Il y a quelques semaines, je m'interrogeais ici même sur le comportement de ces ministres qui choisissent le moment de leur départ dans la presse. Le Canard Enchaîné se fait ce matin l'écho de la colère de Nicolas Sarkozy en Conseil des ministres à la lecture d'un article du Figaro sur les ambitions des uns et des autres pour le prochain remaniement. Difficile de lui donner tort. Ces propos sont indécents, tout comme l'ont été, à leur manière, ceux de ces députés qui, à peine sortis de l'Elysée, sont allés raconter urbi et orbi (je veux dire aux journalistes qui savent les flatter) ce que leur avait dit le Président.
François Mitterrand avait, en son temps, souffert de l'incontinence verbale de ses conseillers qui, à peine quittées leurs fonctions, se lançaient dans la rédaction d'ouvrages critiquant ce qu'ils avaient aimé la veille. Du moins pouvait-on lui accorder le bénéfice de la tolérance. Avec Nicolas Sarkozy, on a passé une nouvelle étape : les collaborateurs et ministres s'expriment pendant leur mandat et n'hésitent pas à chercher à forcer la main du Président en public.
Sans doute faut-il y voir une désacralisation de la fonction présidentielle. Mais au delà, on peut aussi y deviner un des effets pervers de cette course à la candidature à la présidentielle qu'est devenue notre vie politique. Dès lors que tout un chacun ou presque, pour peu qu'il ait un jour été élu ou ait occupé une place de prestige (ce qui fait beaucoup de monde), peut se penser en candidat, il n'y a plus de motif de respecter celui qui occupe le poste. Surtout si celui-ci abuse de la promiscuité, des familiarités, tutoie le premier venu et hésite à sanctionner.
Je n'ai aucun titre pour donner le moindre conseil à Nicolas Sarkozy et je suis sûr qu'il n'a que faire de mes remarques, mais le mieux pour en finir avec cette détestable dérive qui mine son pouvoir et plus encore celui de son gouvernement, serait :
1) d'en finir avec les colères qui finissent dans les journaux et de frapper, je veux dire demander immédiatement les démissions de ces Morano, Barnier et alii qui se répandent dans les médias sur leurs ambitions. Il est probable que cela forcerait rapidement les autres à un peu plus de prudence ;
et 2) de retrouver le sens des rites : quoique l'on en pense par ailleurs, et même si cela peut paraître un peu ridicule, un Président doit conserver une certaine distance. Il est normal qu'on le vouvoie et qu'on l'appelle Mr le Président, même quand on a cueilli des pâquerettes avec lui. Ce n'est pas l'homme que l'on vise, c'est la fonction que l'on respecte. Giscard, Mitterrand (et plus encore de Gaulle) savaient cela…
Ceci écrit, je me sens vraiment très… conservateur et vieux jeu.
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