Ségolène Royal a donc fait mieux qu'attendu au premier tour de cette élection entre socialistes. Ce qui n'est pas un mince exploit quand on mesure les oppositions qu'elle doit affronter : la plupart des caciques du parti, la presse à commencer par la presse de gauche et Libération, la plupart des commentateurs qui la trouvent imprévisible et la jugent mal préparée pour l'emploi de premier secrétaire.
Quelque soit le résultat de cette course, les dirigeants du PS feraient bien de s'interroger sur les raisons de ce premier tour qui opposait la dame des 35 heures à celle de la démocratie participative.
On pourrait l'interpréter comme un virage au centre du parti. Mais ce n'est probablement pas le sujet. Ségolène Royal est tout aussi à gauche que Martine Aubry. Et il n'est pas certain qu'elle séduise plus les électeurs du Modem que sa concurrente. Ce serait, en tout cas, à vérifier.
C'est la manière de faire de la politique, de vivre en phase avec la société qui est en cause. Ségolène Royal est, jusque dans sa manière d'organiser ses meetings, plus en phase avec la société que Martine Aubry. On s'est beaucoup moqué jusque parmi ses proches de son désir de faire venir un entraîneur de rugby pour coacher son équipe. A juste titre, je crois. Sauf que… c'est ce que font toutes les grandes entreprises pour le plus grand bonheur de leurs salariés, comme peuvent en témoigner tous ceux qui ont participé à ce genre de manifestation.
Cette idée qui a paru farfelue dit, je crois, beaucoup sur son mode de fonctionnement : Ségolène Royal est à l'écoute de la société. Elle n'est pas moins autoritaire que Martine Aubry, elle est certainement aussi "coincée" (peut-être même plus), mais elle a appris à écouter et prend les idées là où elles sont. Elle ne donne pas le sentiment, exaspérant et si fréquent dans nos élites et chez les militants, d'avoir la science infuse, de savoir mieux que nous ce qui nous convient.
Toutes deux promettent le changement, mais on croit plus Ségolène Royal que Martine Aubry parce qu'on la devine ouverte aux idées des autres, des militants et des électeurs. Qu'elle gagne ou qu'elle perde, c'est sur ce nouveau rapport à la société que les dirigeants socialistes devront travailler. Qu'ils s'en souviennent : avoir des opinions et pouvoir les exprimer fait partie du bien-être de chacun. Et cela vaut dans un parti comme ailleurs.
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