'antisémitisme. Reste que ces propos ne sont pas insignifiants, comme en témoignent les réactions qu'ils suscitent. Ils nous disent en fait beaucoup sur le personnage et, au delà, sur ceux qui nous gouvernent.

Si Hortefeux n'est pas raciste, il s'est montré en cette affaire arrogant, suffisant et condescendant. On aurait parlé autrefois à son propos de morgue : il y a lui et ceux de sa classe, les enfants de Neuilly, de cette bourgeoisie de droite pas forcément extrême qui se sent tellement au dessus du lot, et les autres, toujours un peu méprisables, les pauvres, les mal nés, que l'on peut insulter sans risque puisqu'il suffit d'un sourire, d'un mot gentil pour les flatter.

C'est ce monde de la droite classique qui nous gouverne. C'est ce que nous révèle (confirme) cette affaire. Ni plus ni moins.

"Rétablir la vérité" ou se mettre à dos les journalistes?

Ségolène Royal qui ne manque une occasion de parler de Désir d'avenir et de son site, vient d'annoncer une transformation de celui-ci avec notamment, l'introduction d'une rubrique "Rétablir la vérité". Ce qui n'est pas vraiment une surprise puisqu'on ne compte plus les messages dans lesquels elle veut justement "rétablir la vérité". Il y a quelques semaines (une ou deux, pas plus), il s'agissait de la mission que lui avait confiée le PNUD. Puis il y a eu la signature de la taxe carbone (ou plutôt sa non signature de ce texte de Nicolas Hulot). Et, il y a quelques jours, son envie supposée de porter plainte après les révélations sur les tricheries lors de l'élection de Martine Aubry.

J'ai écouté l'émission sur France Inter où elle parlait de ces tricheries et j'ai effectivement été surpris lorsque j'ai lu dans la presse qu'elle voulait porter plainte. Elle a parlé de justice mais n'a à aucun moment dit qu'elle irait en justice, malgré l'insistance des journalistes à le lui faire dire. Elle n'a pas non plus dit le contraire. Elle a expliqué qu'elle réservait sa décision. En l'espèce, donc, la presse est allée un peu vite en affaire. Mais doit-elle s'en prendre à la presse? N'est-elle pas pour partie au moins responsable de ces à peu près?

Ségolène Royal semble avoir faite sienne une des tactiques rhétoriques préférées de François Mitterrand : l'ambiguïté. C'était pour lui une manière de donner du temps au temps, de retarder le moment de la décision, de laisser les autres, amis et adversaires, s'avancer et lui donner l'avantage de trancher en dernier. Cette tactique lui fut souvent utile, mais parfois aussi nuisible. Je me souviens de l'avoir entendu, dans les années soixante, refuser de condamner l'intervention américaine au Vietnam. Il ne la soutenait pas mais il ne la condamnait pas non plus. J'imagine qu'il voulait alors envoyer un signe aux Américains que son alliance avec le Parti communiste effrayait. Mais il arrive que trop de subtilité nuise : les Américains sont restés effrayés et tous ceux, notamment parmi les jeunes, qui étaient violemment hostiles à la guerre du Vietnam ont compris qu'il la soutenait. C'était avant 1968.

Je crains que Ségolène Royal ne se trouve dans cette même position et que les à peu près qu'elle souhaite corriger soient surtout le résultat d'une certaine maladresse dans la communication :
- elle a bien reçu une mission du PNUD, mais pas tout à fait celle qu'elle annonçait triomphalement. Et elle s'est fait taper sur les doigts.
- elle a certainement raison sur le fond de refuser de glisser les tricheries sous le tapis. Les électeurs ne pourront faire confiance au PS que s'il montre sa capacité à se moderniser, à se rénover et à en finir avec ces pratiques douteuses. On conçoit qu'elle cherche à faire pression sur la direction pour la forcer à agir, mais elle ne peut attendre des journalistes qu'ils entrent dans son jeu.

