mardi, avril 01, 2008

Mimétismes

Ecouter les hommes politiques, la manière dont ils s'expriment, les formules qu'ils utilisent, le ton qu'ils prennent, les tics de langage qu'ils affectent, surtout les plus jeunes, nous dit beaucoup sur la politique. Je pense au très brillant Laurent Wauquiez, chiraquien devenu sarkozyste par dépit.

Au début de sa carrière, sa carrure, sa taille, son corps avec ses bras trop longs, ses mains dont il ne savait que faire lui permettaient de ressembler à peu de frais à l'ancien Président. La comparaison venait spontanément à l'esprit. Depuis qu'il est entré au gouvernement, qu'il est devenu sarkozyste, ce grand corps l'aide moins, il le gênerait presque, il s'est donc mis à parler comme le nouveau Président. C'est insensible, cela se devine à la manière dont il accentue certains mots, dont il tourne ses phrases, dont il raisonne, mais c'est frappant. Et ce n'est sans doute qu'un début. Dans quelques mois oou quelques années, on verra se développer dans les rangs de l'UMP toute une série de tics physiques et de langage directement empruntés au lider maximo.

Ce mimétisme est caractéristique de tous les pouvoirs : les jeunes loups imitent les vieux loups. Ils le font en matière de plaisanterie. Ce sont les gaullistes qui imitaient le mieux De Gaulle, les chiraquiens qui imitaient le mieux Chirac et les giscardiens, Giscard. Ce n'est pas surprenant : imiter est une manière de s'approprier un peu de la substance du chef, c'est participer de ce qui fait sa différence, c'est sans doute également adresser des signes de reconnaissance aux autres : je suis un fidèle parmi les fidèles, la preuve, je marche, je parle, je m'habille comme lui…Je suis en phase avec lui, il peut me faire confiance.

On observe ce mimétisme dans les milieux politiques, mais également dans les milieux littéraires. Je me souviens qu'Alain Duault, poète académique, s'était engagé dans les années 70 à ne donner comme titre à ses oeuvres que des mots commençant par C pour mieux copier son maître d'alors, Mauriche Roche, dont tous les livres commençaient par un C (Compact, Circus, Camar(a)de…). Cette promesse n'a tenu que ce que tiennent les admirations. Il n'a, en fait, respecté cette règle que pour le premier de ses recueils de poésie : Colorature. Une fois lancé dans la carrière, il a oublié un mentor un peu trop isolé à son goût. Mais cela est banal et arrive à tous les vieux loups que les jeunes loups n'admirent que le temps de les dévorer ou de trouver un autre mentor plus puissant. Lorsque Wauquiez (et quelques au gouvernement et au Parlement) cesseront de parler comme Sarkozy, il sera temps, pour notre Président, de s'inquiéter.

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