dimanche, juillet 25, 2010

Styles de journalisme

Le traitement de l'affaire Woerth/Bettencourt le confirme : il y a plusieurs manières de pratiquer le journalisme.

Il y a la manière "fasciste" à la Mediapart qui consiste à enquêter, à vérifier ses sources et à publier ce que l'on trouve même si cela ne fait pas plaisir aux puissants du jour.

Il y a la façon du Figaro, pas de tout le Figaro, de sa direction qui prête ses colonnes aux services de communication de l'Elysée avec si peu de respect des règles élémentaires du métier (il n'est même pas besoin de parler de déontologie) qu'une rédaction plutôt acquise au sarkozysme ne peut s'empêcher de protester.

Et puis il y a la manière insidieuse que pratique le Journal du Dimanche qui nous offre, dans sa livraison datée du 25 juillet 2010 deux beaux exemples de jésuitisme.

Le premier, dans un article intitulé "Les secrets d'une déchirure", nous apprend que "François-Marie Banier  était aussi très proche d'André Bettencourt. Intime. "Ce n'est pas tout à fait exact" corrige-t-on dans l'entourage du photographe." Et un peu plus loin Liliane et son mari "étaient libres tous deux." Difficile de mieux amplifier la rumeur qui court dans tous les salons : avant d'être l'ami de madame, François-Marie Banier aurait été l'amant de Monsieur.

Le second dans un petit papier sur la même page, intitulé "Cinq millions de francs pour une photo" nous apprend que les Bettencourt ont acheté il y a quelques années des photos compromettantes d'un présidentiable (qui n'a pas été élu) en compagnie d'une professionnelle sur une plage de Nouvelle-Calédonie. On ne nous dit pas de qui il s'agit, ce qui autorise toutes les suppositions. Si la somme avait été libellée en €, on aurait pensé à Villepin (et l'on aurait pu élaborer des scenari séduisants : une allusion à cette affaire pour calmer un adversaire que l'on dit proche d'Edwy Plenel), mais puisqu'il s'agit de francs il faut remonter un peu plus haut. A Balladur? On l'imagine mal en pareille situation? A un jeune loup du parti républicain? C'est plus probable…

On ne peut s'empêcher de rapprocher ces manières de pratiquer le journalisme des modèles économiques des différents journaux. Mediapart est un journal jeune qui a besoin de lecteurs, d'abonnés qu'il ne peut séduire qu'en leur donnant envie de lire ses papiers, ce qui suppose qu'ils soient riches d'informations qu'on ne trouve pas ailleurs. Son modèle économique lui permet de ne traiter que d'une petite partie de l'actualité mais d'y consacrer plus de ressources qu'un grand titre. D'où le succès de ses investigations.  Le Figaro appartient à un industriel de l'armement dont l'Etat est le principal client. On peut supposer que ces cadeaux faits au pouvoir dans ces moments difficiles lui seront rappelés lors de prochaines négociations de contrats d'armement.

1 commentaire:

FrédéricLN a dit…

Ah bah ... les lieux de destination de vacances des "politiques" sont un marronnier de toute la presse. Avec un peu d'archives en ligne ...

D'un autre côté, si une photo prise sur la plage peut valoir 5 MF s'agissant d'un "présidentiable", c'est que nos présidentiables, ou certains d'entre eux, sont des prix de vertu, ou de discrétion.