L'ambiguïté a un prix : celui d'être mal comprise et de voir ses propos déformés. Elle le paie aujourd'hui. Et ce n'est pas en s'en prenant aux journalistes qu'elle résoudra le problème, c'est en travaillant sa communication. En évitant les à peu près, les ambiguïtés qui la mettent régulièrement en porte à faux. A vouloir "rétablir la vérité" elle risque surtout de voir passées aux crible toutes ses affirmations. C'est un risque qu'aucun politique ne peut longtemps courir sans risque de se voir démenti, comme le suggère chaque matin une rubrique de Libération consacrée à corriger les à peu près et les petits mensonges des uns et des autres.

mercredi, septembre 09, 2009

Martine Aubry, Julien Dray et… Aristote

La lecture des quelques bonnes (et très affligeantes) pages du livre d'Antonin André et Karim Rissouli sur l'élection de Martine Aubry où l'on apprend que celle-ci a été massivement truquée m'ont fait penser à Julien Dray et à Aristote.

On sait que le philosophe grec a proposé une morale de la vertu. Dans ses traités (Ethique à Nicomaque, Ethique à Eudème), il explique que la vertu et le vice sont le produit de l'éducation mais aussi des habitudes. "Ce sont, dit-il, à l'origine et tout du long, les mêmes actes qui entraînent dans chaque cas l'apparition et la disparition d'une vertu." "C'est en exécutant ce que supposent les contrats qui regardent les personnes que nous devenons, les uns, justes, les autres, injustes." "En un mot il y a similitude entre les actes et les états qui en procèdent" (Ethique à Nicomaque, II, 1, 1103 a-1103b). Dit autrement, et de manière plus familière, qui prend l'habitude de voler des oeufs finira par voler un boeuf. Ce qui m'amène à rapprocher ce qu'André et Rissouli nous disent de l'élection de Martine Aubry des comportements de Julien Dray. Si le député de l'Essonne s'est comporté de manière aussi imprudente (pour ne pas dire aussi peu vertueuse), c'est peut-être qu'il a pris, tout au long de sa carrière politique, de mauvaises habitudes, qu'il a pris celle de ne plus faire la différence entre ce qui est convenable, juste, et ce qui ne l'est pas, qu'il est devenu, pour reprendre le vocabulaire d'Aristote, intempérant, ce qui expliquerait qu'il ait été, comme tant d'autres avant lui, surpris qu'on puisse le mettre en cause (on sait qu'Aristote distingue l'intempérant qui fait mal sans mauvaise conscience de l'incontinent qui fait mal en ayant mauvaise conscience). Ce ne serait pas, dans ce scénario, le sentiment d'impunité qui expliquerait ses dérives mais de mauvaises habitudes qui ont transformé son caractère.


Au delà des personnes qui peuvent être jugées et condamnées (et si le PS est aujourd'hui visé, il est probable que les mêmes phénomènes se rencontrent dans d'autres formations politiques), ce sont les institutions qui favorisent ou tolèrent ces pratiques qu'il faudrait revoir. La meilleure manière d'empêcher les dérives à la Dray est d'imposer la transparence dans le fonctionnement des partis politiques, dans leur financement (ce qui a commencé) mais aussi dans leurs procédures internes. La gauche s'interroge sur la meilleure manière de désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle. Ce pourrait être l'occasion d'inventer des procédures qui incitent à la vertu.

Sarkozy chez Faurencia

Marianne nous apprend que "les employés de Faurécia étaient au courant deux jours avant la venue du président de la République de la mise en place d'une opération de casting des employés." Mais est-ce vraiment surprenant? Dès lors qu'il y a eu opération de communication, il a bien fallu un peu de temps pour la préparer.

Nicolas Sarkozy et ses communicants auraient sans doute préféré que tout cela reste confidentiel. Mais je ne suis pas certain qu'ils aient tant que cela à en souffrir. Est-il vraiment choquant qu'un Président prépare ses sorties? soigne ses présentations à la télévision?

