Il y a une dizaine de jours, j'entends, dans une émission sur Bayrou (Déshabillons les sur Public Sénat) Philippe Lentschener, un dirigeant de Publicis, se lancer dans une brillante analyse de la couleur orange, que Marielle de Sarnez a, dit-il, recommandée à François Bayrou au retour d'un voyage en Ukraine. L'orange n'est évidemment ni bleu (officiel), ni blanc (réactionnaire) ni rouge (révolutionnaire). C'est une couleur du compromis, du mélange, du juste milieu…
Quelques jours plus tard, je découvre que les sacs plastiques de mon Monoprix sont devenus oranges, ce qui, m'explique une jeune caissière, plaît beaucoup aux clients. Je ne sais pas si Monoprix est un client de Publicis, mais Lentschener était si brillant que l'on imagine qu'il n'improvisait pas, qu'il avait travaillé son discours à l'occasion de réunions chez des clients (c'est, après tout, aussi son métier que de leur proposer une nouvelle couleur pour des sacs).
L'orange était, autrefois, une couleur un peu délaissée en France, une couleur jugée allemande comme le vert caca d'oie. La RATP avait innové en 1975 avec sa carte orange qui n'a, autant que je me souvienne, jamais eu grand chose d'orange. Seul avant, si ma mémoire ne me trompe toujours pas, Total avait osé l'orange. Mais ce n'était certainement pas pour les motifs qui font aujourd'hui l'aimer.
Je me souviens d'une conversation à la fin des années 70 avec Raymond Loewi auquel Total demandait conseil pour développer une nouvelle génération de stations services (ce qui est devenu les stations libres). "L'orange, me dit-il en substance, est une couleur très agressive, très laide, qui fonctionne bien pour un pétrolier parce qu'elle jure dans le paysage et avertit longtemps à l'avance de la présence d'une station service. Tous ces spécialistes du marketing qui veulent de belles stations n'ont rien compris. Plus elles sont agressives, plus on les voit et plus on les fréquente."
Comme quoi, les couleurs ont aussi une histoire.
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