vendredi, mars 18, 2005

Le chômage fourrier du libéralisme?

Dans un message récent, je parlais du Couperet, le film de Costa Gravas actuellement sur les écrans parisiens. J'ai, depuis lu le livre dont il s'inspire de très près au point que l'on retrouve dans son film des bouts entiers de dialogues du livre (il s'agit d'un roman de Donald Westlake publié sous le même titre aux éditions Rivages/noir)
Il y a dans ce livre un passage (repris, je crois, dans le film) qui éclaire la montée parallèle des thèses libérales et du chômage dans nos sociétés contemporaines. Le personnage s'en prend vivement au conseiller conjugal qu'il va voir avec sa femme. Il explique combien l'annonce des licenciements a changé le comportement au travail : "les centaines que nous étions là-bas, qui avions été les meilleurs amis du monde, comptant les uns sur les autres, sans même y penser, nous avions toujours su que nous pouvions nous faire confiance sur toute la ligne. Mais c'était le bout de la ligne, et nous étions ennemis maintenant, parce que nous étions concurrents maintenant, et nous le savions tous. Ca, c'est la chose que nous ne disions pas entre nous, et que les conseillers ne disaient pas, et que personne ne disait. Que la tribu était foutue, que ce n'était plus une tribu. Il ne serait plus question de se serrer les coudes."
Dans un précédent message sur le film de Costa-Gravas, je faisais allusion à Hobbes. C'est exactement cela : le chômage de longue durée renvoie ceux qui en sont victimes à l'état de nature de Hobbes, il réintroduit la concurrence dans le champ social alors même que l'entreprise avait tendance à la mettre de coté. Pas étonnant, dans ces conditions, que ceux qui militent pour l'extension du marché trouvent des oreilles attentives auprès des plus démunis : c'est dans ce monde qu'ils vivent et que d'autres partagent leur galère n'est pas fait pour les choquer.

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