Libération a publié hier un étrange débat entre Manuel Vals et Aquilino Morelle (Aquilino qui? N'y avait-il rue de Solférino personne de plus connu que l'ancien rédacteur des discours de Lionel Jospin pour débattre avec le maire d'Evry) sur l'avenir du socialisme et du PS.
Le premier veut supprimer du vocabulaire politique le mot socialisme ("concept ambigu (…qui) risque de brouiller notre identité", le second veut défricher une "nouvelle utopie". Etrange débat entre un socialiste qui vire à droite et prend dorénavant ses références chez Blair (ou, plutôt chez Giddens, qui a tant inspiré Blair) et un haut fonctionnaire (d'on ne sait de quel ministère) que ses anciennes fonctions classeraient plutôt du coté des archéo (mais allez savoir!).
Débat sans grand intérêt sinon qu'il illustre la difficulté des socialistes à définir ce qui les distingue de la droite. Alors même que cela ne devrait pas être si difficile. Je vois, comme cela à la volée, au moins trois ou quatre différences :
- le souci de la réduction des inégalités qui ne sont jamais conçues comme naturelles et acceptables,
- la confiance dans la capacité des citoyens à se comporter de manière socialement acceptable qui permet d'augmenter les marges de liberté de chacun,
- le goût de la socialisation et de la mutualisation qui permettent aux mieux lotis de venir en aide aux moins bien lotis,
- la volonté d'agir sur le marché, de le réguler pour corriger ses défauts et limiter ses dérives.
Est-ce cela le socialisme au sens où l'entendait Pierre Leroux? Pour l'essentiel, certainement. Est-ce dépassé? Bien sûr que non.
La gauche a changé ces dernières années. Elle a du abandonner les réflexes du tout Etat et le protectionnisme. Elle a du accepter l'idée que l'on ne pouvait faire sans le marché. Mais qui, à part quelques néo-marxistes en a un instant douté?
Elle doit encore évoluer et intégrer dans sa réflexion, non pas l'écologie, comme on dit, mais la crise du futur qui fait douter des capacités de la technologie à apporter des solutions aux problèmes de demain qu'il s'agisse des retraites (si l'on s'inquiète autant de leur financement c'est que l'on ne croit plus que les grains de productivité nous permettront de les financer) ou de l'environnement (si l'on insiste autant sur sa défense c'est que l'on ne croit plus que le progrès technique puisse corriger ses excès, ses erreurs). Mais c'est en bonne voie.
On remarquera que sur chacun de ces thèmes, il est assez facile de distinguer ce que pourrait faire un gouvernement de gauche de ce que fait aujourd'hui un gouvernement de droite.
1 commentaire:
Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les socialistes communiquent aussi peu sur leurs differences avec la droite?
Comment peuvent-ils etre aussi inaudibles alors qu'il est aussi simple d'ouvrir un blog, un compte Twitter, et un compte Facebook et parler?
Comment peuvent-ils esperer capter l'interet des electeurs et des medias s'ils n'exposent meme plus leurs idees, leurs credos, je finis par me demander s'ils en ont?
Reconquerir son electorat, c'est simplement recommencer a parler de ses idees plutot que de commenter les debats internes! Lionel Jospin l'avait briemment initie pour sa campagne de 1995 en retablissant la pensee de gauche. Alors qu'attendent-ils?
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