vendredi, avril 15, 2005

Chirac et les jeunes : pas terrible

Alors, une bonne ou une mauvaise idée ce débat avec 83 jeunes ? Je dirai l’un et l’autre. Ce fut un mauvais débat, souvent ennuyeux, passant du coq à l’âne ou, plutôt de l’adoption d’enfants par les couples homosexuels au tri sélectif (mais oui ! il y eut une question sur ce sujet de toute première importance !) mal conduit (ah ! ces animateurs qui avaient passé la matinée avec ces jeunes gens et ne savaient pas qui voulait demander quoi !) et presque toujours déséquilibré : on a eu l’impression que le panel était composé de 80% de partisans du non.
Chirac ne fut vraiment convaincant qu’une seule fois, à l’occasion de l’agriculture. Son argument est fort et il devrait porter : la France est le premier bénéficiaire de la PAC, elle a arraché son maintien contre l’avis du reste de l’Europe, si son poids politique diminue, ce qui sera le cas après un vote négatif, elle ne pourra plus résister à la pression et les cultivateurs en seront directement affectés. Ses rappels du principe de subsidiarité (sur la santé, sur les questions touchant au couple, sur la laïcité…) ses évocations des protestations à l’occasion de l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté furent également bien venues, tout comme ses remarques sur les écarts de productivité entre les pays de l’Est et la France qui rendent peu probables des délocalisations massives.
Pour le reste il se noya dans des déclarations trop générales et ne sut à aucun moment faire vivre cette constitution, montrer ce qu’elle pouvait changer dans la vie des uns et des autres. Pas un mot sur le droit de pétition, rien de très convaincant sur le ministre des affaires étrangères commun alors qu’il devrait renforcer la voix de l’Europe dans les négociations internationales, comme celles sur le protocole de Kyoto ou le conflit israélo-palestinien. Rien non plus sur le Président de l’Europe que beaucoup découvraient probablement, rien non plus sur le Parlement.
On avait envie de lui souffler des réponses, de lui faire dire : « cette Europe libérale dont vous vous plaigniez, c’est justement ce dont nous essayons de nous sortir avec cette constitution qui nous donne des règles de vie commune… » On aurait aussi aimé qu’il use plus de son autorité pour renvoyer dans leurs buts ceux que rien ne peut convaincre, pas même les avis du Conseil constitutionnel.
On a surtout eu l’impression qu’il était vraiment sourd (ce qui n’est pas très grave) et qu’il découvrait avec beaucoup d’effarement l’angoisse de jeunes qui ne trouvent pas de travail et qui craignent pour leur avenir, ce qui est plus inquiétant. S’il a eu raison de dire à plusieurs reprises que nous n’avions rien à craindre, que nous étions riches et solides, il devrait s’interroger sur les effets d’une politique qui fabrique autant d’inquiétude sociale.
On a également découvert :
- que la plupart des jeunes qui se sont exprimés n’avaient aucune idée de ce qu’était une constitution, ce qui laisse rêveur : n’ont-ils donc jamais suivi de cours d’éducation civique ? les animateurs qui les avaient rencontrés le matin ne leur avaient-ils pas aidé à formuler leurs questions ?
- que les partisans du non s’opposaient plus à l’Europe telle qu’elle existe, avec ses marchés ouverts, qu’à une constitution qu’ils n’avaient pas lue.
Pour tous ceux qui pensent qu’il faut voter oui, il reste encore beaucoup, beaucoup de travail à faire…

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