Le parti socialiste vient donc de publier le texte de sa convention sur l'égalité réelle. On sait que ce texte réputé "de gauche", puisque proposé par Benoit Hamon, a été critiqué sur "sa droite", puisque par Valls, Hollande et Moscovici. Catégories qui ne veulent évidemment pas dire grand chose. Ce texte est surtout médiocre.
Véritable fourre-tout qui mélange les questions d'éducation et celles de distribution d'eau (en quoi cette question a-t-elle un rapport avec l'égalité?), ce texte nous éclaire plus sur les jeux d'influence au sein du PS, sur le poids des enseignants et des élus locaux (d'où ces longs développements sur l'école - presque 20% du texte -, les transports et la distribution d'eau), sur la montée en puissance des thèmes écologiques (développements sur les inégalités environnementales) que sur ce que pourrait être cette "égalité réelle".
Ce document fait de bric et broc, addition des propositions des uns et des autres, semble en fait combiner plusieurs conceptions de l'égalité :
- l'égalité des chances et des capacités surtout recherchée par l'éducation (d'où cette définition : "être égaux, c’est disposer de la même liberté de choix"),
- l'égalité des revenus approchée par l'augmentation du salaire minimun et une fiscalité plus redistributive,
- l'égalité du bien-être recherchée avec une politique du loisir (temps de travail), de la santé, du logement,
- égalité des droits avec la lutte contre les discriminations mais aussi la création de nouveaux droits (droit à la qualification professionnelle, à la mobilité).
Désordre conceptuel qui donne une bonne image du flou des idées dans lequel vit le PS. D'où le sentiment que certaines de ces propositions pourraient rapidement devenir contradictoires. La seule chose rassurante est que rien de tout cela n'étant financé (le texte fait allusion à la création de marges de manoeuvre, manière on ne peut plus dilatoire de renvoyer à plus tard ce qui peut poser problème), il faudra bien un jour faire des choix.
Ce texte dénonce et condamne naturellement la montée des inégalités avec un bizarre détour par les Etats-Unis (l'espérance de vie des plus pauvres y aurait, d'après une étude citée sans référence reculé de 16 mois), mais ne nous propose aucune analyse de cette montée (est-elle aussi grave en France qu'aux Etats-Unis? a-t-elle les mêmes origines? si nous y avons mieux résisté que d'autres, pourquoi?) et ne nous dit rien de son impact sur la croissance, thème qui serait certainement bien plus convaincant que le rappel de l'attachement des Français à la valeur égalité, cliché qu'il serait utile de vérifier.
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