Il est plus gênant que des journalistes professionnels, des experts de la politique, des voyages présidentiels s'y soient laissé prendre. Ils n'ont pas été complaisants, ils ont manqué de curiosité, ce qui est plus grave. On ne peut exclure qu'ils soient les premières victimes de cette affaire et que leur crédibilité déjà fortement entamée n'en prenne un nouveau coup. Et s'il est vrai, comme l'affirme Marianne, que des journalistes étaient au courant de la mise en scène présidentielle, c'est encore plus déprimant.

Sans doute chercheront-ils à se rattraper et se trouvera-t-il, lors des prochains voyages présidentiels, un curieux pour regarder derrière les apparences, forçant les communicants (mais c'est leur travail) à revoir une nouvelle fois leur copie, à introduire un peu plus de spontanéité dans ces déplacements.

A moins que les électeurs ne tombent d'accord avec Christine Boutin. Interrogée par Canal-Plus sur ce qu’elle avait découvert de la politique aux côtés de Nicolas Sarkozy, la plus cruelle de ses ex-ministres a répondu : « Je pensais que la politique, cela consistait à faire avancer des dossiers. En fait, il s’agit de faire du buzz ».

vendredi, septembre 04, 2009

TVA sociale et taxe carbone : même combat

Ségolène Royal est en train de réussir avec la taxe carbone ce que Laurent Fabius avait su faire, à la veille de l'élection présidentielle puis dans les semaines qui ont suivi, avec la TVA sociale : faire reculer le gouvernement en le mettant en contradiction avec ses principes. Comme quoi, lorsque la gauche travaille, elle peut être efficace.

jeudi, septembre 03, 2009

La rentrée et ses surprises…

C'est la rentrée scolaire. Les journaux en sont pleins, avec leurs marronniers (les enfants qui entrent en sixième, les petits qui pleurent devant l'école maternelle…), leurs enquêtes (celle du Monde sur les idées reçues sur l'éducation, celle du Figaro sur l'offensive des partisans de l'école traditionnelle) et leurs surprises. Je pense aux équivalences qui permettent à des étudiants d'entrer en deuxième ou troisième année des cursus universitaires qui sont le lot d'un nombre croissant d'étudiants.

Ces équivalences sont parfois légitimes comme lorsqu'elles permettent à un étudiant de d'hypokhâgne ou de khâgne d'entrer en deuxième année de licence de lettres ou d'histoires, mais que penser de celles qui permettent à de jeunes normaliens d'intégrer les études de droit, de sociologie ou de psychologie en troisième année alors qu'ils n'ont jamais fait de droit, de sociologie ou de psychologie auparavant? Ces étudiants sont certainement intelligents et travailleurs, mais ils n'ont pas la science infuse. Faut-il en conclure que l'on peut en quelques mois rattraper deux ou trois ans d'études? ou, plus simplement, que les études servent moins à acquérir des savoirs qu'à sélectionner en fonction de critères extra-scientifiques (capacité à travailler rapidement, à accumuler des connaissances, à réussir des épreuves difficiles…).

Les partisans de l'école traditionnelle qui ne jurent que par la transmission des savoirs devraient s'élever contre ces dispositifs qui la déconsidèrent. A ma connaissance, ils ne le font pas. Ce qui jette une ombre sur leur combat qui semble surtout anachronique.

