mercredi, février 14, 2007

Le mépris de Bernard Tapie

Le Monde publie ce soir sur son site une interview de Bernard Tapie qui respire le mépris de Ségolène Royal (et avec elle des femmes) et des électeurs à un point qui laisse presque sans voix. Quelques extraits :

- "Le "je" utilisé en permanence m'inquiète car en bordurant, comme elle semble le faire, les DSK, Fabius, Jospin et autres Kouchner, elle rend son inexpérience personnelle plus flagrante et dangereuse. Tu ne gagnes pas la Champion's League avec une équipe de deuxième division ! Or mis à part [Jean-Louis] Bianco [directeur de campagne de Ségolène Royal], ce ne sont pas ceux qui l'entourent aujourd'hui qui pourront lui permettre de surmonter les difficultés que la France connaît."

- "Elle a été ministre, députée, elle est présidente de région, et elle ne sait pas de quoi souffrent les gens? Mais on ne construit pas la France de l'avenir en faisant le tour des cafés du commerce, en réunissant deux cents à trois cents pékins dans un préau pour leur demander quels sont leurs problèmes. Ces débats participatifs, c'est le contraire de ce que réclament les gens en souffrance, ils veulent des réponses, des solutions."

- "Les socialistes ont choisi Ségolène Royal, exclusivement sur la foi des sondages. Ce n'était pas mon choix : tu ne passes pas de journaliste à La Montagne à directeur de la rédaction du Monde. Ça ne remet pas en cause son intelligence, sa bonne foi, mais il y a des responsabilités qui ne s'improvisent pas. Pour être le premier des français, il faut avoir accompli un autre parcours."

Tout cela est détestable, grossier et antipathique (les journalistes de la Montagne, les gens qui ont participé aux réunions participatives, ceux, tous ceux qui ont une opinion et ont envie de la faire entendre apprécieront). Mais Tapie n'est pas le seul. Beaucoup d'autres ex-Mitterandistes se sont prononcés pour Nicolas Sarkozy. J'ai même entendu Roger Hanin expliquer qu'il voterait pour lui parce que c'était un homme de gauche (oui! de gauche!).

Je sais bien qu'Hanin n'est pas un analyste politique de premier plan, mais cela laisse tout de même rêveur. Que des gens plutôt bien informés puissent prendre pour un homme de gauche un candidat qui propose de supprimer l'impôt sur les successions, une mesure conservatrice s'il en est une, fait douter de notre intelligence ou de notre bon sens : sommes-nous donc si naïfs qu'il suffit de citer les noms de Jaurès ou de Blum dans un discours pour être qualifié d'homme de gauche? Si c'est cela être de gauche, alors ce mot n'a plus beaucoup de sens.

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