Les dernières élections présidentielles ont montré l'existence d'une sensibilité de centre-gauche que l'on rencontre chez tous ces électeurs qui ont choisi au second tour Nicolas Sarkozy mais auraient voté au premier et au second tour pour Dominique Strauss-Khan s'il avait été candidat, chez tous ceux qui ont voté Bayrou au premier tour et se sont éparpillés au second.
Cette sensibilité ne se reconnaît pas (ou plus) dans le programme et dans les pratiques du PS. Elle ne lui est pas forcément hostile, mais elle ne s'y sent pas à l'aise : affaire de culture, de tradition, d'expérience (le PS reste largement encore un parti de fonctionnaires et certaines de ses propositions ne peuvent que choquer les cadres qui travaillent dans des entreprises privées). Ce centre-gauche est introuvable, les électeurs existent, mais pas ceux qui leur donnent voix : il n'a pas d'expression politique.
Bayrou aurait pu le créer, mais il est tellement attaché à son aventure personnelle, qu'il s'est, à ce jour, révélé incapable de développer une offre politique qui serait à la gauche ce que l'UDF (le nouveau-centre) est à la droite : une force d'appoint, un vivier de responsables et, à l'occasion, une force de proposition.
La disparition du Pari Communiste, l'éclatement de l'extrême-gauche qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut forcent le PS à se chercher de nouveaux alliés. S'il a pensé un temps les trouver du coté des Verts, leur fonctionnement, le radicalisme de certains de leurs leaders les rend peu fiables. Ces alliés le PS peut les trouver du coté du centre, chez d'anciens socialistes, chez des déçus des verts et de la droite, dans les classes moyennes qui veulent tout à la fois la liberté d'entreprendre et des services publics.
Il suffirait pour que cette force se construise qu'un leader (qui pourrait être Bayrou, Strauss-Khan, un ex-écologiste) affiche son ancrage à gauche (le ni gauche ni droite n'est pas tenable dans nos institutions) et développe un programme alternatif, différent du programme socialiste dont chacun sent bien qu'il est tellement prisonnier des batailles d'appareil qu'il ne peut être de qualité.
Bayrou a révélé, lors de la dernière élection présidentielle, l'existence d'une sensibilité de centre-gauche. La gauche ne peut espérer gagner les prochaines échéances que si elle s'organise, se structure, développe un programme original. Reste à trouver celui qui la construira.
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