mercredi, septembre 02, 2009

La poste innove et redécouvre les guichets des années 60

La Poste a réaménagé ces derniers mois tous ses bureaux parisiens. Finis les guichets à l'ancienne. On est dans un espace ouvert avec des tables, des présentoirs, une boutique. De gros efforts ont manifestement été faits pour moderniser l'achat des timbres et les opérations postales. Les employés se tiennent maintenant debout (ce qui annonce un allongement des pauses tant à la fin de la journée, les jambes risquent d'être lourdes), les couleurs sont vives, les automates sont omniprésents (enfin presque)… Tout cela serait donc pour le mieux ou presque dans le meilleur des mondes si les auteurs de cette révolution n'avaient spécialisé les postes de travail : ici la banque postale, là les colis, ailleurs les timbres… Les mêmes causes produisant les mêmes effets on se retrouve comme dans ces bureaux de la poste des années soixante où chaque guichet étant spécialisé il fallait faire plusieurs fois la queue lorsque l'on voulait acheter des timbres, envoyer un colis, déposer un chèque sur son compte… Dommage.

Le retour de Martine Aubry

Art Goldhammer se moque allègrement (et à mon sens assez justement) de la manière dont les journalistes politiques redécouvrent le PS et Martine Aubry après les avoirs enfoncés plus bas que terre. Mais il écrit depuis les Etats-Unis et ne voit sans doute pas les images que publie la presse. S'il pouvait les voir, il serait sans doute surpris, comme je l'ai été, de la manière dont l'allure de Martine Aubry a changé. La virago vaguement alcoolo qu'on nous montrait il y a quelques semaines a cédé la place, non pas à une beauté mais à une femme déterminée, au regard plein d'espérance qui n'est pas sans rappeler certaines héroïnes soviétiques. Comme Martine Aubry (qu'on peine à appeler Martine, comme on fait avec Ségolène) n'a pas changé en quelques jours, comme elle n'est pas devenue plus photogénique, il faut en conclure que ceux qui choisissent les images ont saisi ce frisson dans l'air du temps. Mais ce n'est pas vraiment nouveau : souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps, l'aujourd'hui si jolie Ségolène avait une allure de prof de collège catho coincée constipée et acariâtre (dans un registre voisin, j'avais il y a quelques mois souligné combien Carla Bruni, dont on vante partout la beauté, était devenue vilaine en NOrmandie face à Michelle Obama qui lui volait la vedette).

mercredi, août 26, 2009

Le lièvre de Patagonie

On ne s'attendait guère à ce que Claude Lanzman, l'auteur de l'admirable Shoah, écrive ses mémoires. Il l'a fait, avec ce Lièvre de Patagonie, sorti il y a quelques mois, livre passionnant, écrit (dicté, plutôt) comme un roman d'aventure, ce qu'il est tant la vie de son auteur a été riche, de la résistance à la direction des Temps modernes en passant par ses films sur Israël, Shoah, bien sûr, mais aussi son "mariage" avec Simone de Beauvoir (ils ne furent mariés, mais elle l'appelait, dit-il, son "mari") et son activité de rewriter à France Dimance (mais oui, le directeur des Temps Modernes réécrivait les reportages publiés dans cet hebdomadaire sur les vedettes du cinéma). Livre dont le premier intérêt est moins, je crois, dans les événements qu'il raconte (même si toute la fin du livre sur la réalisation de Shoah vaut mille making off) que dans le récit d'une conversion idéologique ou comment une jeune juif laïc de gauche pas le moins du monde sioniste est devenu l'un des plus ardents défenseurs de l'armée israélienne et de ses généraux alors même qu'il mesure aussi bien que quiconque les souffrances du peuple palestinien et les injustices dont il est victime. Si ce livre doit rester, ce sera, je crois, pour la manière dont il éclaire l'évolution intellectuelle d'une des figures les plus influentes de l'intelligentsia juive.

Il nous montre, en effet, combien ce processus peut être, non pas long (on n'a pas le sentiment du temps qui passe) mais complexe. Toute la personnalité de Lanzman est dans cette mutation idéologique : son amour des avions de combat qu'il développe longuement dans le premier chapitre, son goût pour l'audace qui lui donne à l'occasion un air bravache qui rappelle ces jeunes garçons qui se lancent des défis dans les cours de l'école. Mille fois, il nous raconte ses exploits, dans les avions israéliens, en montagne, en mer, dans le désert, sans jamais, insiste-t-il, avoir eu peur. La geste militaire d'Israël réveille en lui cet instinct du jeune enfant qui se rêve héros. Exit cette image du juif geignard, introverti, vaguement névrosé et myope à la Woody Allen dans laquelle se complaisent tant d'intellectuels juifs.

