dimanche, février 11, 2007

Heures supplémentaires : discipliner les salariés ou les augmenter?

C'est l'une des conséquences inattendues des 35 heures : les salariés qui se plaignent de salaires trop faibles pourraient, noux explique Nicolas Sarkozy qui en a fait un des points forts de son programme, gagner plus en travaillant plus, c'est-à-dire en faisant des heures supplémentaires.

Il suffirait donc, en somme, de lever les plafonds des heures supplémentaires pour que tout le monde soit content : les employeurs (fin des 35 heures), les salariés (des revenus plus élevés). C'est, naturellement, un peu plus compliqué que cela. Il faut, en effet, bien voir que les heures supplémentaires sont à la discrétion de l'employeur, c'est lui qui en décide et les salariés ne peut les refuser. Et c'est là que le bât blesse : sous couvert d'enrichir les salariés, ce mécanisme va surtout renforcer la domination de l'employeur en lui donnant un nouveau moyen de dsicipliner les salariés.

Il suffit d'avoir vécu quelques semaines dans une usine ou dans l'un de ces établissements dans lesquels on utilise les heures supplémentaires pour voir comment les choses peuvent se passer.

Prenons le cas d'un atelier de 100 personnes. L'employeur a besoin de 100 heures de plus pour répondre à une commande. Il peut les partager entre ses 100 salariés (1 heure de plus chacun), il peut également choisir de les affecter à 20 (avec pour chacun 5 heures de plus), 25 (avec pour chacun 4 heures supplémentaires), 50 salariés (avec pour chacun 2 heures de plus) qu'il a aura choisis en toute discrétion. Dit autrement, l'employeur peut utiliser les heures supplémentaires pour les refuser à ceux qu'il veut sanctionner pour indiscipline, esprit critique… C'est ce qui se fait de manière courante dans les entreprises de toutes sortes, la décision étant, dans celles d'une certaine taille prise par le management de proximité.

Ce n'est bien évidemment pas comme cela que l'on augmentera les salaires. S'ils sont si faibles, ce n'est pas, comme on nous le répète matin midi et soir de la faute des 35 heures, c'est plus simplement que le rapport de force n'a jamais été plus en faveur des employeurs. La seule augmentation qui vaille est celle du salaire horaire, mais elle ne pourra être obtenue que lorsque nous aurons des organisations syndicales plus puissantes capables de mener des combats pour les obtenir. L'augmentation du SMIC que propose la gauche n'est qu'un palliatif sympathique mais probablement illusoire dans un environnement réglementaire dans lequel les entreprises ont, grâce aux contrats de travail précaires et à la sous-traitance, de nombreux moyens d'y échapper (voir là-dessus mon papier dans Personnel : Le Smic, un instrument émoussé?). De ce point de vue, les propositions de Ségolène Royal sur les syndicats me paraissent plus intéressantes que sa reprise du mot d'ordre de Laurent Fabius.

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