samedi, mars 12, 2005

Le Couperet

C'est un film. Un bon film? Je n'en suis pas absolument certain (c'est pourtant bien filmé, bien écrit et bien joué, juste un peu long peut-être). Mais c'est un film passionnant, qui restera dans nos mémoires. Parce qu'il parle du chômage, un sujet que les cinéastes ont délaissé et qu'il le fait de manière intelligente avec des acteurs remarquables (excellentes interprétations de José Garcia et Karin Viard) et un scénario qui réussit à faire passer l'idée centrale (et originale) du film : le chômage, c'est la société de nature de Hobbes, un univers de la concurrence généralisée dans lequel chacun est un loup pour les autres. Un loup qui tue pour retrouver cette atmosphère douce et délicieuse de l'entreprise que José Garcia nous raconte dans un passage aussi bref que vrai. Ces salariés qui se plaignent lorsqu'ils ont un emploi regrettent, dès qu'ils le perdent, cette atmosphère d'équipe et de camaraderie que l'on ne trouve qu'au bureau. Comme quoi le travail, c'est beaucoup plus qu'un salaire.
Le personnage central, ingénieur spécialiste des papiers spéciaux, a décidé d'éliminer ceux qui pourraient lui faire concurrence dans la recherche d'un emploi. Solution de désespoir qui l'aide à tenir et qui nous permet de rencontrer ses victimes, autres chômeurs, qui sont eux aussi au fond d'un trou dont ils n'arrivent pas à sortir. Je disais que c'est un film passionnant, c'est aussi un film lugubre (comme l'est dans un genre différent le Promeneur du champ de Mars). Est-ce la saison qui veut cela? La situation économique? On a l'impression que les cinéastes français sont en pleine déprime et qu'ils nous entraînent avec eux dans leur mélancolie…

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