Difficile en ce dimanche de Pâques tandis que les Eglises sont, une fois n'est pas coutume, pleines, s'interroger sur la tourmente qui affole l'église catholique depuis quelques mois. La presse, les spécialistes s'interrogent sur le rôle de Benoit XVI et sur celui de son prédécesseur dans l'enfouissement de ces affaires. Les journalistes multiplient les révélations les plus extravagantes : on parlait hier d'un prêtre qui avait violenté 20 enfants, voilà qu'un cardinal aurait abusé de plus de 2000 mineurs. Les prêtres tentent de manière follement maladroite de se défendre. Les fidèles partent ou se rebellent contre les critiques, allant jusqu'à prendre des positions d'une violence indigne comme on peut le voir sur internet dans les réactions aux articles de la presse (comme dans le courrier des lecteurs en commentaire de cet article de Jean-Michel Bouguereau dans le Nouvel Observateur).
Je me pose pour ma part une autre question : il y a dans les églises chrétiennes une tradition de la confession. Les prêtres prononcent un voeu de chasteté. Abuser d'un enfant, avoir des aventures hétéro ou homosexuelles, comme c'est le cas, semble-t-il, de beaucoup, c'est rompre ce voeu. Pour des hommes qui ont choisi de mener une vie de clerc, ce doit être particulièrement troublant, cela doit susciter une très grande mauvaise conscience, au moins les premières fois. Or, l'Eglise a une institution spécialement désignée pour régler cette mauvaise conscience : la confession. Elle était, autrefois, nécessaire pour pouvoir communier. "Avant la Communion, il appartient aux prêtres d’inviter les fidèles à la confession individuelle des péchésJanis Pujats, archevêque de Riga, en Lettonie, dans son intervention au synodee meilleur endroit pour la confession des fidèles est le confessionnal, placé dans l’église et doté d’une grille fixe entre le confesseur et le pénitent. Dans la mesure du possible, les prêtres doivent créer les conditions pour que les fidèles accèdent au sacrement de Pénitence. En effet, si les hommes vivent et meurent dans le péché, tout autre effort pastoral est vain." Les prêtres ne sont pas dispensés de cette obligation. Eux aussi se confessent. Et on peut penser qu'un certain nombre d'entre eux ont avoué, lors de leurs confessions, ce penchant, leur passage à l'acte.
Si tel est bien le cas, comment l'institution a-t-elle pu si longtemps ignorer, garder secrètes les dérives de certains de ses membres, non pas quelques brebis galeuses, comme on voudrait aujourd'hui nous faire croire, mais des dizaines et des dizaines?
Derrière cette question, s'en cache une autre. Dans son exhortation apostolique post-synodale prononcée en Jean-Paul II disait : "la confession individuelle et intégrale des péchés avec absolution également individuelle constitue l'unique moyen ordinaire qui permet au fidèle, conscient de péché grave, d'être réconcilié avec Dieu et avec l'Eglise. De cette confirmation nouvelle de l'enseignement de l'Eglise il ressort clairement que tout péché grave doit être toujours avoué, avec ses circonstances déterminantes, dans une confession individuelle." Il ajoutait : "Pour conduire les autres sur la voie de la perfection chrétienne, le ministre de la Pénitence doit le premier parcourir lui-même ce chemin et donner - plus par des actes que par d'abondants discours - des preuves d'expérience réelle de l'oraison vécue, de pratique des vertus évangéliques théologales et morales, d'obéissance fidèle à la volonté de Dieu, d'amour de l'Eglise et de docilité à son Magistère."
N'est-ce pas, au delà du scandale, le fondement même de la relation du fidèle et de l'Eglise qui est avec ces affaires menacé?
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