Ce qui frappe, lorsque l'on regarde toutes les mesures annoncées ces derniers jours pour renforcer la lutte contre l'insécurité, c'est, au delà des attaques aux principes républicains justement dénoncés par la presse et une multitude de blogs, leur inefficacité de quelque point de vue qu'on les envisage.
Inefficaces, d'abord, dans leur lutte contre l'insécurité :
- qui peut croire un instant que c'est en envoyant des parents en prison que l'on réduira la délinquance juvénile? Jean-Pierre Rosenczweig le dit excellemment dans son blog ;
- comment imaginer que quelques descentes d'inspecteurs du fisc dans les campements de gens du voyage changeront quoi que ce soit aux habitudes d'une population surtout remarquable par sa pauvreté?
- qui pense, enfin, que le risque de perdre sa nationalité retiendra quiconque de commettre un délit?
Peu importe, dira-t-on, puisqu'il s'agit de lancer un message en direction de l'électorat du Front National. Mais, là encore, ces mesures promettent d'être inefficaces. Pour au moins deux motifs :
- cet électorat a voté pour Nicolas Sarkozy en 2007 et a été terriblement déçu, choqué. Celui qui se présentait comme l'ami des laissés pour compte, de tous ceux que la gauche avait négligés avec ses 35 heures, s'est révélé l'ami des plus riches, non pas des plus méritants (capitalistes qui investissent leur fortune dans de nouveaux projets, entrepreneurs qui mettent toutes leurs ressources dans des entreprises risquées), ce qui aurait été compris et accepté, mais des rentiers : tous ses "amis", Bouygues, Bolloré, Lagardère sont des héritiers qui n'ont eu que la peine de naître ou, pire encore, comme on vient de le découvrir avec l'affaire Woerth, des détrousseurs de vieille dame riche…
- ensuite, cet électorat a, ces dernières années, beaucoup évolué. Moins extrémiste que par le passé (la collaboration, l'antisémitisme, l'Algérie française, l'OAS ne font plus partie de son histoire), populaire, ouvrier, concentré dans des régions frappées de plein fouet par la désindustrialisation et le chômage, il est plus sensible au discours FN sur la mondialisation aux promesses protectionnistes de Marine Le Pen qu'aux rodomontades sur la sécurité. Parce qu'il est populaire et qu'il sait ce que c'est que d'élever seul un enfant, cet électorat peut mieux que quiconque juger de l'inefficacité des mesures proposées pour, par exemple, lutter contre la délinquance juvénile.
Inefficaces encore sur le plan politique puisqu'elles ne peuvent qu'apporter du grain à moudre à ceux qui voudraient, à droite, offrir une alternative républicaine à Nicolas Sarkozy. On n'a pas beaucoup entendu, ces derniers jours Villepin, Juppé ou, même Fillon, mais ce silence ne vaut-il pas désapprobation? Le jour venu, il leur sera toujours possible de dire qu'ils ont résisté à la dérive droitière d'un Président dont les meilleurs soutiens sont les Morano, Lefebvre, Bertrand, Hortefeux et autres Mariani. La fine fleur de la droite de l'UMP.
Tout cela est tout simplement pathétique et montre que ce pouvoir (ou, plutôt, ce Président) a perdu la main.
PS Pour ajouter le pitoyable au pathétique, l'Elysée et ses avocats n'ont rien trouvé de mieux que d'expliquer qu'ils ne font que suivre la gauche lorsqu'ils envisagent la déchéance de nationalité. Non seulement c'est faux, mais ils se révèlent incapables de prendre leurs responsabilités!
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