Je participais ce matin à une émission de radio sur la santé. J'y étais convié pour avoir écrit, il y a quelques années, un livre sur le cancer aujourd'hui épuisé mais que l'on peut trouver sur internet (Dernière Conversation) aux coté de Martine Laval, auteur d'un livre sur le management qui traite longuement des professions médicales (N'écoutez pas trop votre cerveau).
Conversation intéressante mais qui m'a laissé un sentiment de malaise. Mon interlocutrice est proche de David Servan-Schreiber, elle cite abondamment le professeur Cayatte, célèbre patron du service oncologie de la Pitié Salpétrière qui insiste, lui aussi, sur les vertus d'une bonne alimentation pour lutter contre le cancer, et insiste sur les effets délétères des chimiothérapies. Discours que l'on entend de plus en plus souvent qui associe critique des médecins, de la technologie, des laboratoires pharmaceutiques et éloge de médecines plus "naturelles" et de la prévention. Discours qui recueille un soutien fort dans l'opinion comme en témoignent le succés de librairie de tous ceux qui traitent de ces sujets, de Servan-Schreiber et Cayatte, bien sûr, mais aussi dans un registre un peu différent (plus écologiste, moins bobo consumériste) de Barbier et Farrachi.
Je sais bien les méfaits des chimiothérapies, combien elles épuisent et je suis aussi convaincu que quiconque que les méthodes des médecins sont perfectibles. Mais à entendre mon interlocutrice de ce matin, je ne pouvais m'empêcher de me demander si ces discours qui expliquent que mieux vaudrait, dans certains cas, ne pas soigner plutôt que de de faire souffrir, n'apportent pas de l'eau au moulin de tous ceux qui aimeraient bien contingenter les dépenses de santé. Après tout, le meilleur moyen de lutter contre les méfaits des chimiothérapies et les stratégies des laboratoires, ce serait de ne plus se soigner. Ou, plutôt, de ne réserver ces soins, qui coûtent forcément cher, à une minorité (ceux qui ont une chance de s'en sortir, ceux qui ont les moyens, les plus jeunes…).
On peut reprocher beaucoup de choses aux médecins, mais leur mission reste tout de même de nous soigner sans discrimination de sexe, de race, de revenus ou d'âge.
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