Mais il y a aussi la découverte en Israël de l'identité juive (une identité que Sartre niait lorsqu'il faisait du juif une création de l'antisémite) qu'un de ses interlocuteurs israéliens lui fait toucher du doigt lorsqu'il justifie le refus du prosélitisme, découverte confirmée, de manière insolite, par sa rencontre, pendant la guerre d'Algérie, avec Frantz Fanon qui insistait de son coté sur l'identité noire. Identité juive qu'il reconnaît jusque dans les corps, dans les faciès, dans ce nez qu'il décrit à plusieurs reprises dans des termes qui ne déplairaient pas à un antisémite.

Livre intelligent, parfois agaçant (comme lorsqu'il insiste sur les compliments qu'il a reçus pour des articles), émouvant lorsqu'il parle de sa soeur suicidée, long passage où l'on sent passer quelque chose de l'ordre du regret et de la mauvaise conscience. Livre à lire et à faire connaître.

mardi, août 25, 2009

Derrière les bonus bancaires, toute une conception des salaires

Nicolas Sarkozy s'attaque dés son retour de vacances aux bonus. Bataille nécessaire quoique probablement perdue s'il reste seul à la mener. La place de Paris sera peut-être formidablement éthique, mais comme les départements spécialisés de la plupart des banques françaises sont installés à Londres avec des personnels sous contrat de travail anglais, la portée du geste présidentiel risque d'être faible.

Elle risque d'autant plus de l'être que la banque est l'une des rares secteur dont certaines activités fonctionnent sur des marchés du travail vraiment globaux. Tant que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne prendront pas des mesures pour lutter contre ces modes de rémunération, il ne se passera probablement pas grand chose.

Son offensive pourrait cependant être utile si elle conduisait à une réflexion sur les politiques salariales que tous les grandes entreprises ont retenues depuis bientôt trente ans pour résoudre deux difficultés apparues dans les années 80 :
- une compétition accrue, liée à l'ouverture des marchés, qui les a amenées les moyens d'assurer une plus grande flexibilité de leur masse salariale,
- un ralentissement des gains de productivité malgré la révolution information (d'où les propos sur le paradoxe de la productivité).

L'individualisation des salaires et leur indexation sur les résultats de l'entreprise (son chiffre d'affaires, le cours de ses actions…) ont été l'un des éléments majeurs de la réponse apportée à ces deux difficultés (aux coté de quelques autres, comme l'externalisation, la sous-traitance, l'utilisation de contrats de travail précaires). Les bonus ne sont que l'une des expressions de cette politique dont il serait temps de tirer les conséquences qui n'ont pas toutes été heureuses.

Ces politiques de rémunération ont contribué à creuser les inégalités entre salariés (entre ceux qui percevaient des bonus extravagants au nom de leurs performances et ceux qui n'en percevaient pas…). Elles ont réduit le poids des salaires dans les coûts des entreprises (encore qu'il serait à vérifier que les bonus, stock-options et autres "benefits" qui n'entrent pas dans le calcul des masses salariales ne coûtent pas très cher). Elles ont échoué à améliorer la productivité pour un motif tout simple : la productivité n'est jamais une affaire individuelle.

Il sera intéressant de suivre dans les mois qui viennent les discussions que les spécialistes de ces questions, les directeurs des ressources humaines et les consultants qui les conseillent, auront sur ces sujets. On peut parier que les résistances à tout changement dont ils sont les premiers bénéficiaires seront fortes.

mardi, août 04, 2009

Petite expérience de lecture

J'ai donné, il y a quelques jours, à Contre feux, un "journal" sur le net, un article sur l'immigration qui reprend des thèses que j'ai développées ailleurs dans un livre et dans des émissions de radio.

