mardi, novembre 11, 2008

Sarkozy, la diversité et le PS

Depuis la victoire d'Obama, la presse française est pleine d'appels à la diversité. Jamais, nous explique-t-on, un noir aurait pu gagner en France une élection présidentielle. Nous devrions prendre exemple sur les Etats-Unis… et Nicolas Sarkozy s'empresse, comme nous l'explique ce matin Libé, de le faire pour gagner un électorat que la gauche se serait révélée incapable de retenir…

Tout cela est bel et bon. L'idée d'une compétition de la gauche et de la droite sur le sujet serait, si compétition il y a vraiment, une excellente nouvelle. Mais une fois ceci dit, n'y a-t-il pas quelque chose d'un peu absurde à comparer la situation des minorités en France et aux Etats-Unis?

Dire que les minorités n'ont pas accès au pouvoir en France me parait un peu étrange quand on voit que trois des quatre candidats à la direction du PS appartiennent d'une manière ou d'une autre à l'une de ces catégories victimes de discriminations (sur les quatre candidats, deux femmes, un homosexuel… cela vaut bien un noir, non?).

Les maghrébins et les noirs installés en France le sont depuis infiniment moins longtemps que les noirs aux Etats-Unis et ils n'ont surtout pas la même histoire. Ils n'ont pas ce terrible handicap qu'est pour beaucoup cette expérience historique de l'esclavage et du racisme, ils sont infiniment plus divers par leur origine et leur expérience. S'ils sont surtout aujourd'hui concentrés dans les classes populaires, ils n'en sont pas prisonniers. Beaucoup sont des intellectuels, issus de familles bourgeoises dans leur pays d'origine et sans le moindre complexe : ils nous valent bien, nous les hommes blancs, et le savent mieux que quiconque. Est-ce à dire qu'un noir pourrait devenir rapidement Président de la République? Non. Pour qu'un Obama français apparaisse, il faudrait d'abord que se développe, comme aux Etats-Unis, une classe moyenne noire ou maghrébine qui lui donnent ces relais dans la société sans lequels aucune victoire n'est possible. Mais cette classe moyenne, formée d'intellectuels, de managers, de leaders d'opinion se constitue lentement… Nous n'aurons sans doute pas attendre très longtemps avant qu'un candidat, dont on aura oublié qu'il est noir ou d'origine maghrébine, brigue nos suffrages…

Aucun commentaire: