Daniel Schneiderman souligne, après Pascal Boniface, les étranges réserves de nos élites devant les révolutions tunisienne et égyptienne dans un papier qu'il titre excellement : Les «cache ta joie» de la révolution égyptienne dans lequel il s'en prend à Yves Calvi qui à force d'être partout la fois finit par faire commerce de fantasmes plus que de journalisme.
Ici même, j'ai il y a deux ou trois jours souligné le rôle dans ces réserves de l'inquiétude pour Israël chez les intellectuels les plus attachés à sa défense (La révolution égyptienne, Israel et nos intellectuels). Il me semble que l'on peut avancer une autre raison à l'inquiétude que suscite naturellement tout changement dans une région turbulente : notre rapport à la démocratie.
Des Tunisiens et des Egyptiens ont pris des risques insensés, plusieurs dizaines, plusieurs centaines, on saura sans doute bientôt combien, sont morts pour la liberté. Et on a vu à la télévision de nombreux Tunisiens et Egyptiens nous dire qu'ils étaient prêts à aller jusque là pour faire tomber les dictateurs. Ils avaient, ils ont une conception héroïque de la démocratie. Se battre pour la démocratie, c'est pour eux se battre pour des biens, la liberté de s'exprimer, pour la fin des privilèges d'une petite caste. Pour parler comme les philosophes, ils ont une conception substantielle de la démocratie. Nous en avons une conception procédurale.
Pour nous, mais aussi pour les philosophes qui en font aujourd'hui la théorie, la démocratie est une procédure. Nous ne cherchons plus, depuis belle lurette à la gagner à coups de béliers contre des dictatures, nous voulons seulement lui trouver une justification formelle, indiscutable parce que formelle : c'est la procédure, ce que Rawls appelle le voile d'ignorance et Habermas la délibération, qui, à nos yeux, justifie aujourd'hui la démocratie. C'est parce que la procédure est neutre, que les résultats qu'on en tire sont justes.
Il n'y a évidemment pas de place dans cette approche pour la révolution, pour les foules qui descendent dans la rue et affrontent des forces de police qui n'hésitent pas à tirer à balles réelles.
Si nos élites sont si réservées, c'est peut-être qu'elles ont perdu cette vision héroïque, substantielle de la démocratie. Les révolutions tunisiennes et égyptiennes, celles qui se préparent en Algérie, au Yemen et peut-être ailleurs nous le rappellent : la démocratie, la liberté, cela peut aussi faire rêver et l'on peut mourir pour.
Ici même, j'ai il y a deux ou trois jours souligné le rôle dans ces réserves de l'inquiétude pour Israël chez les intellectuels les plus attachés à sa défense (La révolution égyptienne, Israel et nos intellectuels). Il me semble que l'on peut avancer une autre raison à l'inquiétude que suscite naturellement tout changement dans une région turbulente : notre rapport à la démocratie.
Des Tunisiens et des Egyptiens ont pris des risques insensés, plusieurs dizaines, plusieurs centaines, on saura sans doute bientôt combien, sont morts pour la liberté. Et on a vu à la télévision de nombreux Tunisiens et Egyptiens nous dire qu'ils étaient prêts à aller jusque là pour faire tomber les dictateurs. Ils avaient, ils ont une conception héroïque de la démocratie. Se battre pour la démocratie, c'est pour eux se battre pour des biens, la liberté de s'exprimer, pour la fin des privilèges d'une petite caste. Pour parler comme les philosophes, ils ont une conception substantielle de la démocratie. Nous en avons une conception procédurale.
Pour nous, mais aussi pour les philosophes qui en font aujourd'hui la théorie, la démocratie est une procédure. Nous ne cherchons plus, depuis belle lurette à la gagner à coups de béliers contre des dictatures, nous voulons seulement lui trouver une justification formelle, indiscutable parce que formelle : c'est la procédure, ce que Rawls appelle le voile d'ignorance et Habermas la délibération, qui, à nos yeux, justifie aujourd'hui la démocratie. C'est parce que la procédure est neutre, que les résultats qu'on en tire sont justes.
Il n'y a évidemment pas de place dans cette approche pour la révolution, pour les foules qui descendent dans la rue et affrontent des forces de police qui n'hésitent pas à tirer à balles réelles.
Si nos élites sont si réservées, c'est peut-être qu'elles ont perdu cette vision héroïque, substantielle de la démocratie. Les révolutions tunisiennes et égyptiennes, celles qui se préparent en Algérie, au Yemen et peut-être ailleurs nous le rappellent : la démocratie, la liberté, cela peut aussi faire rêver et l'on peut mourir pour.
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