mardi, février 02, 2010

Prisonniers chinois en Afrique?

Je croise ce matin une jeune femme qui rentre du Cameroun, son pays d'origine, qui me parle de la situation là-bas et de ses craintes de tensions sociales liées à la présence de Chinois qui vendent des beignets dans la rue. Ce sont, me dit-elle, des prisonniers que la Chine envoie en Afrique. Rumeur, fantasme comme il y en a tant (les discriminations à l'égard des étrangers ne sont pas moins violentes en Afrique qu'en Europe)?

Je regarde sur internet et je trouve ce rapport préparé par des étudiants de l’Ecole de Guerre Economique, institution dont je ne sais rien et dont je ne peux évaluer le sérieux. Et quelques autres références sur des sites de débat sur l'Afrique, comme ici. C'est peu.

Tout cela se ferait dans le cadre de missions de BTP : les entreprises chinoises enverraient en Afrique une main d'oeuvre très bon marché "fournie" par les autorités qui trouveraient là un bon moyen de vider des prisons surchargées.

Comme devant toute rumeur, on reste perplexe. Est-elle plausible? Ce ne serait jamais qu'une variante de la relégation d'autrefois mâtinée de travaux forcés bien dans le style d'un régime qui n'a jamais montré un grand respect des droits de l'homme. Mais on peut imaginer d'autres explications plus raisonnables à cette présence de vendeurs de rues chinois dans certaines villes africaines, comme l'abandon, à la fin du chantier, d'ouvriers qui n'ont pas les moyens de rentrer chez eux. Ou la décision de certains de rester en Afrique pour tenter de faire fortune.

Il est en tout cas clair que cette rumeur, si elle continue de circuler, ne va pas améliorer la qualité des relations entre ces immigrés et la population.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bonjour, il est certain que les représentations ne sont pas toujours favorables aux Chinois. Les situations locales (éco et politiques) voire les déclarations de certains gouvernants, syndicalistes ou représentants du patronat exacerbent les critiques, dans un contexte de chômage de masse et où l'informel représente plus de la moitié des activités... Je n'ai pour ma part jamais pu vérifier ou été en contact avec ces prétendus prisonniers. Je n'infirme ni confirme cette supposition. L'opacité encadrant certains chantiers est autant du fait de la partie chinoise que de la partie africaine, notamment dans des États en crise telle la Côte d'Ivoire.Les pseudos études lues sur Internet ne me convainquent guère: auraient-ils un intérêt à inventer cette présence de prisonniers...? Néo-colonialisme, aide au développement, ces mêmes dirigeants signant des contrats avec Beijing doutent de cette coopération et les clivages existent d'ailleurs au sein des mêmes partis ou organisations. Les maux imputables à la présence chinoise sont substantiels (et je parle en connaissance de cause): prostitution, vente de produits dangereux (médicaments par exemple), non-intégration et non-respect des mœurs locales (alcool en Mauritanie par exemple...). Mais l'implantation chinoise apporte certaines solutions et met également en lumière l'incapacité de dirigeants à gouverner ou investir dans les secteurs vitaux (biens publics). Le débat est loin d'être clos et j'attends avec impatience une étude d'Amnesty ou d'une autre organisation dont le rapport serait moins contestable et plus documenté. Enfin, les principales accusations viennent d'Algérie, dont je ne commenterai pas le système politico-médiatique...
Cordialement
X.A.
http://chine-afriquedelouest.blogspot.com/