mercredi, avril 08, 2009

Immigration : le sort des guerres coloniales?

Le Monde nous annonce que Nicolas Sarkozy vient de donner de nouveaux objectifs à Eric Besson. "Nouveaux", en ce qu'ils consistent à reprendre ce que faisait son prédécesseur, "de s'inscrire dans la continuité de l'action de son prédécesseur, Brice Hortefeux et de "consolider les succès" enregistrés depuis 18 mois dans la mise en place d’une "politique française de l’immigration et de l’intégration équilibrée, juste et ferme".

Tout cela me rappelle les déclarations des autorités militaires pendant les guerres coloniales. On y retrouve le même mélange d'objectifs que l'on répète constamment sans jamais les atteindre, de batailles gagnées chaque matin alors même que l'on observe, chaque soir, que l'on n'a pas avancé d'un pas dans la direction de la victoire. Comment pourrait-il, d'ailleurs, en être autrement? Comment peut-on empêcher des gens qui souffrent, et qui sont ambitieux, de chercher, par tous les moyens, même les plus dangereux, à se rapprocher de pays où ils peuvent espérer gagner leur vie?

Dans des articles, des émissions de radio et dans un livre publié il y a quelques années, j'avais tenté de montrer l'inanité de cette guerre que l'on ne peut pas plus gagner qu'on ne pouvait gagner les guerres coloniales. Et pour les mêmes raisons : chaque bataille gagnée contre l'immigration est une défaite pour les valeurs qui fondent notre société. Peut-on laisser, au nom de la lutte contre l'immigration clandestine, se noyer des gens à nos portes sans contrevenir aux principes élémentaires d'assistances aux personnes en danger? Peut-on, au nom de la même lutte, arrêter et menacer de peines de prison des citoyens ordinaires qui font preuve de solidarité à l'égard de malheureux que la police renvoie brutalement chez eux sans mettre en cause le droit de chacun de contrôler le travail des fonctionnaires?

J'ajouterai, pour terminer, sur une conversation que j'ai eue récemment avec une responsable des ressources humaines de Veolia qui avait, pendant quelques années, travaillé dans un service chargé du nettoyage de la voirie qui recrutait beaucoup de Maliens. Après m'avoir raconté les difficultés pratiques de lutter contre les sans-papiers, elle m'avoua qu'il était bien plus agréable de travailler avec des immigrés qui avaient quitté leurs pays parce qu'ils étaient plus ambitieux que la moyenne qu'avec des Français de souche qui ne se lançaient dans les métiers du nettoyage que parce qu'ils avaient échoué dans tout le reste. "D'un coté, me disait-elle en substance, nous avions des gens qui voulaient s'en sortir et qui se battaient pour, de l'autre, des gens qui allaient d'échecs en échecs." N'est-ce pas une évidence que nos politiques arc-boutées dans leur lutte sans fin contre l'immigation devraient un jour entendre?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Faut-il comprendre qu'il serait plus efficace de remplacer des français de souche en grande difficulté sociale par des immigrés ambitieux ? c'est bien votre définition d'une politique plus humaine ?
Pas sûr que présentées comme cela vos idées soient convaincantes...

Anonyme a dit…

Vous faites l'apologie d'une politique de substitution de population : les français ne veulent pas de postes ou ils sont exploités et traités comme des chiens, alors utilisons à la place des africains qui ne diront rien sur leurs conditions de travail ?
Vous êtes à la fois complice de l'élite libérale, un néo esclavagiste et en plus vous vous targuer d'une bonne conscience, ça fait un peu beaucoup !

Un lecteur de passage (sans femme de ménage)

Unknown a dit…

Je ne comprends pas très bien ces réactions. En quoi sont-elles en rapport avec ce que je dis de la lutte contre l'immigration? Pour ce qui est de la fin du post, il fait allusion à une chose assez simple : les immigrés qui viennent chez nous ont deux caractéristiques :
- ils sont ambitieux, dynamiques et courageux (le fait même d'immigrer demande toutes ces qualités),
- ils obtiennent des emplois qui sont chez nous négligés ou délaissés par ceux qui en ont la possibilité (parce qu'ils ont fait des études, parce qu'ils ont fait les bons choix de carrière…).
Je ne vois que cela me transforme en complice de l'élite libérale.