Je me suis souvent demandé à quoi pouvaient bien servir les anges. Je viens de trouver la réponse, un peu contournée, à la lecture d'un livre de Bernard Edelman (Quand les juristes inventent le réel) qui cite et résume les analyses de Ernst Kantorowicz sur les deux corps du roi, analyses que je n'ai pas lues mais l'été approchant…
Mais revenons aux anges : le roi a deux corps, un corps humain, mortel, vulnérable, et un corps politique qui ne peut être vu ni touché, qui n'a pas d'âge, qui échappe aux infirmités du corps naturel. Ce corps politique est, en un mot, l'ancétre de notre personne morale. Or, d'où vient-il, ce corps? sinon de cette figure de l'ange placée entre Dieu et les hommes, immortel et, en même temps, relevant du temps humain puisqu'il y a un avant et un après… Les juristes, nous dit Edelman, ont tout simplement repris aux théologiens cette figure de l'ange. Ils en ont fait une figure politique. Formidable, non?
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Voir aussi à ce sujet "Corps du roi" de Pierre Michon (chez Verdier).
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