jeudi, octobre 19, 2006

Elections présidentielles et marketing

Le débat entre les trois candidats socialistes a donné lieu à des analyses quantitatives et qualitatives du type de celles que les spécialistes du marketing pratiquent régulièrement (voir, par exemple, celle que Médiatrie a réalisée pour Libération). Ces analyses sont naturellement intéressantes (et certainement utiles pour les candidats), mais je ne suis pas sûr qu'elles apportent grand chose aux électeurs qui hésitent.

Un électeur qui s'interroge (ce qui est, à quelques mois de l'élection, le cas de la grande majorité) a besoin d'informations qu'il ne trouve ni dans les médias ni dans les débats. Les débats nous donnent des informations sur les programmes que les candidats affichent. Mais chacun sait bien qu'ils ne les appliqueront pas. Mieux vaut souvent, d'ailleurs, qu'ils s'en gardent. Les enquêtes d'opinion nous donnent des indications sur l'impact de leurs propos sur l'opinion. Mais nous avons besoin de tout autre chose. Nous avons besoin de connaître la personnalité des candidats, leur capacité à faire face à des situations imprévues, à anticiper, à s'imposer dans des moments difficiles, mais aussi à entendre et comprendre une société qui bouge. Nous avons besoin de savoir s'ils ont l'étoffe d'un homme d'Etat dans un monde en profond changement. Et cela, les analyses marketing ne nous le donnent pas.

Sans doute disposons nous déjà d'informations sur chacun :
- nous savons que Fabius a su anticiper et prendre des décisions courageuses et difficiles dans le cadre du sang contaminé. On a vu qu'il a su faire face avec dignité et calme à des attaques d'une violence extrême dans la même affaire ;
- l'épisode conjugal de Sarkozy nous a sans doute plus dit sur sa personnalité profonde (et sur sa modernité) que ses discours démagogiques : bien loin de le désservir, cet épisode a montré qu'il pouvait garder raison dans des moments de crise personnelle, ce qui est une qualité pour qui veut devenir Président ;
- nous devinons chez Ségolène Royal une vision à long terme (sans cette vision, elle n'aurait pas réussi cette longue marche jusqu'à la candature), de l'inflexibilité et une capacité à écouter et comprendre la sociéété que l'on ne trouve pas forcément chez ses concurrents (même si cela s'accompagne, chez elle, d'allures cassantes) ;
- DSK respire la compétence mais que savons-nous de son caractère? de sa capacité à faire face à des obstacles?
Il nous en faudrait plus, beaucoup plus, pour savoir lequel sera le mieux armé pour diriger le pays pendant 5 ans. Je ne suis pas sûr que la généralisation des techniques marketing nous aide à le découvrir.

Aucun commentaire: