Au vu des loyers et du prix de l'immobilier, les habitants des centre-ville appartiennent plutôt aux classes moyennes supérieures, à ce que l'on appelait autrefois la bourgeoisie. On les attendrait donc plutôt à droite, or, elles n'hésitent pas à voter à gauche, comme à Paris, Lyon, Toulouse… Paradoxe? Pas nécessairement. C'est peut-être tout simplement qu'elles se retrouvent dans les programmes des candidats de gauche aux municipales, que l'offre politique du parti Socialiste leur convient mieux que celle de la droite.
En simplifiant un peu, je dirai qu'il y a deux manières de faire de la politique dans une ville :
- la politique du clientélisme. Beaucoup de maires ont construit leur carrière en fidélisant leurs électeurs, en leur offrant un logement, un emploi ou diverses facilités. Leurs premiers partisans sont les employés municipaux qu'ils emploient, leur famille qu'ils logent, les commerçants auxquels il facilitent la vie, les retraités qui reçoivent leurs cadeaux ;
- la politique du développement de biens publics : santé publique, qualité de l'environnement scolaire, propreté des rue, investissements dans des équipements collectifs, dans les transports en commun, dans la rénovation des quartiers anciens, dans les biens culturels.
Dire que le clientélisme est de droite et le développement de biens publics de gauche serait absurde. On rencontre le clientélisme dans tous les camps et si Alain Juppé a si bien réveillé et embelli Bordeaux, c'est qu'il a mené une politique de développement des biens publics, mais ces politiques se lisent mieux dans les programmes de gauche que dans ceux de droite, s'inscrivent plus facilement dans les discours et logiques des candidats de gauche et correspondent mieux à leur idéologie et à leur pratique. Pour ne prendre qu'un exemple un peu dérisoire, on imagine plus facilement un candidat de gauche, surtout s'il est allié avec des écologistes, proposer des menus bios dans les restaurants scolaires qu'un candidat de droite.
Or, cette politique des biens publics convient parfaitement aux classes moyennes supérieures. C'est en fait celle qu'elles attendent de leurs édiles municipaux. Elles gagnent correctement leur vie et n'ont que faire des bénéfices du clientélisme, elles veulent une ville propre, agréable à vivre, construite pour ses habitants plus que pour l'automobile, des services publics de qualité, des crèches, des investissements culturels, toutes choses dont elles sont les premières à bénéficier : ce sont elles qui consomment les biens publics, qui vont au théâtre ou au concert, ce sont elles qui profitent de l'augmentation de la valeurs des biens immobiliers que génère rapidement la rénovation d'un quartier historique.
Qu'elles votent pour ceux qui leur proposent ces politiques n'est donc pas surprenant. Que ceux-là soient plus souvent de gauche que de droite est ce qui devrait, au delà de la sanction du Président, inquiéter les dirigeants de l'UMP.
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