Cet article a suscité plusieurs réactions qui éclairent bien, je crois, la manière dont nous lisons et traitons les informations que nous trouvons sur le net :
- la plupart de ces commentateurs ne réagissent pas aux arguments développés dans l'article. Ils pourraient les critiquer, les développer, les enrichir… Ce n'est pas le cas : chacun raconte son histoire, chacun a son opinion qu'il développe ;
- les différents commentateurs dialoguent beaucoup plus entre eux qu'avec l'auteur de l'article ;
- les arguments rationnels ou chiffrés sont rares alors même que l'information est largement disponible sur le web : encore faut-il faire l'effort d'aller la chercher. Sur ce sujet, plus que sur d'autres peut-être, les légendes urbaines (ici, une histoire de concierge portugaise mieux traitée par la Sécurité sociale qu'une française de souche) les remplacent.

Est-ce un effet du web? et des modes de lecture qu'on y développe? J'en doute. Il me semble plutôt que le web révèle que l'on retient le plus souvent très peu de choses de la lecture d'un article, de l'écoute d'une émission ou d'une conférence. Nous sommes inondés d'informations mais celles-ci restent, pour l'essentiel, en surface. Dans le fond nos opinions, d'où qu'elles viennent, résistent à tout ce qui pourrait nous en faire changer. Nous savions déjà que nous lisons de préférence les journaux qui défendent des opinions proches des nôtres. Cette petite expérience fait penser que lorsque nous lisons un article qui va à l'encontre de ce que nous pensons, nous n'entendons pas forcément ce qu'il dit. Cela ne veut évidemment pas dire que nous ne changeons jamais d'avis, mais c'est manifestement un processus long et complexe.

vendredi, juillet 31, 2009

Quelle trace Michel Rocard laissera-t-il?

Michel Rocard restera sans doute comme l'une des figures majeures de notre monde politique de ces cinquante dernières années. Ses dernières mésaventures, les différentes missions que lui a confiées Nicolas Sarkozy, bien loin de trancher avec ses activités précédentes, ne font que confirmer quelques uns des traits de cette personnalité aussi exaspérante qu'hors du commun.

On sait sa relation difficile, contradictoire avec la gauche. Il se dit de gauche, il s'est surtout situé en marge, du coté de l'extrême-gauche dans les années soixante, ce qui l'a amené à dire beaucoup de bétises (il faudrait relire ou écouter ce qu'il a pu écrire et écouter à ce moment là), puis, depuis quelques décennies du coté de la droite ou, plutôt, à l'entendre, du coté des experts (mais n'est-ce pas souvent la même chose?).

On connaît également sa haine quasi pathologique à l'égard de François Mitterand, haine qui transparaissait dans son dernier livre, Si la gauche savait, au point de mettre mal à l'aise le lecteur le mieux disposé à son égard.

On connaissait moins son goût pour les causes bizarres, comme les pôles Arctique et Antarctique dont il s'est occupé à la demande de Nicolas Sarkozy.

Ses dernières propositions sur la taxe carbone et les commentaires dont il les a accompagnés, ont montré d'autres facettes plus constante de sa personnalité à commencer par son goût pour la fiscalité qu'il a contribué à augmenter de manière massive avec la CSG et pour l'innovation en la matière : la taxe carbone en est une comme l'était la CSG.

