Je suis depuis quelques jours silencieux. Parce que je me suis beaucoup déplacé mais aussi et surtout parce que ce qui se passe sous nos yeux défie l'analyse. On ne sait par quel bout prendre ce méli-mélo d'insultes, de contre-vérités, de maladresses juridiques, d'abomination politique. Que penser, pour ne prendre que cet exemple du démenti de la chancellerie allemande? "Angela Merkel n'a pas parlé de camps de Roms en Allemagne avec Nicolas Sarkozy ni lors du Conseil européen ni lors d'entretiens en marge." Que Nicolas Sarkozy a tellement perdu les pieds qu'il dit n'importe quoi? Qu'il exaspère tellement la chancelière qu'elle n'hésite pas à lui dire en public son fait? Je ne crois pas qu'on ait jamais vu cela.
Qu'en dire, sinon : "Not in my name" comme, aux Etats-Unis, il y a quelques années, les opposants à la guerre d'Irak.
Il est arrivé à laFrance de se trouver seule contre tous, au moment justement de la guerre contre l'Irak, au moment de la guerre du Vietnam, mais c'était pour des causes honorables où tous ou presque pouvaient se reconnaître. Ce qui se passe depuis quelques semaines avec les Roms est tout simplement inacceptable. Tant à droite qu'à gauche, nous n'y retrouvons pas la France, ce récit qui nous faisait penser un peu différents des autres, un peu plus soucieux que d'autres du droit des peuples, de la liberté…
Et que l'on ne nous dise pas que les Français sont pour comme veut nous le faire croire Le Figaro avec insistance (avec tant d'insistance que l'on ne peut que penser que Serge Dassault, son propriétaire, est au coeur d'une négociation difficile pour vendre à l'Etat de quelques uns de ses avions). Il est des choses que les hommes politiques devraient s'interdire, même si l'opinion les applaudit (ce qui serait, en l'espèce, à vérifier). Je pense à cette phrase de Bossuet : "Je voudrais qu'il me fut permis d'employer le tere de démagogue (…) : c'était dans Athènes et dans les Etats populaires de la Grèce certains orateurs qui se rendaient tout puissants sur la populace en la flattant…" Je pense à Cléon, ce leader athénien qui "le premier, nous dit Aristote, a déversé à la tribune des débordements d'injure tout en se débraillant." N'est-ce pas cela Sarkozy? Du "casse-toi pauvre con" à ces propos grotesques sur la commissaire européenne et les photos lors du tournage du film de Woody Allen avec Carla Sarkozy, on retrouve cette grossièreté et ce débraillé. On se demande pourquoi Fillon est plus populaire que Nicolas Sarkozy, c'est peut-être tout simplement qu'il sait mieux se tenir.
Pour le reste, je l'ai dit ici mille fois, si la politique menée est détestable, l'organisation du pouvoir ne peut que mener à ces bavures à répétition. Quand les phénomènes de cour l'emportent sur tout, lorsque les ministres conservent leur poste envers et contre tout, lorsque seuls trinquent les seconds couteaux, les hauts fonctionnaires en oublient le b a ba de leurs cours de droit.
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