jeudi, mars 31, 2011

Une place à prendre au centre?

Si l’on en croit les observateurs, Nicolas Sarkozy ferait le pari suivant : en faisant monter le Front National il interdirait, d’une part, à d’autres de se présenter contre lui à droite de crainte d'un 21 avril à l’envers, et il déplacerait, par ailleurs, les débats de la présidentielle de son bilan, médocre, sur les plans économiques et sociaux aux questions de société et d’identité (laïcité, immigration…) qui gênent la gauche. Ce qui expliquerait que les sondages qui le donnent régulièrement derrière Marine Le Pen ne l’inquiètent pas trop, sachant qu’il devrait réussir, dans une campagne à l’écraser de sa stature et de sa compétence. Le pari est astucieux mais il ne peut tenir que si le glissement à droite qu’il opère n’impose pas une candidature centriste.

Les sondages ne sont pour l’instant pas très favorables aux candidats du centre, qu’il s’agisse de Bayrou ou de Borloo. Mais n’oublions pas le score du premier aux dernières élections, réalisé pour partie grâce à la défection d’électeurs de gauche que la personnalité de Ségolène Royal exaspérait. On pourrait voir se reproduire le même phénomène avec un candidat du centre qui, profitant, de la bataille à droite entre Sarkozy et Le Pen, passe devant l’un et l’autre, en prenant à Sarkozy sa gauche et à DSK ce surplus que lui promettent aujourd’hui tous les sondages. D’où viennent en effet tous ces électeurs qui se prononcent dés le premier tour pour lui? Du PS pour une part, mais aussi de ce centre qui ne supporte plus Nicolas Sarkzy et sa dérive droitière. Ce qui nous conduirait à un second tour opposant un candidat PS et un candidat du centre droit. Dans cette perspective, DSK ne serait plus forcément le meilleur candidat pour la gauche, les électeurs d’extrême-gauche pouvant reprendre le slogan de Duclos en 1969 : “blanc bonnet, bonnet blanc”, ceux du centre restant vers leur candidat naturel et ceux de droite, se reportant plus facilement vers un candidat du centre de crainte de voir revenir la gauche au pouvoir. Un candidat du PS plus marqué à gauche, comme Aubry ou Hollande, aurait dans cette perspective plus de chances de l’emporter.

Ce scénario suppose cependant que ce candidat du centre réussisse à constituer rapidement une équipe et un entourage, ce qui voudrait dire explosion de l'UMP avant les présidentielles. On n'en est pas encore là. Mais il est suffisamment plausible pour donner des ailes à ceux qui, au centre, s'interrogent.

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