samedi, juillet 02, 2011

Il manque aux centristes plus qu'un leader…

Les derniers rebondissements de l'affaire DSK ont rejeté au second plan les spéculations sur la présence d'un candidat centriste au premier tour de la présidentielle. Mais on peut être sûr qu'elles reprendront dés que la poussière sera retombée. Ira, ira pas? Sarkozy laissera-t-il Borloo, Bayrou ou Morin faire le pas? Cela donnera de la matière aux éditorialistes et aux journalistes politiques mais le plus surprenant est peut-être que l'on se pose ces questions. Dans notre système institutionnel, si le centre existait, il aurait naturellement un candidat. C'est bien, d'ailleurs, ce qui fut le cas tant que celui-ci a eu un semblant d'existence. Mais il faut bien en convenir : il s'est évaporé.

La droite n'est pas plus unie aujourd'hui qu'hier, il y a toujours deux droites, mais le centre ne compte plus.  Si elle aujourd'hui divisée, c'est entre le Front National et l'UMP. Pour qu'un mouvement politique existe, il lui faut un leader, et le centre en a pléthore, mais aussi un parti qui représente, dans lequel se reconnait, une classe sociale, et c'est ce qui lui manque.

Si le Front National pèse aujourd'hui tant dans la politique, s'il séduit une partie des troupes de l'UMP, la droite populaire, c'est qu'il a un leader convaincant et incontesté dans son camp (Marine Lepen après son père), un parti (composé de militants venus de l'extrême-droite mais aussi des franges les plus conservatrices de la droite traditionnelle), un corpus idéologique (simplet mais cohérent basé sur le rejet de la mondialisation, de l'Europe, de l'euro…) et, surtout, une classe sociale à laquelle il apporte un corpus d'idées et de solutions, en un mot une idéologie pour traiter ses problèmes : toute cette frange de la population qui est ou se sent victime de la mondialisation et des élites qui l'ont mise en place et en profitent.

Le centre n'a rien de tout cela : ses troupes militantes, ceux que Gramsci appelait les "caporaux" de l'action politique, ont été absorbées par l'UMP qui en a fait des élus au siège bancal et, pour les plus en vue, des ministres susceptibles d'être à tout moment privés de leur voiture de fonction et de leur gyrophare (est-ce vraiment insulter Sauvadet et Leonetti que de dire que leur entrée au gouvernement ne changera pas grand chose à quoi que ce soit aux politiques en matière de fonction publique ou d'affaires européennes?). Quant à la classe sociale qu'il pourrait représenter, on a beau chercher, on ne trouve pas. Et ceci de quelque manière que l'on s'y prenne. Que l'on analyse la société en terme d'opinion politique, de classes d'âge ou de classes sociales, aucune place ne leur est laissée : les réformistes et socio-démocrates sont plutôt tentés par le PS et les écologistes, les libéraux et les traditionalistes par l'UMP, les plus âgés trouvent leur bonheur à l'UMP, les plus jeunes à gauche, les classes populaires qui profitent de la mondialisation (salariés des grandes entreprises internationales, des secteurs en croissance) ou en sont protégées (fonctionnaires) sont attirées par le PS ou les écologistes, les petits patrons, artisans, commerçants par l'UMP, celles qui en souffrent par le FN. Ce qui ne laisse aucune place pour un centre qui mène exactement la même politique que la droite, a les mêmes valeurs et les mêmes objectifs.

Moralité : le centre ne représente rien et ne sert à rien. Il ne doit son existence qu'à un mode d'élection en deux tours qui incite les candidats qui l'ont emporté dans chacun de leur camp au premier tour à se rapprocher de l'électeur médian au second pour l'emporter. Qui peut au premier tour réunir quelques uns de ces électeurs médians peut toujours espérer les négocier au second. Cela fait une ambition personnelle, pas un projet politique.

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