Dans ce jeu de quilles qu'est devenu le PS où les uns derrière les autres, tous ses leaders s'effondrent, qui reste?
Martine Aubry devrait être pour longtemps plombée par la défaite des européennes, celle à venir des régionales, les dissensions internes qu'elle n'arrive pas à régler.
Dominique Strauss-Khan est trop occupé à New-York, les enjeux sont trop élevés pour qu'il se risque à perdre un poste qui fait de lui l'une des premières puissances financières mondiales dans un combat incertain.
Les quadras et quinquas, Vals, Moscovici et autres Peillon n'ont, et c'est un euphémisme, convaincu personne.
Ségolène Royal a suscité trop d'opposition pour pouvoir vraiment remonter en selle. Delanoë semble manquer d'épaisseur.
Reste… Fabius.
Il pourrait très bien être le recours d'un parti qui s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise et qui, sous couvert de travailler, est devenu tout simplement inaudible. Lui seul peut proposer aux socialistes une chance de ne pas perdre forcément la prochaine élection présidentielle.
Il a la stature et l'étoffe d'un homme d'Etat, la crise du sang contaminé a montré ses qualités. Il a l'intelligence, la culture et la subtilité que l'on attend d'un Président. Il a des réseaux solides, anciens et puissants dans le milieu des affaires. Nul ne doute de son talent. Son passage à Matignon et ses positions électorales en Normandie lui donnent une incontestable légitimité. Il n'a pas de casseroles et n'a jamais été soupçonné du moindre détournement de fonds.
Ses quelques faiblesses ne devraient plus en être dans quelques mois lorsqu'il s'agira de choisir :
- son allure de grand-bourgeois élégant, un peu distant? Cela se soigne,
- son opposition à la constitution européenne? elle pourrait être oubliée. Après tout l'anti-européen Bové et le très européen Cohn-Bendit ont réussi à faire campagne ensemble,
- la méfiance des socialistes (il n'est pas le plus aimé au sein du parti)? Elle pourrait être corrigée s'il demandait à ses troupes de faire profil bas.
- son opportunisme (comme sa proposition d'un Smic à 1000€)? Nous savons tous qu'il vaut mieux que cela.
Resterait à trouver un programme. Ségolène Royal et Daniel Cohn-Bendit lui ont ouvert le chemin. Il suffirait qu'il prenne chez l'une et chez l'autre, qu'il y ajoute une pointe de social façon Terra Nova. Son talent devrait lui permettre de construire une offre capable de séduire les électeurs, depuis ceux du Modem jusqu'à ceux qui se souviendront, à la gauche de la gauche, qu'il avait appelé à voter contre la constitution européenne.
7 commentaires:
Bernard, très bonne analyse, comme à votre habitude, le problème c'est que je crains que sans l'appui d'un parti solide derrière lui (chose que je pense il n'aura pas en 2012, soit par manque d'appui, soit par manque de solidité), il ne puisse rassembler assez.
Vous avez raison, c'est l'un des problèmes de Fabius, aggravé par le comportement de ses seconds. Mais la situaiton est telle au PS, DSK parait si éloigné, Ségolène Royal si isolée, Martine Aubry si fragile, que les militants les plus hostiles à Fabius pourraient, pour peu que les fabusiens mettent une sourdine à leurs mauvaises manières, se ranger derrière le seul qui leur permettrait de rêver à la victoire.
Et les multiples renoncements de Fabius ?
Les tranches supérieurs des impôts qui baissent dès 2000: Fabius. Le travail de sape du même Fabius sur la loi de modernisation sociale début 2002 ?
La privatisation de France télécom ?
Le Plan B attendu en 2005 qu'on a attendu quelques temps ?
"La crise du sang contanminé a montré ses qualités"?? C'est une plaissanterie, j'espère? Il a une responsabilité majeure dans cette affaire, c'est à mes yeux l'une de ses plus graves erreurs!
Fabius est un homme d'une remarquable intelligence, j'en conviens, mais c'est loin d'être suffisant. Sans parler des multiples renoncements mentionnés par Dagrouik. S'il doit bâtir son programme à partir d'idées remixées de Royal et Cohn-Bendit qu'il n'a cessé de fustiger, ce ne sera qu'une autre démonstration de son opportunisme, que vous mentionnez vous-même.
IL ne parviendra jamais à rassembler.
Cela fait 30 ans qu'il est candidat, et il n'a pas su saisir les opportunités qui lui ont été offertes. S'il avait un destin présidentiel, cela fait un moment que les électeurs lui aurait accordé du crédit
Vos remarques soulignent les efforts que Fabius aura à faire pour reconquérir les faveurs des électeurs de gauche, mais qui d'autre peut faire un instant rêver les électeurs socialistes à une victoire lors des prochaines présidentielles? C'est cela, au fond la question.
C'est vrai, Laurent Fabius c'est la synthese rassemblee en un homme:
- Un politique tres implante localement mais qui n'a jamais reussi a atteindre le plus haut niveau
- Un social democrate reconverti a la gauche de la gauche
- Un pro-europeen qui a vote contre la constitution europeenne
Et surtout un homme politique tres experimente, tres intelligent, et tres perseverant! En plus, il a la carrure. Qui d'autre?
Votre analyse sous-tend un problème de leadership. Le mal me semble être plus profond :
* médiocrité des élites de gauche trop occupé par la guerre des places
* des représentants sociologiquement de droite, Fabius y compris
* incapacité d'imaginer le monde
* inadaptation des outils militants hérités du XIXe
* mort clinique de la social-démocratie
L'avenir n'est plus la "gauche", même si nous restons tous de gauche.
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