On retrouve d'ailleurs dans l'une et l'autre les mêmes principes à l'oeuvre :
- le souci de simplification administrative dans la collecte d'un impôt que l'on souhaite rendre invisible : la CSG a amorcé le tournant vers le prélèvement à la source, la taxe carbone sera prélevée au moment de l'achat,
- la volonté d'élargir l'assiette à l'ensemble des revenus : la CSG est perçue sur les revenus d'activité, mais aussi sur les allocations chômage, les pensions, les revenus du capital. La taxe carbone sera un nouvel impôt sur la consommation,
- l'effritement de la progressivité de l'impôt : la CSG est un impôt proportionnel et non pas progressif, la taxe carbone touchera tout le monde et frappera plus durement les plus modestes dont les consommations d'énergie pèsent plus lourd dans les budgets,
- la volonté, enfin, de réduire la solidarité aux plus modestes : eux seuls échappent à la CSG, seul le quart le plus pauvre des Français échapperait à la taxe carbone.

La lutte contre les inégalités n'est manifestement pas une priorité de la philosophie fiscale de Michel Rocard : les classes moyennes sont les premières victimes de ses réformes. Ce qui en fait un homme de gauche un peu à part.

Ses commentaires de ces derniers jours ont, par ailleurs, confirmé l'une de ses stratégies politiques les plus constantes, ce que j'appellerai la réforme hypocrite ou, plutôt, la réforme par l'illusion.

On avance derrière un nuage de fumée. On nous explique aujourd'hui que les ménages les plus modestes s'en tireront mieux que les autres. Mais on prend pour nous l'expliquer des exemples qui frappent mais ne veulent rien dire : "Une famille aisée en milieu rural pourrait acquitter plus de 300 euros quand un ménage modeste en ville n'acquitterait que 55 euros", indiquait mardi dernier Le Monde. Comparaison qui n'a évidement aucun sens : une famille rurale, qu'elle soit aisée ou modeste, se déplace plus et dépense donc plus de carburant qu'une famille urbaine. Ce sont les comparaisons entre familles comparables qui auraient eu du sens…

On nous explique qu'il s'agit de protéger l'environnement alors même que l'une des conclusions les plus solides de la théorie économique est la faible élasticité de la consommation d'énergie. Les gens qui doivent faire trente kilomètres en milieu rural pour aller travailler vont-ils se mettre au chômage pour consommer moins d'essence? Va-t-on cesser de se chauffer pour lutter contre le réchauffement climatique? En matière énergétique, la demande diminue beaucoup moins vite que n'augmente le prix. On n'obtiendra qu'une seule chose : la pression fiscale pèsera davantage dans les budgets des ménages. Quant à l'utilisation verte de ces recettes… le moins que l'on puisse dire est que le scepticisme s'impose. Qui a oublié le sort de la vignette automobile? Cet impôt finira par remplir les caisses de l'Etat et servira à boucher les trous du budget, contribuera à rembourser la dette…

On construit une augentation progressive : la taxe carbone augmentera de 5% par an, pour aboutir à 100 euros la tonne de CO2. On avait fait la même chose avec la CSG : d'abord indolore, elle ne devient douloureuse que lorsqu'il est impossible de revenir dessus.

On évite d'en parler de manière trop précise. Michel Rocard regrettait il y a quelques jours que l'on ait paniqué les Français, ajoutant à propos des chiffres cités par Le Monde dans son style inimitable : "C'est une évaluation probabiliste derrière laquelle nous n'avons pas de calcul scientifique, de ce que pourrait coûter, pour un ménage moyen... C'est un chiffre qui ne vaut pas grand-chose." Mais si nous n'avons pas de chiffres, comment peut-on juger de l'impact de la mesure? de sa justice?

Tout cela me rappelle une interview sur les réformes qu'il avait donné, avec quelques autres anciens premiers ministres, à Sociétal en 2001. Le thème était la réforme et la manière de la conduire. Il y insistait sur le rôle de l'illusion et racontait comment il a fait passer l'intéréssement en utilisant "une dénomination volontairement absconse, le "retour collectif de modernisation" qui permettait de conserver l'essence du dispositif sans l'affubler d'une étiquette provocatrice." Cela vous rappelle quelque chose?

