On imagine assez bien Nicolas Sarkozy s'amusant de l'affolement des socialistes, de leur empressement à répondre à ses appels à collaboration, on comprend l'agacement des dirigeants du PS et l'incompréhension des électeurs de gauche. Et, cependant, il y a dans ce que l'on appelle ouverture plus que de la manipulation.
Demander à Jack Lang de participer à une commission chargée de travailler sur la réforme des institutions n'est pas qu'un coup : il est légitime et normal que sur un sujet de ce type, l'opposition soit consultée. Les compétences de Jack Lang, sa capacité de travail, son expérience, son imagination ne peuvent que profiter à tous. Sans doute aurait-il mieux valu que cette commission fut parlementaire, mais son existence même serait un progrès.
Proposer Dominique Strauss-Khan pour la direction générale du FMI est habile. C'est mettre de coté l'homme de gauche qui séduit le plus les gens de droite et, en cas d'échec de sa nomination, une manière de l'affaiblir pour longtemps. Mais là encore, ses compétences, son expérience, ses qualités personnelles en font un excellent candidat
Pendant la campagne électorale François Bayrou a réuni 18% des électeurs au premier tour sur son projet de faire travailler les meilleurs des deux camps. Nicolas Sarkozy ne fait pas autre chose. Difficile de le lui reprocher. Cette ouverture devrait contribuer à décrisper les relations politiques.
Est-ce que cela va, comme on l'entend de plus en plus dire, asphyxier la gauche? Peut-être, mais cela devrait surtout l'amener à réfléchir de manière plus approfondie qu'elle n'a fait jusqu'à présent aux institutions, à son rôle, à ce qui la distingue de la droite sur de nombreux sujets. Qu'est-ce qui distingue une action de gauche d'une action de droite dans un pays comme la France où, on le voit bien, les frontières idéologiques se sont déplacées? Quelles sont les lignes d'opposition? de fracture? En d'autres mots, cela pourrait la forcer à faire de ce travail de rénovation dont ses dirigeants parlent tant sans voir qu'ils sont, par construction même, les plus mal placés pour la mener. Dans les années 70, ce n'est pas un cacique de la gauche officielle qui a rénové le parti socialiste d'alors, mais un outsider venu du centre droit : François Mitterrand.
Difficile aujourd'hui de dire qui peut mener ce travail de refondation, mais le recrutement de vedettes du PS par Nicolas Sarkozy pour des tâches qui n'ont rien de honteux (à l'inverse de ce qui s'est passé avec Besson) devrait faciliter le renouvellement des dirigeants. Si Jack Lang et DSK sont occupés ailleurs, d'autres pourront prendre leur place
2 commentaires:
De la mystification
Le loup dominant et la mystification de l'ouverture qu'il pratique est simple, en faisant appel à des individualités par dela les partis, il destructure les partis et ne les reconnait absolument pas en temps que partenaires ni comme force de proposition , il souleve des appétances individuelles de loups blessés ou en fin de carrière, genere des haines, et tue avec perversité le jeu politique, tout en jouant sur le meme registre desormais bien rodé du "regardez comme je fais des efforts, regardez comme les gens sont medisants... On connait... c'est repetitif et lassant ! " il n'y a pas plus d'ouverture que de beurre en broche, un enfant de cinq ans le verrait (un enfant de cinq ans non delinquant s'entend ) Mais que voulez vous, il n'y a plus de debat possible, en face le discours devient immediatement cassant, peremptoire, le contradicteur est caricaturé, nous voila en train de rejoindre la logique de fonctionnement du malade americain : "il y a ceux qui pense comme nous et ceux qui sont contre nous", bref tous les premisses d'une pensée objectivement fascisante ! ou le mot "ouverture" s'impose dans les médias comme une réalité qui n'existe absolument pas. C'est au contraire une fermeture a double tour du de la politique, et une mise en hypotheque du jeu democratique, avec en prime les imbeciles qui applaudissent !
Brebis Galeuse
http://les-loups.hautetfort.com
Est-ce que ce n'est pas plus subtil? Est-ce qu'il ne cherche pas à occuper tout l'espace médiatique, à utiliser l'opinion et les médias contre les institutions démocratiques, les partis, le Parlement; Est-ce qu'il n'est pas en train de réaliser une sorte de "coup d'Etat" invisible, discret, de réformer profondément les instituions en se posant comme seul maître à bord, celui qui donne les positions, les postes?
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