Il y insistait également sur la nécessité de l'observation de longue durée : ce que l'on annonce aujourd'hui n'est que le début d'une longue histoire… Pardi.

jeudi, juillet 30, 2009

Immigration : il faut changer de politique

Pour ceux qu'intéressent les questions d'immigration, j'ai donné à Contrefeux un papier qui milite pour l'ouverture des frontières. On peut le lire ici.

mardi, juillet 28, 2009

après le bing-bling, la musculation! Nicolas Sarkozy en my fair lady

Nous connaissons tous l'histoire de Pygmalion telle que transformée par George Bernard Shaw en professeur de phonétique qui transforme une fleuriste des faubourgs en jeune femme du meilleur monde. Nous avons avec Nicolas Sarkozy et Carla Bruni une variante inattendue de ce thème. Son malaise a en effet révélé, si j'en crois cet article de l'Express au titre délicieux (Le corps de Sarkozy, objet de culte), des pratiques culturistes pour le moins étrange dans un palais présidentiel. Je ne vois pas bien ce que l'on peut faire sinon en rire en attendant la nouvelle fantaisie de ce Président vraiment pas comme les autres.

En rire même si tout cela fait un peu… opérette.

lundi, juillet 27, 2009

Malaise vagal, crise cardiaque, cancer et autres maladies

Ce malaise vagal de notre président (ou malaise cardiaque comme l'a suggéré le pas du tout médecin Frédéric Lefevre avant de se rétracter) va ramener sur le devant de la scène (au moins pendant quelques jours) la question de la santé de nos dirigeants et la manière dont nous en sommes tenus informés. Peut-être faudrait-il également s'interroger sur l'impact d'une maladie sur les comportements du malade et de son entourage.

Toutes n'ont pas le même. Le cancer peut épuiser (pendant les traitements) mais il n'incite pas à réduire ses efforts. Bien au contraire, parce que le patient sait son temps compté, parce qu'il sait que ses efforts ne réduiront pas sa durée de vie (ils pourraient même l'allonger en le forçant à se projeter dans l'avenir, et donc à mieux se traiter). A l'inverse, une maladie cardiaque peut inciter à prendre plus de repos, à se ménager puisqu'à tirer trop sur ses forces on risque d'abréger sa vie. Le cancéreux peut être tenté de pousser la machine, d'aller au plus vite, le cardiaque de la ralentir, de lui donner un rythme plus lent, de sous-traiter (de ce point de vue, le retour précipité de François Fillon peut être interprété, avec beaucoup de mauvais esprit, comme une manière de se rappeler au bon souvenir de nous tous).

L'information du public peut également jouer. Savoir le Président malade peut redonner espoir à des concurrents et inciter les courtisans à penser à leur avenir. Cela peut aussi tétaniser les adversaires comme cela s'était produit lorsque Séguin s'était retenu, dans un célèbre débat sur les européennes, d'attaquer trop violemment un Mitterrand qu'il sentait terriblement affaibli.

dimanche, juillet 26, 2009

Mais combien d'intimes a donc cet homme?

Mediapart nous annonce que "la justice française est accusée par un citoyen américain d'avoir épargné un intime de Nicolas Sarkozy, le richissime banquier d'affaires italo-américain Robert F. Agostinelli." Avouerai-je que je n'avais jamais entendu parler de banquier? Mais ce qui me frappe, c'est le nombre d'amis intimes que l'on prête à Nicolas Sarkozy. Il y a quelques jours encore un journal, je ne sais plus lequel, citait Serge Dassault et Martin Bouygues et on se souvient des Clavier et consorts. Il ne se passe pas de semaine sans que l'on n'en découvre un nouveau, pas toujours recommandable, mais peu importe… Il ne s'agit plus des réseaux d'autrefois, ni des rolodex soigneusement entretenus des politiques ordinaires, mais de quelque chose d'autre. Une sorte de Facebook généralisé et diablement écelctique .